Paul Gabor

l’histoire d’un graphiste hongrois
chercheur, plasticien, typographe, affichiste, pédagogue et humaniste.
(note en préparation)

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David Carson

Note en préparation : Où l’on voit la typo-plasticienne émerger à la fin des années 80

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Typ-ah-graphy | Herb Lubalin

Note en préparation : L’œuvre de Herb Lubalin, le graphiste qui a porté l’expression gutenbergienne à son apogée.

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Melingo | Tango Fatal

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J’aurais pu aussi bien appeler cette note «Mister Jekyll, Mister Hide, tant il est vrai que Melingo est un être profondément double. Au Divan du Monde le 19 de ce mois d’octobre, chaloupant entre fils et micros, il s’approche du bord de la scène et vous regarde droit dans les yeux, un entrechat et prend sa tête entre ses immenses mains de bûcheron et devient brusquement nostalgique et surtout très ironique. L’histoire des hommes ne lui est pas inconnue… Il perce l’obscur en nous et révèle le meilleur, l’amour. Le tango argentin c’est comme la musique tzigane, celle que nous a révélé Kusturica, avec le rythme très particulier syncopée par le bandonéon de cette belle musicienne, gracile et mystérieuse. Le concert était déjà terminé, que j’étais certain d’avoir assisté à un miracle, une sorte d’étoile filante de la scène latino. Pour en savoir plus je vous invite à lire l’excellent article de Télérama signé par Eliane Azoulay.

Et puis si vous avez le disque de Melingo (Santa Milonga, 1 CD Mañana/Naïve), plugez le CD dans votre lecteur découvrez en même temps la galerie de photos de ce merveilleux concert.

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EnVille | design réussie d’un urban magazine gratuit

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Voilà quelque temps que j’ai découvert ce magazine gratuit dans les lieux «branchés» de la capitale (plutôt l’est de paris). Mise en page : William Hessel, un jeune graphiste de 25 ans qui nous propose de revisiter l’univers du magazine urbain avec un brio, un sens du rythme et de l’élégance digne de Vogue ou du HARPER’S.

J’ai voulu aller voir de plus près le fonctionnement graphique et typographique d’une telle réussite. Et pour plusieurs raisons. D’abord parce que par mes sensibilités musicales et typographiques je me sens très proche de sa démarche, ensuite parce qu’après avoir analysé le design du nouveau Figaro, j’avais besoin d’un peu d’air frais et d’apporter une explication irréfutable au malaise que traverse la presse française et peut-être internationale.

Je soulignais précédemment la nécessité pour la Presse de repenser ses modèles économiques au risque de voir continuer sa longue descente infernale. Le magazine EnVille est une démonstration éclatante de ce que l’on peut faire avec un bon concept éditorial, une design strategy, et avec le talent.

Un concept éditorial

À mi-chemin entre la mode et les chroniques urbaines, la musique et les vêtements, les styles de vie et des sujets d’actualité culturelle, EnVille nous fait voyager dans un Paris tactile et poétique. Le sommaire  nous entraîne vers les salles, les sons, les bonnes tables, les expos, vers la mode, et aussi à nous faire rêver vers des voyages de photographes en mal de lointain. Quelques articles décalés avec des entrées dignes du meilleur éditing de Libé : «… Ils ont cru qu’on pouvait s’installer à Marseille comme dans n’importe quelle ville de France. Mais l’adaptation a échoué, et ces Néo-Marseillais n’ont fait que passer».

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EnVille ne ressemble pas à Zurban ni à aucun autre News culturel. D’abord par le format et l’impression: 265x380mm, on s’approche du petit tabloïd d’un quotidien et cette impression de faux-cheap est renforcé par le papier journal de 60-70g tiré en roto-offset sur une presse italienne qui fait des miracles de qualité compte tenu de ce qu’un tel papier doit boire l’encre comme si vous buviez un litre et demi d’eau en 2 minutes. La photogravure est faite par des professionnels qui ont le sens de l’équilibre de la chromie et des pourcentages d’engraissement de trame journal qui au passage, autre miracle semble s’approcher d’un 175lpi (line per inch).

Je ne vois qu’un exemple de réussite de cette valeur dans la presse, c’est l’édition de Upper & Lower Case lancé par la firme International Typeface Corp dans les années 70, gratuit distribué dans le monde entier à 600.000 ex. afin de promouvoir la création typographique auprès de tous les directeurs artistiques d’agences de pub du monde entier.

