Hommage à Roman Cieslewicz | 1930-1996 (reloaded)

Deux raisons pour republier ce billet… l’opportunité de remercier Frédéric Genet qui m’a envoyé un beau commentaire concernant son professeur d’art graphique à l’école de la rue du Dragon (ESAG) et aussi pour rappeler aux étudiants d’e-artsup la mémoire de l’un des graphistes les plus renommés de toute une génération d’affichistes qui s’inscrivait déjà aux confluents de l’expression plasticienne et contemporaine bien avant l’arrivée de nos chers stars comme Neville Brody ou David Carson. Un artiste aussi puisque sur ce registre de la scéno-graphie on ne peut plus parler de graphisme seul, mais bien plutôt d’un langage poétique comme le dit en fin d’article Jerzy Brukwicki doublé d’un «citoyen du monde» préoccupé par les grandes causes humanitaires qui ont fini par nous rattraper en ces temps de crises planétaires. Vous invite à découvrir cet immense talent et à en discuter entre vous car si aujourd’hui ces images vous semblent si évidemment faciles à réaliser, il faut rappeler qu’elles l’ont été sans l’aide aucune d’une quelconque informatique.

Hommage à Roman Cieslewicz | 1930-1996 (reloaded)

J’ai eu la chance de fréquenter Roman durant quelques années où j’enseignais à l’ESAG, et dois avouer que le troisième syllabe de son patronyme «wicz» qui se prononce <witz> en français, veut dire «blague» en hongrois… Et si les noms ont une quelconque influence sur une œuvre, alors il faut reconnaître que c’était un homme avant tout drôle comme peuvent l’être les clowns tristes… toujours prêts pour le bon mot, le mot juste.

« Mon rêve, c’était de faire des images publiques, pour que le plus grand nombre de gens puisse les voir. Alors pour moi, c’était l’affiche – l’image publique – qui était le plus important. Je pensais déjà à l’affiche avant même d’entrer à l’Académie. Sortir dans la rue. C’est très important. Quand je pense à la variété des objets qui entourent l’homme, je crois que le plus important, c’est l’affiche. Parler, dire, transmettre, annoncer. Informer. (…) Je n’ai jamais conçu une image indépendante de son contenu. Je veux toujours que l’image soit maximale et que l’information soit maximale. Il faut agir sur le maximum d’imagination. » (in, Wieslawa Wierzchowska, Auto-portraits, Éditions Interster, Varsovie, 1994.).

Œuvre entièrement réalisée selon des procédés graphiques traditionnels, sans ordinateur.

Comptant parmi les plus grands graphistes de la deuxième moitié du XXème siècle, il a influencé d’une façon décisive le développement des arts graphiques et de l’affiche. Devenu célèbre, il exposait dans le monde entier. Cieslewicz fut l’un des créateurs de « l’école polonaise de l’affiche », dont les principes les plus importants étaient la simplicité et la clarté de l’expression plastique, l’utilisation des signes synthétiques, de métaphores poétiques, et la richesse des moyens d’expression. Il produisit un grand nombre d’affiches de photomontages et de dessins de presse, tout en s’occupant d’édition, de typographie, de photographie et d’exposition. Il fut membre de l’Association des Artistes Graphiques Polonais, de l’Alliance Graphique Internationale (AGI), et de l’International Center for the Typographic Arts.

Né le 13 janvier 1930 à Lvov, il est mort le 21 janvier 1996 à Paris.

Entre 1943 et 1946, il a fréquenté l’École de l’Industrie Artistique de Lvov. En 1946, il s’est installé à Opole, où il fut employé par la cimenterie « Groszowice ». Il reprit ensuite ses études au Lycée des Arts Plastiques de Cracovie pendant l’année scolaire 1947/1948. L’année suivante, il est entré à l’Académie des Beaux-arts de Cracovie et à la Faculté de l’Affiche. Il étudia dans les ateliers de Zbigniew Pronaszko, Czeslaw Rzepinski et Mieczyslaw Wejman. En 1955, il acheva son diplôme dans l’atelier d’affiche de Jerzy Karolak et Maciej Makarewicz. Une fois installé à Varsovie, il réalisa des affiches pour la Centrale de Distribution des Films (CWF), les Éditions Artistiques et Graphiques (WAG), la Chambre Polonaise de Commerce. De 1959 à 1962, il fut directeur artistique du mensuel « Ty i ja » (« Toi et moi »). Il conçut également la charte graphique de la revue artistique « Projekt » (avec Wojciech Zamecznik, Jozef Mroszczak et Hubert Hilscher), du mensuel « Polska », et des catalogues de la Galerie Contemporaine de Varsovie. Il collabora avec les Éditions Artistiques et Graphiques (WAG), RSW « Ruch », ainsi qu’avec des théâtres, des institutions culturelles et des maisons d’édition : PIW, « Czytelnik », « Iskry », WAIF. La conception graphique d’expositions intéressait également Cieslewicz : il créa, entre autres, la scénographie du pavillon polonais aux Foires de Leipzig (1957) et de Moscou (1959), du pavillon d’Elektrim à Pékin (1961), et du pavillon Ce-Te-Be à la Foire Internationale de Poznan (1963).

Au début de 1963, il partit pour Essen où il fut engagé par la maison d’éditions de l’entreprise Krupp. Puis ce fut l’Italie, où il réalisa pour la firme Italsider cinq panneaux décoratifs dans les ateliers de production de ses fonderies à Bagnoli, Piombino, Lovere, Cornigliano et Toranto. En septembre 1963, il s’est installé avec sa famille à Paris, où il a vécu et travaillé jusqu’à la fin de sa vie. En 1971, il reçut la nationalité française. De 1965 à 1969, il fut directeur artistique du magazine « Elle », qu’il transforma selon sa propre vision graphique.

Il collabora également avec « Vogue », définit la formule graphique de la revue artistique « Opus international », du mensuel de vulgarisation scientifique « VST », du magazine « Musique en jeu », et du tri-mensuel « Kitsch ». Il fit en outre de nombreux projets graphiques pour les maisons d’éditions Hachette, Ketschum et Hazan, ainsi que pour les Galeries Lafayette et le Musée Picasso.

Ses projets graphiques pour les épais catalogues de grandes et prestigieuses expositions au Centre Pompidou, à Paris, lui ont valu une estime internationale. Par la suite, il fit des affiches pour la mairie de Montreuil, devint directeur artistique de l’agence de publicité M.A.F.I.A., réalisant la campagne de publicité des chaussures Jordan et la campagne « La France a du talent », et collabora avec les Éditions du dialogue des Pères Pallotins à Paris. Il a souvent publié dans le journal « Libération », les revues « Révolution » et « L’autre journal ». Pour le groupe PANIQUE, dont il a été membre, il a élaboré et édité deux numéros de la revue de « l’information panique »: « Kamikaze I » (1976) et « Kamikaze II » (1991). De 1973 à 1975, il dirigea l’Atelier des Formes Visuelles à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris, puis de 1975 à 1996, l’atelier de diplôme en arts graphiques à l’École Supérieure des Arts Graphiques.

Renouant avec la scénographie, il a conçu des décors pour les défilés de mode « Elle » (1968-1971), et réalisa le projet architectonique de l’exposition L’ESPACE URBAIN EN URSS, 1917-1978 au Centre Pompidou (1978). En 1979, il a mis en scène le film CHANGEMENT DE CLIMAT pour l’Institut National Audiovisuel à Paris. En 1989, sur une commande de l’Assemblée Nationale et du Ministère de la Culture, il réalisa les décors du bâtiment de l’Assemblée pour la célébration du bicentenaire de la Révolution Française. L’année suivante, ce furent des décors pour l’Hôtel de Ville de Paris à l’occasion du centenaire de la naissance du général de Gaulle.

