L’histoire du Times New Roman | l’œuvre de Stanley Morison (5)

la présente note fait suite au billet numéro 4 ici

Jeudi 27 avril 2006

Il est des histoires que l’on met une éternité à terminer. Celui de Stanley Morison est de celles qu’on ne peut raconter qu’à peu près dégagé des contraintes du temps. Par bien des aspects, sa vie appartient au passé. C’est ainsi que pour me mettre dans l’ambiance de cette époque d’entre-deux guerres j’ai souvent plus recours à Mozart ou Haydn qu’au Jazz de TSF ou aux Musiques du Monde que j’ai découvert au Satellit-Café, voici déjà une quinzaine d’années. Vous me direz pourquoi pas le Charleston ou Eric Satie. Je vous répondrais que je préfère alors Guiseppe Verdi et son dernier œuvre (une comédie en forme de testament) pour l’Opéra Falstaff si proche déjà de l’écriture de Puccini.

Il y a chez Verdi cette même curiosité, cette même soif d’aller de l’avant malgré ses quatre vingts sept ans, que chez le jeune Morison qui veut faire évoluer les styles et l’usage de la typographie en ce début de siècle. Mais pour écrire mon article, Mozart, une sonate, gentille, agréable et connue comme la KV533/ 494 jouée par Mitsouko Ushida me parassaît plus neutre, plus facile à être écouté en sourdine pendant la rédaction de cette note. Il est vrai que j’écoute rarement de la musique en travaillant. Ce n’est certes pas les disques qui me manquent, ni les qualités d’écoute de ma vieille chaîne Naim + Linn. Mais j’ai souvent remarqué la difficulté de créer, de faire de la conception tout en écoutant une musique dont la ligne mélodique ou les rythmes viennent contrarier le son intérieur d’une réflexion ou les mouvements de mon poignet sur le papier ou ma tablette Wacom. Et c’est la même chose pour l’écriture. Enfin il me semble.

LE FLEURON ET PENROSE

C’est la notoriété émérgente de Morison qui impressionna le plus le frère d’Olivier Simon (celui de la Curwen Press). Celui-ci en quelques années devient une autorité critique de la typographie, reconnu par l’ensemble d’une profession. Mais c’est au prix d’un travail laborieux et d’une accumulation de connaissances historiques et théoriques d’une dizaine d’années que ses pairs finirent par le reconnaître et l’admettre dans les cercles les plus privés. L’édition du Fleuron y joua un rôle majeur. Les quatre premiers numéros du Fleuron (1923-5) furent édités par Oliver Simon et imprimés à la Curwen Press.

Les contributions de Morison comprenaient «Printer’s Flowers and Arabesques» écrit en collaboration avec Meynell ; «Towards an Ideal Type», litéralement «vers le caractère idéal» dans laquelle il critiquait les doctrines de William Morris et fit renaître l’étude moderne de la Renaissance Italienne, en écrivant une mémoire qui analysait la relation entre les capitales et bas de casses ; «the Chancery Types of Italy and France», les caractères de chancelleries, italiennes et françaises co-écrit avec A.F. Johnson ; et «On the Script Types», les caractères scripts.

Simon fut d’une grande aide en lui suggérant d’autres manières de revenus. C’est ainsi que Morison rencontra à Bradford la firme de Percy Lund, Humphries & Company, un des premiers utilisateurs de la machine Monotype. Eric Humphries engaga Morison comme conseiller en 1923. Stanley, directeur artistique, assurera la conception de plusieurs parutions et communications «maison» dont la papeterie personnelle (stationery) du manager ainsi qu’une plaquette-spécimen de caractères de 36 pages. Mais sans doute la colaboration la plus fructueuse issue de cette rencontre fut le Penrose’Annual édité par William Gamble.

Morison y apporte des changements radicaux dès la parution de l’édition de 1923. Morison, adepte des solutions modernes-radicales c’est à dire efficaces visuellement y utilise une reliure noire avec juste une inscription en or sur le dos de l’édition. Il fut composé en Garamond Monotype et pour la première fois le caractère y fut mentionné dans les crédits (ou le colophon) comme un acteur à part entière parmi les spécifications du papier, de l’encre, de la reliure et de l’imprimerie. De plus Morison y contribua par une note intitulé «Printing in France», un hommage à l’Imprimerie Royale. L’édition qui suivit en 1924 fut conçue à l’identique à l’exception du choix typo, cette fois le Baskerville, la dernière nouveauté de Monotype.

LE CARACTÈRE BASKERVILLE

Lorsque s’installe la mode des old-faces au 19e siècle, les caractères de la fonderie Caslon étaient largement favorisés, du fait simplement que leurs kilos de plomb se trouvaient disséminés dans toutes les casses d’imprimeurs de bonne facture. Ce n’est que vers les années 1890 que le Baskerville commença à enthousiasmer les connaisseurs. C’est ainsi que Monotype se mit à la lourde tâche de faire graver le caractère au début de l’an 1923. Pour rendre à ce caractère une popularité encore plus large et au passage ramasser les bénéfices d’une mode auquel Morison ne fut pas étranger.

La Compagnie ne s’embarassa pas des 17 variations inventoriées dans les corps usuels qu’on trouva alors. Il en fit graver une seule, en romain et italique avec des qualités de pureté de dessin que le Caslon n’avait jamais atteint. «Ses proportions étaient plus justes, le dessin plus affirmé, plus simple tant en romain qu’en italique», bien que Stanley fut moins enthousiaste pour ce dernier parce qu’il le trouvait trop modeste, sans ambition et consistance, manquant à la fois de noblesse et de style.

LE POLIPHILUS ET LE BLADO

En 1923 Morison s’attaqua au Poliphilus et au Blado. Il eût l’idée, après en avoir discuté longuement avec Harry Lawrence (de Lawrence & Bullen), de reprendre le caractère d’Alde Manutius, l’Hypnerotomachia Poliphili (1499). La reproduction en fut indéniablement un succès technique. Morison déclarait sans complexe qu’on pouvait mettre côte à côte deux pages composés en Monotype Poliphilus et avec le caractère d’origine, et qu’à l’exception du papier on y verrait pas de différence. Morison n’avait donc aucun doute sur ce genre d’exercice de restauration et re-fabrication d’un vieux modèle de caractère. Il  était moins sûr pour la création de typos réellement nouvelles.

Poliphilusblado

L’imprimerie de l’Université de Cambridge en équipa ses monotype-casters et composa en corps 16 le premier manuscrit de Morison, Four Centuries of Fine Printing (Ernest Benn, 1924). Revenant sur cette gravure, Morison l’a critiqué en 1953, regrettant qu’on n’ait pas retrouvé les plus belles feuilles d’impression de l’original du Hypnerotomachia qui auraient donné une plus grande garantie pour la qualité de reproduction qui en fut tiré. L’erreur était grave sans être catastrophique disait-il en évoquant le texte de son Four Centuries of Fine Printing, mais il jugeait cette aventure avec beaucoup de modestie.

En ce qui concerne l’italique qui accompagnait le Poliphilus, Morison avait fait le choix d’adapter une script du Roman Chancery gravé par Ludovico Arrighi pour le compte de l’imprimeur Antonio Blado (on est toujours au 15e siècle). Avec juste une légère modification de la pente, celui-ci servit à graver pour la Monotype la série 119 dénommée Blado.

