100e Birthday of Bauhaus. Adobe with Erik Spiekermann \ Successful Tribute to the First Pluridisciplinary School

Nous étions en juin-juillet l’été dernier. Nous apprenions au détour d’un article qu’Adobe, l’éditeur de logiciels multiplateformes pour le Son, l’Image, la Vidéo, le Web et l’Animation avait décidé d’honorer le 100e anniversaire de la naissance de l’école du Bauhaus en 1919.

J’étais assez excité de savoir qu’ils ont fait appel à une vieille connaissance, Erik Spiekerman pour qui je voue une immense admiration depuis une conférence à l’ATYPI à Hombourg en 76. Je connaissais déjà son travail pour la firme Berthold (quelle école de la rigueur), mais je l’ai ensuite, et bien plus tard, re-découvert dans d’autres circonstances.

Permettez cher lecteur de vous parler ainsi de cet immense typographe que je ne connais finalement qu’au travers de nos rencontres et de ce que je voyais et entendais de sa carrière. Dans le désordre. Je l’ai revu au début des années 90 lorsque nous lui avons rendu visite à Berlin dans sa célèbre Fonderie typographique numérique, Fontshop. La collection FontFont était brillante, toute la philosophie des polices de cette collection était tournée vers le renouveau des formes d’écriture et de titrage. Un peu la suite logique de ce que Zuzana Licko, graphiste Tchécoslovaque avait entrepris en Californie avec son compagnon Rudy VanderLans en fondant Emigre Graphics, une fonderie numérique indépendante des mastodontes d’avant l’Année 89. Cette année là Adobe par la volonté de son président John Warnock lança officiellement le langage Postscript© Adobe, qui devint le marqueur du début de l’ère numérique pour tous les métiers de l’image et du son).

Je me souviens de Michel Chanaud me racontant en 2007 une anecdote savoureuse. Il croisa Erik en 1989 dans un magasin à San Francisco, et celui-ci lui donna à voir une disquette 3,5″ sur laquelle figurait son futur caractère le Meta. Michel me dit «j’ai tout de suite su que cette typo allait faire un malheur»… Et il eut raison. Donc oui, le choix d’Erik Spiekermann pour conduire cet hommage à la naissance du Bauhaus n’est ni un hasard ni une erreur, c’est sans aucun doute la plus belle chose qu’Adobe pouvait entreprendre pour donner du sens à cette aventure.

Parlons de l’évènement lui-même.

Faire renaître quelques typographies cultes de l’ère Dessau du Bauhaus avec le concours de cinq typographes chevronnés:

Céline Hurka (*1995) grew up in Southern Germany and moved to the Netherlands to study graphic design at the Royal Academy of Art (KABK) in The Hague. She is expected to graduate with a BFA in the summer of 2019. Besides her studies she works on freelance projects in the cultural field, where she combines an interest in editorial design with emphasis on type design and photography.

Graphic and type designer Luca Pellegrini (*1989 in Lugano, Southern Switzerland) first graduated as technical industrial designer in 2012. Not satisfied, he decided to study visual communication and graduated in 2016. He fell in love with typography during his BA thesis that focuses on reviving a handwritten alphabet by Xanti Schawinsky, designed in 1932. His project received top grades and an award for best thesis in graphic design of 2016. In 2017 he moved to Amsterdam for an internship at Mainstudio. The same year he made a last study effort and applied to University of Art and Design / ECAL to attend the MA in type design. Luca is now based in Lausanne, approaching the second and last year of this program.

Elia Preuss (*1992 in Bochum, Germany) grew up in the Ruhr Area. He studied communication design at Folkwang University of the Arts in Essen and concluded his studies with a BA project on type design concerning children’s acquisition of the written language in primary schools. After a year of work for the Smile agency in Essen, he applied for the type design class at HGB Leipzig, supervised by Stephan Müller and Fred Smeijers. He has been a student there since fall 2017.

Hidetaka Yamasaki (*1993 in Japan) is currently a MA Typeface Design student at the University of Reading. He has been working on typeface design since he participated in Luc(as) de Groot’s seminar at University of Applied Sciences Potsdam in 2013. His focus lies on non-native scripts, mainly Latin. From time to time he translates art and design literature from German and English into Japanese, utilizing his academic background in art history and æsthetics, including the Japanese edition of Jost Hochuli’s Detail in typography. He completed an internship at Monotype’s Berlin office in 2015, former FontShop, founded by Erik Spiekermann.