En collaboration avec le Musée de la Littérature de Varsovie, il organisa deux expositions: 70 DESSINS DE BRUNO SCHULZ (1975) et LE PORTRAIT DANS L’ŒUVRE DE STANISLAW IGNACY WITKIEWICZ (1978). Cieslewicz ne cessa jamais de participer à la vie artistique de son pays natal. L’étape polonaise de son aventure artistique fut marquée par une série des affiches pour l’Opéra de Varsovie, pleines d’un élan baroque (PERSEPHONE, MANRU, PRISONNIER, MONTS, OEDIPUS REX).

Dans l’œuvre de Roman Cieslewicz, on retrouve comme un nœud de plusieurs trames intellectuelles et émotionnelles. Cette œuvre est déterminée par une relation étroite entre la parole et la forme plastique, par l’utilisation habile du langage de visions suggestives.

Cieslewicz construisait ses œuvres en puisant dans les réserves des arts plastiques – depuis les tableaux des maîtres anciens jusqu’aux photos de presse contemporaines. Ses travaux se distinguent par des associations d’idées exceptionnelles, par une structure recherchée, une expression prédatrice. Il s’inspirait beaucoup, surtout dans sa période de maturité, des créations de l’avant-garde constructiviste russe des années 20 et du groupe polonais BLOK. Il aimait utiliser dans les affiches des détails qui, à force de transformations et de répétitions, devenaient un signe clair ; il exploitait les ressources de la trame et de l’effet de multiplication de l’image réfléchie dans un miroir. Il a su mettre à profit les expériences de l’op-art, grâce auxquelles ses affiches donnaient une impression de vibration et de pulsation, gagnant un effet de tridimensionnalité illusoire. Il était enchanté par le collage et le photomontage ; il y trouvait des possibilités nouvelles et particulièrement intéressantes, qu’il exploita d’une façon magistrale.

Dans l’œuvre de Cieslewicz, le romantisme et la poésie s’allient avec un parti pris de froid rationalisme, le tempérament et l’émotion avec le calcul et la logique de fer. Parmi les œuvres célèbres de Roman Ciesliewicz, on trouve les affiches: LE CIEL EN PIERRE / KAMIENNE NIEBO (1959), MANRU (1961), LE PRISONNIER / WIEZIEN (1962), L’ABBÉ MAREK / KSIADZ MAREK (1963), LE PROCÈS / PROCES (1964), LES AÏEUX / DZIADY (1967), ARRABAL (1968), CANNES (1970), LES CORDONNIERS / SZEWCY (1971), ZOOM (1971), L’ATTENTAT (1972), AMNESTY INTERNATIONAL (1975), QUAND LA RAISON DORT / GDY ROZUM SPI (1976), ROMAN CIESLEWICZ (1979), AVEC L’ENFANT (1979), J.M.K. WSCIEKLICA (1979), PARIS – MOCKBA 1900-1930 (1979), LE PARADIS PERDU / RAJ UTRACONY (1980), ILS (1980), LIBERTÉ = WOLNOSC (1981), PRÉSENCES POLONAISES (1983), ROMAN CIESLEWICZ « AFFICHE & PHOTOMONTAGE » (1981), ANGERS (1987), ROMAN CIESLEWICZ « RÉTROSPECTIVE » (1994); les illustrations pour LES BOUTIQUES DE CANELLE de Bruno Schulz (1963), et le roman d’Ann Radcliff LES MYSTÈRES D’UDOLPHE / TAJEMNICE ZAMKU UDOLPHO (1975) ; les cycles de photomontages: LES MONSTRES (1969), LES FIGURES SYMÉTRIQUES (1971-74), LE CHANGEMENT DE CLIMAT (1976).

Il eut plus d’une centaine d’expositions personnelles, de dessins, de photomontages, d’affiches et de photographies ; il participa aux présentations les plus importantes de l’art de l’affiche en Pologne, en France, et dans presque tous les pays du monde.

Ses travaux sont présents dans les musées nationaux à Varsovie, à Cracovie, à Poznan et à Wroclaw, au Musée d’Art à Lodz, au Musée de l’Affiche à Wilanow, à Essen, à Lahti, à Paris, à Colorado et à Bayreuth, au Museum of Modern Art de New York, au Centre Georges-Pompidou à Paris, au Musée des Arts Décoratifs de Paris, au Stedelijk Museum à Amsterdam, à la Library of Congress aux États-Unis, à la Fagersta Stadsbibliotek à Stockholm, dans plusieurs collection particulières.

Prix et distinctions les plus importants:

  • Prix Tadeusz Trepkowski, 1955.
  • Prix de l’Office Central de la Cinématographie à l’EXPOSITION DE L’AFFICHE DE CINÉMA, Varsovie, 1956.
  • Prix du Ministre de Culture et de l’Art pour l’ensemble de son œuvre dans le domaine de l’affiche, 1961.
  • Grand Prix à l’EXPOSITION INTERNATIONALE DE L’AFFICHE DE CINÉMA, Karlove Vary, 1964.
  • Médaille de Bronze au concours d’affiches pour LE CENTENAIRE DE TOULOUSE-LAUTREC, Paris, 1964.
  • Grand Prix à la 1ère BIENNALE INTERNATIONALE DES DESSINS, Ljubljana, 1964.
  • Médaille d’Argent à la 1ère BIENNALE DE L’AFFICHE POLONAISE, Katowice, 1965.
  • Médaille d’Or à la 2ème BIENNALE DE L’AFFICHE POLONAISE, Katowice, 1967.
  • Médaille d’Or à la 3ème BIENNALE DE L’AFFICHE POLONAISE, Katowice, 1969.
  • Médaille d’Or à la 4ème BIENNALE DE L’AFFICHE POLONAISE, Katowice, 1971.
  • Grand Prix à la 4ème BIENNALE INTERNATIONALE DE L’AFFICHE, Varsovie, 1972.
  • Prix spécial de Jury à la 1ère EXPOSITION INTERNATIONAL DE L’AFFICHE DE CINÉMA, Cannes, 1973.
  • Médaille d’Or à la 5ème BIENNALE DE L’AFFICHE POLONAISE, Katowice, 1973.
  • Grand Prix de l’Affiche d’Art, Paris, 1979.
  • Médaille de Bronze à la 9/10ème BIENNALE INTERNATIONALE DE L’AFFICHE, Varsovie, 1984.
  • Award Winner à la 4ème BIENNALE INTERNATIONALE DE L’AFFICHE, Denver Colorado, 1985.
  • 2ème Prix à la 10ème BIENNALE INTERNATIONALE DE L’AFFICHE, Lahti, 1993.
  • Médaille de Bronze à la 16ème BIENNALE INTERNATIONALE DES GRAPHIQUES UTILITAIRES, Brno, 1994.