Un design strategy excellentissime et le talent en plus:

Un magazine n’est pas seulement du papier divisé en 3-4 ou 6 colonnes avec du titrage, des chapôs, des interlignes et du texte. Comme je le montrais dans mes notes sur Hermann Zapf ou Neville Brody, c’est aussi une oeuvre picturale-tactile. Et William Hessel est particulièrement doué à ce jeu. L’originalité de son design ne réside pas dans ses choix typos. Ce n’est pas l’usage d’un simili Bauhaus pour le titrage, ni l’Abadi de la Monotype (merci Jean-François) qui font l’originalité de ces belles mises en page. Et ne croyez surtout pas que c’est le format, parce que là encore, et nous en avons eu l’exemple avec le Figaro qui dispose de 740 x 500 mm de format ouvert et n’en profite aucunement pour créer un spectacle graphique et/ou typographique.

De fait William Hessel fait de la mise en page-peinture. Il se libère des contraintes d’une grille omniprésente et réductrice, en installant des mosaïques de grilles sur la hauteur des pages (cf.ici). Mais comment fait-il pour que ça ne se «casse pas la gueule» (avec la voix de Paul pour ceux qui l’ont connu)? Il n’utilise quasiment aucun filet séparateur dans tout le magazine, ni vertical ni horizontal. Scandale chez les typos de la presse et des journalistes qu’on a bassiné pendant leurs études sur l’importance des filets. Mais la typo comme je l’expliquais, utilise des formes alphabétiques phonétiques,  et l’absence de signe ou de filet, c’est comme en musique, du silence. WH fait silence entre les pavés par l’utilisation de blancs qui nous font oublier les ruptures de grille. Du coup quelle souplesse, quelle mobilité. La page semble peinte avec la typographie et les images font office d’interstice avec les textes. Élégance, rythme, musicalité sont les adjectifs qui s’imposent le mieux.

Et puisqu’on parle de design strategy, n’oublions pas le rôle essentiel que tient la direction de la photo.
EnVille est un magazine tendance-urbaine. Les photos jouent un rôle doublement important. Elles situent, marquent un territoire de référents catégoriels mais aussi permettent à la rédaction d’embrayer sur une stratégie commerciale. Les pubs présentes en nombre croissant bien que loin d’être bons marché, participent à cette fête visuelle. EnVille choisit apparemment ses annonceurs en fonction de leur accord pour participer visuellement à l’aspect général du News. Pas de pub commerciale marketing, uniquement des pubs de marques, des pubs corporate. Une photo, une marque.

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Du coup la pagination rédactionnelle se renforce par la qualité visuelle de la Pub. Le jour où les journaux comprendront leur responsabilité à ne pas voir passer n’importe quelle pub au nom de la raison d’état, l’argent, ils feront un saut en avant considérable. Obligeant les annonceurs à créer des annonces qui renforcent la qualité du support au lieu de l’altérer. Bien sûr ce n’est pas nouveau comme concept, mais là pour un gratuit la démonstration est éclatante. Cette stratégie est vraiment payante, et à long terme.

Les photos sont d’une grande facture. Et on en vient à se demander si ce n’est pas Christian Caujolle qui tire les ficelles de cette qualité (juste un hommage à celui qui a transformé Libé en un lieu d’exposition photo permanente).

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Choix et cadrages au plus près du sujet. Une originalité et une qualité des images digne des plus grands magazines de mode. Un légendage littéraire. La photo et le texte se renvoient la balle qui rebondit au centre de nos imaginaires collectifs.

Mais j’arrête là ce panégyrique dithyrambique pour vous laisser feuilleter cette très belle réussite graphique. Vos commentaires sont les bienvenus, et j’en profite pour remercier tous ceux qui ont déjà participé activement à alimenter ces notes de leurs avis pertinents.

Typo | remarques complémentaires :

J’ai également été très agréablement surpris de la qualité des réglages typo, qui contrairement au Figaro respectent le «code typo» et nous font cadeau de beaux fers à gauche correctement travaillés.

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Typographie des Home Pages de l’information (2)

En examinant les home-pages ci-dessous, on perçoit toute la logique marketing et gutenbergienne.

Les sites d’informations du Monde, Nouvel Obs et Le Figaro traduisent graphiquement le souci de publier du texte journalistique. Les portails apparaissent clairement comme des journaux issus du Papier et de la longue tradition de l’imprimé. Quelques concessions sur le site du Monde qui de loin est le plus complet, le mieux organisé intérieurement. On y comprend très vite que le multimédia est un apport supplémentaire et non restrictif du travail journalistique. Les menus déroulants, le desk, les référents permettent à l’abonné de «naviguer» au plus près de ses centres d’intérêts sans jamais perdre de vue l’essentiel, le fond de commerce d’un journal, l’information et l’actualité raffraîchie en permanence.

