Magpie Studio | Un book en ligne? ou en pdf to download?

Le site de Magpie (prononcez Magpy) Studio se trouve ici. Tout d’abord un constat, de plus en plus de studios préfèrent faire une page d’accueil (en flash ou html) et renvoyer leurs visiteurs vers un PDF de leur book à télécharger. Sincèrement je crois que c’est une erreur. Mon expérience (d’)utilisateur, mes rencontres avec de nombreux D.A. d’agences, et des clients annonceurs me montrent chaque jour que cette pioche est la mauvaise.

Les gens n’aiment pas télécharger un book ou portfolio. Je ne dis pas qu’ils ne le font jamais. La preuve, me suis intéressé à cette frise de typos en plomb qui m’a rappelé l’extraordinaire introductions des JO de Pékin, où l’on voyait, ces centaines de danseurs, nous remémorer, que ce pays de plus d’un milliard d’âmes, a tout de même inventé le caractère plomb, bien avant notre très sympathique Johannes Gutenberg.

Donc cette frise, qui me fait souvenir aussi ce travail remarquable, que Lou Dorfsman, a commandé à Herb Lubalin pour le hall de la CBS… oui forcément je ne pouvais qu’aller plus loin par curiosité légitime. Mais je reste persuadé, que nombre de visiteurs, n’ont pas cette démarche. L’image de cette frise ne suscite en soi aucun émerveillement, une série de lettres en volumes, posées ou photoshopées côtes-à-côtes, et ne serait-ce mon système de référent-mémoriel très particulier, très orienté typo et culture typographique, je n’aurais sans doute pas téléchargé le book de cette jeune agence. 

Sur le contenu du book, je n’ai pas grand chose à dire. De l’esprit, des idées, une bonne intelligence de design strategy et sans doute encore beaucoup, beaucoup d’expérience à moissonner pour faire correspondre un discours un peu pompeux avec des résultats un peu limités.

Pour autant, ce qui me frappe une fois de plus, est la nature de mes propres sensibilités qui me portent naturellement à explorer les sites où l’on évoque la typographie comme s’il s’agissait d’éléments muséographiques d’un autre temps. Bon sang. La typo, c’est aujourd’hui, plus vivant que jamais. Et les marques comme me disait Christophe Badani récemment ont plus que jamais besoin de se distinguer au milieu du foisonnement des identités de plus en plus farfelus et anecdotiques.

Publié dans Galaxie Gutenberg, Opinions et Im-pertinences, Typographie et typographies | Un commentaire

Le soleil | The Sun | «graphic representation…» la galerie complète sur design et typo

Chose promise depuis le début de cette série de publication ici (1), ici (2), ici (3), et là (4).

Voici enfin disponible une galerie complète
sur le site de design et typo.
L’étude pédagogique
à l’adresse suivante :
http://www.typogabor.com/Soleil_Graphis_N100/

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245 reproductions d’un numéro historique de Graphis, le numéro 100 datée de 1962.

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Le soleil | The Sun (4 et fin)| graphic representation in history of arts and cultures

Suite des articles précédents:

(1) ici

(2) ici

(3) ici

 Comme indiqué précédemment cette série de chroniques consacrées à l’astre solaire et ses représentations graphiques est issue d’un numéro spécial de Graphis N°100 d’avril 1962. C’était l’époque de la DS 19 :-) L’article était introduite par Armin Kesser de Zürich et coécrit par William B. McDonald (Londres), Prof. Dr D.F. Hartlaub (Heidelberg), August Kaiser (Bâle), René Creux (Lausanne),  Prof. Dr. Karl Schütte (Munich), Dr. Willy Rotzler (Zürich), Enrichetta Ritter (Milan), Manuel Grasser (Zürich), Henri Guillemin (Berne), Dr. Reinhold Hohl (Bâle), et Irene Rigassi (Zürich). Éditeurs Amstutz & Herdeg | Graphis Press | Zürich | Switzerland.

… les inventions de Fornasettei remplissent les espaces que l’équipement moderne laisse blancs ou noirs; leur éclat cristallin, leurs ardoises polies, —autant de tentations.
Italien, Fornasetti doit adorer le soleil, mais Lombard, c’est-à-dire déjà l’homme du Nord, pour se l’assurer à bon compte en toute saison, il est allé le chercher dans les vieux almanachs et les estampes que le baroque a légués à la tradition populaire.


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Antonio Frasconi: Le Livre des Soleils

Le livre des soleils 1955, édition sur Japon puisé à la main et limitée à cinq exemplaires. Illustrations typographiques en couleur et textes transcrits à la main. Tiré à la main par l’artiste.
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Les différences de ton des trois ovales noirs obtenus par l’artiste au moyen du même bois mais par pressions différentes au tirage.

Soleil d’une invitation à une exposition ambulante d’œuvres de l’artiste

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bois de la page de titre du Livre des Soleils

couverture xylographique des douze Fables d’Esope, publié par le Musemum of Modern Art.

chemise en trois couleurs du livre pour la jeunesse Neige et Soleil, poème populaire en deux langues sur l’Amérique du Sud, avec bois de l’Artiste.

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Le soleil dans l’œuvre de Jean Lurçat


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Soleil et Taureau, 1962 dessin au lavis.

Soleil et Taureau, 1960, tapisserie.

les quatre éléments, 1961. Moitié droite d’une tapisserie. 600 x 260 cm.

chaud et froid, 1960, tapisserie d’Aubusson.

détail de la tapisserie Soleil de Minuit, 1961, Galerie «La Demeure», Paris.

eau, terre, feu, 1957.

le grand feu, 1962, tapisserie.

grand ciel, tapisserie et détail, 1957.