Jerzy Brukwicki
mars 2004

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David Laranjeira enseigne la typographie à e-artsup

Pas mal de changements dans l’enseignement d’e-artsup (site en reconstruction), pressenti d’abord Christophe Badani, puis Jean-Baptiste Levée. Tous les deux pris dans l’enfer de l’enseignement à l’Académie Charpentier, ils me recommandèrent finalement David Laranjeira, un outsider de grand talent. David, comme vous pouvez le constater a une carrière assez courte pour l’instant, mais sa formation, son goût pour l’expérimentation, la variété de ses travaux à la fois graphiques et typographiques lui donnent toute légitimité à entraîner les étudiants sur les territoires de la lettre et de sa composition. Vous détaillerai son programme pédagogique au fil des billets de D&T.

Fario revue littéraire semestrielle
Fario
Conception et réalisation de l’ouvrage (intérieur et couverture)

Éditions Lusophone
Conception et réalisation graphique (Anthologies poétiques bilingues, études, récits, essais…)



Éditeur de logiciel
Voxmobili
Conception et finalisation du logotype fédérateur et des déclinaisons produits


Régie publicitaire de l’OpenTour
Maxity (via ID Source)
Finalisation typographique

Hotel-Restaurant, à Ferrières (77)
Groupe Accelis (via ID Source)
Conception et finalisation



Restaurant de gastronomie française, à Tokyo (Japon)
Tateru Yoshino (via Dé Signe)
Conception et finalisation. Déclinaison sur support cartes de menus.


Organisateur d’excursions
Cityrama (via ID Source)
Conception et finalisation

Hotel, à Tokyo (Japon)
Park Hotel, Tokyo (via Dé Signe)
Choix typographique en accord avec le visuel existant.

Fabricant de matériel orthopédique japonais
Dr. Comfort (via Dé Signe)
Conception et finalisation

Villeneuve
Réactualisation d’un caractère typographique créé en 1732 pour le compte de l’Académie Royale d’Histoire du Portugal,
par le graveur et dessinateur Jean de Villeneuve.


Recherche typographique et déclinaison sous la forme du caractère «Affiche»
Caratère développé pour une affiche réalisée pour le compte de la section jeunes d’Amnesty France.

Zink
Police de caractère construite sur une base de 9 cases, et allant d’une version lisible à une version censée ne contenir
qu’un minimum d’information pour chaque caractère.
Distribuée par la fonderie numérique T26

L’Estranger (exercice de style)
Déclinaison en police de caractère complète du logotitre d’une revue de bandes-dessinées

Recherche
Dégager tous les caractères de l’alphabet en retirant le minimum de matière à un carré

Recherche
À partir d’un jeu de formes donné au départ, créer le maximum de variantes possibles pour chaque caractère (en développement)

Recherche
D’après Albers, recherche de caractère pour une affiche en faveur de la libération de prisonniers politiques

 

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i love “i love typography” | un blog typo de John D. Boardley

Très exactement ce que je n’ai pas le temps en ce moment de faire, lever les yeux sur les murs et le ciel… le lancement de la nouvelle pédagogie d’e-artsup me mobilise tout mon temps. Viens d’appeler David Laranjeira pour venir nous enseigner la typographie dans les premières années d’e-art… Une expérience que nous vous relaterons tout au long de l’année. Mais en attendant allez jeter un coup d’œil sur le blog d’i love typography … plaisir des yeux, des sens et de l’intelligence.

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Adobe CS4 pousse le marché à moderniser les flux de production

Le 23 septembre dernier, Adobe annonçait devant un parterre de journalistes le lancement officiel de l’Opus N°4 de la suite CS. Il fallait être très attentif parce que la conférence a duré très exactement une heure. Beaucoup trop pour nous mettre l’eau sur les lèvres (bien que le champagne coulait à flot), bien pas assez pour prendre la mesure des évolutions qui marquent cette nouvelle version… configuration devrions-nous presque dire.

Bien entendu et nous l’avons déjà signalé dans les colonnes de Design et Typo, les avancées majeures se retrouvent autour des concepts de productivité, et du travail collaboratif. Mais dans chaque logiciel de la suite CS4 des améliorations notables ont pû être identifiées. Nous les détaillons ci-dessous, et si vous avez la patience vous pouvez aussi faire un tour sur la galerie des slides en grand format à l’adresse suivante.

Nombre de personnes que j’ai rencontré osent la remarque: «encore une nouvelle version… mais ça va trop vite, on n’a même pas eu le temps de nous mettre à jour en CS3…» Et c’est un fait, énoncé par l’un des présentateurs de la conférence, plus de 60% du marché des professionnels se trouvent encore doté de la version CS2. Mais il en est ainsi d’une politique marketing et de R&D chez Adobe… on ne s’arrête jamais… parce que le monde du web est lui même en pleine évolution constante et permanente. Une stratégie qui ne s’énonce pas sur un retour sur investissement à 2-3 ans mais plutôt à 5-10 ans. Un débat aussi d’idées. Certains sont persuadés (dont moi), que la stratégie finale d’Adobe vise bien plus le grand public que celui des pro. Ces derniers servant de laboratoires d’essai un peu comme les Formules 1, pour ensuite retrouver les fonctionalités dans les versions «elements» destinés au Grand Marché. D’autres pensent au contraire qu’Adobe vise une autre stratégie. Celle de faire évoluer les produits-boîtes, vers des produits on-line, un peu selon le modèle de Photoshop-Express. Les players étant de plus en plus performants, ils commencent à exploiter les ressources de calcul des machines, enlevant peu à peu au logiciel embarqué à demeure, ses prérogatives de productivité.

Tout ceci pour vous dire que peu importe le rythme où vous mettez à jour vos logiciels, l’important se trouve sans doute aux confluents de cette recherche constante d’amélioration des interfaces, de la productivité et de la mise en perspective d’un travail collaboratif, qui vise à terme, la possibilité d’un vrai travail partagé entre plusieurs points géographiques. Fini les embouteillages, et vive le développement durable.



Le film complet de la conférence ici

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Le nouveau rendu 3D de Photoshop permet de travailler directement sur l’objet sans être obligé d’entrer dans un module spécifique (accès à tous les outils de Photoshop en 3D.

Frédéric Massy (directeur marketing de la région Europe de l’ouest.


Productivité, productivité

OL pour OnLocation (un logiciel d’acquisition directe sur disque à partir de tout caméra y compris à bande)

Pour enrichir les métadonnées, une transcription audio automatique est désormais disponible dans Première, Soundbooth et dans Adobe Media Encoder.


On profite ainsi dans la vidéo pour pouvoir faire des recherches sur les dialogues et retrouver les scènes que l’on va remonter.

Denis-Pierre Guidot, spécialiste des produits Adobe hors web.

Bridge


Le mode «vérification» sous format caroussel qui permet d’affiner une sélection de médias (venant de plusieurs dossiers différents) et d’en faire une collection temporaire ou définitive.


Dans Photoshop, au hasard


Possibilité désormais de zoom continue et fluide qui prend en compte l’OpenGL de votre carte graphique. Rapide et efficace… comme dans Blade Runner ou Minority Report.


Une première dans Photoshop qui existait déjà dans Painter, de pouvoir faire une rotation du plan de travail, une manière d’imiter notre travail sur une feuille de papier pour adapter l’inclinaison de notre main avec un crayon ou un pinceau.


Mise à l’échelle des contenus dans Photoshop

Création de plans (plans ou pages) multiples dans Illustrator… qui permet désormais de produire plusieurs documents simultanés et de bénéficier de la productivité des symboles par exemple. Les plans-pages peuvent être de tailles différentes, ainsi vous pouvez préparer une affiche, une bannière, des flyers et même un digipak de CDRom dans le même document et ensuite l’exporter en PDF.