Le Nouvel Obs rame un peu derrière mais a fait un choix de logique économique. Il va à l’essentiel, la reprise des contenus papiers mis en ligne. Ne se perd pas dans l’organisation d’une présentation à la Bloomberg dont il n’a pas les moyens. Même chose pour Le Figaro. qui me semble infiniment mieux réussi que la version Papier. Plus rythmé, plus accrocheur. C’est d’ailleurs un comble que les webdesigners du Figaro aient réussi là ou le print design semble piétiner lourdement.

Quant aux autres portails d’information, France Télévision en tête, France Inter et même France Culture, ils semblent se situer ailleurs. Ce sont des portails socio styles et essentiellement catégoriels.  Vous choisissez les plus belles images auxquelles vous vous identifiez le mieux. France-Inter pourraît très bien prêter l’image de son site à une compagnie d’assurance vie. Le contenu en est absent au premier regard, sauf à rentrer en profondeur dans les sites et encore, j’en doute pour France 2. Je n’ai pas montré la TV5 qui est pourtant une très belle réussite quant au contenu spécifique et culturel (un reportage vidéo sur les meilleurs artisans de France par ex).

Il est à regretter que France Culture ne se soit pas habillée plus culturellement. Ça sent ni le papier, ni l’encre, ni le théatre, ni la musique… ni la culture… La Cité des Sciences fait mieux.

Et j’ai gardé Libé pour la fin, parce qu’autant nous en aimons le papier, la direction de la photo, la qualité d’écriture, autant le site ressemble plus à un site racoleur qu’au portail d’un journal d’opinion crédible et sérieux.

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Figaro | une design-analyse (2)

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Nouveau Figaro |  la mise en page intérieure

J’ai eu l’occasion de travailler avec mon confrère Jean Bayle lors de son intervention sur le nouveau Libération (dénommé Libé III) lors de son lancement en septembre 1994. A cette occasion il m’avait demandé de créer 4 polices de caractères devant servir à composer le journal. Et j’ai pu à cette occasion le côtoyer et apprendre à connaître son mode de fonctionnement. Plus tard en 95 il me redemanda une autre police pour les Échos. Un Utopia medium. Jean Bayle est un graphiste qui aime profondément la presse et en connaît tous les recoins, toutes les ficelles, tous les codes. De plus il nous donne à voir et à lire un nouveau Le Figaro (pour reprendre l’expression du LCL) complètement assagi, poli comme un galet sur une plage de sable fin, neutre et incolore.

Sur une largeur de 370mm il nous présente une lecture en six colonnes composée en Centennial si j’en crois mon confrère Jean François Porchez  et je cite …« Les pages sont plus plates, l’effet est trop calme et livresque, pas assez tonique. Un seul bon point, c’est d’avoir monté le corps du caractère qui était ridiculement petit et dans une caractère peu adapté au texte courant (Linotype Centennial). Par contre, utiliser de l’Utopia, c’est un peut triste connaissant le nombre important de caractères de qualité sur le marché, destinés à la presse quotidienne, voyez Hoefler, Font Bureau, Carter, pour les plus connus, etc.»
Je partage entièrement cet avis, et j’ajouterai que cette mise en page est plus Suisse que Suisse pour les aficionados du graphisme helvétique des années 50. Tellement rigoureux dans ses alignements verticaux, tellement bien alignés les colonnes, les images, les titres… Rien ne dépasse, rien ne vient boursoufler ni accidenter cette mise en page, qu’elle en est si parfaite et si scolaire qu’elle gomme toute actualité à l’actualité. C’est comme si un acteur déclamait du Beaumarchais sur le ton monocorde d’un présentateur de Météo.

Le paysage concurrentiel de la presse écrite : radios, télévisions, internet et blogosphères nous présente chaque jour une info de plus en plus vivante, close-up aux actus et profondément analytique lorsqu’il s’agit des contributions des internautes de la blogosphère. Le Nouveau Figaro, bien que Nicolas Beytout se défend d’une enveloppe qui permet à chacun de trouver sa vitesse de lecture ne tient aucun compte de la nécessité de la relance et des emphases chers à la presse quot. J’oserai dire que Le Monde fait figure de presse underground à coté de cette nouvelle maquette de la socpress de Monsieur S.Dassault.