Ludovicoarrighi

C’est ici le résultat des nombreuses recherches pratiques de Morison dans le champ de la calligraphie. Les cursives Venitiennes et Romaines différaient très clairement. Les premières, des scripts littéraires furent adoptés par Aldus parce que petits, économiques, et faciles à lire pour les étudiants, les seconds étaient plus formelles tant leur courbes étaient généreuses. Elles étaient en usage pour la diplomatie par la chancellerie du Pape et selon Morison mieux adapté à accompagner le Poliphilus, le Centaur et le Bembo.

La re-gravure du Poliphilus servit de leçon à Morison et il en tire avantage un peu plus tard en faisant graver les caractères de Christoffel van Dijck.
Pour en définir avec précision la graisse du dessin original il fit appel à un graveur de poinçon de Haarlem (NL) pour préparer six essais de poinçons sous les yeux même de Jan van Krimpen.  Ce n’est pas si simple de déterminer une graisse originale en cet époque de l’impression typographique (en relief). Le degré d’éparpillement de l’encre (bavure) et la nature plus ou moins absorbante du papier foulé par le plomb font varier considérablement la graisse finale que les yeux du lecteur découvrent au détour des pages d’un livre.

Je me souviens, à la fin des années 80 d’une petite fonderie numérique, la première en France à ma connaissance, il s’agissait de Microtype dirigé par Nicole Croix dont le chef d’Atelier Alexis Merlot préparaient un travail similaire pour le compte des éditions Gallimard. Il s’agissait tout simplement de numériser le Garamond qui servait pour la composition de la collection de la Pleïade. Or les lecteurs étaient habitués à lire un Garamond qui avait déjà «foulé» beaucoup, beaucoup de tirages. Le plomb était émoussé et le caractère avait perdu depuis longtemps sa fraîcheur première.

Mais finalement c’est ce qui faisait le charme de cette édition. C’était le Garamond de Gallimard qui ne ressemblait à aucun autre Garamond. Nicole Croix avait monté un atelier à l’aide des technologies IKARUS de Peter Karow, l’inventeur des courbes vectoriels quadratiques (un similaire aux courbes de P.Bézier). Et elle a mis au point une véritable chaine de production. Il s’agissait dans un premier temps de reproduire photographiquement des épreuves (tirés donc avec le Garamond en plomb-usagé) sortis des ateliers de la Plaïade, pour ensuite agrandir chaque lettre à une taille respectable de 10 centimètre sur la capitale. Puis couchés sur des tablettes graphiques, les dessinateurs Microtype en suivaient les contours avec des souris graphiques, marquant les courbes à certains endroits précis, d’un point de construction vectorielle.

Pourquoi se donner tant de mal ? Tout simplement parce que les éditions Gallimard voulaient basculer leur production en offset. Et composer désormais les pages en photocomposeuse 2e ou 3e génération (photo ou digitale). Il était donc essentiel pour satisfaire les bibliophiles toujours nombreux, de basculer cette production en évitant une rupture typographique majeure. Si Gallimard s’étaient servis d’un Garamond existant en photocomposition, le dessin en aurait été bien plus maigre, plus fin parce que d’une précision redoutablement proche d’un original frappé par un poinçon non usagé. Ainsi on peut dire que Microtype a été l’une des premières fonderies numériques à recréer l’exercice auquel s’est livré Morison avec la re-gravure du Van Dijck.

Modifier un poinçon gravé à l’aide d’un pantographe n’est déjà pas aisé, mais modifier-corriger un poinçon gravé à la main pose des problèmes tout à fait différents au graveur. Celui-ci se sert en continu d’épreuves «à la volée» pour contrôler la progression de son œuvre et peut ainsi apporter par touches successives de menus modifications à sa gravure.

Les six essais furent envoyés aux ateliers Monotype à Salfords où ils permirent de prendre des décisions stratégiques majeures pour la réalisation finale de l’alphabet. Le Van Dijck fut gravé, édité et connut un très large succès qui aurait été d’une dimension encore plus grande s’il n’y avait eu cette cassure, cette catastrophe que fut la deuxième guerre mondiale. Qui sait l’avenir d’un caractère dont le destin se trouve interrompu presqu’à sa naissance. Mais on parle ici d’une époque où les process étaient longs tant pour la création-fabrication que pour la commercialisation des fontes. Ce n’est certes plus le cas aujourd’hui. Pour comprendre les enjeux de l’époque il faut l’espace de cette lecture oublier : ordinateurs, téléphones mobiles, logiciels, fontes postscript ou open type, Apple, Jobs et Gates et même Warnock (le fondateur d’Adobe).

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PREMIÈRE VISITE EN AMÉRIQUE

C’est en pèlerin que Morison se rend pour la première fois aux Etats-Unis, pour y rencontrer Updike dont il était un grand admirateur. Morison avait entendu parler pour la première fois de Daniel Berkeley Updike par A.W.Pollard au British Museum et s’était promis de le rencontrer après en avoir lu le Printing Types en 1922. Les deux hommes vinrent donc à se rencontrer bien souvent pour parler Print mais surtout et d’abord, de religion jusqu’au décès de l’Américain en 1941.

Cette première visite en Amérique permit aussi à Morison de rencontrer pour la première fois Beatrice Warde qui lui fut présenté dans les bureaux même d’Updike et plus tard durant sa visite il suivit ses conférences à la librairie de l’American Type Foundery Comp. L’année suivante Beatrice vint en Europe pour y devenir entre autres éditeur de Monotype Recorder mais surtout directrice de la publicité de la Monotype Corp où elle fit ses preuves comme une merveilleuse animatrice, développant, stimulant l’intérêt pour la belle typographie et le good printing (c’est tellement plus parlant en anglais, mais si je devais trouver une expression idoine ce serait plutôt la belle édition que la belle impression). Les relations universitaires de Morison combinés aux maquettes exceptionnelles de Beatrice Warde créèrent un public-relations de fervents aficionados, bien avant que l’expression public relations soit devenu une manière de commerce.

Beatricewarde_1

Beatrice Warde par Eric Gill

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Gare Montparnasse | Structure et Mise en Page

J’ai pris cette photo de la Gare Montparnasse d’une fenêtre « d’en face » avec mon tél. mobile et remonté avec Image Ready d’Adobe CS2 en mode Gif animé. C’est en hommage aux travaux d’animation que j’ai demandé à mes élèves d’e-art sup et dont je vous publierai les meilleurs spécimens prochainement.

 

Juste pour dire qu’une sensibilité de graphiste se décline à chaque instant sur tous les paysages urbains ou camapagnards que nous abordons. Tout est sujet à structuration, simplification et décomposition. Les grilles de mises en pages ne sont pas loin et l’on comprend mieux l’attrait d’un Le Corbusier pour le graphisme quand il met au point son Modulor qui servira à des milliers d’étudiants dans le Monde pour élaborer les maquettes de journaux, de plaquettes ou d’affiches.