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Le soleil dans la peinture et la sculpture contemporaine (av. 1962)


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le semeur, Vincent Van Gogh, 1888, huile sur jute monté sur toile.

forêt vierge au coucher du soleil, Henri Rousseau, vers 1904, huile.

Karl Schmidt-Rottluff, le soleil, 1914, gravure sur bois.

Max Ernst, forêt et soleil vers 1940, lithographie en couleur.

Joan Miró, personnages et chien devant le soleil, 1949, huile.

Marc Chagall.

Georges Braque.

Sofu Teshigahara, interprétation liber du caractère japonais du soleil, 1960, encre de chine sur papier japonais.

Imaji Takeshi (Sofu), le soleil, 1956, dessin au pinceau à l’encre de Chine.

Arthur Luiz Toledo Piza, mosaïque de papiers peints à l’huile sur isorel marouflé.

Simone Boisecq, modèle de glaise pour la sculpture sur pierre Soleil dans le Parc de Sceaux, diam. 100cm env.

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L’enfant et le soleil

ci-dessous: illustration pour Kalevala, l’épopée nationale finnoise, réalisée par une fillette finlandaise de huit ans, Helsinki

Les contes dans lesquels le soleil est appelé à jouer un rôle de personnage appellent tout naturellement l’allégorie, mais là également le type solaire propre à l’enfance doit être respecté. Le trésor des symboles solaires accumulés dans le folklore ou dans l’art peut être à chaque instant redécouvert par l’invention de l’enfant. Nous en avons un exemple dans le soleil aux rayons rouges et dardés comme des fouets de notre illustration (ci-dessus).

On retrouve les mêmes ornements dans les vitraux et les gravures gothiques, mais il n’y a guère lieu d’admettre que leurs analogues dans les dessins d’enfant dérivent de la connaissance des originaux. Nous ne pouvons certes pas enseigner aux enfants à être enfantins, mais nous n’en devons pas moins nous efforcer d’encourager tout ce qui, chez eux, tend à une vision personnelle et indépendante des choses.

zzLa glorification de tout ce qui est décrété «primitif», dont dérive également l’intérêt actuellement porté aux dessins d’enfants, a dans bien des cas engendré chez les adultes l’imitation des formes de représentation propres à l’enfance. Mais c’est là substituer une simple atrape au résultat d’un rapport éminemment réle, et oublier que celui qui regarde des dessins d’enfants participe beaucoup moins aux révélations d’un art qu’à la fondamentale vertu de s’étonner et d’admirer d’où dérive toute œuvre artistique digne de ce nom.

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Une publicité de 1962 pour un imprimeur «Élaboration minutieuse et une Bonne Impression» (traduction Google)

articles précédents:

(1) ici

(2) ici

(3) ici

Pour finir cette série de quatre chroniques je vais préparer une galerie complète de toute l’iconographie qui permettra de prendre la mesure de ce travail d’anthologie assez exceptionnelle que la revue Graphis a accompli en 1962. Il va sans dire que cette anthologie mériterait d’être mise à jour et ce notamment dans une perspective contemporaine des arts numériques. Un jour peut-être un éditeur s’y intéressera. © design et typo, toute reproduction interdite. Usage strictement pédagogique. Tous droits réservés.

Chose promise depuis le début de cette série de publication ici (1), ici (2), ici (3), et là (4).

Voici enfin disponible une galerie complète
sur le site de design et typo.
L’étude pédagogique:
http://www.typogabor.com/Soleil_Graphis_N100/

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245 reproductions d’un numéro historique de Graphis, le numéro 100 datée de 1962.

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Typographie Noir au Blanc | analyse comparée (reloaded)

Article paru dans design et typo le 17 octobre 2006.

Voici un outil de travail et de réflexion, pour vous permettre de régler la typographie de vos websites ou blogs lorsque vous utilisez des fonds Noirs ou Couleurs foncées.

Je ferai l’ensemble de l’analyse comparative dans les jours qui viennent. Vous donne pour l’instant juste les paramètres techniques de ces figures, ainsi que l’adresse d’une galerie d’images qui synthétise toutes ces comparaisons.

Les chiffres en bas à droite de chaque rectangle correspondent à la tonalité des textes. 0 pour cent = blanc, 10,15,20… 88,91,94,97,100, au pourcentage de noir.

Si vous avez dores et déjà des questions ou des commentaires n’hésitez surtout pas %-)

Si les animations s’arrêtent il suffit de rafraîchir votre navigateur «cde+R» sur Mac «ctr+R» sur PC

typo: Helvetica Neue 35 | vous demandez sans doute pourquoi j’ai pris les deux G du Franklin ITC Gothic, en exemple de contraste sur le fond noir. Question de Goût, comme je préfère également un News Gothic à un Helvetica, ou un Gill à un Futura, mais nous nageons dans des eaux troubles de la subjectivité. Juste une précision, je trouve que les caractères que je préfère ont tous un point commun, une souplesse due à la gravure, due à la main de l’ouvrier qui creuse le métal du poinçon en y ajoutant une part de son habileté manuelle pas trop mécanique. J’aime la calligraphie, les dessins à la main levée au pinceau, au calame, et l’on retrouve ces irrégularités dans un caractère comme celui d’Éric Gill. Quant à l’Helvetica, il est l’œuvre d’un «architecte» soucieux de la construction et des équilibres fondamentaux. Mais mon propos dans ce billet n’est pas tant de m’étendre sur mes états d’âme au regard d’une police ou d’une autre mais de souligner les différences de comportement des uns et des autres lorsque soumis au test «fatidique qui tue», je veux dire la composition d’une typo blanche sur fond noir.