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Sage, sage sage, trop sage le patron, sages vous demandent-on aux journalistes, l’opinion gommée par une forme insipide et sans saveur ne se manifestera plus et la phrase de Beaumarchais ne trouve aucun écho dans ce calme olympien. Jean Bayle voulait déjà convaincre Serge July d’utiliser un éditing qui s’étale sur toute la largeur d’une page. Il est vrai que c’est joli. Mais ça manque de punch, d’efficacité de l’esprit reportage voire grand reportage. Certes ce n’est pas Libé, mais bobos de gauche ou bobos de droite les lecteurs sont avant tout des curieux qui payent chaque jour leur dîme à leur curiosité. Ils ont besoin d’être un peu bousculés, rythmés par l’actualité. Vous imaginez cette mise en page transcrite oralement, sur France Info… plus un auditeurLongtemps je me suis demandé d’ailleurs pourquoi un tel ton d’emphase sur cette radio nationale, la réponse m’est venue en relisant Marschall Mac Luhan (Galaxie Gutenberg). La typographie gutenbergienne nous a fait oublier la transmission orale. Petit à petit les lecteurs au cours des siècles écoulés ont cessé de marmonner les mots, pour laisser leurs yeux juste englober et effleurer les textes. Nos cordes vocales ne vibrent plus en lisant un journal, alors qu’à l’époque des manuscrits de l’antiquité jusqu’au moyen âge, les lecteurs lisaient à haute ou demi voix.

L’expression-perception humaine a basculé de l’oral vers le tactile. Or la mission première d’une radio c’est de faire entendre la voix, donc les émotions. Faire traduire l’importance d’une actualité dans le «son» d’une radio. (Quelquefois démesuré et outrancier – parce que déclamer le cours de la
bourse sur le même ton que l’enlèvement de Florence Aubenas est tout
aussi exagéré). C’est, avec la télévision (Arte par ex) deux médias qui reviennent vers l’oralité de nos vieilles perceptions.

Nous avons beau chercher dans le cahier du Figaro consacré à l’Actualité générale un peu de bousouflure de cette actualité, il nous faut attendre les pages du cahier «culture-loisir-art de vivre-détente-luxe et mode» pour trouver un peu de ce rythme qui manque au journal.

Il ne s’agit pas tant de critiquer la structure du journal que la manière dont la direction artistique quotidienne va pervertir, voire subvertir cette structure pour nous rendre l’actualité un peu plus vivante. C’est effectivement pas une question de typo. Ni de largeur de colonnes. La presse pour être facile à lire doit s’accommoder de règles de composition facilitant la lecture. Les études qui ont été menés sur ce sujet par Bror Zacchrisson ou François Richedeau, ou encore Herbert Spencer montrent bien que la lecture se trouve facilitée dès lors que notre rétine ne traîne pas trop longtemps sur une même ligne. Le risque étant de voir l’oeil décrocher de la ligne par une fatigue excessive. D’où une composition en colonnes de 35 à 40 signes pour la moyenne de la presse dans le monde entier  (alphabet latin). Il ne s’agit pas non plus de critiquer les erreurs de jeunesse d’un code typographique mal digérée par les programmes de composition du nouveau Figaro. Les règles de césure et justifications (C&J) devant être mieux réglés. Les fers à gauche évités afin de ne pas tomber dans des aberrations de ce style. Et encore ici. Les interlignes mieux gérés. Et les apostrophes minutes chassés de toute la composition du journal afin de laisser place aux vrais apostrophes typographiques. Mais nous sommes nombreux à être convaincus qu’il s’agit là uniquement d’erreurs de jeunesse d’une administration technique de la fabrication du journal et que l’esprit typo soufflera de nouveau sur Le Figaro.

En conclusion :

Par delà les analyses graphiques et typographiques, il est deux questions que nous devons nous poser à l’heure où les journaux comme Le Monde (qui confie à Ally Palmer la refonte de sa maquette) et Libération songent à reformuler leur design :

  1. Quelle est la nature de la crise qui voit l’audience de la presse quotidienne écrite baisser depuis 50 ans.
  2. Peut-on se contenter d’études marketing managés au fil du rasoir, qui accordent autant d’importance aux socio-styles des lecteurs d’un journal et aussi peu à la nature profonde d’une presse dont la vocation jusqu’à la fin des années 70 était de transmettre autant l’actu que l’opinion. Presse de droite, presse de gauche, il y avait des différences.

Il y a une aberration dans la crise que traverse la Presse. On n’a jamais autant édité, publié sur papier ou sur internet que durant les 500 années passées sous l’ère gutenbergienne. Or le public achète de moins en moins le Journal quotidien. Toutes les pistes de réflexion sont ouvertes et vos commentaires les bienvenus.

