L’histoire du Times New Roman | l’œuvre de Stanley Morison (2)

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La modernité d’un caractère tient au moins pour moitié à la manière dont on le compose et met en page. (©design et typo)


THE IMPRINT NEWS

Stanley Morison proposa sa candidature bien que n’ayant pas une grande expérience dans les domaines de l’édition et de la publicité. Il compensa cet inconvénient par l’impression très favorable qu’il fit sur Gerard Meynell, concernant ses idées sur le monde de l’imprimerie. Morison se dit fatigué de travailler comme clerc de banquier et Meynell d’en sourire et de le trouver si sympathique qu’il l’engagea sur le champ. Bien que l’Imprint connut une courte apogée dans l’univers de l’édition spécialisée, cela suffit à Morison d’en apprendre davantage qu’il ne pouvait l’espérer. Tout d’abord sur la mise en page moderne et d’une manière générale sur les technologies de l’impression et de la composition mécanisée. Mais surtout, il pouvait mettre en pratique enfin son goût pour l’écriture. Son premier article «Notes on some Liturgical Book» confirma s’il en était besoin que son attirance pour les beaux ouvrages de bibliophiles lui était venu de sa pratique antérieure des textes religieux.

BURNS & OATES
Nécessité fait loi, et le l’Imprint News du déposer assez rapidement son bilan faute d’avoir trouvé un lectorat suffisant pour financer les charges fixes. Une nouvelle direction pour Morison, mais pas anarchique du tout. Recruté par l’oncle de Meynell, Wilfrid Meynell, le jeune débutant pouvait enfin associer son goût pour le beau livre et la théologie. L’oncle Meynell était le directeur général d’un éditeur d’obédience catholique, la firme Burns & Oates. Morison était d’autant plus heureux de le rejoindre qu’on y défendait l’idée d’associer bel ouvrage avec belle typographie. Loin d’être des suiveurs, les collaborateurs de Burns & Oates étaient à l’avant garde des découvertes et recherches typographiques. Morison fut nommé assistant du jeune Francis Meynell, à peine 21 ans et déjà en charge du design graphique des éditions de son père.
La chance commençait à se confirmer, car non seulement il a pu continuer dans sa quête théologique en rencontrant plusieurs auteurs catholique de renom, (Morison aimait discuter avec eux non seulement pour se cultiver, mais pour développer chez lui un sens de la rhétorique théologique. Bien des années après il leur rendit grâce au travers d’une collection, la English Prayer books) mais aussi des personnages intenses comme Eric Gill et Bernard Newdigate. Ce dernier était à l’époque l’imprimeur de Meynell, et bien plus tard lorsque son Newdigate Ardin’s press fut racheté par W.H. Smith & Son, il continua à en conseiller les nouveaux propriétaires.

Il est des coïncidences qui confirment les chances successives de Morison. L’un des auteurs de Burns & Oates n’était autre que Adrian Fortescue, souvenez-vous celui qui entra à la Central School of Arts and Crafts aux cours d’Edward Johnston. Fortescue était devenu calligraphe et surtout un prêtre paroissien. Les qualités manuelles de Fortescue étaient somme toute moyennes, mais il était aussi doué pour l’illustration puisqu’il en ornait ses propres ouvrages ainsi que les ex-libris de ses amis auteurs. Adrian était un sacré personnage. Autoritaire, pourfendeur de toutes les mauvaises foi et un esprit logique qui n’admettait pas l’irrationnel, il exerça sur Stanley une influence considérable tant par ses tournures d’esprit, son habileté à pratiquer plusieurs langues que par son style d’habillement. Morison ne pouvait s’empêcher de l’admirer, tel peut-être le frère qu’il n’a pas eu où le père qu’il avait espéré. Sans doute que le clou de cette influence (d’après Canon G. Vence) se retrouva un jour sur la tête de Morison sous la l’aspect d’un chapeau haut de forme très English. Mais les qualités typographiques de Fortescue étaient solides. Il dessina plusieurs alphabets qui nous sont parvenus jusqu’à nos jours. Morison apprit de son compagnon tout ce qu’il pouvait, buvant littéralement sa culture et ses savoirs ce qui confirme une fois de plus les qualités premières de l’inventeur du Times, sa capacité d’écoute et de partage des cultures.

Pendant cette période très faste chez Burns & Oates, Stanley qui assistait donc le jeune Francis, créèrent le graphisme de nombre d’ouvrages. Ils travaillaient harmonieusement, en toute entente et complicité à des livres qui allaient s’imprimer à Oxford en police Fell dont il était largement question dans le fameux supplément du Times dont je parlais peu avant.
Les deux compères partageaient pas mal de points de vues, de passions en politique, religion etc. Ils développèrent également une série de création de vignettes ornementaires qui étaient à l’époque encore assez peu usité. Je ne sais pourquoi ils les appelèrent des Florid Flowers mais, ils en décorèrent des ouvrages de poèmes surprenant plus d’un fondeur de caractères qui ignoraient tout de ces charmants petites illustrations décoratives. Le jeune Meynell persuada l’atelier de composition d’Oxford University de lui donner deux casses de Fell type dans un corps usuel de composition (English size). Ce fut encore une nouvelle aventure pour Morison. Francis installa un petit atelier de composition dans sa salle à manger au 67 de Romney Street à coté de Westminster, et là ils se mirent à composer des ouvrages d’exception comme celui des Dix Poèmes d’Alice Meynell.

 

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Mais voilà, l’inconcevable guerre, la première fut déclarée. Et les deux jeunes gens d’un commun accord se déclarèrent objecteurs de conscience, non pas tant pour éviter d’aller au combat mais surtout pour toutes les raisons socio politiques et religieuses que nous avons déjà évoqué.
Après avoir fondé à eux deux une petite association, la Guilde of Pope’s Peace, Morison dut comparaître en cour martiale en conséquence de quoi il partit… faire de la prison. Londres, en prison ce n’est pas très gai mais il continue d’avoir quelque chance encore. Le chef du corps des gardiens R. Palme Dutt était un communiste. Celui-ci ayant trouvé en ce jeune homme, seul catholique enfermé dans cette prison des qualités humaines, un sens de l’humour et une élégance d’esprit hors du commun entretint avec lui, malgré leur éloignement d’opinions, des rapports de discussions interminables. Transféré à Wakefield Gaol, il y retrouva d’autre objecteurs politiques dont Walter Holmes à qui il enseigna la calligraphie de chancellerie. Holmes s’en servira en-tête de ses articles «Holmes Worker’s notebook» dans le Daily Worker durant quelques années. La prison est le dernier lieu de rencontre où l’on apprend l’allemand, mais c’est bien ce que fit Morison en suivant les cours de Dona Torr, autrefois bibliothécaire du Old Herald. Cette langue qui représentait alors des tabous géopolitiques allait beaucoup servir par la suite dans les recherches typographiques de Stanley Morison. (suite à venir)

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© design et typo pour l’article sur le Times

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L’histoire du Times New Roman | l’œuvre de Stanley Morison (1)

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C’est en 1975 que j’ai commencé à prendre des notes alors que je me trouvais invité à l’appartement londonien de John Dreyfus, directeur artistique de la Monotype Corp Ltd.