AVERTISSEMENT:

Ces remarques et toutes celles qui vont suivre ne concernent que la chaîne éditoriale du web et non celui du Print et nous y reviendrons.

typo: Helvetica Neue 95

typo: Didot

typo: ITC Franklin Gothic «Book»

typo: ITC Franklin Gothic «Heavy»

typo: Clarendon «Light»

typo: Didot «Regular»

typo: Frutiger «Roman»

typo: Garamond Stempel «Regular»

typo: Trade Gothic N°18 «Condensed»

typo: Verdana «Regular»

typo: Verdana «Regular» approches «0» (InDesign)

typo: Verdana «Regular» approches «+75» (InDesign)

Comparaison des polices Originales vs Polices «similar to»

typo Frutiger Light orignale

typo Verdana Regular (dessin de Mattew Carter d’après le Frutiger) pour Microsoft

typo Times New Roman Roman de Stanley Morison (Monotype Corp)

typo Georgia de Microsoft d’après le Times de Morison (dessin Mattew Carter). Il s’agit là d’un dessin spécialement conçu pour la lecture sur l’écran, on le voit notamment en examinant les empattements qi sont légèrement exgagérés pour supporter la lecture en c.9 sur un écran)

typo Helvetica Neue 55 de la fonderie Stempel

typo Arial (plagié par Monotype d’après l’Helvetica de Stempel pour éviter de devoir payer des droits)

Et maintenant je vous invite à découvrir les tableaux complets que j’ai élaboré afin de permettre une comparaison synoptique et à taille de lecture «normale» sur un écran. La galerie est ici.

Depuis que nous sommes entré dans l’ère des écrans (et ça commence avec le cinéma), nous sommes quotidiennement confrontés à un phénomène bien connu des experts qui se sont penchés sur les problèmes de lisibilité.

Herbert Spencer dans son ouvrage the visible word l’explique très bien. Fin du XIXe et début du XXe siècles beaucoup experts se penchés sur les problèmes de lecture sur papier. De nombreuses théories ont été avancées que je développe dans un article sur design et typo ici. En conclusion de la plupart des tests effectuées pour faciliter la lecture, l’on recommanda vivement de diminuer le contraste entre le noir du texte et le blanc du papier.

Deux possibilités s’offre au lecteur, soit d’acheter une version imprimée sur un papier légèrement teintée en jaune bistre, légèrement gris-crème… (c’est le cas des livres de la Pleïade) soit tout simplement de diminuer l’intensité de la lumière qui vient se réfléchir sur le papier pour obtenir une «douceur» qui facilite en le reposant la concentration de notre regard. Autrement dit si vous «balancez» 500 watts d’un halogène sur une page blanche pour lire un roman, il vous en coûtera non seulement une consommation d’énergie auprès d’EDF considérable, mais une fatigue optique qui vous empêchera de lire trop longtemps.

Avec le cinéma on a connu les premiers Noirs au Blanc, en déchiffrant les sous-titrage des V.O. Combien de fois ne vous êtes vous pas dit, c’est fatiguant, trop blanc, lettres presque floues tant la lumière arrondissait leurs bords.

Puis la télévision et enfin les écrans d’ordinateur qui arrivent en masse à partir des années 87-92. Et avec la pao, les sites Internet quelques années plus tard, la tentation a été forte pour bon nombre de créateurs d’utiliser l’inversion des textes en réserves blanches sur fond noir. Pas seulement un phénomène de mode, mais plutôt une possibilité d’expression qui en print traditionnel demandait des investissements plus coûteux du fait de la multiplication des films intermédiaires. Mais en conception de site, ou de page écran sur un logiciel pao, la question du coût était balayé. Coût identique. Et les designers se sont donnés à cœur joie d’exploiter la spectacularité des fonds noirs.

Qu’ont-ils oublié?

La physiologie de la lecture | le confort

Lorsque vous lisez un texte en réserve blanche, en réalité vous lisez de la lumière, une projection de photons qui assaille directement les bâtonnets et cônes de vos rétines. Terriblement agressif. C’est comme si vous regardiez une éclipse de soleil sans lunettes de protection, ou les vitraux d’une cathédrale traversés par soleil intense.

Dans la plupart des exemples que j’ai donné dans la première partie de cet article, on s’aperçoit que l’œil retrouve un confort agréable, lorsque les textes sont teintées entre 35 et 55% de noir. Et je parle de confort et non de lisibilité, parce que les comparaisons que j’ai effectué entre des polices comme le Verdana ou le Frutiger, ont induit pas mal de lecteurs en erreur. Elles montrent que quelque soit le dessin, il devient plus confortable à lire à partir du moment où les lettres teintées freinent ce bombardement photonique. Certains caractères supportent plus ou moins bien l’inversion. Un Bodoni ou un Times ou son dérivé le Georgia, du fait des contrastes internes aux dessins (pleins et déliés) supportent plus difficilement le jeu de contraste supplémentaire qu’impose l’inversion de la lecture.

Un Arial maigre ou un Arial Black réagissent de même différemment par la quantité de photons que laisse passer ce dernier, et l’on voit bien que plus le caractère est gras plus on doit en descendre les valeurs de transparences pour que nos yeux retrouvent un contrôle confortable de la lecture.