Modulor
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photo prise de l’ouvrage « the grid » d’Allen Hurlburt édité par A VAN NORSTRAND REINHOLD BOOK en 1978 à New York | ISBN 0-442-23598-4

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Design et Typo | au fer à gauche

À la suite d’un certain nombre de critiques (tout à fait fondées) que j’ai reçu, j’ai demandé à mon ami Jonathan Munn d’aller voir la possibilité d’améliorer la typographie de ce blog.
La version de base de TypePad ne permet pas de choisir: et l’habillage, et le caractère, et une mode de composition (justifiée, fer à gauche, centrée) et une couleur générale pour la typo de son blog.

Certes j’aurais pu faire des essais avec un habillage en deux col. au lieu de trois, mais ça aurait rendu illisible la structure du blog. Mélanger les catégories avec les listes de liens n’aurait certainement pas amélioré la lisibilité du site.

Jonathan a donc réussi à entrer à la racine du blog, deux-trois commandes CSS afin d’obliger l’ensemble du blog à se configurer en fer à gauche et caractère sérif (Georgia, Times etc.). On respire mieux tout de suite. Parce que tout simplement le mode justifié était devenu indigeste. Aucun moyen de gérer le gris typo, et surtout pas de commandes automatiques pour avoir des césures intelligentes. D’où des rivières qui donnaient plus l’impression de lire une vieille version de Word que le blog d’un passionné de typo. Et du coup en revisitant mes anciennes notes je redécouvre avec plaisir certaines d’entre-elles qui revêtent enfin une apparence à peu près correcte. Je dis à peu près parce qu’il reste un problème majeur. Celui des fins de lignes.

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prbs des ponctuations avec blancs sécables qui rejettent la poctuation en début de ligne (bien sûr si l’on réduit l’affichage du corps, la ponctu repasse en fin de ligne mais en revenant sur un autre site, je suis obligé de réagrandir le corps affiché). Dans le code anglo-saxon le problème ne se pose pas puisqu’il n’y a pas de blanc devant les ponctus. (sur le blog de Pierre Assouline)

En effet comme tout un chacun le sait, il est tout à fait indigeste de voir des articles et des pronoms en fin de ligne. Un non-sens pour une lecture intelligente qui veut qu’en fer à gauche on rejette ces mots à deux-trois signes en début de ligne. Mais là on s’oppose à l’éditeur du texte qui ne donne pas un vrai WYSYWYG de ce qu’on compose. Un non sens aussi de ne pouvoir faire des césures automatiquement pour les mots trop longs en fin de ligne. Je préfère de loin la règle anglo-saxonne qui autorise les césures en mode [fer à gauche], alors que l’Anglais n’utilise pas et de loin de mots aussi longs que le Français. Mais voilà, Monsieur Fournier à encore de belles années à nous enquiquiner avec son code typo. Puis je voudrais trouver une commande CSS pour transfomer automatiquement les ‘ [primes] en ’ [apostrophes]. Partant, il y a encore beaucoup de travail compte tenu de la difficulté à améliorer un blog qui n’était pas fait pour ça. Je suis curieux de savoir ce que vous pensez de ces quelques améliorations… vos commentaires sont les bienvenus.

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Typo Fondereries Indépendantes | suite |

 

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Qui a dit que les typographes sont des gens sérieux. Pour avoir connu les sourires doux-amers de John Dreyfus, les éclats de rires d’Edward Benguiat qui me racontait que chaque année il prenait son petit bi-moteur (il avait servi comme pilote dans la Royal Air Force durant la deuxième guerre) pour aller fêter l’anniversaire de ses quatre ex-femmes, aux quatre coins des Etats-Unis. Les fous rires des Lursiens réunis autour de Roger Excoffon, Mathieu, le peintre, Massin et Ionesco, George Benson le parano, Justin Grégoire l’instit resté un gamin, François Richaudeau, Blanchard et les autres, j’ai pu me rendre compte et me faire une certitude: les typographes ne sont pas des gens sérieux. Et tant mieux. Only Love Is You, était la chanson fétiche d’Albert Hollenstein et l’art psychédélique faisait son entrée fracassante sur les bancs d’une école de Lure que le père fondateur (Maximilien Vox) survolait de son regard bon enfant.

 

Donc cette fonderie House dirigé par Chris Gardner et Ken Barber n’est pas tenu par des gens sérieux, mais je retrouve avec ces deux «guys» l’esprit même du phototitrage qui régna durant une trentaine d’années à partir des années 60. De fait, il y avait bien une industrie de la typo à l’époque. Tenue par les grandes Fonderies institutionnelles: Stempel (aujourd’hui Linotype), Berthold, Monotype, Scangraphic, Compugraphic (racheté par Agfa plus tard) et aux States, Harris, Alphatype etc. Mais les process de fabrication des caractères (pour la photocomposition) étaient terriblement onéreux et j’y reviendrai un jour prochain dans une note plus technique). Les plaquettes diatronic de Berthold étaient constitués d’un pack comprenant la fonte elle même, une plaquette de 6cm x 12cm qui comprenait en négatif tous les glyphes d’un alphabet latin, reproduits en corps 8, qu’on pouvait photocomposer jusqu’en corps 20, et… agrandir photographiquement jusqu’à une taille respectable de 20cm sur la capitale. Le pack comprenait en outre un bloc de chasses qu’on devait introduire comme un disque dur amovible dans un rack sur la machine diatronic de photocomposition. C’est ce bloc de chasses qui donnait les informations à la machine pour qu’elle compose le Times New Roman avec les bonnes approches propres à CE caractère.

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Le prix d’achat en 1975 du Times New Roman chez Berthold était de 3700 F c’est à dire 564,06 euros pour une seule graisse, en romain. Si l’on voulait composer avec le Times Italique, il fallait racheter un autre pack qui coûtait le même prix. Et il n’y avait pas de promo à l’époque si l’on achetait 100 caractères. La raison du prix exorbitant de ces procédés tient en un mot. Photocomposition. Les laboratoires de mise au point des supports de compo, associés aux studios de dessin, aux ingénieurs élelectro-mécaniciens et au designers des machines employaient chez Berthold environ 3500 salariés d’une très haute compétence technologique. Autant dire que le process était tellement coûteux qu’un fabricant sérieux ne pouvait se permettre d’éditer un caractère fantaisie au risque de le voir utilisé que par une poignée de fous furieux de la typo. Pas rentable. Voire dangereux, économiquement et … socialement.
Le phototitrage était donc le refuge de la création typographique. Parce que les process de fabrication d’une fonte étaient divisés par 500. et que l’on pouvait sans grand risque passer d’un dessin d’alphabet à la production d’une fonte exploitable sur une phototitreuse. Lors les ateliers comme Hollenstein, Face photosetting, typoGabor en France ou Ronné Bonder, Photolettering Inc à New York pouvaient développer des programmes de création très riche et varié.

C’est avec le PostScript© d’Adobe et les courbes vectoriels de Pierre Bézier que la typographie a pu faire le saut dans le XXIe siècle. Cassant tous les process traditionnels, un auteur-dessinateur d’alphabet pouvait exécuter ses propres dessins sur l’écran de son Macintosh réduisant tous les intermédiaires classiques à zéro. Plus besoin de photogravure, de support pour les caractères qui deviennent juste des soft, plus besoin de technologies d’essais. Les prototypes d’un alphabet s’essaient directement sur la machine où ils sont dessinés. Etc. Le temps de production à l’époque de la photocompo, d’un caractère typo devait être d’environ quatre à six mois, mais cela demandait la collaboration d’une centaine d’intervenants directs ou indirects (je pense à l’usinage des plaquettes dont le Dr Böger avait été le grand spécialiste en suisse et qui avait fondé Scangraphic.