John Dreyfus, dont j’aurai sans doute l’occasion de reparler dans ces colonnes était un être délicieux. Une élégance de l’âme que j’ai rarement rencontré chez un homme. Il avait pris petit à petit la place laissée vacante par Stanley Morison en ayant la modestie de ne jamais se comparer  (alors que par bien des aspects John Dreyfus a contribué très largement à la diffusion de la pensée typographique dans le monde) à celui qui entre 1929 et 1933 avait révolutionné la typographie britannique et puis mondiale en créant, et en dirigeant la création du plus populaire des caractères aujourd’hui encore universellement présent sur tous nos ordinateurs le Times New Roman. Je suis resté en contact avec John entre 75 et 86, l’ayant invité à participer à la plus que modeste aventure du Centre de Création Typographique que j’avais fondé avec Paul Gabor en 1976. John en est devenu notre conseiller et garde-fou contre certaines dérives bien tentantes à une époque où la technologie permettait déjà de publier à peu près n’importe quoi. C’est dans cet intervalle où j’ai pris ces notes qui m’ont permis de retracer la vie et l’œuvre de l’immense Stanley Morison, bien connu des professionnels, mais évidemment totalement méconnu du grand public. L’occasion donc pour Design et Typo de revisiter une époque, des styles, des techniques, des philosophies et des stratégies marketing dans le champ très fermé qui se trouve être celui d’une vieille industrie de Gutenberg radicalement rajeunie par les technologies modernes du dessin vectoriel disponibles depuis à peine une quinzaine d’années.

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portrait de Stanley Morison | 1923

Stanley Morison est mort le 11 octobre 1967 à l’âge de 78 ans. Son incommensurable contribution aux arts de la typographie fut très largement reconnue par ses contemporains. Mais comment peut-on aborder la vie et l’œuvre de cet immense talent pour le meilleur bénéfice des générations à venir. De son propre auto-portrait il nous trace un homme, consultant typographique qui nous semble à priori totalement incomplet et inexact pour apprécier l’homme qui fut à la fois un typographe, un élève et plus tard enseignant en théologie, designer, éditeur, auteur, imprimeur et qui eut pour responsabilité de créer un éventail inégalé de caractères, à la fois classiques et contemporains. Entre autres il ne fut pas seulement un historien de l’imprimerie mais il fit aussi l’histoire de l’imprimerie. On pourrait emprunter voire prolonger cet hommage en reprenant l’expression d’un ancien de l’Oxford University qui parlait de lui comme d’un véritable Archetypographe. Le docteur John Johnson, ancien imprimeur de ce haut lieu de l’enseignement et de la recherche disait de lui qu’il était sans aucun doute le plus grand typographe de ces trois derniers siècles.

Comment un jeune homme aux origines aussi modestes et anonymes a pu devenir l’un des hommes les plus influents dans ce milieu fermé qu’était et qui l’est finalement toujours un peu, l’univers de l’industrie de la typographie qu’on comparaît à cette époque à l’antichambre du pouvoir, c’est là une histoire complexe que je vais essayer de vous transmettre le plus fidèlement possible. Morison a laissé à la postérité des figures de la typographie qui lui assurent pour l’éternité une place unique dans les annales de l’histoire gutenbergienne. Il n’a jamais cessé de chercher, d’analyser, et de corriger ses propres réalisations, et jamais cessé non plus de s’intéresser avec force curiosité aux aspects esthétiques, techniques, économiques et socio-politiques de l’imprimerie et de la typographie.
La maniaquerie de Morison pour la précision était légendairement gênante. Les coûts des corrections concernant l’article sur le Poliphilus dans le Monotype Recorder, ont largement excédé la facture initiale de la composition. Et pour un article «On Learned Presses», présenté lors d’une réunion au Club du «Double Crown» en 1955 on alla jusqu’à éviter de lui donner les épreuves à corriger tant on avait peur que le «papier» ne soit prêt pour le dîner du Club. Cette habitude d’enrichir ses textes sans cesse de corrections et de rajouts lui valurent à l’atelier de composition du Times, le doux sobriquet «d’ami des compositeurs» (The Printer’s Friend), qui étaient ravis d’augmenter leurs factures de prestations au gré de ses nombreuses corrections. Et pourtant, Morison était en réalité vraiment l’ami des imprimeurs si vastes et nombreuses furent ses apports au monde de la typographie, par d’une part ses créations d’alphabets et d’autre part ses graphic-conceptions pour l’édition, en général culturelle.

LE «BACKGROUND» TYPOGRAPHIQUE
En 1889 la mécanisation fait une timide apparition dans les ateliers de composition, la majorité d’entre eux n’ont qu’un lointain rapport avec leurs ancêtres de 400 ans. La norme des goûts typographiques montrait une légère amélioration depuis quelques dizaines d’années. À de rares exceptions les textes courants étaient composés dans un style typo dérivé du «modern style», légère, fine qui n’étaient pas superbement servi par une impression de mauvaise ou moyenne qualité. Les gens de la presse commencèrent à s’intéresser petit à petit aux caractères qui ont juste précédé les modern styles. Ce mouvement débuta dès 1840 lorsque l’imprimerie «Chiswick Press» fit faire une gravure par William Caslon I. Ces circonstances ne sont pas étrangères au goût qui se développa chez le jeune Stanley Morison pour les «belles impressions». En tous cas ces expériences ont suffisamment motivé les fondeurs de caractères dans les années 1860 pour qu’un Figgins fassent ressusciter leur romans les plus anciens, cependant que d’autres comme Miller et Richard gravaient des poinçons adaptés de dessins du 15e siècle. Les fameux «old style». Puis ce mouvement s’éteignit pour la raison qu’aucune grande fonderie ne daigna se pencher sur la question du bon caractère pour le bon roman. Et les programmes de recherches stoppèrent pour faute… de clients. Il y eut cependant cette tentative faite par la Chiswick Presse dans les années 1850 de graver un alphabet du début du 16e siècle utilisé par Johann Froben de Basle. Bien que d’une facture correcte et pas vraiment de succès à l’arrivée, il attira l’attention de William Morris qui était un médiévaliste acharné. Celui-ci utilisa le nouveau caractère pour deux éditions qu’il avait en préparation pour les imprimer. Morris était intimement persuadé que pour éditer un livre concernant l’époque médiévale, il fallait utiliser un caractère de la  période d’origine. En particulier un caractère Vénitien, comme par le plus grand des hasards celui de Nicolas Jenson qui servait déjà comme «Golden type» dans son imprimerie «Kelmscott Press books». Il fut suivi dans cet opinion par d’autres initiatives privées comme par D.B.Updike dans son ouvrage «Printing types», les caractères de labeur, ou si vous préférez les caractères pour la lecture courante. Updike estimait pour lors que le Jenson romain n’avait jamais été égalé. C’est le défi que Morison allait devoir relever.