En premier : la nature économique de l’acte d’achat du journal. Le portefeuille du lecteur s’est vu partagé-déchiré depuis cinquante ans dans le vaste consumérisme de l’offre médias. L’ancien modèle économique a vécu, où trop de journalistes trop bien payés avec des avantages sociaux assez extraordinaires faisaient la fermeture des bars au petit matin de la Rue Réaumur. Les journaux se sont restructurés, adaptés. L’avènement de la composition par la PAO, a fini d’introduire la multivalence sur les plateaux de rédaction et avec la modernisation des flux de production, les réseaux de transmission, la photographie numérique transmise par satellites, l’impression des plaques offset en CTP (copy to plate), l’abandon de sanctuaires immobiliers et la concentration des groupes de presse, les points de rentabilités ont été optimisés au maximum. Ce n’est pas l’arrivée de la 3G dans la téléphonie qui va contribuer à faire gagner plus de rentabilité. Keynes parlait de la baisse tendancielle des taux de profits. Nous y sommes. Et la Presse n’obtiendra rien de plus à faire encore et encore la nième modernisation technologique. Des miettes en tous cas.
Une concurrence accrue sur Internet, une ouverture touts horizons pour un lecteur connecté qui peut parcourir l’équivalent d’un kiosque de journal sans sortir de chez lui. Chercher sur Google Actus (personnalisé) des infos que son quotidien est incapable de lui fournir.

En deuxième : la presse veut survivre elle doit réinventer son modèle économique. Parce que les annonceurs et les centrales d’achat ne sont pas dupes. Les tarifs s’adaptent aux mesures OJD et personne ne peut plus tromper personne.

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Le lancement des gratuits a fini par déstabiliser un marché en perdition et c’est là où nous ne comprenons plus l’actuelle refonte du Figaro. La vidéo de Nicolas Beytout nous donne l’impression qu’on n’a rien compris puisque fondamentalement rien n’a vraiment bougé. Il suffit de regarder l’ancien Fig et le nouveau… Même format, à peu près le même nombre de col et pour un lecteur peu averti aucune différence dans l’éditing ni dans la typo.

On a un peu l’impression que le journal a fait une étude marketing sur son lectorat traditionnel, constaté que les revenus des clients ont décuplé en 20 ans et tenté de s’approcher d’un socio-style de la bourgeoisie bien pensante, catholique, libérale et bouclé ainsi une maquette pour juste fidéliser cette clientèle. Mais alors le nouveau patron du Fig. n’est pas un chef d’entreprise, tout au plus un gardien de phare, qui remplace les ampoules de ses projecteurs. Car en liftant ainsi le journal il lui a fait perdre son âme de journal. Tout juste un rapport annuel bon pour la COB. Et quand on songe que sur ce registre graphique le paysage est complètement saturé, autant dire que son journal va continuer à dégringoler doucement. La disparition dans la dilution. La Banalité ne payera jamais sur un secteur où l’émotion l’a toujours emporté dans les réflexes d’achat. J’achète mon journal. C’est celui de mes opinions, pas la copie conforme du rapport annuel que ma banque m’envoie pour m’inviter à investir dans telles ou telles actions. D’ailleurs le maintien du format est symptomatique.

Le journal déplié fait 740 mm sur 500 mm. Vous n’imaginez même pas ouvrir ce format dans les transports en commun, quant à trouver la place sur la table de votre salon…veut dire que votre salon fait au moins 60m2. Oui nous pouvons douter de l’efficacité de cette refonte.

Il me semble assez évident qu’il eut fallu réfléchir au moyen d’élargir un lectorat et non seulement de satisfaire le plaisir (légitime sans aucun doute) de marquer son territoire de nouveau patron de journal. La nature de la crise est sociale, économique et humaine. Le lifting du Figaro ne semble pas tenir compte de ces trois facteurs.

 

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Figaro | une design-analyse de la nouvelle maquette (1)

Pour rédiger cette note il m’a fallu préparer comme à l’habitude une documentation de référence que nous pourrons consulter en parallèle tout au long de l’article, en voici l’adresse.

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En consultant cet album de référence, vous pourrez feuilleter le journal sans être obligé de déplier les  370×500 mm (format fermé) de ce quotidien. Vous pourrez sans doute remarquer que ce format n’a pas vraiment changé à 2-3 millimètres près.

Nicolas Beytout, le nouveau patron du journal nous donne une assez bonne description des changements intervenus à l’adresse ici. Une petite vidéo où il nous explique les points suivants :

  1. Pourquoi et comment conçoit-on une nouvelle maquette?
  2. En quoi cette maquette répond-elle à l’attente des lecteurs?
  3. Quels sont les points clés de la nouvelle formule?
  4. Cela induit-il une autre manière de concevoir l’actualité
  5. Y-a-t-il d’autres évolutions prévues pour le Figaro?

