Un lancement de nouveauté est toujours un évènement chez Adobe. L’année dernière nous avons eu droit à celui de la suite CS3, véritable petite révolution dans le landernau du paysage professionnel. Intégration de l’ensemble des applications (Dreamweaver, Flash, Acrobat, Fireworks, InDesign, Photoshop extended, Illustrator etc.) avec une mise à niveau des transversalités, des raccourcis normalisés, des formats pris en charge etc.
L’évolution vers la CS3.3 confirme cette maturité de la «logistique» Adobe en y ajoutant l’interactivité et la partage en ligne pour les workgroups. Un véritable workflow devient donc possible désormais et le moteur de tout ceci est centré sur Acrobat_9. Nous étions d’ailleurs prévenu de cette tendance lourde chez Adobe puisque les technologies Flex et Air annoncaient déjà cette volonté de créer des outils transversaux pour les développeurs. Mais l’arrivée d’Acrobat_9 bouscule un peu la donne.
Tout d’abord parce qu’il s’agit de tout sauf d’une application pour développeur. Chacun peut entrer dans ce logiciel au niveau où il le désire. Ce que Stéphane Baril (Adobe) nous propose cependant c’est tout simplement de vérifier que désormais à partir d’une maquette réalisée dans Fireworks avec des champs cliquables et interactifs, vous pouvez exporter votre page en passant par le module de mise en ligne de Dreamweaver et récupérer ensuite par Acrobat cette page sans rien perdre de l’interactivité de votre page. Autrement dit de pouvoir présenter une maquette web interactive sous Acrobat_9.
Autant dire qu’il s’agit bien d’un outil pour créatif et non pour développeur. Personnellement j’utilisais déjà assez fréquemment Acrobat pour présenter mes maquettes web. D’aucuns se moquaient, mais la réalité est tout autre. 80% (au moins) des sites web sont réalisées en html + technologies javascript et java. La production extrêmement créative sous Flash est relativement faible compte tenu des besoins et des commandes passées par les PME pour leur site vitrine ou et surtout marchand. Le e-commerce n’a malheureusement que faire de la «joliesse» et des subtilités typographiques que permet Flash.
Par ailleurs et je dois reconnaître humblement que de par mon métier d’origine, le Print j’ai une approche graphique sinon démodée en tous cas «pratico-pratique» qui tient compte des technologies que je maîtrise. InDesign, Photoshop, Illustrator, Acrobat, Quark X-Press bien sûr (je ne pourrais jamais oublier cette application qui m’a tant servi à produire entre 1989 et 2001).
L’orientation historique d’Adobe, concerne bien plus les créatifs que les développeurs. Et si la firme n’avait pas intégré récemment Dreamweaver et Flash, elle aurait pu le rester encore longtemps. Les récentes évolutions, Flex, Air, Photoshop Express et maintenant Acrobat_9 montrent à l’évidence une stratégie globale d’occupation du territoire interactif. Ça ressemblerait à s’y méprendre à une situation de monopole s’il n’y avait pas en face le monde de l’open source sans compter les dizaines d’applications concurrentes dans chaque catégorie d’applicatifs. Et bien entendu dernière chose mais non la moins importante, resteront toujours les développeurs «purs et durs» qui «pissent» du code comme je bois mon café Nespresso :-)
PASSER DE FIREWORKS À ACROBAT 9
CS3.3 l’interactivité: où le conférencier nous explique le «way of» pour enregistrer une page créé sous Fireworks comprenant des boutons, des cibles, une interactivité cliquable et l’exporter grâce à Dreamweaver sur un serveur FTP, pour ensuite la récupérer dans Acrobat_9 qui conservera sous certaines conditions de paramétrage (lors de l’enregistrement) toute l’interactivité de la page. Ne reste plus qu’à envoyer ce fichier Acrobat à son client qui sous le dernier Reader pourra de même visualiser la page dans son intégralité. Mais le plus important n’est sans doute pas là. Adobe au travers d’Acrobat.com met au service de ses clients un espace de collaboration gratuite qui permet de partager un fichier pour y apporter en temps réel des commentaires, des révisions, y compris sur les vidéos embarqués dans la page Acrobat. Le timeline des commentaires permet par exemple de déposer une remarque précise à l’endroit exact de la vidéo concerné. L’administrateur va ensuite voir apparaître une liste complète des commentaires, qui, cliquables, feront défiler la vidéo à la seconde précise concernée.
CS3.3: DES FORMULAIRES SOUS ACROBAT IMPORTÉS DANS INDESIGN
L’excellent Stéphane Baril nous explique comment faire pour réaliser un formulaire dans Acrobat dont les données pourront ensuite être récupérées par un fichier InDesign. L’exemple donnée des cartes de visite ne m’a pas complètement convaincu. Les paramétrage des champs fonctionnent très bien, mais on sait vous et moi les nombreuses exceptions des collaborateurs des entreprises. Un tel ne veut pas donner son mobile un tel autre n’a pas de fax. Celui-ci remplit le formulaire avec une fonction qui ne correspond pas à la réalité de l’organigramme de la société, bref une fois réalisés les fichiers doivent absolument passer par une relecture dans l’entreprise qui ralentit voire peut effacer le bénéfice de la rapidité d’exécution des fichiers. Sans compter le fait que programmer Acrobat, paramétrer InDesign (avec des champs de fusion) demandent tout de même un temps de production qui ne peut être rentabilisé qu’à partir d’une centaine de cartes de visites et plus. Ç’eut été moi, j’aurais sans doute pris un exemple de fiche technique et de documentation professionnelle qui sont des sujets bien plus quotidiens dans la vie des entreprises.