En 1889 le monde de l’imprimerie anglaise faisait peu de cas de la conception nouvelle de caractères se contentant en général de trois sortes de polices pour composer livres et publications diverses. Des «old style» (15e-16e siècle), quelques «modern» (18e) et quelques alphabets fantaisies qu’il classait par nom. Les caractères traditionnels étaient désignés par le nom de la fonderie dont ils étaient issus ainsi qu’éventuellement un chiffre, celui du corps usuel disponible pour la composition des textes courants. On compte bien sûr parmi les fantaisies les plus connues le Clarendon (et ici) utilisé à l’époque exclusivement dans sa version bold (gras). Bien entendu les goûts typographiques s’amélioraient avec le temps, mais la question entière restait de savoir si l’on ne devait pas remonter aux origines même des gravures de caractères pour trouver la meilleure adéquation entre le livre et la police qui le compose. Les nombreux essais assez tendancieuses, pseudo médiévalisantes de William Moris et consorts lui valurent d’être taxé d’archaiste pré-Raphaléien.

INFLUENCE DE LA CALLIGRAPHIE
À la fin du 19e siècle le lettrage professionnel (dessins de titres et d’initiales) avait atteint une situation terriblement dépréciée, voire inexistante. John Ruskin avait bien tenté de stimuler l’intérêt pour les «belles écritures» et W.Moris avait déjà étudié et tenté de copier les manuscrits du moyen âge, mais contre toute attente c’est Edward Johnston qui fit revivre le phénix de ses cendres. Il redécouvrit l’habileté manuelle perdue de la calligraphie ancienne et exerça une influence grandissante et transversale sur tout ce qui se comptait comme artisan du lettrage en Grande Bretagne. Le calligraphe rencontra un jour d’épais brouillard en 1898 W.R. Lethaby, Principal du Central School of Arts and Crafts*, qui fût si surpris et impressionné par le talent et le travail de Johnston qu’il lui confia immédiatement le soin de créer une classe de lettrage et d’enluminure. La premier cours débuta en septembre 1899 et compta parmi les premiers élèves le (futur) très célèbre Eric Gill. L’enseignement de E.Johnston connut un succès fulgurant, l’année suivante la classe compta un nouvel élève, un jeune prêtre fraîchement ordonné, Adrian Fortescue qui allait jouer un des rôles les plus influents dans la vie de Stanley Morison.
* craft : métier manuel, artisanat par ext. habileté manuelle…

C’est en 1913 quelques mois avant la première guerre que Morison rencontre Johnston pour la première fois. Il était déjà très impressionné par le travail caractéristique, maniaque et extrêmement soigné de celui qui publia un livre qui reste dans les annales de la calligraphie, Writing and Illuminating and Lettering. Il trouvait que la lettre de chancellerie italique que Johnston y publie était l’une des plus rationnelles, des plus rapides de tous ceux qu’il connaissait parmi les écritures humanistiques. C’est ainsi qu’il l’adopta ipso facto pour en faire sa propre écriture courante. L’écriture, ou plutôt la Script de Morison était définitivement reconnaissable à ses amis fidèles parce qu’à la fois très individuelle mais aussi très particulière. Il prit avec le temps élégance et vitesse qui n’entama en rien ses qualités premières. Sa proximité avec le livre de Johnston lui fut aussi très utile lorsqu’il se retrouva dans l’expectative d’être à déterminer la meilleure italique devant accompagner un caractère romain.

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manuscrit de Stanley Morison | 1939

LES MACHINES MONOTYPES
C’est en 1897 qu’aboutit la réalisation de la première composeuse mécanique Monotype, la même année où La Lanston Monotype Corporation fut créé (le nom en fut changé en 1931 en Monotype Corp. Ltd) sans pour autant vouloir contourner la loi américaine sur le copyright. C’est après de nombreuses expérimentations et d’échecs que cette machine fut enfin rendue à la commercialisation à partir de 1899 sur le marché britannique.

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clavier de la Monotype | il est à remarquer que par ses nombreuses touches correspondants à ce qu’on appelle aujourd’hui des glyphes, ce clavier était la seule à offrir la possibilité de composer des ouvrages de Mathématique (et ce jusqu’au milieu des années 70).
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boîtier de transmission des touches vers les glyphes puis vers le boîtier des Matrices ci-dessous.
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Dissocié du clavier, il s’agit de la machine qui fondait les caractères au fur et à mesure de la frappe du claviste. C’est ainsi que cette machine rendit obsolète l’industrie traditionnelle des fondeurs de polices en plomb qui remplissait les volumineuses casses des ateliers de composition (composing rooms).

Le succès en fut assez limité au début et la compagnie eut à se battre sur le front des préjugés du marché des imprimeurs autant que celui des fonderies qui voyaient d’un très mauvais œil et pour cause, l’arrivée d’une machine qui allait diminuer leurs ventes de plomb destiné aux composteurs manuels. Mais dès les premières décennies du 20e siècle la situation s’améliora. Et ce grâce au concours des D.B. Updike, Frederick W. Goudy, Bruce Rogers et d’Henri Lewis Bullen. Le succès fut au rendez-vous et les machines Monotype sortirent peu à peu de l’anonymat pour connaître une expansion florissante. Restait cependant l’attitude timide de la compagnie pour le choix des caractères proposés à leur catalogue.