Le temps de production d’un alphabet postscript descendait à quelques semaines voire quelques heures (sans compter le dessin bien entendu) dans le cas de caractères de titrage fantaisies. Et une seule personne pour en assurer la production. Vous imaginez sans peine le nombre d’emplois qui ont été détruits dans les métiers de la typographie au début des années 90. On peut dire historiquement que la typographie a été le premier secteur industriel touché par le numérique.

Tout ce discours un peu pédago pour vous permettre de replacer la production de cette petite fonderie dans le paysage moderne qui a balayé des siècles de process gutenbergiens. Pour aussi me permettre de vous inviter à découvrir leurs fontes sans arrière pensée, parce que s’ils ne valent pas les grands classiques que vous utilisez quotidiennement, ils ont leur utilité pour le choix qu’ils vous donnent lors d’une mise en page de magazine ou de pages de marketing direct. Là où il faut toujours parler plus fort que fort et plus fort que le titre voisin. (je ne partage pas cette logique mais je constate qu’elle est incontournable chez les VPCistes ou les sites WEB de merchandising).

 

 

Voici quelques typos que j’ai glané sur leur site, je suis curieux de voir ce que vous en pensez?

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Culture typo et Fonderie indépendante | suite

Typeculture
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Type Culture® est une fonderie typo indépendante et une mine de ressources scolaires que dirige Mark Jamra.

Une vraie découverte au détour de plusieurs sites et blogs. Vous savez, vous cherchez un truc, un renseignement, cette fois, une video sur les machines Monotype et Linotype, et on clique et on reclique. Ma méthode est simple, les deux premières choses que je regarde en surfant, c’est la pertinence graphique et typographique d’un site, puis les liens. Ils sont très révélateurs du sérieux et de l’envie de partager les trésors cachés au fin fond du web. Avec à chaque fois un objectif tout de même, sinon vous y passez trois fois plus de temps. Et me voilà enfin sur le site de Mark Jamra, qui comme tout le monde le sait (smiley) est un concepteur-typo, et professeur associé à l’université d’Art dans le
Maine à Portland. Il a conçu des caractères pendant plus de 20 ans.
Il a imposé sa propre pratique en matière de conception pendant 15
ans et est également associé à la communication et conception
d’Alice, collectif de concepteurs en communication et spécialistes à
Portland. Ses créations de caractères comprennent: l’Alphatier, le
Grec de Brynmorgen, l’Expo Sans, la Quelle Bold (une police brand
pour la plus grande compagnie de VPC d’Europe), le Latienne, l’ITC
Jamille,
le Tacitus et le Kinesis.

Quant à Jamie Peloquin il (ou elle, je n’ai pas réussi à me convaincre que c’était un homme) est le concepteur et le directeur du website de TypeCulture®. Diplômé de l’université d’Art dans le Maine il a commencé sa carrière en travaillant comme indépendant pour différentes publications de presse à Portland. Concepteur senior chez Chermayeff et Geismar à New York City, il a été associé à des projets pour des clients tels que la ligue base-ball princ, le magazine Domus, l’alimentation (magasins en ligne) et l’école de journalisme de Colombie.

Jamie est actuellement le directeur de création et marketing d’Axone dans le Maine.

Je vous propose trois videos aujourd’hui. Je n’ai pû les télécharger ni les enregistrer sur mon disque. (si quelqu’un connaît l’astuce, je suis preneur). Aussi vous devrez cliquer sur les liens pour aller y voir.

La première Video c’est la machine Monotype mise au point dans les années 1900-1925 que j’ai déjà longuement évoqué dans mes articles sur Stanley Morison.

La deuxième video concerne une machine de la même époque, mais contrairement à celle de Monotype, la Lino (ou l’intertype, son équivalent) fondait les lettres une fois composées sur le clavier, en ligne bloc Line-of-Type.

Puis enfin une petite video sympa qui doit dater maintenant avec comme principal intervenant Erik Spiekerman, lui-même, qui nous fait un cours élémentaire sur l’omniprésence de la typo dans notre environnement de tous les jours. Et de l’importance du choix des caractères en rapport des nombreuses applications. Ces videos n’ont rien à voir avec ceux de Hilmann Curtis que l’on trouve sur le site de l’AIGA. Mais tout de même, il me semblait important de rappeler cette époque de la typographie qui participait à l’industrialisation et la mécanisation au même titre que les transports ou la fabrication des armes.

Monotypecasting

la video est là !

Linotypecasting

la video est là ! cette machine a servi pour composer Le Monde jusqu’à la fin des années 70, voire même au début des années 80.

Typomania

la video est là !  

D’autres videos sont présentés (la Ludlow par exemple, première machine de titrage mécanisée) avec comme pièce d’anthologie, et ce petit film en noir et blanc où l’on voit Frederic W. Goudy, dessiner, découper, graver quelques signes typographiques. Un trésor, vraiment ! 

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Albert Hollenstein | «Etapes» de l’œuvre d’un typographe suisse à Paris

J’ai rencontré au mois de février la Rédaction d’Étapes, qui m’a demandé de plancher sur un article consacré à Albert Hollenstein, sa vie, son œuvre.

C’était pour moi un très grand challenge. Parce que non seulement c’est un des hommes qui m’a le plus marqué, mais sans doute c’est un de ceux qui m’ont donné l’envie de créer ma propre entreprise de typographie. De ce fait et par voie de conséquence je me suis aussi retrouvé très souvent en concurrence avec son entreprise, sa production.

Hollenstein est décédé en 1974 dans des conditions tragiques à l’âge de 44 ans, laissant derrière lui une œuvre magistrale et une équipe de professionnels et d’amis orphelins de son sourire de gamin éternel. De son talent et de ses passions partagées.

C’est aussi l’occasion pour moi de rappeler que «ce qui va au papier doit venir du papier» (mot de Michel que j’affectionne particulièrement). Ainsi il était tout à fait indiqué de publier cette vie, cet œuvre dans les colonnes graphiques de la revue Étapes où vous pourrez découvrir ce mois-ci les innombrables travaux, des caractères inédits, une philosophie de la communication qu’Albert Hollenstein, Hol pour ses compagnons et amis, avait dispensé tout au long de sa courte carrière. (Article rédigé sous le #131 d’étapes.)
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W_hollenstein_03
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Affiche sérigraphique, format 50 x 60, papier mat 220g. Autopromotion et promotion du caractère OR d’André Chante. Le design à l’honneur dans une France qui découvre pour la première fois depuis la fin de la guerre les formes fonctionnelles et surtout arrondis du design bauhausien. Chante était épris de cynétisme, Yvaral, le fils de Vasarely suivait dans les pas de son père, de même que Soto exposé à la Galerie Denise René. Hollenstein a lancé avec cette affiche une des typos les plus marquantes de l’époque, réalisé avec une perfection inégalée et uniquement à l’aide de règles et de compas par un André Chante devenu suisse par vocation. et un court extrait :

PhotoTypo Hollenstein

Inventeur en son temps des lettres de lumière il avait fait construire une machine, véritable composteur de lumière qui lui permettait enfin de composer ses titres selon les approches idéales, c’est-à-dire rectifiées entre chaque lettre selon l’architecture même de la lettre. La machine était d’une conception assez simple. Dérivée d’un banc de repro (duction) et d’un composteur gigantesque, ce dernier était constitué d’un rail translucide éclairé par en dessous par un tube-néon où le typo alignait ses lettres-films pour composer des lignes-blocs. Un système d’aspiration maintenait les lettres plaquées contre le rail de plexiglas, de sorte qu’une fois composées, elles ne bougent plus jusqu’à l’opération de photographie sous le banc de repro. L’opération terminée elles étaient redistribuées dans des casses tout comme les lettres en plomb.