Les différences de fatigabilité de lecture dépendent aussi beaucoup de la longueur des textes. Si vous composez un pavé (au fer à gauche, ou justifié) sur 700 pixels de large entièrement blanc sur fond noir en corps 9, vos yeux vont se fatiguer par la conjonction de deux phénomènes. 1) par la difficulté pour nos muscles oculaires de «suivre» une ligne trop longue, 2) parce que si cette ligne en plus se trouve être en blanc sur fond noir, ce n’est plus des formes alphabétiques que vous suivez, mais de la lumière incidente qui prend la forme de lettres et de mots. Autrement dit c’est comme si vous cherchiez à suivre les reflets d’une rivière à saumon. À un moment vos yeux décrochent.

En conclusion et pour faire bref, j’ai écrit ces notes en donnant un certain nombre d’exemples qui n’ont d’autre but, pour ceux qui l’avaient saisi, que de montrer des variations de contrastes et de permettre à chacun de définir sa perception du confort face à une lettre blanche qui se teinte pour tendre vers le noir absolu.

J’ai par ailleurs l’impression d’avoir soulevé une boîte magique en voulant comparer un Times, un Frutiger, un Bodoni, un Helvetica. Le but n’était autre que de comparer des familles de Sérif ou de Sans Sérif, toujours sous l’angle de la lumière qui vient frapper nos rétines. Donc de se rendre compte des complications de lisibilité, dès lors qu’on introduit un facteur supplémentaire de contraste, les pleins et déliés. Franchement que ce soit le Georgia ou le Times, ça n’y fait pas grande différence dans la perception des lettres inversées. © design et typo | octobre 2006

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Le Velib s’exporte à Montréal | Le Prix d’un Concours pour trouver une Marque

Jeu concours pour trouver le Nom du Velib de Montréal

En additionnant tous les prix (20 abonnements annuels + 21 gourdes + 21 casques + 1 abonnement à vie au Velib de Montréal (en calculant sur une soixainte d’années au cas où le gagnant serait un jeune de 20 ans), j’arrive à un coût direct d’environ 30.000 euros (on ne connaît pas encore les tarifs en dollar canadien).

Bien entendu à ce montant il faudra ajouter les frais indirects: experts et consultants à rémunérer, campagne internet, soirée de remise des prix et campagne pour faire connaître les heureux gagnants ainsi que l’accouchement de la marque, on peut tripler aisément ce prix initial de 30.000 euros pour arriver à 90.000 euros. Autant dire qu’il ne s’agit absolument pas d’une exploitation ridicule des efforts des participants. La récompense du premier prix semble tout à fait honnête (au cas bien entendu où l’heureux gagnant ne serait pas âgé de 50 ans ou plus).

En complément, le logo à réaliser et d’éviter que ne se reproduise l’erreur que j’ai déjà mentionné (ici et ) dans mes billets. On peut espérer que sa réalisation soit pour le coup confié à un studio professionnel car cette signature pose des problèmes non seulement graphiques mais aussi bien techniques (l’apposition sur les cadres des vélos).

En tous les cas l’initiative de la mairie de Montréal est exemplaire et semble tout à fait honnête, compte tenu du coût réel d’une telle recherche.

Il ne reste plus à la municipalité de cette belle Ville de Montréal que de faire quelques travaux afin de réaliser des couloirs confortables pour vélos et de réduire subconséquemment les nids de poule et les chaussées défoncées qui transforment pour l’instant une circulation à vélo en véritable exercice de VTT à risque. Heureusement qu’ils ont prévu les casques, malheureusement pas intégraux.

Correction et interrogation partagée:

Un commentateur me fait remarquer que je n’ai pas lu les conditions du règlement (sincèrement désolé), et avance un chiffre rectificatif de quelque 7000$ canadien au lieu des 30.000 Ca$ que j’avais calculé sur la base des tarifs en vigueur en France.

En précisant notamment que la durée du premier prix à vie n’était valable que pour vingt ans.

Par ailleurs je constate également que l’abonnement mensuel y est moins élevé qu’en France. Pourquoi ces disparités tarifaires? Et du coup je partage le questionnement de mon visiteur sur la méthode assez délétère d’une telle pratique qui revient alors à exonérer l’annonceur (car ç’en est un) de l’investissement professionnel lié à la création d’une marque.

Si les 500 premiers annonceurs en France généralisaient de telles fonctionnements, si PSA, L’Oréal et les autres se mettaient tous à faire travailler presque gracieusement le public, alors je ne donne pas cher de l’avenir des économies professionnelles (Agences, Consultants en Marque, et bureau de Design). Voilà sans doute l’un des effets les plus pervers du monde du net en matière économique et sociale. Maurice Lévy n’aura plus qu’à tenter sa chance à «qui veut gagner des millions», un moyen plus sûr de s’enrichir.

(Moi qui voulait être gentil pour une fois, c’est un de mes lecteurs qui me rappelle à l’ordre, merci à vous)

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Paul Gabor, typographe | sur les galeries professionnelles de James Craig

Un grand merci à James Craig d’avoir inclues ces affiches de Paul Gabor sur ses pages de galeries professionnelles.

Pour mémoire j’ai rédigé un billet sur le travail de James ici et ici et là.

Et vous trouverez l’ensemble des chroniques consacrées à l’œuvre de Paul Gabor ici.