Flavia Zimbardi is a type designer and visual artist from Rio de Janeiro, currently based in New York. From 2005 to 2013 she worked for some of the leading magazines in Brazil receiving recognition by the 9 th, 10 th and 12 th Brazilian Graphic Design Biennials, and was awarded with « Magazine of the Year » by Prêmio Abril de Jornalismo. Flavia is a graduate of the Type@Cooper Extended Program at the Cooper Union, and was the first Brazilian woman to have a typeface design—her graduation project « Lygia » —awarded by the Type Directors Club. In 2018 Lygia was also selected for the 8 th Latin American Typography Biennial, Tipos Latinos.

le résultat du travail de l’équipe réuni autour de E.S. ci-dessous

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Le Projet: le couple Adobe\Spiekermann avait décidé de faire recréer des polices (de titrage essentiellement) et qu’une fois réalisées, ces polices seraient alors distribués au travers du Typekit de la CC Cloud d’Adobe permettant, et ce gratuitement, d’accéder à ces polices pour les réutiliser dans le cadre d’un concours, un contest, international. Il faut avouer que ce fut une réussite sans précédent. Intelligence + Culture font bon ménage.

1Min.30″ : c’était le «trailer» que nous avons pu entre-apercevoir en mai-juin dernier avant le lancement de l’opération. Tout ceci était gardé bien secret pour permettre à tous les candidats du contest international d’être à égalité sur la même ligne de départ.

13 minutes pour comprendre le processus créatif mis en œuvre par Erik Spiekermann

Pourquoi considérer cet évènement comme majeur dans le monde des arts appliqués?

C’est en parcourant le catalogue de 1969 d’une expo Bauhaus qui se tint à Paris du 2 avril au 22 juin au musée de l’Art Moderne, et puis le catalogue plus récent (ci-dessous vous trouverez les pages des deux catalogues) de l’exposition qui se déroula de 2016 à 2017 au Musée des Arts Décoratifs, que vous allez comprendre mon étonnement devant tant d’évidence… Permettez-moi de pas m’étendre sur l’histoire même du Bauhaus depuis sa naissance jusqu’à sa disparition. Vous trouverez ici un excellent résumé de cette narration que par ailleurs vous retrouverez à des dizaines de lieux différents sur le net.

De même cette image: magnifique illustration du propos que je souhaite vous entretenir.

Il me semble évident de rapprocher la structure même de l’enseignement du Bauhaus de la stratégie de l’offre d’Adobe dans le monde. Au Bauhaus le maître mot est la pluridisciplinarité des métiers pour grimper jusqu’au sommet du savoir faire, l’architecture.

Dans la philosophie d’Adobe, il s’agit d’apporter en somme tous les outils numériques des langages de la création. Graphisme et Design, Animation, Typographie, Montage vidéo, et Création d’Effets Spéciaux, maîtrise de la Création Sonore mais aussi des possibilités de Modéliser l’UX avec XD etc.)

Chaque logiciel, entraîne des besoins de connaissances culturels, propre aux outils, ce que j’appelle précisément la connaissance des langages artistiques, mais les outils convergent parfois et même souvent pour créer des programmes visuels et sonores où interviennent l’usage de 5 à 8 logiciels différents, sans compter les polices disponibles dans le Typekit d’Adobe CC.

Et vous pourriez me rétorquer qu’Adobe ne fournit que du logiciel… mais non. Les plateformes collaboratives comme Behance, nous rappellent que les artistes, designers, graphistes ou film-makers ont besoin précisément de confronter leurs activités avec celles d’autres créateurs, d’autres artistes. Et le Blog, et les Vidéos de formation, et les plateformes d’expérience utilisateurs, et même les «cahiers de tendance avec Adobe Stock, montrent bien une implication sur toute la suite créative de nos métiers. Il y a là une similarité structurelle entre les ateliers du Bauhaus et la magie de la Créative Cloud qui vous amène vers des destinations et des sensations toujours renouvelées.

Je ne prétends pas avoir inventé le fil à couper le beurre. Et encore moins la poudre à feu d’artifice, mais j’aime bien saisir le sens des choses. J’ai attendu presque un an avant de comprendre l’intérêt de ce magnifique projet entrepris entre Erik Spiekermann et les équipes d’Adobe aux US. Je ne le regrette pas. Il me fallait un fil conducteur. Et une bonne raison de faire ce papier. Le sens des choses. Le fait est que le numérique a remplacé nombre de gestes créatifs manuels sans pour autant dispenser les professionnels de devoir se cultiver, d’apprendre à dessiner, à cadrer, à faire de la mise en page etc. Les outils numériques que propose Adobe ne sont rien sans une solide formation, soit classique, soit autodidacte, mais exclusivement fondée sur la curiosité, l’imagination et le travail. Il est cependant évident que l’enchevêtrement de tous ces outils participe de la même complexité créative que la roue des métiers ci-dessus.

Catalogue de 1969 d’une expo Bauhaus qui se tint à Paris du 2 avril au 22 juin au musée de l’Art Moderne:












































































Catalogue de l’exposition de 2016 à 2017 au Musée des Arts Décoratifs
























































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