Il constate tout d’abord ce que nous savions tous, l’érosion du lectorat des quotidiens. Il ne nous en donne pas vraiment les raisons, et surtout il ne fait aucune référence à la concurrence rude des gratuits (metro et 20 minutes qui se sont taillé une véritable part de marché sur ce segment de la presse). Pour autant il souligne la nécessité de construire un journal pour deux sortes de lectorat, ceux qui ont le temps de lire, en profondeur l’ensemble d’une actualité, et ceux qui à l’instar de la télé ou d’internet zappent «picorent» l’information, et dont il faut canaliser l’attention par des entrées, des brèves, des éditoriaux qui leur permettent de se relancer en lecture ou au contraire de zapper intelligemment dans le journal.
Une chose est certaine, Nicolas Beytout prend ses lecteurs au sérieux et leur propose une nouvelle formule qui telle une maison leur offre des pièces à vivre-lire avec des places immuables afin de capter l’attention et de les fidéliser sur des rubriques qu’ils peuvent retrouver d’un jour sur l’autre.

Analyse:

Le Titre-Logo et la Une.

Lorsqu’on aperçoit le journal en kiosque, plié comme sur la photo ci-dessus, on découvre un titre logotypé en bleu au blanc. Très tendance comme l’on dit certains de mes confrères. Bleuisation de la presse aussi bien papier qu’internet. Problème : avant de lire le titre mes rétines sont attirés par un cartouche rectangulaire bleu anonyme. Autrement dit je lis comme nous l’avons déjà indiqué, les contreformes bleus et non la typo du titre qui vient après quelques millisecondes juste après. Ce n’est pas gênant si le Figaro était dépositaire de la couleur bleue et des rectangles au format du titre, mais dès lors que n’importe quel autre journal peut logotyper son titre en blanc sur fond bleu, cela banalise considérablement un titre qui par ailleurs représentait une image forte et au plan formel et au plan de la mémorisation (taux de mémorisations) des lecteurs. Quand on prend le risque de déconstruire la mémoire d’un titre autant la redessiner et proposer une nouvelle forme graphique et typographique qui la remplace avec force et conviction. L’enfouissement de l’ancien titre dans ce cartouche bleu signe un véritable escamotage de ce qui fait le fond de commerce de la Une d’un journal, son titre, canal-historique. Le designer de presse Jean Bayle, a fait un travail remarquable. Cela ne fait de doute pour personne. Mais la Une pose un autre problème. Le journal plié, le titre presque escamoté par un bandeau banalisé, la perception que je reçois dans un kiosque, c’est l’absence de perception. Je veux dire que ce qui fait qu’un journal ressemble à un journal, les codes de la presse d’information quotidienne ont été gommés. Un «pauvre» titre en police Minion maigre (ce n’est pas une blague de collégien mais un excellent caractère dessiné par le très talentueux Robert Slimbach, deux colonnes de texte et une photo couleur excellente de notre premier ministre. Ça ne ressemble pas à la Une d’un journal, qui démarre sur un titre fort, qui engage le lecteur sur un édito et un visuel choc. Pour ma part j’ai plus le sentiment de nous retrouver dans une page d’ouverture d’un rapport d’entreprise (très sage cependant) que dans une ambiance de Presse Quot. Et de fait lorsqu’on s’attelle à créer la Une d’un journal fut-ce Le Figaro, on doit toujours tenter de concentrer l’essentiel du journal sur la moitié supérieure de la Une, seul espace visible en kiosque.

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De fait quand on déplie la Une, elle commence prendre les allures d’un quotidien, par la présence de brèves sommérisés qui nous renvoient comme à l’habitude dans les pages intérieures.

Globalement la Une est remarquablement sobre, sans doute trop, dire qu’elle en élégante, non par le choix des typos et des manques de contrastes évidents qui diluent l’attention du lecteur. Seule événements de taille : la photo. Une direction très Libé, ou dossier du Monde, N.Beytout fait de l’excellent benchmarking en ce domaine et il en a parfaitement le droit s’il estime que ses parts de marché sont à gagner sur les concurrents directs. (J’en doute et nous y reviendrons).

Réponse en temps réel à Estève Gili : Voici effectivement un bleu sur lequel nos rétines peuvent glisser sans s’impliquer. Nous reviendrons sur cette affaire de la perception, et on pourraît presque se poser les questions de fond : Nicolas Beytout a-t-il été chargé de «fossoyer» Le Figaro, ou bien est-il si BCBG qu’il ne sait plus ce qu’est un noir et blanc… Plus que des gris ! Mieux que le Frankfurter Allgemeine. Sur la crise de la presse allemande, un excellent article nous invite à réfléchir, et en ce qui concerne Le Figaro, il est dommage que l’étude de l’environnement concurrentiel n’ait pas conduit les animateurs de ce projet à se poser la question éternelle… comment faire pour élargir un lectorat et non de se restreindre à servir la soupe à une clientèle qui dans les trente dernières années a vieilli comme vous et moi, mais enrichi en moyenne plutôt 10 fois plus que la moyenne nationale. Mais j’y reviendrai dans mon analyse.