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Publié dans Paul Gabor | Tribute, Typo | Histoire, Typographie et typographies | Commentaires fermés sur Paul Gabor, typographe | sur les galeries professionnelles de James Craig

Le Monde.fr | typographie et mise en page à l’honneur | analyse

Voici quelques jours que la nouvelle maquette du Monde.fr est en ligne. Et l’on peut déjà tirer quelques conclusions de ce travail non dénué d’intérêt. L’évolution s’est faite en toute discrétion. Point d’annonces fracassantes ni de conférence de presse de la rédaction. Quelques frémissements, dans les pages internes, «on sentait que quelque chose bougeait», puis depuis cette semaine la Une s’est radicalement transformée.

Quid de cette évolution. Pour les qualités:

1) Plus éditoriale

Un sujet qui m’a préoccupé dès le démarrage de design et typo. Ai publié en octobre 2006 une étude comparative de la presse en ligne ici …   Voici (ci-dessous) à quoi ressemblait en 2006 la Une du Monde. Présence forte d’une grille sursignifiée par des cadres, des encarts et des filets. Au point que le contenu avait tendence à disparaître au profit des signifiants graphiques. Une maquette très «DSI» qui ne tenait pas trop compte du confort du lecteur bien incapable d’analyser les codes graphiques qui lui confère confort et lisibilité.

La nouvelle maquette bénéficie donc d’un effacement radical de cette charte surabondante pour laisser respirer et vivre le texte éditorial du journal on-line. Preuve en est que le blanc reprend le dessus et sa circulation rythme la lecture de la page d’accueil. Il n’y a plus de cadre, juste quelques filets rouges ou jaunes qui contrastent agréablement avec les titres et textes bleus. 

Redonner aux titres et textes leur primauté. Un journal, en ligne ou Print c’est tout d’abord des articles. Puis quelques photos qui viennent illustrer tout en rythmant la mise en page. Il s’agit bien sûr d’une contrainte majeure… mais il ne faudrait surtout pas en conclure qu’il suffit de supprimer les cadres et les filets pour conférer «une forme éditoriale» à un Site d’Actus. Les variables sont nombreuses. Choix des caractères (Georgia pour les titres et Arial pour le texte courant), choix de la hiérarchie des corps et surtout, choix des interlignes et des filets très très fins en pointillés qui viennent juste signifier une subdivision indispensable à la lecture. Le résultat est nette et sans bavure. On n’est pas là pour s’amuser mais pour s’informer. Et Le Monde a enfin compris sans doute encore parmi les premiers, les ingrédients de cette lecture très spéciale. Il est à noter que la circulation des blancs est remarquablement bien réglée. On y reviendra.


l’ancienne maquette du Monde.fr.

2) Mieux hiérarchisée

Tout d’abord il faut signaler que le flux est sans cesse remis à jour à une cadence que j’ai rarement vu ailleurs. Preuve d’une fébrilité journalistique de chaque instant. La rédaction respecte bien le concept des 4-5 articles principaux qui «sautent aux yeux» du lecteur, mais l’ordonnancement et l’énumération de ces articles bouge très vite. Exemple du jour: l’I-Phone qui monte en titre principal à 17:00h alors que vers midi on faisait focus sur l’audience d’RTL. Ce flux est sans doute l’arme stratégique du Monde.fr car il engrange du fil RSS et des référencements constants. On peut aisément deviner que l’audience du portail va augmenter de façon substentielle.

3) Plus d’ergonomie

Une seule barre de navigation horizontale sans bric-à-broc 2.0, l’essentiel, les principales rubriques. On survole et à chaque onglet correspond une ligne de navigation «sensible» et non soulignée avec un focus qui varie lors du survol. Dès que je quitte cette ligne la parenthèse verticale se referme, je regagne de la place de lecture pour la suite. (Et la grande force de cette mise en page est d’avoir concentré dans la partie supérieure gauche les principaux titres de l’heure. Un seul titre en c.24 et les autres en c.17. Quant aux textes, composés en c.10-11. ils bénéficient d’un interlignage très confortable.) Dans la zone Livres et Culture, dans un espace où le besoin d’images se fait encore plus sentir que dans les actus, chaque photographie se joue en rollover par un texte blanc sur fond rouge qui vient préciser le contenu de l’article. Vous cliquez et direct to the article, comme avant. De fait la typographie interne du portail n’a pas encore été modifiée. Vous y retrouvez l’ancienne maquette et charte graphique.

Pour les défauts:

1) Une mise en page un peu ennuyeuse, voire monotone

Elle tient essentiellement à la grille verticale en trois colonnes pas tout à fait égales*. La tiercéité symétrique de cette mise en page nous enferme dans un non-rythme graphique (voire musicale) qu’il eut suffit pour rompre, d’intercaler une colonne de texte ou tout simplement une marge plus grande entre les deux premières colonnes et la dernière. Et cela m’amène à me et vous poser une question, pourquoi diable continue-t-on à laisser des marges latérales aussi importantes sur la quasi totalité des portails de presse?

J’ai bien une idée qui concerne l’ergonomie de lecture et la possibilité d’agrandir les corps, la peur d’éparpiller le regard du lecteur, et peut-être une difficulté supplémentaire pour implémenter les flux d’infos qui arrivent en php etc.

Cela dit, regardez-ci-dessous la home du New York Times et vous comprendrez qu’une grille en quatre colonnes (qui se termine par une grille sur six colonnes) est plus vivante et donc plus riche d’expérience de lecteur.