Stéphane Baril qui nous explique les flux entre Fireworks, Dreamweaver et Acrobat 9

Jean-Hugues Lauret, très attentif aux évolutions des produits interactifs.



Dans InDesign des nouveautés en pagaille dont par exemple un assistant (repères commentés) qui autorise l’importation proportionnelle des images, plus besoin de les redimensionner après import et un assistant des réglages de disposition horizontal et verticale ainsi que des angles de rotation.

Le contrôle en amont disparaît du menu fichier parce qu’il devient paramétrable et continu tout au long de la production.


Le tableau des liens présente désormais toutes les spécificités des images (RVB, résolution effective, proportions etc.)

ConnectNow une sorte de partage d’écran pour échanger autour de mon écran avec un groupe distant (moi + deux autres personnes) et discuter d’un projet en cours.

Export d’InDesign vers Flash

En exportant un document InDesign en XFL, je peux récupérer dans Flash chaque page sous une image clé et enrichir les éléments avec de l’interactivité. Je reste ainsi dans mon métier et mes domaines de compétences.





Prototypage de site dans Fireworks

Nouveautés: possibilité après découpage dans Fireworks d’exporter la page ou un ensemble de page en gardant les textes éditables dans Dreamweaver… FW exporte également l’ensemble des pages en CSS modifiable dans DW. Je peux aussi exporter un doc FW directement en Acrobat 9 en gardant les interactivités pour une présentation client soit directement par mail soit sous ConnectNow à des groupes de travail.







Dreamweaver devient complètement wysiwyg sans être obligé de lancer le moindre navigateur.

Live View de Dreamweaver a adopté le moteur webkit présent déjà dans Safari, Chrome etc. pour visualiser en direct les pages y compris les pages dynamiques (php). Les corrections de codes se trouvent ainsi grandement facilitées. On retrouve n’importe quel fichier lié et les codes javascript associés grâce aux codes navigateur.





Le fameux code navigateur.

Les nouveautés dans Flash.

Un nouveau modèle d’animation directe sur l’objet permet de simplifier considérablement la création d’animation sur un objet. On gagne désormais des heures de programmation avec ce nouveau moteur, puisque l’on peut maintenant créer d’un clic droit sur un objet une anim. interpolée d’une seconde que l’on peut ensuite étirer à volonté. Possibilité aussi de gérer chaque propriété d’animation de manière indépendante avec l’outil motion editor à la manière d’After Effects. Vous pouvez aussi créer des plans 3D «motionables» très facilement. Cinématique inversé, possibilité enfin d’intégrer un squelette logique pour animer un objet complexe avec des contraintes d’angles, de distances etc.


Thibaud Imbert, expert web-interactif Adobe.







Le motion editor.


La cinématique inverse. Excellent pour designer des jeux interactifs ou des dessins animés dans Flash.




PDF Conférence de Presse

InDesign_CS4.pdf
CS4_Web.pdf
CS4_Production_premium.pdf
CS4_Photoshop_et_Extended.pdf
CS4_general.pdf
CS4_DeviceCentral.pdf
CS4_Design.pdf

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D’une révolution à l’autre | Vernissage gratuit au Palais de Tokyo

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Un nouveau directeur à e-artsup | Les professeurs, ces héros modernes

Les rentrées de septembre se suivent et ne se ressemblent pas… et vous cher lecteur qui avait remarqué mon absence récurrente depuis quelques temps dans les colonnes de ce blog, étiez en droit de vous demander, si je n’allais pas arrêter définitivement de blogger dans les colonnes du Monde. Non, que nenni, que diable non… c’est juste, que l’histoire, m’a rattrapé. Et pas n’importe laquelle. Le groupe, IONIS vient de me confier la mission passionnante de prendre en main la direction de leur école d’arts graphiques, e-artsup,* où j’avais déjà enseigné il y a juste trois ans.

J’en profite d’ailleurs pour vous rappeler le troisième anniversaire de Design et Typo que précisément j’avais créé en septembre 2005 pour mes élèves d’e-artsup. Il devait servir avant tout, comme support de cours. Une sorte de polycop’ moderne me permettant de préciser mes pensées, faire état d’analyses fouillées et à la fois d’une galerie visuelle design, graphique et typo… un an après, je quittais e-artsup, pour continuer mes activités graphiques et d’enseignant sous d’autres cieux. Donné des conf. et assuré pendant quelques mois un cours à Parson’s Paris… Le temps passe très vite… et parfois s’accélère sans qu’on s’y attende…

Prendre la direction d’une école d’arts graphiques pour quelqu’un comme moi, passionné par mon métier et le partage d’un savoir en devenir, est l’occasion de développer quelques idées en matière de programme et de stratégie d’enseignement. 

Les professeurs, ces héros modernes

Mais je voudrais revenir sur cet interview donné par Michel Serres sur les ondes d’une Radio Nationale il y a peu. Un journaliste lui demandait ce qu’il pensait du rôle des professeurs en cette rentrée 2008. Et la réponse m’a scotché, tant il était frappé du bon sens habituel de ce philosophe bonhomme et versatile. Je cite de mémoire:

— Il faut bien comprendre, que nous vivons à une époque fantastique, marqué par la rupture la plus béante que jamais l’humanité n’a vécu en si peu de temps. La révolution Gutenbergienne, et celle de Marconi, rien, à côté de celle que nous vivons… rupture de la représentation du corps, au travers des progrès médicaux, de celle des technologies de l’information et de l’interconnexion permanente, et, une accélération de la dépréciation des ressources de la planète, jamais imaginé auparavant. Nous sommes au cœur d’un maelström gigantesque, auquel sont confrontés les jeunes qui vivent ces ruptures sans même avoir le recul nécessaire pour les comprendre, les envisager. Ils la vivent tout simplement. Et c’est là, où, les professeurs interviennent chaque jour, pour tenter d’accompagner leurs étudiants dans la compréhension d’un monde dont les contours changent avec une vélocité grandissante. Tous les corpus sont touchés, et en premier les sciences, bien sûr. Exacts et humaines. Mais les modèles économiques ne sont pas en reste, et les instituts de gestion sont également confrontés à des défis d’analyse où l’on n’oppose plus, les idéologies du passé, Marxisme contre Capitalisme, mais deux capitalismes, l’un aveugle et irresponsable et l’autre qui serait plus proche des préoccupations d’un développement dit «durable».»

Et Michel Serres de terminer ce tableau passablement mouvementé en insistant sur ce rôle exceptionnel que doivent remplir les professeurs… accompagner les jeunes dans les béances de ces ruptures, où, ils doivent remettre chaque jour en question, leurs propres certitudes, leurs propres convictions. Lourde tâche quasi héroïque si elle en fût.

Je suis trop conscient que l’on ne bouscule pas du jour au lendemain un enseignement et un programme d’une école d’arts graphiques qui existe depuis quelques sept ans. Et pourtant c’est bien le sens de cette nouvelle mission. Car si l’enjeu de toute école est de se développer, et c’est précisément la responsabilité que l’on m’a demandé d’assumer, il ne saurait en être question, sans remettre l’étudiant au centre de mes préoccupations. Une tautologie presque, vous me direz… pas tant que cela, si l’on regarde les désirs des uns, les pratiques des autres. Replacer l’étudiant au cœur d’un dispositif pédagogique consiste avant tout à avoir une idée assez claire sur les desseins de métiers qui motivent un jeune à l’entrée des écoles. Puis de savoir analyser les contenus en devenir de ces carrières… Et l’on voit bien que ce métier là, Graphic Designer, ou Motion Designer, ou encore Web et pourquoi pas Interface Designer sont au centre de cette fameuse rupture dont parlait le philosophe. 