Rendez-vous donc cette fois-ci dans les kiosques ou boutiques spécialisées dans les arts graphiques (artazart par exemple pour ne pas les citer) pour continuer à lire mes passions pour les grands typographes qui ont marqué le vingtième siècle.

 

Et aussi sur l’article que j’ai fini par rédiger au mois de mai 2007 ici.

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FontBureau | une des premières fonderies indépendantes

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J’ai rencontré David Berlow, Mike Parker et Roger Black à San Francisco en 1989 et 1 an plus tard à Oxford pour un spécial ATYPI qui s’est tenu dans les salles victoriennes de la vielle Université. Ils étaient en train de fonder sans doute une des premières fonderies indépendantes. Souvenez-vous c’était l’année où le Postscript a été rendu public par John Warnock président d’Adobe. Et c’était aussi le moment idéal pour une poignée de fous furieux de la typographie de faire le pari de la micro-typographie. Les News Papers comme le New York Times ou Smart songeaient très sérieusement à basculer leur production éditoriale sur les Macintosh de l’époque (1000 fois plus lents que ceux d’aujourd’hui) et David & Roger se tenaient en embuscade pour fournir ces journaux et magazines en nouvelle typographie vectorielle. Seize ans ont passé, et leur catalogue s’est très largement étoffé. Ils sont principalement distribués par FontShop basé à Berlin mais certains de leurs caractères font désormais partie du patrimoine typographique mondiale si bien qu’on les retrouve dans des catalogues d’Agfa-Monotype ou d’Adobe. Voici un petit aperçu de leurs spécimens.

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Je me suis amusé à composer sur leur site la marque Design et Typo dans un caractère que j’apprécie particulièrement, le Bureau Empire (romain et italique). Voilà une typo qui permet d’emblée par son architecture de logotyper presque n’importe quelle marque. Ce que j’affectionne dans le catalogue de FontBureau, ce n’est certainement pas la perfection inodore et incolore de leurs dessins. Et ce serait plutôt même le contraire. Mais, c’est plutôt d’y retrouver cette vieille tradition américaine qui consiste, à partir de vieux dessins européens comme le Cheltenham ou le Caslon et de les revisiter avec un soupçon de fantaisie mélée à une tradition calligraphique américaine. Parce que c’est bien là une des qualités des étatsuniennes que de considérer toute typographie au travers d’une lecture manuaire des formes. Ce qui fait que vous trouvez aussi bien dans les sans sérifs que les sérifs une sensibilité faite de manualité (kraftwerk) tout autant que de rigueur architecturale. Regardez cette mécane, le Belizio ou bien le Cheltenham FB ou encore le Garamond FB (tiens je l’avais oublié celui-là dans mes études sur le Garamond), chaque fois il s’agit d’un dessin ancien, mais à la fois modernisé et adapté à une sensibilité américaine, celle des designers de presse soucieux d’économie d’espace et d’efficacité visuelle. Berlow et surtout Roger Black se sont fait une réputation de relooker des magazines avec un rare talent et sensibilité. Allez sur leur site, et vous y verrez leur références, ce n’est pas rien. Mais ce qui fait l’unité de leur travail, c’est la recherche constante d’un confort de lecture. A mon avis, ce ne sont pas seulement des typographes et d’excellents metteurs en page. Ils doivent certainement passer leur temps à lire les journaux.

Publié dans Typo fonderies | Commentaires fermés sur FontBureau | une des premières fonderies indépendantes

L’histoire du Times New Roman | l’œuvre de Stanley Morison (4)

la présente note fait suite au billet numéro 3 ici

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CONSEILLER DE MONOTYPE Corp. Ltd
L’ambiance était propice à une véritable renaissance de la typographie. La gravure du Caslon a démontré l’excellence et la compétence technique de leurs promoteurs et celui du Garamond a rencontré finalement un public conquis. Morison collaborait avec la compagnie au travers du Monotype Recorder qui voyait en lui l’avènement d’un grand historien de la chose imprimée. Il était temps de passer à l’action. Morison commença des pourparlers avec Duncan (président de la Monotype) en 1922 lorsqu’il retourna à Londres pour établir une succursale de la Cloister Press à St Stephen House près de Westminster. Il présenta alors un programme de design typographique, qui revisitait systématiquement et avec beaucoup de rationalité les besoins de l’édition en typographie contemporaine.

Cela supposait tout de même des investissements financiers sans précédents sur ces machines mécanisées. On n’avait jamais osé programmer un plan de dépenses créative depuis la naissance des Monotype. Le mot de Burch qui avertissait ces compagnons qu’il était prêt à ruiner la compagnie pour faire vivre le projet Garamond n’était pas si loin de la réalité. Mais Duncan était un fin connaisseur de la typographie et se doublait d’un caractère très astucieux. Il accepta le programme de Morison et le préempta pour devenir conseiller appointé de la compagnie. Morison se plaisait à dire que ce n’est pas la compagnie qui l’avait embauché mais lui qui avait imposé à celle-ci son programme, toujours est-il qu’il put disposer dès lors d’un bureau permanent à la Monotype.

Malheureusement Duncan était déjà malade et dut transférer progressivement toutes les responsabilités qui lui incombaient sur les épaules de son fondé de pouvoir William Burch qui allait ainsi prendre sa succession et tous les soucis dont il se moquait lui-même en songeant au gouffre engendré par le Garamond et l’ensemble du plan de Morison. On ne réalisa que longtemps après les risques inconsidérés que Monotype avait prise en adoptant ce programme. Mais Burch séduit et convaicu de son bien fondé maintient Morison dans ces nouvelles responsabilités en l’installant près de lui dans un bureau situé au siège de la compagnie à Fetter Lane.

Il faut admettre cependant que ce Garamond n’était pas vraiment le choix de Morison. Il lui aurait préféré une fonte plus récente parmi ceux de Guillaume Le Bé, mais il fallait tout de même démarrer le projet de cette gravure. Cette typo attribué à Garamond fut copiée sur une édition contemporaine de l’Imprimerie Nationale. Mais c’est seulement quand Morison, devenu coéditeur du Fleuron, et qu’il put s’assurer de la collaboration de Paul Beaujon que les éléments d’information concrètes purent être réunis. L’article de Paul Beaujon dans le Fleuron de 1926 démontre à l’évidence que l’assimilation au Garamond de tous les caractères que l’on dénommait «caractères de l’Université» ne pouvait être accrédité. Ce devaient être d’excellentes copies d’une authentique fonte gravée par Jean Jannon.