Toujours l’éternel Clarendon flanqué de quelques Old Style, Modern Style et Grotesques (linéales). Puis l’on vit peu à peu les premiers signes d’un revirement, d’une véritable renaissance. Timides au début. Certes mais les ingénieurs de la compagnie étaient de plus en plus ouverts aux propositions, aux projets d’éditeurs pour la mise au point de nouvelles gravures. Et lorsque J.M. Dent offra l’opportunité au directeur de la Corporation, H.M. Duncan, celui-ci en homme d’affaires autant avisé qu’homme d’action décida presque immédiatement de mettre en fabrication un nouveau dessin qui allait rompre avec les sempiternels pseudo dessins authentiques de W.Morris. Les graveurs se mirent en quatre pour réaliser une Véronèse issue du plus pur dessin d’un caractère original du 15e siècle. Il allait servir pour la production des œuvres publiées par «Everyman’s Library» de J.M. Dent. Ce caractère marqua très exactement la transition dans la conception des caractères propres aux imprimeries-éditeurs à celle des dessins destinés au grand public et donc bien sûr aux imprimeries de labeur.
Et c’est bien la gravure de l’Imprint en 1913, une typographie spécialement dessinée pour la machine Monotype qui marqua dès lors l’événement majeure de cette transformation, chef d’œuvre de dextérité disait de lui Beatrice Warde qui rajoutait : qu’enfin il était possible d’envisager une production typographique qui allait réveiller la créativité et l’habileté des artisans de la belle typographie.

Imprint

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La série 618 du Neo-Clarendon de la Monotype Corp. Ltd. Le Clarendon est un compromis très agréable entre les caractères old style et surtout modern style comme la didot et les égyptiennes terriblement grasses et manquant de nuances. Ce caractère fut décliné également en Light et Regular lui conférant un véritable statut de caractère de labeur alors que les égyptiennes sont restées réservées à la composition des titres.

 

L’Imprint, portait le nom de la publication à laquelle elle était destinée, dirigée par Gerard Meynell de la Westminster Press (ici Press veut dire imprimerie), l’un des pionniers de la renaissance de l’imprimerie avant la deuxième guerre mondiale. Celui-ci avec un groupe qui comprenait J.H. Mason fonda l’Imprint avec pour objectif de promouvoir la qualité de l’impression commerciale. Sorte de Johnatan Seybold avant l’heure. Et pour marquer ce moment quasi historique il lui (leur) semblait tout indiqué de faire concevoir une typographie adaptée à la circonstance. D’autant que, puisque la modernité était au cœur de leur préoccupation, il allait de soi de confier à un atelier équipé en machines Monotype le soin d’en composer les papiers. Et c’était parti. Cependant, le designer Mason n’aimait pas l’idée de concevoir une «modern face», un caractère post médiéval, lui préférant un Caslon. Meynell consulta Duncan qui lui rétorqua qu’un tel caractère dessiné selon les exigences de Mason, gravé en c.18 était techniquement impossible. Discussions après discussions, Mason dut se résoudre à dessiner une nouvelle typo basé sur le modèle du Caslon mais un œil bas de casse plus large et une italique qui s’harmoniserait étroitement avec le romain. Cet Imprint fut généralement très bien accueilli par le monde du labeur désireuse comme on l’a vu précédemment de rompre avec les traditions qui ont conduit l’imprimerie privée à une impasse.
Toujours en 1913, la Compagnie Monotype saisit l’occasion de revisiter une typographie presque oubliée, le Plantin. Les hommes de Duncan en avaient assez de travailler sur des polices aux noms presque tragiques ou inconnus. Il leur fallait enfoncer le clou en faisant revivre un vieux caractère presque oublié. Leur choix se porta sur une version du Plantin dont le poinçon se trouvait à Anvers. En 1910 P.M. Shanks & Company redessinèrent une version du Plantin Old Style qui malgré tous ses mérites et notamment une italique superbement équilibrée, semblait plus proche des Caslon que du caractère original qui était exposé à Anvers. Mais le succès relatif de ce dessin, gravé, indiquèrent à Duncan qu’il était temps alors pour la Monotype de créer une série vraiment nouvelle basée sur l’original qui se trouvait au Moretus Museum à Anvers. Appelée Plantin série 110, cette nouvelle typographie connut un succès mondial, et elle est encore aujourd’hui utilisée pour de nombreux ouvrages.

L’ENFANCE DE STANLEY MORISON
Ce n’est certes pas une injure que de rapporter les conditions modestes qui virent naître le jeune Stanley. Son père, obscur coursier, représentant de la City ne pouvait se passer de laisser sa mère aller travailler chez un marchand de quatre saisons, grossiste à Camden Town, ce qui fera dire plus tard à S.Morison qu’il n’a jamais autant mangé de fruits frais qu’à cette époque de sa vie. Ce n’est rien de dire que lorsqu’un père est défaillant dans l’éducation d’un enfant, c’est bien souvent la mère qui prend le relais. Ce fut le cas et Morison dut à sa mère de se voir pousser à lire, à se cultiver, à étudier. Il partit tôt en pension où il reçut une éducation assez primitive. C’était ce genre de pension à la Dickension Charitable Institution qui furent mis en place dans les années 1870 par l’Education Act que fréquentait les orphelins de la couronne.

Puis ce fut une «seconderay school» dirigée par un syndicat corporatif de la City qui pourrait aujourd’hui être situé comme une «grammar school». On se paya ce luxe grâce aux connections dont disposait le père de Morison qui obtint des tarifs privilégiés dans cette école. Stanley y resta jusqu’à l’âge de 16 ans et put non seulement s’y adonner à une passion de la philatélie mais aussi pour les chemins de fer, le cricket et surtout pour la lecture. Rien dans l’environnement de l’adolescent ne pouvait présager de l’intérêt qu’il allait porter à la lettre et à l’imprimerie. Malgré la présence d’une communauté de peintres qui s’y installait pour des raisons économiques, le quartier où il vivait à Camden Town était peu fréquenté par les imprimeurs et professionnels de la lettre qui lui préférait l’oasis de Bloomsbury. Il n’eut pas la chance de son compagnon Francis Meynell qui lorsqu’il étudiait voyait ses parents devant leur table à corriger des épreuves d’impression.
Il est possible parfois de faire l’impasse des influences éducatives et religieuses dans la vie d’un homme mais ce n’est pas le cas de Stanley dont la vie se transforma progressivement par l’intérêt croissant qu’il portait à la religion allant jusqu’à se convertir au catholicisme en 1909, c’était donc peut-être le premier signe de cette prédisposition qu’il allait développer pour les livres, les textes et sans doute pour leur mise en forme.