Le secret de tout rythme est l’assymétrie qui transgresse le tempo. Et le tempo graphique est commandé en premier lieu par les colonnes puis les blancs tournants et enfin par la hiérarchisation typographique. La nouvelle maquette du Monde.fr ne souffrirait-elle que d’une chose: un manque d’accidents graphiques (voulus et donc signifiants). Il s’agit d’une maquette très élégante, très agréable et très «rigoureuse», qui ne souffre que d’un manque de personnalité *trademark Le Monde*.

2) Une charte Graphique très benchmarqué entre El País.com, Google Actus le New York Times et le Guardian

Ce serait sans doute la plus mauvaise critique à faire au Monde, que de regarder autour, les sites qui fonctionnent bien. Google, en premier (je crois) avait inventé un style de News sans images, une sorte d’agrégateur d’Actus personnalisable à souhait. (c’est d’ailleurs sans doute le devenir d’un portail comme le Monde). Deuxième grande étape vers *Son Journal à Soi* et déjà en œuvre sur de nombreux portails (BBC ).

Mais le benchmark graphic s’est joué essentiellement entre le New York Times, le Guardian et El País.com qui fonctionnent à peu près avec la même charte graphique. Le journal en ligne espagnol semble beaucoup plus vivant pour la simple raison que les titres (tjrs en Georgia), sont plus attractifs, plus emphatiques. En revanche le réglage des blancs verticaux y sont extrêmement mal gérés.

Pour le New York Times, les titres y sont également composés en Georgia mais bold, et les textes en Georgia regular. Dans l’ensemble le journal américain gère très mal sa typo mélangeant les Georgia et les Arial pour les auteurs, et surtout en distribuant très mal de même les blancs verticaux. Serait-ce une maladie de jeunesse des sites de presse? en tous cas Le Monde a pris le parti de s’attaquer avec beaucoup de rigueur au rythme vertical et c’est tant mieux pour le lecteur.

La grille dont s’approcherait le plus Le Monde.fr est celle du Guardian. De plus la charte typographique y est à peu de choses près la même. Mais là encore, Le Monde prend de l’avance sur la rigueur. Exemple, les filets pointillés séparateurs du Guardian sont assez mal équilibrés. Quant aux filets demi-gras en couleurs, Le Monde a opté pour une monochromie en rouge. Monotone mais forte, cette non-gamme va devenir pourtant avec le temps un signe fort du portail français.

Une faiblesse cependant pour notre journal français, la gestion des images et de quelques sous-colonnes. Comparez avec celle du Guardian. Rigueur absolue de l’autre côté du Channel.

Questions et Conclusion(s):

Dans un paysage médiatique en forte progression sur le web, tout comme les portails de l’e-commerce, les journaux en ligne commencent à réagir vivement et retrouvent des comportements professionnels. Ils se souviennent enfin des métiers de la mise en page, de la direction artistique et des rigueurs typographiques nécessaires qui ont fait tant défaut au début de l’expérience web.

Clairement on sent désormais une prévalence des décideurs, journalistes d’abord, avant d’être des éditeurs et surtout des commerçants. La forte monotonie du Monde.fr ne devrait pas nous gêner tout au plus nous questionner sur la ou les libertés que nous pouvons prendre avec des thèmes aussi forts que la Presse en ligne. En tous cas il est plus facile «d’agiter» une maquette qui fonctionne déjà remarquablement bien que de tenter d’en agiter une où il n’y aurait aucune rigueur, aucune méthodo ni volonté d’expression. Place donc enfin à l’expérience et à la culture typographique.

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Le portail du Monde.fr

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L’ergonomie des onglets de navigation

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Les rollover sur les images

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Page intérieure non encore modifiée

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Google News

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Le portail du New York Times

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L’Express en retard d’un train

*(en effet la colonne de droite est très légèrement moins large que les deux autres. Ça ne gène que les professionnels qui y voient plus une maladresse qu’une volontée délibérée du concepteur)

Une autre analyse tout à fait im-pertinente chez Gabriel Jorby ici

Et une série d’articles que j’ai intitulé Le Monde en analyse ici

Publié dans Formation et méthodo, Le Monde en analyse, Portails de la Presse, Typographie de Presse Quot., Typographie et typographies | Commentaires fermés sur Le Monde.fr | typographie et mise en page à l’honneur | analyse

Life 2.0 | typographie et constats urbains d’un bloggeur solitaire

Et ne croyez surtout pas, que j’ai arrêté mon blog :-)

Juste une respiration que je me suis octroyé durant quelques temps. Pour retrouver l’envie, le désir de publier qui de temps à autre peut s’assécher. Et du coup l’on se rend compte et du chemin parcouru et de la béance de ce qui reste à découvrir et partager. N’y voyez aucun signe de dégoût ni de ras-le-bol, seulement un principe de réalité.

D’autres priorités qui s’enchevêtrent et bousculent les emplois de temps, puis le questionnement… peut-on s’occtroyer le droit de respirer? Et la réponse fuse: oui bien sûr, puisque seul le plaisir doit dicter le bloggeur, et non une quelconque course à l’audience. Il faut savoir être gentil avec soi-même si l’on veut durer, si l’on veut perdurer.

Il faut accepter son rythme à soi, et de ne pas regretter d’être seul, bien que j’ai interrogé quelques amis pour savoir s’ils avaient envie de devenir contributeurs sur ce blog. Pas de réponse ou des réponses négatives. Il est vrai que je suis exigeant. Que je n’aime publier des notes qu’à la condition expresse qu’elles sachent susciter des questions, décanter et analyser les non-dits ou les dénis de l’information. Qu’elle soit graphique, typographique ou tout simplement visuelle.