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couverture de spécimen de typo pour la Cloister Press

La conception d’une italique s’harmonisant avec le romain, excercice incontournable depuis les pratiques typographiques du 16e siècle, était extrêmement périlleuse. Pendant qu’il négociait les droits d’attribution du Garamond, Morison cherchait à lui associer une italique et celui qui, officiellement lui était attribué par l’Imprimerie Nationale ne lui convenait pas du tout. Il la considérait comme très inégale et mal adaptée au romain et lui préféra une italique plus ancienne pris sur le modèle de celui que Robert Grandjon gravait en 1530. Un caractère aux ligatures remarquables et si l’on considérait le point de vue du fabricant de polices mécanisée, jamais une telle police aux qualités si parfaite n’avait été gravée jusqu’alors.

Pendant qu’il prenait possession de ses nouvelles attributions à la Monotype, Stanley, reprenait contact avec les gens de la St Bride Insitute Technical Library. Vous vous souvenez c’est celui qu’il fréquentait au moment de son installation près de Manchester à la Cloister Press. Cette Library était une mine d’or parce que réunissant un grand nombre de spécimens de vieux caractères qui n’avaient pas toujours été publiés. Il nouait dans le même temps des relations privilégiés avec les deux principaux auteurs de ces ouvrages sécialisés, des historiens émérites de la typographie, Talbot Baines Reed et William Blades à qui Morison devait beaucoup. Un autre ancien bibliothécaire W. Turner Berry, se souvenait de lui pour avoir emprunté des spécimens par «camions entier». Et il se mit au travail d’un décryptage systématique de tous ces trésors pendant que la compagnie mettait en œuvre les outils et les hommes qui allaient créer et exécuter son plan de bataille.

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couverture de spécimen typo pour la Cloister Press

Stanley Morison n’a pas eu que des amis à la Monotype Corp. Et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il a eu ses détracteurs comme n’importe quel visionnaire avec en tête les ingénieurs de la compagnie, qui considéraient son intervention comme interférant avec leur propre mission. De même que cette cabale d’imprimeurs qui estimaient qu’il y avait déjà suffisamment de caractères au catalogue de la compagnie. Qu’il n’était pas besoin d’en rajouter, que c’était là un luxe très cher payé de même que d’appointer un conseiller typographique permanent.

Mais il en fut autrement à la St Bride Institute. Là, lorsque Stanley exprimait ses options, son sentiment sur les tendances commerciales dans l’imprimerie en marche d’un vingtième siècle révolutionnaire, il était écouté au point que Turner Berry un des dirigeants de la St Bride, le voyait bien prendre la tête de cet organisme. Il y eut une campagne de lobbying, pour faire élire Morison au conseil d’administration. Mais là encore les réticences l’ont emportées. J.R. Ridell en tête qui mit longtemps à se convaincre du talent de Morison le catholique. Et il l’empêcha systématiquement d’accéder à ce conseil, alors même que le Gill Sans d’Eric Gill sortait des usines de Monotype et allait connaître le succès que l’on sait.

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specimen typo pour la Cloister Press | illustration typo et décoration

De fait la vraie difficulté pour Morison ça a été de convaincre les opposants traditionnels tenants d’une imprimerie d’ouvriers du livre aux mains d’un savoir faire vieux de 450 ans. Il arrivait avec des idées neuves, artistiques, commerciales, marketing et bousculait des idées reçues, et la prédominance ouvrière dans ce métier des plus hermétiquement fermés. Il lui faudra patienter plus de 10 ans avant de voir ses idées triompher des scepticismes et des inerties corporatistes.

TEA-SHOPS ET ASSOCIATIONS
En 1921, Stanley Morison et Oliver Simon de la Curwen Press fréquentaient un petit groupe de réflexion qui discutait de publicité et de qualité d’impression. Simon voulait rencontrer Morison en privé et l’invita au Salon de Thé du Lyons Club pour débattre de ces questions finalement assez contreversées à l’époque. Ils ne se revirent que longtemps après cette tasse de thé. Pour la raison que Morison était terriblement débordé par la préparation d’un Supplément pour la Manchester Guardian. Cette édition, produite à la Cloister Press, selon les dires de Simon était en train d’accélerer toute les questions relatives à la nouvelle typographie. Car au fond de quoi s’agissait-il ? Ni plus ni moins que d’une bataille d’anciens contre les modernes. Une sorte d’Hernani de la typographie. Pour enjeu majeure l’intérêt final du consommateur-lecteur.

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couverture pour la Monotype Recorder (1926)

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couverture pour la Monotype Recorder (1927)

Si l’on replace cette affaire dans la perspective de l’industrialisation en ce début de siècle les forces en présence poursuivaient des intérêts contraires. D’un côté, les private presses, litéralement les imprimeries privées, mais de fait il s’agit surtout de ce qu’on peut appeler des imprimeries, propriétés d’éditeurs qui témoignaient d’un conservatisme atavique. Composition manuelle, caractères maniérées, beaux livres, beau papier. De l’autre, les imprimeries à façon qui commençaient à se multiplier. Entraînés en cela par les besoins croissants de la publicité et de l’édition commerciale. Une économie de marché dont l’imprimé était à l’époque le seul média de communication.
Et puis il y avait un arbitre, une sorte de Monsieur Loyale au milieu de ce jeu de quilles. C’était la presse, les journaux. Pour qui la productivité relevait d’une question de survie. Autant dire que la composition manuelle était à terme condamnée mais les combats d’arrière-garde étaient meurtriers.

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couverture pour la Monotype Recorder (1922)

Mois de juillet 1922, Simon et Morison tentent de former une association avec quelques éditeurs et imprimeurs pour promouvoir la composition mécanique appliquée à l’édition. Les membres cooptés : Francis Meynell, Holbrook Jackson, Bernard Newdigate. L’idée germe, d’une édition annuelle pour promouvoir la qualité des nouvelles technologies. On prend date et l’association s’appellera la «Fleuron Society». Mais c’était sans compter un loup dans la bergerie. Deux réunions des plus orageuses qui révélèrent l’attachement de Newdigate à la composition manuelle et l’association dut être dissoute. Toutes ces discussions se tenaient, et il est important de le signaler, bien avant que le programme de Morison ne soit mis en œuvre par la Monotype.
Qu’à cela ne tienne, Simon et Stanley se retrouvent de nouveau au salon de thé du Lyons pour envisager très sérieusement de lancer un périodique de promotion de la typographie. Et c’est en automne 1922, alors que la Cloister Press connaissait des difficultés financières qui allaient priver Morison d’une part importante de revenus réguliers, que les deux compères décident de lancer le «Fleuron». Leur optimisme leur faisait espérer que les revenus issus de la diffusion du Fleuron allait permettre de compenser cette perte. Optimisme sans fondement sérieux. Toutefois le positionnement géographique du Fleuron dans les locaux de la Curwen Press, où Simon et Morison allaient se partager jusqu’en 1924 un bureau allait jouer un rôle majeur dans l’avenir de Morison.