La maman de Morison était une fervente adepte des doctrines de Thomas Paine et durant quelques temps Stanley la suivit dans ses pas. Paine était un déiste, mais il y avait un lien étroit entre déisme et rationalisme, de ce fait le jeune et futur typographe commença à lire Bradlaugh, Aldous Huxley, Spencer et l’allemand Ernst Haeckel, il s’éloigna progressivement du déisme pour d’abord l’agnosticisme puis le catholicisme, mais il continua jusqu’à la fin de sa vie à adhérer aux solides idées humanistes de Paine qui firent de lui un véritable penseur d’une gauche démocrate et sociale. Il dénonça tant que se peut les iniquités du système libéral bien que vers la deuxième moitié de sa carrière il pouvait enfin profiter des mannes de ce capitalisme privé qu’il abhorrait tant.
Est-ce sa rencontre avec un Jésuite étranger qui lui enseigna progressivement les rudiments théologiques, toujours est-il que Morison fréquenta la Jesuits’s Farm Street et aussi Adrian Fortescue, avec qui il paracheva sa conversion au catholiscime.

En 1905 il fut employé pour la première fois par un cabinet de clercs à la British & Foreign Bible Society. Il y travaillait dur et pour ses employeurs mais surtout pour lui-même, découvrant l’écriture et sa complexité dialectique. C’est bien plus tard, quatre ans s’étaient écoulés, lorsqu’il avoua sa conversion catholique, que les membres protestants de la Society, pour satisfaire le dogme, l’éloignèrent en le faisant recruter dans une banque de leur réseau à la City. Toujours insatisfait de son sort, il continuait de dévorer les livres, lisant toutes ses nuits jusqu’à l’épuisement. Il est peu probable là encore, que son goût pour la typographie ait pu se développer dans ce contexte, On connaît le rationalisme et le conservatisme qui caractérisait la British & Foreign Bible Society. Leur production ne dépassait guère la publication d’œuvres relatives aux musiques liturgiques chrétiennes (plain-chant) et l’on était encore et encore à utiliser le Caslon old Style de la Chiswick Press pour imprimer des œuvres grégoriens devant concurrencer les missels de Plantin d’Anvers.

LE «SUPPLÉMENT IMPRIMERIE» DU TIMES

C’est très exactement la journée du 12 septembre 1912 qui marqua le tournant dans la carrière de Morison. Il rentrait de la City et acheta en passant à la station de King’s Cross un exemplaire du Times qui y consacrait un supplément au monde de l’imprimerie. Il découvrit alors la modernité, et l’extraordinaire production dont le journal se faisait écho. C’est ce jour qu’il décida sans aucun doute possible de se consacrer à l’étude de la typographie et du type design. Ce supplément du Times, très supérieur à celui édité par la suite en 1929, mais qui n’en joua pas moins un rôle tout aussi prépondérant, initia le jeune Morison à l’histoire du caractère d’imprimerie et par voie de conséquence à tous ses aspects commerciaux collatéraux.

Un passage surtout retint son attention, en référence à l’univers clos de William Morris : «besoin de nouveaux caractères, adaptés à chaque usage, à chaque publication afin d’en faciliter la lecture et l’identité.» L’article y stigmatisait le besoin vital de nouveautés de toutes sortes pour exprimer la variété de la pensée humaine.
Un billet sur la Calligraphie et l’imprimerie soulignait également la nécessité de créer de nombreuses variétés de polices pour satisfaire les besoins de tous les imprimeurs de labeur, ou privés, mais surtout la nécessité de recourir aux tracés originels de la calligraphie pour la construction des nouveaux alphabets. Morison ne pouvait qu’adhérer à ce point de vue, lui qui était déjà très sensibilisé à cet art divin de l’écriture manuscrite. C’est donc la pratique de la Calligraphie qui donnera la virtuosité et l’élégance au concepteur de caractères. Ce sont les caractères de base que l’on composait à la casse, qui serviront de modèles pour les futurs matrices et moules des machines mécanisés, et, au passage l’enseignement du bon usage des approches et des marges de composition lui serviront de guide pour la composition mécanique. Ce supplément du Times lui donna l’occasion de découvrir quelques célèbres pages du Kelmscott et Ashendene books qui lui en apprit beaucoup sur les styles typographiques en vigueur dans la presse privée (nb : entendez par presse privée, les imprimeries intégrées à l’activité économique d’un éditeur). Et, son regard fut brusquement attiré par une page publicitaire du supplément. Un futur journal, l’Imprint y sollicitait une souscription pour l’édition de ses premiers numéros. S. Morison acheta le premier exemplaire de l’Imprint paru le 13 janvier 1913, et c’est en en parcourant les colonnes qu’il découvrit cette annonce : «nous recrutons les services d’un jeune homme de bonne éducation avec une première expérience dans l’édition… suivait l’adresse d’Imprint, 11, Henrietta Street, Covent Garden, London… Les trois coups du destin professionnel de Stanley Morison. (la suite est ici).

 

 

 

 

 

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Typo et Photo

«Difficile de blogger et de produire»

Où l’on voit toute la diffculté de tenir la distance pour un blogger aussi chevronné qu’il fût. Il suffit que l’agenda se remplisse avec des dates de présentations et de production et pffft, plus rien. J’espère que mes fidèles lecteurs ne m’en tiendront pas trop rigueur, mais il s’agit après tout d’une publication personnelle. DOOP (Direct One to One Publishing). Ça pose évidemment problème quand on a à cœur de fournir de la matière analytique et expérimentale d’un bon niveau constant. Bref cette semaine et sans pour autant vouloir me plaindre, j’ai dû finaliser un projet typographique pour un rapport d’activité et annuel, un article assez conséquent sur un grand typographe disparu prématurément, Albert Hollenstein pour la revue Étapes Graphiques, donner mes cours le samedi, et entrer en bouclage mensuel sur le magazine de Radio Latina… c’est en fin de compte assez (voire beaucoup) pour le p(tit) homme que je suis (sourire appuyé). Tiens donc voilà deux doubles pages du prochain Latina’mag concernant un hommage posthume à deux musiciens de génie que j’ai eu la chance de photographier en 2004. Chacun pour des raisons très différentes, mais aussi en raison de leur universalité, leur talent inégalé et de leur humanisme, étaient des véritables extraterrestres, et quand je songe parfois à l’autre monde, au paradis des typographes et artistes graphiques, je me dis que peut-être j’aurai la chance de revoir un jour ces immenses figures de la musique latine.