Alors bien entendu je repose la question: y a-t-il quelqu’un parmi mes lecteurs qui seraient tenté par une co-écriture, une co-publication de notes, sans aucune contrainte de quantité ni de régularité? Juste une seule, un «dogme», celui de publier des infos graphiques en les décryptant. Besoin donc de re-publier mais aussi de partager l’aventure. Les réponses sont bienvenues ici dans les commentaires, ou tout simplement par mail: peter.gabor/AT/gmail.com.

À propos de cette vidéo, la bande sonore en est particulièrement bien soignée avec une reprise-remix de la musique d’Exodus. Très intéressant.
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Publié dans Création plastique, De la Modernité, Typographie et typographies, Videos | Commentaires fermés sur Life 2.0 | typographie et constats urbains d’un bloggeur solitaire

À la mémoire des enfants de la «guerre» | dessins collectés par Alfred et Françoise Brauner

Il y a les quatorze juillet et les projets d’Union pour la Méditerrannée, le Darfour et le CPI qui tente de mettre fin à une situation des plus désastreuses. Le Tibet sans doute et des centaines de lieux sur cette planète, où encore et encore on assassine et réduit à néant des vies humaines. Et ce n’est pas nouveau, et cela se mesure en siècles voire en millénaires. Les enfants ont été de toutes les guerres les témoins innocents des exactions et des crimes contre l’humanité, témoins d’abord de la mort de leurs parents et des proches, puis des amis et des habitants de leurs villages et quartiers.

Françoise et Alfred Brauner ne sont plus. Décédés respectivement en 2000 et 2002 pour Alfred à l’âge de 92 ans, ils ont passé leurs vies de médecins pédopsychiatres à venir en aide aux enfants de la Guerre.

J’ai rencontré Alfred en 2001 avec deux amis, Brigitte et Christian, et nous devions créer un site-hommage relatant les quelques 200-300 planches de dessins que le couple a collecté ça et là, depuis la Guerre d’Espagne en passant par le Vietnam et le Cambodge. Le Dessin est un moyen sûr pour affranchir l’enfant des traumatismes subis. Naviguant entre autisme et aphasie et peur , ces victimes, très jeunes, évoquent avec force et précision des situations intolérables pour chacun d’entre-nous.

Mais il faut aussi avoir lu quelques ouvrages de Boris Cyrulnik pour comprendre comment cette expression graphique intervient dans le processus de résilience indispensable au deuil, c’est-à-dire à la digestion des traumas.

Cyrulnik a je crois inventé cette expression Résilience que chacun interpète à sa façon. En écoutant Alfred Brauner lors de nos entretiens en 2001 et quelques conférences de l’éthologue Boris Cyrulnik j’ai fini par comprendre que l’expression recouvre en fait deux concepts: 1)Réslier et 2)Relier.

1) il s’agit de résilier la douleur, la souffrance intériorisé, et surout les angoisses produites par des situations extrêmes

2) de relier le Ça des traumatisés de la Guerre, c’est-à-dire ce tout formé par le psyché et le corps et ce qu’ils produisent au plus profond de nos inconscients. Des images (imago), des représentations (inconscient) de notre être. Je ne suis ni médecin, ni psychanaliste, mais je constate avec vous en regardant ces planches dessinées comment un tel processus est rendu possible par la graphie, le tracé et les couleurs sur le papier.

Le dessin et le graphisme comme un signe de l’autisme ou de l’aphasie. 

Durant mes premières années d’enseignement, j’avais déjà constaté ce paradoxe, pas mal d’élèves, en mise en page ou dessin, épprouvaient quelques difficultés d’expression orale. Dire qu’il s’agissait d’autisme, non sans doute pas. Mais de formes d’aphasie, oui. Les qualités graphiques bien souvent témoignaient du refoulé de ces élèves et de leur rapport au corps. (cf. l’hommage que j’ai rendu à Herb Lubalin, autre aphasique notoire).

J’avais par exemple constaté un lien étroit entre l’équilibre des mise en pages et le maintien corporel de leurs auteurs. Mais on s’éloigne du sujet. Et je vous prie de m’en excuser.

Donc j’étais tout simplement en train de classer quelques archives (CD-Roms) qui trainaient sur une étagère lorsque j’ai retrouvé ces dessins. Me suis bien sûr demandé ce qu’ils sont devenus. Rien trouvé sur le Net à part une bibliographie épuisée et datant au mieux des années 93.

Voici quelques liens sur Amazone ici et .

Bien entendu ces images jamais parues en couleur, sont exclusives et je les publie en © Droits Réservés. Je cite cependant un sous-titre du livre écrit par Françoise et Alfred Brauner «J’ai dessiné la Guerre» qui mentionne: «À la mémoire des enfants dessinateurs, victimes innocentes des événements. Leurs réalisations désormais appartiennent à l’humanité.». J’espère en tous cas que les héritiers de ces deux médecins exceptionnels les mettront un jour en ligne avec tout l’appareil pédagogique nécessaire pour en comprendre le sens et les signifiés sous-jacents. Une entrée sur Wikipedia serait la bienvenue.
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Surtout, surtout! ne jugez pas ces dessins sur leur aspect esthétique. Les enfants, survivants des camps, survivants des champs de désolation n’ont que faire du «beau»/«pas beau». Et il s’agit bien de dessins d’enfants qui ont vu et vécu, et non de nos charmants bambins de l’école maternelle qu’une institutrice sans doute militante, ferait «plancher» après avoir montré des documentaires de télévision. D’ailleurs chacune de ces images devrait être légendée, commentée par un psychologue-pédiatre afin d’évacuer les aspects esthétisants de ces couleurs bien vives.

