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Monotype Recorder (page intérieure) (1922)

Pas facile de faire le tour de cet homme. Morison était très secret. Profitant de la défection du Cloister, il entama plusieurs voyages dont ceux en Allemagne, à Berlin où il continua de mener ses recherches sur l’histoire de l’imprimerie, de la typographie. Il n’a pas été toujours facile de retracer avec exactitude la chronologie des déplacements et rencontres de cet homme qui entretenait des réseaux d’amitiés professionnelles très cloisonnés. Personne ne savait à dire vrai qui composait le réseau voisin. Lorsque son mariage vient à rompre (il n’eut pas d’enfants), Morison se tourna résolument vers ses activités professionnelles, comme presque libéré d’obligations qui lui pesaient. Avec Simon il forma jusqu’en 1924 une sorte d’université privée de recherches typographiques. Certains ont affirmé que ces réunions au Salon de Thé du Lyons étaient un signe de son puritanisme catholique. D’autres ne l’ont évoqué que un signe de snobisme bien british, plus prosaïquement on pourraît aussi avancer l’explication sociologique d’un homme issu d’un milieu modeste qui voit en ce métier l’occasion d’accéder à un rôle influent. Les métiers du Livre (et avec les débuts de l’ère industriel plus que jamais) ont toujours été de tous les combats pour et contre le progrès. C’est donc un lieu d’opinions dont le Fleuron qui va déménager à Great Russel Street se fera un écho majeur.

Vers 1924 Morison s’associera à la fondation du Double Crown Club, qui réunit au cours de dîners-débats les amateurs d’Arts et du Livre. Le dîner inaugural eut lieu au restaurent Florence et durant plus de 40 ans il se réunira régulièrement. Morison y a donné parmi ses plus belles conférences. Arc bouté sur son micro, chaque muscle de son visage signifiait intelligence et passion. Ses lectures-conférences, d’une exacte concision, faisaient le délice des groupes de travail qui se réunissaient pour discuter âprement des évolutions technologiques, typographiques, de la promotion de la qualité comme moteur du développement économique dans des métiers qui subissaient de plein front toutes les révolutions techniques de ce siècle.

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feuille de spécimen pour l’italique d’Antonio Blado

(suite à venir)

L’ensemble des notes consacrées à Stanley Morison est regroupé sous ce lien

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Publié dans Stanley Morison | Commentaires fermés sur L’histoire du Times New Roman | l’œuvre de Stanley Morison (4)

L’histoire du Times New Roman | l’œuvre de Stanley Morison (3)

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ceci est la suite de l’article ici

L’IMPRIMERIE DU «PELICAN»
La guerre bat son plein alors que Morison quitte la prison en 1917. L’année précédente pour d’obscures différences d’opinions politiques avec son père, Francis Meynell à l’invitation de George Lansbury quitte la firme paternelle pour rejoindre le Herald. Encouragé par quelque vieilles filles un peu mystiques, il créa un département d’impression au sein du Herald qu’on appellera «the Pelican Press», avec un objectif : imprimer tous les gospels émanant du Krishnamurti que Madame Annie Besant prenait pour le nouveau Messie. Mais il n’y eut pas de gospel. Dommage sans doute, mais pas pour Francis Meynell qui se lança dans l’édition-impression de tout ce qui l’intéressait depuis longtemps. Il marqua ainsi de son sceau non seulement des ouvrages sur la typographie en général mais aussi sur un thème qui lui tenait à cœur, la typographie publicitaire.

Lorsque Meynell prit des responsabilités plus importantes au Herald, il demanda naturellement à Morison de le remplacer à la tête du Pelican Press. Ce dernier avait alors 30 ans, marié, avec responsabilités familiales. Il habitait un cottage à Hollyburry Lane, Hampstead au milieu d’une petite communauté catholique et par commodité proche de l’église St Mary. C’était la première fois qu’il avait à exercer une quelconque autorité, et il prit cela très au sérieux. Il ranima son réseau de connaissances chez Oates & Burns qui ne l’avait jamais oublié, le mentionnant dans le colophon d’un de leurs ouvrages, le «Living Temples» par Bede Jarett.

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carte de vœux 1920 imprimé par Pelican Press

Le Pelican Press était une imprimerie assez extraordinaire. Mais c’était aussi une filiale de la Victoria House Printing Company, imprimeurs du Herald, et leur style était amplement influencé par la vielle garde travailliste. Pour Morison ces deux années passées là furent précieuses. Il apprit tout de l’impression à la composition, des composeuses mécanisés de Monotype à la rédaction de «papiers» pour le journal ; la maquette, le graphisme. Et durant tout ce temps il continuait d’étudier et d’écrire sur l’histoire de la typographie, dont il faisait un usage des plus pragmatiques. Dès qu’il découvrait quelque aspects intéressants, il en publiait des essais comme par exemple celui de «Note on Roccoco Printing» ou «Now and Then» qu’il imprimait pour un journal d’entreprise de Jonathan Cape. Ces efforts se mulipliaient et il en vint à disserter sur l’époque baroque en publiant un «roccoco and neo-roccoco fleurons» pour la Festschrift qui le publiait en l’honneur du cinquantième anniversaire de E.R. Weiss.

Si nous considérons la production de Morison, concernant la connaissance et l’enseignement de la typographie, cette période du Pelican Press fut très prolifique. Il y publia un «The Craft of Printing» (le métier d’imprimeur) et surtout les «Notes on the History of Type Forms». Quand on lui posait la question, Morison était assez sévère avec ces premiers écrits. «Ce papier c’est du pré-Updike (la pire injure) et n’a d’autre valeur qu’esthétique». Il n’avait de cesse cependant d’éclairer ses lecteurs sur la nature des outils typographiques et d’écrire des essais comme celui où il met en lumière l’intime relation entre les Caslon, Didot (de Jensen) et l’Aldus. De même que les influences de la calligraphie sur la typographie. En tous les cas ces plaquettes se lisent encore aujourd’hui très agréablement et sont loin d’être ce qui s’est fait de pire au firmament du Pelican Press.

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ceci est une enveloppe du Pelican Press contenant une feuille de specimen de composition. L’adresse y est calligraphié de la main de Stanley Morison.

Les spécimens de composition qu’il faisait imprimer en rouge et noir étaient de véritables «tours de force» du métier où il montrait des collections de vignettes décoratives, des fleurons, et les collections de caractères du Pelican qui finirent par attirer l’attention de l’éditeur Franck Sidgwick, un client fidèle de l’imprimerie. Celui-ci admirait de plus en plus le travail remarquable de Stanley. Sidgwick c’est celui qui en publiant le troisième numéro du «The Fleurons» avait déjà cité Morison comme l’expert de la question décorative en typographie, et bien que celui-ci ne souhaitait pas être catalogué comme imprimeur, Franck songeait déjà à le recruter comme tel.

LE CLOISTER PRESS
Alors que Morison œuvrait au Pelican, un publicitaire de Manchester, Charles W. Hobson cherchait à s’adjoindre une imprimerie à ses activités d’agence. Un atelier qui respecterait qualité et élégance d’une production destiné aux éditeurs et à la réclame. Morison et Hobson s’étaient déjà rencontrés en 1917. Ils étaient tombés d’accord sur l’idée que la plupart des gens ne savaient pas correctement composer la typographie (donc les lettres-plomb à l’époque).