Doubleguedon

Doublebarretto

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Passion Jaoui à l’Européen | Les Photos

Agnès Jaoui hier soir au théatre de l’Européen, un moment exceptionnel, la révélation d’une immense voix, pleine d’émotion contenue. L’exactitude, la perfection, la justesse de chacune de ses interprétations, ciselées comme des bijoux ou des tableaux de primitifs flamands à la Van Eyck. Elle revisite les musiques latino, en espagnol, portugais. Salsa, flamenco, fado, tous les genres, le blues dans la voix et l’étincelle dans le regard. Je l’aimais déjà dans ses films et par ses films. Plus que jamais elle témoigne pour son «goût des autres.»

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Josef Müller-Brockmann sur le site de “eye”

Josef Müller-Brockmann: “je conseillerais les jeunes de regarder tout qu’ils rencontrent dans une lumière critique…” 

Alors je les inviterais à tout moment à prendre exemple sur Josef Müller-Brockmann individu-critique qui a été élevé à Rapperswil, Suisse. En 1914 et il a étudié l’architecture, la conception et l’histoire de l’art à l’université de Zurich et au Kunstegewerbeschule de la ville.  Il a commencé sa carrière en tant qu’apprenti concepteur et consultant en publicité chez Walter Diggelman et, avant, en 1936, établissait son propre studio à Zurich se spécialisant dans le  graphisme et la conception d’exposition et photographie.  Vers les années 50 il a été reconnu en tant que principal praticien et le théoricien du modèle suisse, qui a cherché une expression graphique universelle par une conception grille-base expurgée de l’illustration étrangère et du sentiment subjectif.  Sa série d’affiche "de viva de Musica" pour Zurich Tonhalle a été dessinée dans la langue du constructivisme pour créer un corrélatif visuel aux harmonies structurales de la musique.  Müller-Brockmann était fondateur et, de 1958 à 1965, Co-rédacteur du journal trilingue Neue Grafik (nouvelle conception graphique) qui a fait connaître les principes de la conception de Suisse internationalement, il était professeur de conception graphique au Kunstgewerbeschule, à Zurich de 1957 à 1960 et le für Gestaltung Ulm de Hochschule en 1963.  De 1967 il devient consultant européen de design pour IBM.  Il est l’auteur et l’artiste graphique pour la conception de Problems (1961), une histoire de Communication Visuelle (1981).  Il a contribué à beaucoup de colloques et a tenu des expositions individuelles à Zurich, Berne, Hambourg, Munich, Stuttgart, Berlin, Paris, New York, Chicago, Tokyo, Osaka, Caracas et à Zagreb.  En 1987 l’État de Zurich lui a décerné une médaille d’or pour sa contribution culturelle.

Voilà l’article que vous pouvez lire en «feuilletant» le site web de «eye»

Eyewebsite

excellente source de réflexions et d’inspiration dont le rédacteur en chef fut et l’est toujours (je pense) Rick Poynor dont on a déjà évoqué plusieurs fois le rôle majeure dans la littérature professionnelle.

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D’autres méthodes que le b.a.-ba | soutien

Le 1er mars, j’ai publié une note concernant la lisibilité typographique (le permalink est ici).

Aujourd’hui un article vient de paraître sous la plume d’un collectif (Luc Bentz (école Pauline-Kergomard, 95 Sarcelles), Martine Castier (62
Helfaut),Annie Cobes (Ecole ouverte des Bourseaux, 95
St-Ouen-L’Aumône), Michel Colas (école Célestin-Freinet, 49
Saint-Lambert-du-Lattay), Sylvain Connac (Ecole coopérative, 34
Balard), Christian Deligne (école Pierre-Curie, 95 Pierrelaye),
Catherine Foucher (école des Charruaud, 33 Libourne), Isabelle
Lescouarch (école de Mont-Cauvaire, 76), Florence Suire (école des
Boulingrins, 95 Vauréal), Danielle Thorel (école Hélène- Boucher, 59
Mons-en-Baroeul).

 

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Il s’agit d’un texte qui nous rappelle le danger qu’un ministère autocratique décrète une pédagogie et ses modalités pour un sujet autant sérieux qu’irrationnel, l’apprentissage de la lecture. Dans mon article sur la lisibilité, l’histoire de la recherche montre bien, après avoir passé en revue les méthodes, les analyses, les moyens, que notre système œil-cerveau lit bien des mots voire des groupes de mots, et ce n’est pas en contradiction avec l’abandon progressif de l’apprentissage par la méthode globale. Parce que nous sommes là dans les méandres de l’irrationnel. On ne sait absolument rien sinon des théories, des hypothèses, mais non vérifiées du processus d’abstraction de la lecture.

De la maternelle à la grande école, l’être humain, vivant dans nos contrées de l’ouest dit évolué, suit un cursus d’apprentissage de la lecture dont les étapes, et la phénoménologie nous apparaît encore mystérieux. La méthode globale aurait eu pour conséquence de produire des générations de dyslexiques, l’orthographe a atteint le degré zéro de la dictée et les jeunes s’en sortent finalement mieux quand ils s’expriment par SMS ou e-mail où règne le fantasme des référents catégoriels : tendance, mode, look, identité sociologique… Là l’écrit rejoint le phonème et au diable l’encodage de la grammaire et de l’orthographe. Mais lorsqu’on retourne vers les notes prises en Fac ou les CV, lettres de motivations ou rapports d’entreprise on découvre très vite l’arbre qui cachait l’Amazonie, la jungle des mots mal transcrits. Les orthophonistes ne s’y sont pas trompés, et sous l’influence de groupes de recherche les enseignants petit à petit se sont arrachés aux modèles des «méthodes» pour tenter une autre aventure, celui de l’expérimentation au cas par cas. Dure labeur qui demande un investissement majeur de la part des enseignants. Qui voient donc d’un très mauvais œil le retour vers les directives ministériels qui décrètent que c’est comme ça et non comme ci. On sait tous que la lettre d’alphabet représente un son. Le B.A. BA paraît terriblement simple, mais ce qu’on ne sait pas c’est le tympo de l’apprentissage et les passages obligés de celui-ci. On ne sait absolument pas comment et en combien de temps nos synapses établissent un lien invisible dans notre conscience entre la représentation graphique d’un son, une lettre, et sa combinaison lorsqu’incorporée dans un groupe de signes, le mot. Bien sûr que bon nombres de spécialistes se sont penchés sur les schémas et la schématisation. La Gestalt nous fournit sans doute des réponses. Mais rien quant à la mesure de cet apprentissage, sur notre capacité à l’inscrire en tant que modèle scientifique de l’évolution de la lecture. C’est donc en toute conscience que je soutiens la déclaration du collectif qui a signé cet article dans Le Monde, pour alerter et contribuer à alerter les enseignants, les chercheurs et surtout les pouvoirs publics sur la nécessité d’une prudente temporisation dans cette affaire pédagogique. Laissez faire les enseignants, qui au contact du quotidien tentent chaque jour de comprendre ces phénomènes et d’adapter leur approche pédagogique d’une nécessité de résultats. Car c’est bien la seule chose qui compte. Et peu importe les moyens. Et si le ministère voulait bien revenir sur cette affaire de directive alors je me permettrai aussi de lui suggérer de mettre en place un institut de recherche national sur les questions relatives à la pédagogie de la lecture-écriture (à moins que cela n’existe déjà [mais ce lien nous renvoi sur des recherches. qui n’ont rien à voir avec le sujet]). Il n’est pas tant l’heure d’apporter des réponses que de mettre en place des méthodes de recherches qui posent les bonnes questions.