Je ne vous en dirai pas beaucoup plus ce matin, pour la raison simple que nous sommes bien dans cette phase préparatoire des reprises en main. Arbitrer entre les enseignements pour redessiner un programme lisible pour les étudiants (et leurs parents) sans oublier le monde économique qui accueillera nos étudiants après cinq années d’un cursus long, et très fertile d’enseignement. 

Design et Typo continuera donc, de plus belle, à la fois comme auparavant, lieu de réflexion que vous pris l’habitude de fréquenter, mais vous retrouverez désormais des actualités graphiques des étudiants d’une école, que je suis très fier de pouvoir guider vers un développement plus que méritée, compte tenu de la qualité de ses dirigeants, entièrement tournés vers un seul objectif… donner leur maximum de chance à quelques quinze mille étudiants en France dans les domaines aussi variés que l’ingénierie Aéronautique, Biotechnique, Gestion, et Informatique. Une sorte de M.I.T. à la française dans lequel notre école d’arts graphiques e-artsup, pourra profiter d’une dynamique, et d’une interconnexion entre les métiers, des plus productifs.

e-artsup* il s’agit de l’ancien site de l’école, le nouveau est en pleine reconstruction. 

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un quiz typo des affiches de cinéma | à vous de jouer

Via Speak Up un petit quiz assez sympa bien que j’aurais sans doute choisi d’autres films… Je vous avoue humblement avoir eu pas mal de difficultés pour reconnaître les typos des films… excepté bien sûr celle de West Side Story et de WALL-E. Me suis lamentablement planté sur Terminator, typo à laquelle j’avais associé Rencontre de 3e Type… et, en 3, j’avais cru reconnaître un film des frères Cohen… The Hudsucker Proxy. C’est à ce moment que j’ai arrêté le quiz me rendant bien compte de la secondarité de nombre de films au détriment des autres, qui avaient initié l’usage d’une typo. Et là encore j’aurais fait une grande erreur en ayant oublié la typo de Blade Runner… misère… je suis nul. Et vous?
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Typographie | Elements d’histoire | Familles de caractères (reloaded)

l’histoire de la typographie se confond avec celle de l’écriture de l’alphabet phonétique

suite du cours de typographie concernant la classification des caractères.

Billet publié une première fois le 16 janvier 2006

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Comme vous avez pu le constater, plus on avance dans l’élaboration d’une histoire de la typographie, plus on cherche à affiner les filiations des caractères. Thibaudeau (1860-1925) a été longtemps la seule référence en France pour une classification des caractères d’imprimerie. Elzévirs, Didots, Bâtons, Egyptiennes. 4 formes alphabétiques de base pour déterminer le style et l’origine d’une police de caractère. Or notre connaissance de la chose imprimée n’a fait que s’affiner tout au long du XXe siècle de l’information. Comment peut-on classer un Bembo, un Garamont et un Times dans la même famille des Elzévirs. C’est pourtant ce que Thibaudeau nous propose. Et de regarder la forme des empattements, les contrastes des pleins et déliés, l’attaque de la partie supérieure d’un <a> bas de casse et l’on s’aperçoit tout de suite de différences notoires. Mais après-tout est-ce que cela sert à quelque chose de savoir classer les caractères?

Dans les années 50-90, pendant près de 40 ans nous avons été envahis dans toutes les agences de pub, de studio de réalisations graphiques par les catalogues de caractères, tels que celui-ci dessous…

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extrait d’un catalogue «Type Book» typoGabor (1988)
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Bien avant l’arrivée des Macintosh et des technologies typographiques vectoriels, les ateliers de composition proposaient à leurs clients d’innombrables formes alphabétiques dans des dizaines de catalogues mis à la disposition des directeurs artistiques des agences. Pour s’y retrouver une seule solution, avoir une connaissance intime de la forme des alphabets afin de «pressentir» à l’avance ce qu’on y cherchait. De savoir reconnaître une Elzévir d’une Egyptienne ne suffisait plus. Et Maximilien Vox, fondateur des rencontres graphiques de Lure l’avait bien compris. A l’instar de Giono qui avait créé les rencontres du Contadour, Vox va se réunir avec quelques amis, Jean Garcia, John Dreyfus et plus tard François Richaudeau, Charles Peignot, Roger Excoffon sur les hauteurs du village de Lurs en Provence afin de tenter de jeter les bases d’une réflexion moderne sur la typographie. C’est ainsi que naîtra la Classification Vox qui recueille aussitôt l’assentiment de l’Association Typographique Internationale. Les Elzévirs sont éclatés en 3 familles, les Humanes, les Garaldes et les Réales. Ce que les Américains jettent pêle-mêle dans une seule catégorie «Old Style» (sans doute Old Style pour tout ce qui précède la naissance des États-Unis), mais avant d’aller plus loin dans cette affaire de classification je vous emmène faire un flash-back sur l’histoire de l’écriture. Ci-dessous un tableau simplifié qui résume la filiation des écritures depuis 700 av JC :

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Bien sûr nous savions que les caractères bâtons, Linéales chez M.Vox n’étaient en rien modernes. Ils ont été tracés, bien avant l’alphabet grec ou phénicien (700 av JC) sur les inscriptions cunéiformes véritable proto-alphabet de celui phonétique qui nous vient tout droit des phéniciens. Mais il est toujours intéressant de rappeler un contexte. C’est celui du support, et de l’outil. Les lettres tracés à l’aide d’une pointe sur une pierre argileuse ou de la cire ne ressemblent en rien aux lettres que les romains nous laissèrent sur la colonne Trajane. Eux se servaient de ciseaux pour tailler la pierre… Remarquez ci-dessus l’élégance des lettres A grecs et la régularité du tracé sur les pierres. (images cliquables).

A peine quelques centaines d’années s’écoulent, 200-300 et nous sommes plongés au cœur de la cité antique romaine qui pratique l’écriture comme moyen politique autant qu’artistique.

Les formes s’affinent, au croisement des tailles de ciseaux, un léger empattement «incise» apparaît, ce qui permit à M.Vox d’installer cette Classe des Incises juste avant les Humanes. On dira aussi des caractères lapidaires, provenant des inscriptions sur les pierres tombales ou les frontispices des monuments romains. Cependant les choses vont très vite.

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Entamée en Asie, l’histoire du papier se poursuit en terre musulmane, où il suscite « un respect frôlant parfois le fétichisme »
dès lors que les paroles du Coran s’y trouvent inscrites. Et si les
Arabes empruntent, au VIIIe siècle, le papier à la Chine, ils le
transmettront à l’Occident, par l’intermédiaire des moulins
d’Al-Andalus, l’Andalousie des « trois cultures » (musulmane, juive,
chrétienne). Lire la suite !

Les hommes s’adaptent, taillent des plumes (calame) pour en tremper le bout dans une encre et tracer les lettres sur un épais parchemin. La souplesse du poignet, la vélocité de la main qui parcourt une feuille posée sur la tablette du script (scriptorium) entraîne rapidement à des modifications magistrales dans les formes alphabétiques.