Vers 1920 Hobson franchissait le premier pas en créant la Cloister Press Ltd qu’il finit après maintes recherches par installer à quelques encablures au sud de Manchester. C’est là qu’il construisit l’usine pour lequel il fit appel à un expert Walter Lewis, ex manager de la Ballantyne Press et du Complete Press. Celui-ci rappela ses troupes qu’il avait précédemment fait engager chez Ballantyne afin disait-il de créer l’atelier où l’on produirait du bon travail à l’ancienne (il y a toujours plus ancien à chaque époque de l’histoire). Mais Hobson avait une autre idée en tête. Morison. Lorsqu’en 1921 il était client du Pelican, il ne songeait plus qu’au talent de notre typographe. Il le voulait pour diriger l’atelier de composition de Cloister Press, afin d’y veiller chaque jour aux menus détails qui feraient qu’une page composée devenait un régal pour les yeux, exemplaire comme un manuel des bonnes manières. Mais Morison y allait à reculons. Pas enthousiaste du tout. La prairie fleurie de marguerites près de Manchester ne lui disait rien du tout, lui qui aimait à dire à Eric Gill, que ce qu’il préférait le plus au monde… étaient les pavés de Londres. Il n’aimait pas du tout l’idée d’aller vivre dans le nord, loin de la capitale couronnée. Cependant il y a toujours des bénéfices, à toute situation. Et en acceptant l’offre il songeait déjà à étudier les manuscrits et vieux livres qui se trouvaient à la John Rylands Library. Ce n’était pas pour lui déplaire. Et la vie s’écoulait tranquille, pendant qu’il se languissait de Londres. Ce fut une période propice à plusieurs voyages. Hobson l’emmena jouer les découvreurs de papiers et de polices à travers l’Europe, et voilà encore un aspect de la culture de Morison qui vient s’enrichir au contact d’un moulin à papier qui produisait la plus belle pâte qui soit, en Italie, à Fabriano, dans la fabrique de Pietro Miliani. Là ils découvrirent ensemble le plus élégant et le plus beau de tous les papiers qu’ils connaissaient. Une référence qu’il conservera toute sa vie comme une véritable religion.

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une page du Distinguished Result in Printing, 1921

Cependant qu’à Heaton Mersay, à l’usine du Cloister Press, il réalisait les couvertures de type-catalogues et specimens pour une clientèle, à la fois éditeurs old fashion mais aussi publicitaire, un jour il décida de consacrer une plaquette au caractère Garamond gravé en 1917 par l’American Type Fondery (ATF). Il fit importer 3 corps de cette typo (rappel de l’époque plomb : 1 police = 1 kilogramme de caractère plomb dans un corps donné)… que l’on disait être une assez bonne copie de l’original que personne ne connaissait à l’époque (en Angleterre). Au premier trimestre de 1921 un joli quatre pages fut imprimé avec cette typo et en le voyant Sidgwick, toujours patron des Cloister Press, fut tellement enchanté qu’il décida de faire composer un livre entier en Garamond. Le succès fut au rendez-vous. Et nombre d’imprimeurs-compositeurs voulurent ajouter le Garamond à leur catalogue. Personne ne connaissait les véritables originaux de ce caractère, mais qu’importe. Il plaisait. Et, et c’est ainsi que la chose parvint jusqu’aux yeux fatigués du vieux Humphries, Eric Humphries du Percy Lund, Humphries & Co. Ce dernier qui faisait parti d’un petit clan qui comprenant Harold Curwen, Oliver Simon et… lui-même, en parla à William Burch qui se trouvait être le secrétaire général de la Monotype Corp.
Quelques jours après ils furent appelés à se rencontrer au siège de la compagnie. Burch déclara, enthousiaste, presque les larmes aux yeux : «quitte à ruiner Monotype, je vais faire graver ce Garamond».

La Compagnie Monotype (fabriquant des machines à composer mécanisées) avait pris l’habitude devenue assez courante par la suite chez tous fondeurs et compositeurs de la planète, d’éditer à l’attention de ses clients une sorte de Newsletter, le «Monotype Recorder» sous la forme d’une plaquette de prestige pour promouvoir les métiers de l’industrie typographique et graphique. Elle en confiait la réalisation à chaque édition à l’un de leurs clients les plus presitigieux. Le choix de la compagnie tomba naturellement, et pour des raisons stratégiques sur la Cloister Press. Ce fut la première collaboration Morison avec la Monotype. La mise en forme comme la rédaction lui furent confiées. Intitulé The Old Face, la plaquette, entièrement composé en Caslon était toute entière dédiée à vanter les qualités de ce caractère dont la gravure avait commencé en 1916 à la demande d’un des plus gros clients de la compagnie William Maxwell d’Edimbourd (à la tête de la firme R. & R. Clark) gravure que les efforts consacrés à la guerre avait considérablement ralenti. Mais en 1922 le travail était terminé, prêt à la commercialisation et le succès immédiat qu’il rencontra mit un terme au vieux débat du caractère-plomb-manuel versus caractère-plomb-composé mécaniquement. La qualité était au rendez-vous. Et Stanley Morison y mentionnait Claude Garamond en annonçant la grande nouvelle d’une gravure en cours de réalisation à la Monotype… «et qu’aucun effort ne sera économisé pour produire un modèle d’une qualité irréprochable de ce caractère.»  (suite à venir)

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L’histoire du Times New Roman | l’œuvre de Stanley Morison (suite)

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la suite est en préparation

En voici les principaux titres :

L’imprimerie du Pelican

L’imprimerie de Cloister

Conseiller de Monotype

Les réunions au Tea-Shops

Le «Fleuron» et «Penrose»

Le «Baskerville type»

Le Poliphilus et le Blado

Première visite en Amérique

L’imprimerie du Cambridge University

Pierre Simon Fournier et le Barbou

Comme éditeur du «Fleuron»

Période Long Island

L’imprimerie du «Fanfare»

Eric Gill et le Perpetua

Le Gill Sans

Quelques réalisations graphiques contemporaines

Le Bembo et ses italiques

Les couvertures du Gollancz

Enfin au Times

Le Times New Roman

Historien et journaliste

Le caractère Bell

Concepteur de Journaux

La rencontre avec Jan van Krimpen

Les caractères de titrage

Le caractère Ehrhardt

1940 | l’exposition Gutenberg et la Guerre

Les programmes d’après-guerre

Les visites à l’étranger

Quelques publications des années 50

Sa rencontre avec Lord Beaverbrook

L’hommage qu’il rendit à John Fell

L’édition spécial du «Printing and the mind of Man»

Morison, le typographe

Morison, l’homme

Tout ceci pour vous dire que vous n’avez pas fini de souffrir cette série d’articles consacré à un homme exceptionnel dont l’œuvre se confond avec toute l’aventure moderne de la création typographique. Avec et après Stanley Morison le monde typographique a pu évoluer, se moderniser, aborder avec plus de liberté dans le respect des qualités fondamentales des formes et de la lisibilité un art qui est aujourd’hui plus que jamais vivant et prospère.

 

 

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