REDÉCOUVRIR BRIDGE DE LA CS3.3
Il y a longtemps que j’attendais ce moment. À force de lancer pleins de logiciels, Lightroom par exemple, les gens d’Adobe avaient l’habitude d’occulter (un peu) cet utilitaire que j’utilise tous les jours. Un agrégateur de fichiers qui permet de classer, de trier, de visualiser à peu près tous les formats Adobe, mais aussi des fichiers Microsoft ou autres… La loupe permet d’entrer dans un fichier sans forcément l’ouvrir et pour ce qui est des fichiers PDF, vous pouvez les «feuilleter», simplement. Mais ne vous y trompez pas, ce n’est pas que j’ai du mépris pour Apperture ou Lightroom… c’est que tout simplement il y a une logique pour tout professionnel. Celui des actes quotidiens liés à son métier. Le flux de production va bien d’une maquette à la réalisation des images, illustrations qui devront être importés dans le logiciel du graphiste… InDesign par exemple… Et là Bridge fait le pont (pour rester dans la trivialité). Un simple glisser déposer de Bridge dans une page, ou même un glisser-déposer de dix images à la fois, où InDesign vous demande dans quel bloc positionner chaque image. C’est très fluide, très pratique. J’adore.
LES MODULES DE VÉRIFICATIONS
DE CONFORMITÉ POUR LE PRINT
DANS ACROBAT_9
Là nous revenons au rôle classique d’Acrobat. Le format le plus apprécié aujourd’hui par les imprimeurs pour les livrables Print. C’est la phase finale de réalisation des documents d’exé. qui suppose que la maquette a déjà été validé par le client (où le process collaboratif avec Acrobat.com prend tout son sens) et que le studio de production va devoir générer un fichier PDF, Bon à Imprimer. C’est un moment crucial. Où l’on vérifie les éléments d’abord dans le logiciel de MEP (mise ne page)… CMJN, 300dpi pour les images, les transparences et leur applatissement, la colorimétrie etc. Puis on paramètre Acrobat pour que celui-ci fournisse un fichier à peu près ISO 2001 ou 2003 ou encore 2007 si tant est que les Raster Images Processor des imprimeurs aient été mises à jour. À ce moment précis, vous pouvez encore vérifier comme le montrent les slides tous les paramètres embarqués dans votre fichier PDF et, Acrobat_9 ou les précédents, font cela presque aussi bien qu’un très bon Chef de Fab dans le monde traditionnel des films flashés. Reste qu’avec Acrobat.com, si tant est que leur bande passante et leur taille de serveur le permettent, pourrait encore favoriser un travail de partage de collaboration, entre les différents acteurs de la chaîne graphique. J’aurais beaucoup à dire sur ces sujets puisqu’ils sont au cœur de notre métier et qu’ils induisent la qualité finale des impressions. Passionnant.
CONCLUSIONS: une fois de plus nous vérifions le dynamisme prolixe d’Adobe et une fois de plus (j’en ai fait la remarque lors de la conférence) on a l’impression que les logiciels proposés «volent» à des années lumière au-dessus de la réalité du monde des entreprises de Com. Lorsqu’on songe que dans nombre d’agences de publicité, les DA ne sont pas autorisés à travailler avec des images hautes def. par exemple. C’était le cas chez Publicis encore il y a quelques mois. Les DA créent en 72 dpi, la production remplace les 72 dpi par des 150 pour ensuite envoyer les dossiers sur les FTP d’une société filiale qui travaillait dans le quartier de la Bastille. C’est là que l’on vérifie la conformité des images hautes def pour les intégrer dans les docs finaux. Lorsque j’ai demandé à «quelqu’un» de la Prod de Publicis le «pourquoi du comment» d’une telle répartition (tout à fait inutile) de la chaîne de production, «on» m’a juste répondu: «mais tu n’y songes même pas, si l’on faisait tout au même endroit, Publicis ne pourrait plus facturer de l’exé à ses clients. Gros manque à gagner»… Je ne critique pas, je constate que les structures de travail ne suivent pas forcément la logique de la révolution des technologies.
Diaporama complet des slides de la conférence (en 1000 pixels) ici
…et nouveau billet sur le lancement de la Suite CS4 ici
J’ai apprécié votre dernier commentaire dans lemonde.fr au sujet de cette fameuse UPM.
Bien sûr,je suis plus branché sur le fond que sur la forme…
Donc,quant à la forme UPM n’est-il pas l’anagramme de UMP ?
Ce qui prouverait que cette opération est plus médiatique que sincère et que le nouveau Prince qui nous gouverne veut à tout pris briller sur la scène internationale…
Fil Vert
“Construire au fil de sa conscience”