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l’attaque du plat de la plume sur le papier entraîne ipso-facto la naissance des pleins et déliés, mais il faudra attendre le Moyen Âge, l’époque de Charlemagne vers le 8e-9e siècles pour que l’Onciale se voit tracer avec des lettres hybrides d’abord, on dirait aujourd’hui des bas de casses capitalisées ou petites capitales, qui deviennent progressivement des minuscules (puisque la casse de Gutenberg ne verra le jour que vers 1450). La minuscule carolingienne ou caroline représente parfaitement l’ancêtre de nos écritures d’imprimerie moderne.

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Parallèlement nous voyons déjà clairement apparaître les
fondamentaux de la mise en page Gutenbergienne. Titres, Lettrines,
vignettes décoratives.

Qui ne se souvient de cette scène du Nom de la Rose où des dizaines
de moines traçaient les parchemins debout devant l’écritoire… Ainsi
il faut toujours se souvenir qu’avant la lettre d’imprimerie, la lettre
fut tracée, travaillée selon des techniques calligraphiques de plus
en plus raffinées. La gymnastique du poignet se codifiant avec
l’expérience des Jan van De Velde, ancêtre de nos calligraphes modernes
dont un des plus talentueux descendants Claude Fernand Mediavilla
fréquenta l’école de Bernard Aarin, le Scriptorium de Toulouse. Mais je
m’avance un peu trop vite, nous ne sommes qu’à l’aube de l’ère du
caractère Gothique.

Pour lors les outils se réduisent au pupitre, la lampe,, l’entonnoir
avec de l’encre, la plume, le fil à plomb, la pierre ponce, et le
racloir. Ils n’ont guère beaucoup évolué depuis 500 ans. L’usage du
pupitre est toujours recommandé. Comment parler des «écrits» sans
évoquer le rôle prépondérant joué par l’Université dans la diffusion
des imprimés. Celui de Padoue, toute puissante, celui de Paris, une
capitale dans la capitale jouèrent un rôle fondateur pour labéliser les
nombreux imprimés, calligraphiés dans les monastères. Les étudiants
affluent, la demande augmente considérablement et la minuscule caroline
va progressivement glisser de plus en plus vite sous la main des
scriptes. De «parisienne», d’«anglaise» ou «bolonaise» la nouvelle
cursive, indispensable à la vie sociétale et universitaire, prendra le
nom de gothique. Elle est le fruit, la conjonction d’une évolution
sociale majeure, où «le progrès social et le développement de
l’économie et de la culture laïque généraliseront le besoin de
l’écriture». Ainsi l’on constatera une évolution parallèle entre le
style des églises et cathédrales gothiques et de l’écriture du même nom
qui ne vient en rien des Goths, tribus barbares comme chacun le sait.

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C’est dans cette période qui court de Charlemagne à Gutenberg, près de cinq cents ans tout de même, distance équivalente de celle qui sépare de Gutenberg à nos jours, que va s’élaborer la codification de la mise en page moderne.

Durant cette période nous verrons d’innombrables écritures se multiplier, avec tout de même une constante, l’avènement de la plume et du papier, ainsi que l’accélération de l’écriture qui donnera naissance à une grande famille de caractère que sont les cursives et les Humanes. Quand Maximilien Vox distingue trois familles là où Thibaudeau n’en voyait qu’un, c’est tout simplement que Vox était particulièrement sensible, artistiquement et humainement aux évolutions de l’écriture. Il ne pouvait pas s’empêcher de «voir» les formes alphabétiques sans regarder l’attaque de la plume sur le papier. ainsi les Humanes (venant d’humanistiques), sont antérieures aux caractères d’imprimerie classiques comme le Garamont que Claude G. dessina au 17e siècle.

A ce stade de cette note il me faut avouer mes sources, car sans elles je n’aurais pu aborder avec autant d’aisance iconographique cette petite étude. Il s’agit de l’extraordinaire ouvrage de Roger Druet et Herman Gregoire préfacé par Roland Barthes et François Richaudeau (publié chez Artheme Fayard & Dessain et Tolra en 1976 – édition épuisée) : La Civilisation de l’Écriture.

Il faudra environ une centaine d’années pour passer de l’écriture gothique à l’écriture humanistique. Le Moyen Âge, où règne une forme de folie intellectuelle et moral pétrie de rigidité sociale et morale symbolisée par le style gothique des églises aux lignes aussi solides que les barreaux d’une prison. De la folie d’une fin d’époque à la hiérarchie verticale que nous verrons vaciller sous la pression de la Renaissance, de la découverte des perspectives en architecture. Des Fous et des Pauvres, une société meurtrie par des rois dangereux pour leurs sujets (Louis XI, Charles VII), brûlant les Jeanne d’Arc et laissant assassiner des centaines d’enfants par Gilles de Rais.

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L’écriture gothique, ou textura chez les allemands correspond bien à
cette volonté de remplissage sans laisser la moindre place au vide,
c’est à dire à la contreforme. C’est bien ce textura qui séduira
Gutenberg lorsqu’il s’attaquera à la bible en 36 lignes puis à celle de
42 lignes plus connue puisqu’elle est exposée en grande pompe à Mayance
au Musée Gutenberg. Le deuxième alphabet que les imprimeurs vont
adopter c’est aussi une gothique. La lettre de Somme, ainsi nommée pour
avoir servi à composer la Somme de Thomas d’Aquin. Les Allemands
l’appelèrent la Rotunda. Plus arrondie que la Textura, elle se souvient
d’avoir été de forme latine et tend à s’harmoniser avec le siècle de
Montaigne, plus humaine, plus confortable.

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L’apport de la Calligraphie à la maîtrise du caractère.

On ne saurait faire un saut vertigineux de près de 200 ans qui sépare Gutenberg et la Fraktur qui servit à composer sa Bible et le dessin policé et pétri de classicisme que dessina Claude Garamont vers 1650 sans évoquer l’importance de l’expérience calligraphique dans l’arbre généalogique des caractères. Bien sûr il s’agit de gestes individuels, mais codifiés. Bien sûr le hasard intervient mais pas plus que dans un caractère aux formes classiques. Ce qui fonde l’importance de la calligraphie, c’est précisément l’outil et la technique.

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Sans vouloir choquer les historiens, permettez-moi d’avancer une image, le calligraphe est à la cour du Roy, aussi indispensable que l’était le Scribe dans la haute Égypte. Ce sont les attachés de presse (cf Pétrarque) de ces époques si lointaines. Ils confient au papier, les secrets, les discours, les échanges, les transactions financières et diplomatiques des cours royales. Il en va ainsi des Cancelleresca, lettres de Chancelleries qui servent à échanger des informations entre deux délégations étrangères. Je ne citerai pas tous les noms, ce serait fastidieux, mais seulement ceux de Nicolo Niccoli (1364-1437) qui aurait, par un traitement cursif, assuré le succès de l’écriture humanistique, de Jean van den Velde à Rotterdam (1567-1623) qui publie en 1605 le Spiegel der Schriftkonste (Miroir de la Calligraphie), de Nicolas Jarry (1641) [la guirlande de Julie], de Paillasson (XVIIIe siècle), maître d’écriture et d’arithmétique, de Barbedor, le plus grand calligraphe français de l’époque (1589-1670) pour son ouvrage principal, les Écritures financière et italienne bâtarde paru vers 1650. Ce qui me rappelle que le seul musée sérieux consacré à l’imprimerie en France, celui de Lyon, au 13, rue de la Poulaillerie, se trouve être dans le même temps, le musée de la Banque. Étrange paradoxe mais pas tant que ça lorsqu’on se souvient du rôle de l’écriture dans la tenue des comptabilités financières et dans les lettres de change (ancêtre de nos chèques).