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Solitude de la Tour Montparnasse, beauté ou laideur?

Regardez bien ces deux photographies, l’une que j’ai prise du dixième étage d’un immeuble du XIVe arrondissement et l’autre, commise par un photographe anonyme à New York, mais dont j’aime infiniment la simplicité et un point de vue presque analogue au mien… enfin si l’on peut considérer que le 40e étage d’un skyscraper est l’équivalent d’un dixième niveau parisien. Mais le sujet n’est pas là.

Nous sommes à l’aube de toutes les révolutions en ce début de XXIe siècle. Révolutions des énergies, de l’agroalimentaire, des organisations humaines et geopolitiques, et, en conséquence de tout cela de changements radicaux à venir dans le paysage urbain des prochaines années. Il est tout à fait possible que les politiques accompagnés de leur sherpas et experts urbanistes arrivent à la conclusion de redéployer la construction verticale des cités voire celle de notre bon vieux Paris. Encore que notre Paris d’aujourd’hui n’a plus grand chose à voir avec celui d’il y a seulement cinquante ans. Mais là n’est pas la question du jour.

Je voulais évoquer avec vous la question de la verticalité parce qu’elle va soulever dans très peu de temps des polémiques à n’en plus finir dans tous les journaux, et sur tous les médias. Et oui, point n’est besoin d’être un expert pour deviner que notre bon Maire de Paris (mais pas seulement lui) va être confronté aux nécessités d’économies d’énergies, et de proposer des solutions de logements sociaux aux normes «durables» et que le coût de traitement de ces types de logements baisseront d’autant qu’elles seront construites dans la verticalité.

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Mais parlons un peu de paysage.

Je n’ai jamais aimé la solitude de La Tour Montparnasse.

Je l’ai vu se construire. J’y ai vu comme beaucoup une similitude avec le parallélépipède de «2001 l’Odyssée de l’Espace», comme un objet céleste déposé délicatement en plein milieu de Paris, en France, sur la Planète Terre perdu au milieu des galaxies.

J’y ai rendu visite à des clients qui avaient élu leur siège au 52e étage, J’y ai bien entendu dîné un jour pour apprécier, comme n’importe quel bourge un peu beauf, la vue «imprenable» de la ville de Molière. Mais je n’ai jamais compris pourquoi cette tour est restée seule érection dans le Ciel de Paris (excepté bien entendu la Tour Eiffel que j’exclus de mon histoire parce qu’il s’agit d’un monument à la gloire de la modernité et non d’une construction à vocation immobilière.)

En vérité cette tour n’est absolument pas laide, d’abord parce qu’elle est unique est donc joue un rôle référentiel hors du temps. Cependant a contrario il y a quelque chose qui m’a toujours dérangé dans cette solitude. Absolument pas son aspect érectile et phallique, mais bien plutôt l’obscénité de sa solitude. Cette Tour est seule et ne renvoie à rien sinon quelques références au film de Kubrick. Et encore. Cette solitude s’exprime avec simplicité, car sa figuration ne se joue pas seulement dans la hauteur mais aussi dans la coloration sombre qui dénote sur la «couleur parisienne» dans l’ensemble assez grise. Et puisque seule, cette Tour, sans contrepoint, sans contre champ, sans rythme ni musicalité, elle finit par installer voire instiller au paysage parisien un silence galactique.

Il suffit de regarder la photographie de New York juste en dessous pour comprendre mon sentiment. Là il y a multitude de hauteurs qui se concurrencent tels les hommes luttant pour le pouvoir suprême, les immeubles se causent et se racontent leur histoire de hauteurs, de matériaux, de crise financière et du jazz et des films de Woody Allen… On peut écouter une musque de Gershwin sur ce paysage de skyscrapers, je ne vois que Satie ou peut être Bartók pour dire le drame de notre Tour Montmoderne, Montparnasse, Parnasse… Et je vous cite Baudelaire qui aurait pu appartenir au mouvement parnassien:

Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre
Et mon sein, où chacun s’est meurtri tour à tour,
Est fait pour inspirer au poète un amour
Éternel et muet ainsi que la matière.

Je trône dans l’azur comme un sphinx incompris ;
J’unis un cœur de neige à la blancheur des cygnes ;
Je hais le mouvement qui déplace les lignes,
Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris.

Les poètes, devant mes grandes attitudes,
Que j’ai l’air d’emprunter aux plus fiers monuments,
Consumeront leurs jours en d’austères études ;

Car j’ai, pour fasciner ces dociles amants,
De purs miroirs qui font toutes choses plus belles :
Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles !

J’aime Baudelaire. Qui n’aime pas Baudelaire? Il y a *Beau* dans un nom prédestiné à la musique de l’âme. Et il dit au fond si bien ce que j’ai tant de mal à exprimer. Cette Tour Montparnasse ne racconte rien du tout, elle est silence et muette, et nous nargue de son intelligence massive. Elle n’est pas laide, o non, elle est juste morte, simplement, de n’avoir jamais eu à répondre de son existence dans le miroir d’autres verticalités qui eussent du normalement l’accompagner. Voilà le défi qui attend nos urbanistes et notre bon Maire, celui de redessiner un Paris un peu plus bavard.

Le quartier de la Défense

le hasard y tisse les mailles d’un paysage qui prend vie parce qu’il racconte l’ambition *très* mesurée des hommes.

© photographies peter gabor

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