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Typographie des Home Pages de l’information

appel à commentaires

Voici quelques home pages de sites de presse connus. J’aimerais connaître vos observations sur les différences que vous notez à propos de ces home-pages. Le seul commentaire que je vous demande de vous interdire, c’est : «j’aime ou j’aime pas», ce serait contre-productif si l’on veut tenter de comprendre comment fonctionnent ces pages. Si vous avez lu quelques unes des notes précédentes (ex.), vous disposez d’un certain nombres de codes, d’une grammaire et d’un vocabulaire pour pouvoir contribuer à cette étude comparative. Ceci s’adresse autant à mes étudiants qu’à n’importe quel visiteur curieux de participer à une analyse collective de l’influence d’une scénographie sur la perception subjective de l’information dite objective (par défaut) que nous recevons chaque jour par les médias de l’internet. Message is Massage disait Marschall Mac Luhan en étudiant le rôle de la forme sur le contenu. (pour comprendre les Médias.) Et mon travail d’analyse sur la nouvelle mise en page du Figaro n’échappera pas à cette règle. On ne peut  critiquer constructivement une scénographie que si l’on en comprend les intentions éditoriales et politiques. 

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La Presse c’était ça au XIXe.
Une presse d’opinion avant la presse d’information

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L’ère typo-plasticienne (suite et fin)

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Il serait parfaitement incongru pour moi ici de faire un cours sur l’art plastique voire sur l’art tout court.

Mais Neville Brody s’approche remarquablement du sujet quand il dit : «Nous sommes à cheval entre deux mondes : le monde de la prépublication et le monde de sa réception, c’est-à-dire que nous sommes ceux qui traduisent les concepts invisibles dans des formes emballées, nous convertissons des pensées et des actions en images mentales et en attitudes.…La police que nous choisissons, la photo que nous sélectionnons et recadrons, la manière dont nous utilisons l’espace – tout cela influence notre réaction en tant que lecteurs. Un Shakespeare imprimé en Franklin Gothic 36 pts n’aura pas le même effet qu’en Garamond 10 pts.»

Ça c’est la définition du graphisme-graphiste comme un artisan des arts appliqués.

Mais plus loin il nous dit : «Je vis dans un monde qui me fait oublier l’intuition, l’instinct, l’art, le naturel, l’analogue. Un monde dans lequel mes réponses-formules et mes productions technologiques sont mécaniques, ou scientifiques… Aujourd’hui, je calcule au lieu de créer. J’ai oublié comment travailler avec mes mains, modeler des choses comme de l’argile, assister à la naissance de nouvelles formes et émotions.»

Et encore : «Il en est de même des marques. A la base, il n’y a que peu de différences entre Starbucks, Nike, Virgin, Ford, Macdonald’s… Dans ce Matrix de l’imagination, il n’y aura jamais de vraie révolution, et toute véritable différence est détruite comme un véritable ennemi.»

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Mais le plus significatif et le plus important de son discours c’est cette phrase: «…La qualité de la création est extraordinairement élevée, les normes de fabrication incomparables, et le savoir-faire superbe. Mais, d’une façon ou d’une autre, on a une sensation de déjà-vu. On admire les normes esthétiques et techniques, mais on se retrouve comme vides, ou blasés.»

Neville Brody se fait l’écho de la révolution technologique qui a balayé l’ancien monde. Et il en pointe les changements radicaux. Le travail manuel a disparu, le tactile, pour être remplacé par l’intervention informatisé sur les images et les textes. Cela conduit la plupart des graphistes à intégrer plusieurs expressions qui auparavant était le fruit d’une collaboration entre spécialistes de l’image du texte, de la musique et du cinéma. Cela fait qu’une seule et même personne détient désormais les moyens d’une production visuelle et s’en sert en alternance et permutations constantes. Les logiciels graphiques nous permettent de créer des transparences aussi aisément qu’un far breton. De fait les éditions publicitaires, les packagings, les affiches sont aujourd’hui à la fois le fruit d’une réflexion en amont mais surtout des produits visuels fabriqués selon des normes informatiques qui si elles se développent chaque jour ne nous éloignent pas pour autant de la sensibilité tactile d’un métier qui employait encore il y a dix-quinze ans la planche à dessin, la carte à gratter et la colle gutta.
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Le résultat est là. Pas une page publicitaire, pas une affiche ou un flyer qui ne soit l’écho de ces nombreuses possibilités. Et notre perception change. Nous nous nous habituons à décoder des messages superposés comme à regarder des films avec des effets spéciaux. La balle qui rentre au ralenti dans la chair humaine, c’est aussi irréel que l’utilisation infinie des calques dans photoshop ou illustrator. Nous ne faisons plus des photos mais des images. Et notre oeil s’habitue. De superpositions en surimpressions, l’espace bi-dimensionnel s’est transformé en tri voire quadridimensionnel. Tri, pour la profondeur créé par les nombreuses couches d’informations superposées, quadri, parce que du coup la dimension temps intervient. Nous hiérarchisons l’espace en profondeur donc nous suggérons la notion de durée. Quand Brody crée le Blur, caractère dérivé d’un haas mais passé à la moulinette du floutage dans photoshop et de la revectorisation des nouvelles formes, il s’était certainement d’abord extasié sur les possibilités graphiques que les logiciels nous ont fournis. Et il s’en est servi.