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Il s’agissait non seulement d’écrire, mais aussi de décorer l’écriture avec des paraphes (swashes chez les Américains), des arabesques qui venaient égayer, encadrer avec souplesse une phrase, un décret royal, un mot diplomatique ou amoureux. Les calligraphes faisaient assaut d’élégance et d’inventivité pour marquer de leur style personnel chacune de leurs planche d’écriture.

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Ainsi avançons nous résolument vers le siècle du classicisme et l’invention majeure de la création typographique qui advint en France. Je prendrai aussi la même précaution langagière que Roger Druet pour juger du plus beau dessin de cette époque le Garamont. Ce n’est pas qu’il fusse plus beau, plus original que les caractères de Francesco Griffo ou d’Alde Manuce, mais il parvint à une telle perfection dans le dessin et une telle harmonie dans ses déclinaisons, qu’aujourd’hui encore, quelque 500 ans après, le Garamont, ou Garamond avec un <d>, reste un des caractères classiques les plus utilisés dans l’édition comme ceux de Gallimard et bien d’autres.

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Pour comprendre la magie de ce caractère il faut savoir que nous revenions de loin. Le rationalisme de la Renaissance Française a failli avoir la peau des beaux caractères typographiques à l’Italienne. Les travaux du Champfleury de Geoffroy Tory et Dürer, inspirés des travaux anthropomorphiques de Leonardo da Vinci sont un bel exemple d’impasse dans laquelle la typographie Française a failli se laisser enfermer. Par ailleurs je dois reconnaître ce qui semble être l’avis unanime, les apports de Tory à l’art de l’édition où il excella avec son partenaire et associé Simon de Colines. Ils ont à eux deux «sortis» pas moins de 430 éditions avec les moyens les plus désuets que l’on connaît.

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Elzévir = Humanes + Garaldes + Réales

Nous avons vu la naissance des Humanes, les Garaldes selon la classification de Maximilien Vox est la contraction de Garamont et Alde Manuce (dont on ne saurait passer sous silence les travaux typographiques et lui accorder l’antériorité du style Garamont). Mais il serait également criminel d’oublier les apports de Francesco Griffo qui nous donna ce très beau Bembo réédité par la fonderie Monotype sous la férule de John Dreyfus voire de Stanley Morison.

Mais alors les Réales… c’est quoi ? Si l’on regarde les empattements, les pleins et déliés et les attaques de la plume imaginaire au-dessus de la panse du <a> bas de casse, une Réale est très proche d’une Garalde. Sauf que, sauf que les contrastes pleins et déliés, sont plus marqués, sauf que les empattements de sensibles voire sensuelles, elles sont devenus presque géométriques, triangulaires.

Voici un tableau comparatif
Hambour
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Le Jenson s’apparente aux Humanes par le style marqué du dessin à la plume (attaques, terminaisons des patins, pleins et déliés marqués par la pente de la plume.

Le Garamond (Garaldes) efface les aspects «plumistiques» et nous propose des empattements sensibles et élégants mais en même temps très présents dans l’alignement des lettres. Au contraire du Times de Stanley Morison (1935) (Réales) qui transforme les patins en forme prototriangulaire et accentue les contrastes des pleins et déliés. Si l’on devait faire un choix, nous pourrions affirmer que le Times, hérité du Baskerville et du Caslon symbolise le mieux l’Elzévir de la classification Thibaudeau. Mais du fait qu’il est largement postérieur au Garamont, y compris les Baskerville et Caslon, Vox leur a attribué le nom de Réales, pour Réalité, Réalisme, Modernité… tiens ! les Américains les appellent du nom de Modern Style au contraire des Old Style.

Les trois coups retentissent et nous voilà transportés au XVIIIe siècle. Gianbattista Bodoni qui, nous laisse une variante encore plus épuré du Modern Style. La taille douce est passé par là. Les techniques de gravure de poinçons évoluent, se mécanisent et autorisent des finesses jamais atteintes par la main de l’homme.

En France Firmin Didot, en Italie Bodoni, Vox résume, il les appellera les Didones.

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baskerville bodoni architecture XVIIIe

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La Classification Vox comprend de fait 11 familles, nous venons d’en examiner 7 seulement, les Linéales, les Incises, Les Frakturs, les Humanes, les Garaldes et les Réales, les Didones. Reste à examiner les Mécanes, les Manuaires, les Scripts et les formes non Latines.

Nous sommes au cœur du XIXe siècle plongés dans l’industrialisation la plus effrénée. L’imprimerie est devenue un secteur majeur, acteur de la vie économique des pays dit civilisés. Voici à quoi ressemblait un atelier de composition typographique aux alentours de 1850. Ainsi que quelques illustrations de presse à feuilles.
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derrière chaque pupitre, un compositeur typographe, au contact du plomb et de l’antimoine (saturnisme). Il dispose les caractères plomb (gutenberg) dans un composteur qu’il tient dans la main gauche. Vitesse de composition : environ 1350 signes à l’heure sans compter la «redistribution», qui consiste à remettre les lettres, une fois qu’elles ont servis à l’impression dans les casses correspondantes. Pour vous donner une idée comparative, une collection comme l’Adobe Folio comprenant environ 2000 polices de caractères équivaut à 50.000 casses, c’est à dire environ 3300 meubles contenant une quinzaine de casses. Si chaque meuble occupe environ 2 m2 au sol, cela représente au bas mot une surface industrielle de 6600m2, soit environ 3 immeubles Haussmanien, sans compter les dépendances, couloirs, ateliers de presse etc. Sans doute le double.

Cela tient aujourd’hui dans une clé USB branché sur votre portable que vous tenez sur vos genoux dans le TGV qui vous emmène en WE. Voilà la vraie révolution que nous venons de vivre en quelque 50 ans. Elements d’une réflexion sur la modernité, aurait pu être le titre de cette note.
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Référence bibliographique : Il s’agit de l’extraordinaire ouvrage de Roger Druet et Herman Gregoire préfacé par Roland Barthes et François Richaudeau (publié chez Artheme Fayard & Dessain et Tolra en 1976 – édition épuisée) : La Civilisation de l’Écriture.

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Quark X-Press vs Quark X-Press

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Une «vue parisienne» depuis les bureaux de Quark France.


Andreas Pfeiffer durant «les questions et les réponses» des experts.

Voilà un titre prometteur, qui en dit à lui tout seul, plus long que trente six mille phrases. Le pire ennemi de l’homme c’est lui-même, et le pire ennemi de Quark durant les 10 dernières années, c’était la firme Quark elle-même. Les comparaisons allaient bon train entre l’InDesign d’Adobe et le logiciel qui avait fait les beaux jours des premiers pas de ce qu’on a trop vulgairement nommé la PAO (j’ai toujours préféré l’expression anglo-saxonne du Desktop Publishing).

Des comparaisons qui avaient fini par éclipser dans nombre d’esprits revanchards les qualités qui avaient fait la renommée de Quark entre les versions 2.11 et 3.32-4.00. Depuis les versions 5 à 6.5 les utilisateurs piétinaient (ou piaffaient) d’impatience, soit, pour voir arriver La Révolution Quark, soit, pour que leur service informatique, accepte de changer de plate-forme de travail au profit du très convivial InDesign qui bénéficiait de toute la logistique et l’expérience des inventeurs de Adobe Illustrator et Photoshop.