 

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Les orthophonistes démentent tout lien entre dyslexie et méthode globale

         

Article paru dans l’édition du Monde du 13.12.05

POUR justifier la suppression de la méthode globale d’apprentissage de la lecture, le ministre de l’éducation nationale, Gilles de Robien, a affirmé, dans Le Parisien du 8 décembre, que « les orthophonistes » l’avaient « alerté sur une véritable épidémie de dyslexie liée à cette méthode ». Faux, rétorque la Fédération nationale des orthophonistes (FNO) qui, avec 6 000 adhérents, constitue le principal syndicat représentatif de la profession. « Il n’existe à ce jour aucune étude menée par des orthophonistes, validée scientifiquement, mettant en évidence des liens de causalité entre méthodes de lecture et pathologies du langage écrit », indique la FNO.

Les chercheurs et les médecins le confirment. « La méthode globale n’a jamais créé la dyslexie », insiste Catherine Billard, neuropédiatre à l’hôpital Bicêtre et responsable du centre de référence sur les troubles des apprentissages. « Pathologie plus ou moins sévère, la dyslexie a des origines biologiques, génétiques et est donc antérieures à toute méthode d’apprentissage », dit-elle. Le neurologue Jean-François Demonet, directeur de recherche à l’Inserm, rappelle que l’apprentissage de la lecture ne constitue que « le facteur révélateur de la dyslexie, handicap biologiquement déterminé ». Mais, font-ils remarquer, le débat est « parasité par des considérations politiciennes » car « la méthode globale pure a été abandonnée depuis longtemps ».

Cette méthode, confirment les spécialistes, était « la pire manière d’apprendre à lire pour des enfants dyslexiques ». Du fait d’une incompétence souvent auditive qui leur fait mélanger les « fe » et les « ve », les « be » et les « pe », « ces enfants ont plus besoin que les autres du décodage syllabique », indique Mme Billard. Les travaux scientifiques menés depuis les années 1980 ont démontré que cette phase de décodage des mots était incontournable. Cela ne signifie pas pour autant qu’il faille bannir la méthode semi-globale pour tous les élèves. « Une bonne manière d’entrer dans la lecture est d’introduire temporairement l’idée d’une enveloppe globale des mots puis de passer au stade syllabique », indique M. Demonet.

Enfin, contrairement à ce que laissent penser les déclarations du ministre de l’éducation nationale, la dyslexie n’a pas progressé. « Il est délirant de dire que la méthode globale aurait développé une armée de dyslexiques », s’insurge M. Demonet. Si environ 15 % des élèves qui entrent au collège ont des difficultés de lecture, la population scolaire atteinte de dyslexie « varie entre 3 % et 5 % », affirment les spécialistes. « 15 % d’échec scolaire ne signifie pas 15 % de dyslexiques, il faut arrêter de «pathologiser˜ tous les enfants qui n’arrivent pas à lire », prévient Monique Touzin, orthophoniste au sein du service de rééducation neuropédiatrique de l’hôpital Bicêtre. « Il n’y a pas d’épidémie de dyslexie », martèle Mme Billard. Derrière les 15 % d’enfants qui ont un niveau de lecture largement insuffisant se cachent des problèmes plus larges. Ces élèves peuvent avoir «des retards mentaux, des problèmes psychoaffectifs, des difficultés socioculturelles, etc.», constate Mme Touzin, qui regrette que « l’on tire à boulets rouges sur les enseignants ».
                  Sandrine Blanchard

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Dulce Matias | photos au New Morning

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Dulce Matias est née et a grandi au Cap Vert, guidée par la musique. Elle est issue d’une famille de musiciens très influente au pays, comme son oncle John Matias dont la brillante carrière aura marquée toute la communauté. Enfant elle chantait les chansons traditionnelles à la maison avec sa mère, ses cousins et surtout avec son grand père Nho Xima violoniste très connu au Cap Vert.
Dulce a la musique et le chant dans la peau. Son timbre naturel est unique mais a aussi été perfectionné par le travail, discipline et rigueur. Ses modèles : Barbara Streisand et surtout Ella Fitzgerald, son modèle ultime car le jazz reste pour elle «la meilleure école pour éduquer la voix » et le blues « le rythme qui se rapproche le plus de la nostalgie qu’éprouvent les cap verdiens pour leur pays.» Très sensible au maintien de ses racines, de sa culture et de sa langue, Dulce a fait le choix de la musique traditionnelle. Alors Dulce chante la Morna, style musical le plus connu, dansée en couple, la Morna se joue à un rythme lent sur des textes nostalgiques exprimant la «saudade» le regret de l’amour perdu, de l’exil et l’espérance du retour. Elle chante aussi la Coladera jouée sur des rythmes plus rapides avec des instruments acoustiques (violon, guitares, cavaquinho). Cette musique exprime la joie de retrouver ceux que l’on aime après une longue absence. Pour cet album Mel ‘d Cana, Dulce s’est entourée de musiciens virtuoses et de Rufino Almedia alias Bau, connu pour son rôle déterminant auprès de Cesaria Evora.
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La Typographie, ça intéresse tout le Monde.