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Notre regard et notre perception des espaces graphiques ont radicalement changé, il faut remonter à la renaissance pour trouver une comparaison. C’est l’époque où la perspective fut introduite dans la représentation artistique. Les gens ont appris à regarder l’éloignement et le rapprochement des scènes. Auparavant et jusqu’au Moyen Age on superposait les scènes de la vie, cléricale, royale ou sociale. Les tableaux et tapisseries étaient construites avec des strates verticales où les codes étaient parfaitement connus. D’abord le clergé tout la haut quand il n’y avait pas la main de Dieu qui pointait vers l’homme, puis les instances royales et ensuite plus bas les suzerains et les vassaux.

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Tout ceci a été transformé par la perspective qui a permis de rapprocher ou d’éloigner les sujets. Mais aujourd’hui avec les effets spéciaux, les superpositions, les floutés, les ralentis et accélérés informatisés, notre perception change. Sans compter les conséquences qu’ont sur nous les médias eux mêmes. Portables, écrans à tous les étages, dans tous les bureaux. Le plateau des directeurs artistiques d’une grande agence sur les champs élysées ressemble autant à un lieu de création qu’une agence de réservation de billets d’avion. Notre perception des actes créatifs, autant que la perception de notre production ont donc été profondément modifiées.

Comment les deux mondes vont ils cohabiter? J. F. Truffaut avait prédit la disparition des livres dans Farenheit 451, mais on n’a jamais autant vendu de livres qu’aujourd’hui et même s’ils sont devenus des produits markettés et emballés comme le souligne Brody, les gens continuent de lire. Internet aussi, ma contribution à ce blog est le témoignage vivant d’un retour à l’écriture alors qu’il y a encore quelques mois, je préférais regarder un film, ou aller voir un concert. Certes j’y passe des nuits blanches, mais me dit que les humanistes du 16-17e devaient en faire autant à la lumière des bougies. Et cette immense toile d’écriture se tisse chaque jour grandissante. Les liens s’entrecroisent, rebondissent de page en page et l’information verticle se voit concurrencée par la transversalité du web collaboratif. Donc deux mondes vont sans doute cohabiter, et nous devons aiguiser nos grilles de lecture pour comprendre et savoir décoder les langages de chaque média. Le print, le web, la télé, le cinéma sont autant régis par des codes que la peinture surréaliste ou symboliste.

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Gutenberg a été donné pour mort depuis le début de l’ère électrique, mais les moyens de production de l’ère informatique n’ont fait que démultiplier la mobilité de ses caractères. Les cultures ne se sédimentent pas, ça ne fonctionne pas comme des rajouts de savoirs et de techniques. Au contraire il y a récupération, détournements, subversion des expressions traditionnelles par les nouvelles technologies. Nous avons le droit d’être plus optimiste que Neville Brody parce nous ne sommes pas au bout de cette révolution. Et qu’elle profite au plus grand nombre. Certes des métiers ont disparu dans tous les secteurs de la production artistique, ou sont en voie de l’être. Des étapes dans la production ont sauté comme d’innombrables verrous, l’on envoie aujourd’hui directement des fichiers PDF à nos impirmeurs, plus de films, plus de cromalins, mais pour autant l’oeil d’un Brody, son savoir et sa culture sont indispensables à la réussite d’un projet. Et s’il est vrai que ce monde permet le pire (cf mes notes sur la SNCF ou le Crédit Lyonnais, il permet aussi à des talents incontestables de produire mieux dans un confort extraordinaire.

Le plus paradoxale dans le discours de Brody et si vous avez eu le courage de lire ces quelques notes c’est qu’il dénonce pêle mêle une société vouée à la post production, à la banalisation des formes et des styles, mais en filigrane, il dénonce aussi et surtout les effets d’un  système capitaliste financier et cela n’a échappé à personne. Alter mondialiste dans son discours, il l’est, mais cela ne l’a pas empêché à une certaine époque de récupérer à des fins de mode, les codes graphiques de la Russie Soviétique et communiste. Il y a là comme un pied de nez à la psychologie attachante de Brody.

 

Publié dans Neville Brody | Commentaires fermés sur L’ère typo-plasticienne (suite et fin)