 

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Ainsi lorsqu’aujourd’hui, enfin, Quark introduit des raccourcis claviers pour changer d’outil, et que vous tapez <V> pour l’outil <sélection> ou <T> pour l’outil texte… d’aucuns de s’exclamer: ah Quark s’Adobise…

Et lors de ce petit déjeuner conférence tenue chez Quark France par Adreas Pfeiffer, celui même qui dirigeait la rédaction d’SVM Mac, les remarques dans leur majorité tournaient autour du «enfin» (pour les changement d’outils, «pas trop tôt» pour l’import d’images (Adobe AI ou autres) par Drag and Drop depuis le Finder ou même Bridge… et des «ah tout de même» pour la possibilité des ponctuations flottantes… Sauf bien entendu que Quark est allé plus loin dans les imports d’images, et encore plus loin pour le réglage des ponctus. flottantes… ou des Lettrines de débuts de paragraphe, puisque vous pouvez désormais gérer les caractères (dans le menu format) qui doivent être touchés par la grâce des rectifs d’approches vers la gauche de l’alignement… classe de caractère par classe de caractère.
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Je passe sous silence le module qui permet de fabriquer assez rapidement une anim. Flash de base… pour évoquer une des principales qualité de cette version 8.00 qui permet désormais de créer, une grille par Maquette, et même une grille par bloc. Tout ceci intégré dans la gestion des styles de blocs textes. Style de blocs d’images également… une première tout de même. Je ne doute pas un instant qu’InDesign proposera ces «Next-Features» dans une version CS4 ou 5.

Mais désormais Quark s’est réveillé… l’actionnaire majoritaire a convoqué les ingénieurs informaticiens dans son bureau: «lâchez-vous, libérez Quark de cet interface poussiéreuse qui nous fait perdre chaque jour des clients. Et-ils se sont mis au travail. Ils ont revu intégralement l’interface, interrogé des centaines d’utilisateurs sur leurs attentes et mécontentements… Une première chez Quark depuis la 2.11. Enfin, le client a été replacé au cœur des préoccupations de la firme de Denver. Les prix? «vous avez bien un 3.32 qui traîne quelque part dans vos cartons?, nous vous les mettons à jour…»

Alors la conférence d’Andreas Pfeiffer, très technique, avait pour but de montrer les gains de productivité entre XPress 7 et 8. Énorme! et une fois de plus l’occasion pour moi de m’interroger sur les éléments psychologiques qui déterminent les utilisateurs de rester fidèles ou pas à un logiciel. InDesign a été longtemps considéré comme un logiciel de création pour les DA et les graphistes indé… En vérité, InDesign est devenu progressivement un excellent outil d’exécution et de production. Mais il est vrai que l’intégration dans le logiciel d’Adobe des nombreux effets Photoshop, de la gestion des dégradés progressifs etc. en font toujours un superbe outil de création. Chemin inverse pour Quark… la référence de la production, de l’exécutant estampillé de base. Qui connaît ses dizaines de raccourcis claviers et les scripts qui lui permettent encore et encore de gagner du temps. Oui ils vont être un peu désarçonné, les raccourcis évoluent, mais ils vont retrouver la logique Quark des boîtes de dial. des réglages de styles et de formats. Toujours pas de pipette chez Quark… vous parie que c’est pour la prochaine version. Là n’est pas le problème.

Conclusion…

Quark vient de découvrir dans cette nouvelle version qu’ils ont intitulé «Finally Features», la joie de satisfaire des utilisateurs aux besoins aussi variés que ceux des Éditeurs, de la Presse ou de la Publicité… et dieu sait que ces métiers se sous-décomposent en de nombreux métiers collatéraux. Monter les pages d’un beau livre de La Martinière? rien à voir avec l’édition d’un catalogue-guide de VPC. Là les grilles vont se révéler des plus utiles…
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Réglages des grilles par Maquettes ou Blocs
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Je crois sincèrement qu’au travers de cette révolution que représente QuarkXPress 8, c’est désormais la victoire Du Tout Interface. On a tant et tant parlé des interfaces web qu’on a fini par oublier que la première des interfaces sur nos ordis, c’est l’OS (et une des raisons de la montée d’Apple, pour avoir compris avant tout le monde, merci Steve, qu’un ordinateur devait se deviner, voire se donner, et non rester hermétique, au service d’une minorité de geeks adorant farfouiller le code).

Et qu’après l’OS, c’est tout de suite, l’interface des logiciels, des applis. Microsoft avait tenté de rattraper Apple depuis l’Office 2004. Mais la firme de Cuppertino prend toujours un siècle d’avance sur les désirs des clients. Ça s’appelle le marketing d’empathie: EV-E, WALL-E, je t’aime, moi non plus. Et les applis d’Adobe ont suivi le même chemin depuis la CS3. Une véritable avancée dans la gestion des interfaces et du cross-application. Je crois que c’est désormais le grand défi que se sont lancé les éditeurs de logiciels. Il suffit de voir Photoshop Elements et Première Elements que je vous présenterai prochainement, ainsi que la nouvelle version de Ligthroom 2.00 pour comprendre les ressorts de cette bataille. Mettre à la disposition du plus grand nombre, des logiciels professionnels agrémenté d’un interface intuitif à la portée de gamins.
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Vignettes de la mise en page

Du coup désormais, puisque les interfaces s’humanisent, on va pouvoir enfin choisir d’utiliser un logiciel non à cause du confort qu’il présente, mais de ses spécificités propres pour résoudre un problème d’édition ou de publication. La tendance sera j’en suis sûr d’avoir les deux lignes d’applications sur son ordinateur, Quark et InDesign afin de choisir, celui qui résout de la façon la plus adaptée, et productive, la réalisation d’un projet. Une aubaine pour les formateurs de chez Wisibility ou de Pyramyd.

Vous trouverez ci-dessous un certain nombre de documents PDF qui vous expliquent en détail les «Finally Features» de QuarkXPress… Finally Features que vous pouvez interpréter comme vous l’entendez… le «Enfin, ils l’ont fait…» ou bien les «Dernières nouvelles du Monde*» de la mise en page selon Quark.

Quark_8/QXP8Brochure_FR.pdf
Quark_8/QXP8_TransparencyWP_FR_print.pdf
Quark_8/QXP8_PDFBestPractices_FR_print.pdf
Quark_8/QXP8_MigrationWP_FR_print.pdf
Quark_8/QXP8_JobJacketsWP_FR_print.pdf
Quark_8/QXP8_DataSheet_FR.pdf
Quark_8/QXP8%20What’s%20New_FR.pdf
Quark_8/QuarkXPress%208%20Pfeiffer%20Report.pdf

* un roman d’Anthony Burgess

Les photos de la conférence à laquelle participaient une poignée d’experts de la production à Paris sont ici.
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Le site d’I Love Design de Quark

Publié dans De la Modernité, Formation et méthodo, Galaxie Gutenberg, Méthodologie, Typographie et typographies | Un commentaire

First Principles of Typography | by Stanley Morison

Principes fondamentaux de la typographie

Juste au passage en attendant l’article entier, cette phrase désormais célèbre de Stanley Morison où il définit la typographie «as the art of rightly disposing printing material in accordance with specific purpose;
of so arranging letters, distributing the space and controlling the type as to aid to the maximum the reader’s comprehension of the text».

Publié dans Stanley Morison, Typo | Histoire, Typographie et typographies | Commentaires fermés sur First Principles of Typography | by Stanley Morison