La typographie est universelle. 124 Pays différents ont déjà visité Design et Typo. Par delà une satisfaction narcissique, cela donne à réflechir. Un lieu de débat et d’analyse portant sur le design graphique, le signe et la typographie cela concerne tout le monde. Et internet est là pour nous rappeler comment l’invention de Gutenberg en son temps a du révolutionner le Quattrocento. L’imprimerie s’était propagé à travers tout l’europe, de l’Italie au nord de la Flandre, des confins de l’est (Hongrie) jusqu’à l’Angleterre. Un bon pied dans l’océan direction les Amériques. 1492-2006. Soit environ 514 ans se sont écoulés. Et aujourd’hui grâce à internet ce n’est pas moins de 124 pays du monde entier qui viennent visiter ce modeste blog. Et on n’y parle pas de sexe. Pas encore. Bon week-end à tous et merci de votre fidélité.

The typography is universal.  124 different Countries already visited Design and Typo.  UpOver a narcissistic satisfaction, that gives to think about.  A place of debate and analysis relating to the graphic design, the sign and the typography that relates to everyone.  And Internet is there to point out to us how the invention of Gutenberg in its time has revolutionized the Quattrocento.  Printing and Publication had been propagated through all Europe, from Italy in the north of the Flanders, the borders of the east (Hungary) to England.  A good foot in the ocean direction Americas.  1492-2006.  That is to say approximately 514 years were passed.  And today thanks to Internet it is not less than 124 countries of the whole world which comes to visit this modest blog.  And one does not speak there about sex.  Not yet.  Good weekend to everybody and thank you for your fidelity.

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les chiffres et le classement sont visibles ici

 

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Massin typographie la Cantatrice Chauve | Eugene Ionesco

En 1964 les éditions Gallimard publient un livre-théatre. L’auteur, Massin, directeur artistique des mêmes éditions (de 1958 à 1979) va consacrer plusieurs années à mettre en page, mais je devrais dire à mettre en scène une des pièces de Ionesco les plus surréalistes qui fût.

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La mise en page de Massin est le reflet fidèle d’une pièce aux situations et textes les plus absurdes. Le graphiste assista à plus de vingt représentations de la Cantatrice Chauve au théâtre de la Huchette en 1960. Il l’enregistra de même, pour en comprendre la moindre inflexion, les moindres silences. La typographie en tant que medium de transcription phonétique va lui permettre de représenter la scène et les acteurs dans toute leur spacialité. Les échanges, les dialogues prendront corps dans la taille, l’inclinaison, l’anamorphose, le rythme, les graisses, les contrastes, les blancs bien sûr… pour le silence.

Les anamorphoses lui posèrent des contraintes techniques incroyables. Les optiques de Cliché Union ne lui suffirent pas pour rendre compte des modulations innombrables de la voix des acteurs. Massin est mélomane, humaniste érudit. Mozart a peu de secret pour cet homme aux multiples talents. Ce faisant il ne trouva pas mieux que d’imprimer les textes à déformer sur des bouts de préservatifs (condoms) qu’il put triturer dans tous les sens, et infléchir les mots afin d’en rendre le sens de la manière la plus expressive possible.

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C’est avec un immense plaisir que je vous présente ici un court extrait de cet ouvrage aux niveaux de lectures multiples.

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Eugène Ionesco à gauche, Massin à droite. Photo de Yan Dieuzaide.

Ce qui me semble très intéressant dans la démarche de Massin, l’utilisation de la typographie et de la mise en page comme moyen redondant du texte écrit. En effet l’alphabet phonétique qui sert de support à la composition est déjà un moyen de transcription sonore d’une œuvre littéraire. Mais en ajoutant aux sons des lettres, des valeurs connotantes de la voix des acteurs, en transformant les mots en images sonores, il donne à entendre le texte de Ionesco comme si nous étions aux premières loges de l’orchestre. Massin a publié de nombreux ouvrages dont La Lettre et l’Image (Gallimard 1970), La Mise en Page (Hoëbeke 1991)…

pour voir cette rubrique d’ouvrages cliquez sur le lien.

Bibliographie complète d’Eugène Ionesco ici.

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Logotypes Histoire (1) | Franco Maria Ricci | Top Symbols & trademarks of the world

En 1973 le célèbre humaniste, designer et éditeur Franco Maria Ricci entreprit d’éditer une somme. Un recueil de tous les logotypes et symboles connus à cette date. L’aventure dura jusqu’en 1981, où il acheva (momentanément) cette magnifique édition avec le numéro 10 de ces albums. Cette édition est épuisée. Introuvable. Je l’ai cherché partout. La publication que j’entreprends est destiné exclusivement à l’usage pédagogique. Pour deux raisons. La première est évidente, c’est par l’exemple que l’on apprend aux élèves des écoles d’art graphiques, ce que fut la réflexion aux époques post- guerres sur les identités visuelles. Je renvoie le lecteur aux très sérieux articles de Michel Disles, cofondateur de Carré Noir qui s’exprime sur la question sur le site d’Admirable Design. Chaque création, a demandé de la part de leurs auteurs, designers, graphistes des semaines et des semaines de cogitation afin de dégager l’essentiel du signe qui allait «porter» une marque, la faire connaître et se reconnaître parmi les autre marques concurrentes ou non. La création de logotypes ne s’arrête pas dans les années 80, cependant il est à remarquer que les réflexions modernes sont infiniment plus empreintes de design-tendance, voire mode que de véritable pensée conceptuelle sur l’activité et la clientèle d’une marque (cf. mes articles précédents sur ce sujet). La deuxième raison est donc celle-là: à l’heure où la création d’identité visuelle, dépasse de loin les enjeux du logotype et du symbole, car inscrite dans un concept de communication globale, on a fini par oublier, souvent, pas toujours, la force, ou l’esprit que peut dégager LA MARQUE d’une entreprise. On a fini par oublier qu’un logo est avant tout une enseigne. Qu’il est censé représenter un métier, une activité, une clientèle. Nous continuerons à débattre de ces questions sur ce blog, et pour nourrir ce débat extraordinairement vaste, il me fallait publier ici même un pannel, le plus large possible de ces créations d’une autre époque. Chaque planche est copyrighté. Destiné exclusivement à une lecture sur l’écran et à seule fin de pouvoir faire évoluer la réflexion propre de chacun. C’est aussi un hommage que je rends ici à la profusion et la qualité de toute l’édition de Monsieur Franco Maria Ricci.

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