designing with type | James Craig corrige ma copie

Peu de temps après la publication de l’article que j’ai consacré à l’ouvrage de Jim, celui-ci m’envoya un e-mail pour apporter un éclairage qui permettra de corriger la perception que j’ai eu de son magnifique travail.

guill-ouvrant.gif Je voudrais toutefois vous faire part d’un événement qui m’a forcé à prolonger le mois de relâche que je m’étais donné sur ce blog. Un accident de moto, trois côtes cassées et quelques contusions et déchirures musculaires m’ont littéralement «calmé» un mois de plus. Durant ce temps j’ai pu travailler, monter avec des amis une association (je vous en parle dans un prochain billet) mais pas plus. Pas de sorties, pas de blog, le moins possible d’informatique. Vous ne pouvez pas imaginer (sauf ceux qui en ont fait l’expérience), comme c’est difficile de respirer, tousser, rire et surtout dormir quand on a la cage thoracique un peu endommagé. guill-fermant.gifBref me voici doucement de retour et ne me dites surtout pas que je ne doive plus faire de moto ;-]. Faire simplement et toujours plus attention. C’est tout, c’est tout.

James Craig m’a donc envoyé un mail assez circonstancié, et pour être bien certain d’avoir compris l’ensemble de ses remarques j’ai pris un rendez-vous téléphonique et nous avons pu échanger et confronter nos points de vues. Pour l’essentiel, je dois le reconnaître, mon erreur de jugement venait de ce que je croyais que Designing With Type était destiné à des étudiants en arts graphiques 3e ou 4e années voire, dernières années d’études. Il n’en est rien. James voulait depuis longtemps commettre un livre qui s’adresserait à de jeunes étudiants à peine sortis du lycée (High School). Ils ne connaissent rien à la typographie, aux termes, à la grammaire élémentaire d’un métier aux pièges innombrables.

Et James avec la plus grande humilité s’est engagé dans une voie pédagogique des plus essentielle. Ouvrir le regard de jeunes bacheliers, oui, et on pourraît même imaginer que cela commence plus tôt, en seconde bien avant la terminale. L’apprentissage de la typo, de la mise en page, des rythmes de blancs, des espaces tournants, des codes d’élégance qui sont autant de fondamentaux, que chaque étudiant en arts appliqués devrait connaître avant de passer aux animations, aux expérimentations web et multi-media.

Mais voilà, ce n’est pas le cas, et il y a bien souvent téléscopage entre les programmes d’études et les désirs tendenciels des élèves. Je l’ai moi-même déjà vérifié. Et du coup le livre de J.Craig devient limpide. Pourquoi ai-je voulu comparer ce livre à celui de Karen Cheng. La fatigue, peut-être, l’impression que nous en étions au nième bouquin sur le sujet. De fait suis très heureux de pouvoir faire ce rectificatif de taille. Oui si cet ouvrage s’adresse à cette catégorie de jeunes émules des high school, alors il est remarquablement bienvenu. Et partout dans le monde. Parce que l’amélioration du design typo dans le monde entier est un besoin actuel et universel.

Designing With Type est un cours élémentaire de base, et du coup l’utilisation simplifié des polices de caractères, des exemples de composition, de l’anatomie de la lettre prennent tout leur sens. On ne parle pas aux spécialistes, experts en typo, en FontLab ou Fontographer. On ne cherche pas à séduire des professionnels avec des expérimentations décalées d’un Expérimental Jetset, bien que J. Craig aborde ces questions sur son website. Designing With Type trouve un prolongement des plus heureux ici sur les différentes galleries des meilleurs designers du monde entier.

craig-gallery-appeloig.jpgici une affiche de Philippe Appeloig…

Et voici quelques uns des artistes que James présente <on-line>:

Philippe Apeloig (5)
Michael Bierut (2)
Jean-Benoit Levy (5)
Chip Kidd (5)
Willi Kunz (5)
Rudi Meyer (5)
Paula Sher (1)
Nancy Skolos/Thomas Wedell (5)
Henry Steiner (5)
Wolfgang Weingart (5)

Et au fur et à mesure que l’on découvre le site on s’aperçoit qu’en fait James a mis quasiment son livre en ligne. Livre vendu, contenu gratuit sur le web. N’est-ce pas là la meilleure preuve que les «vieux» profs sont pas forcément les plus ringards. Regardons ce que l’on trouve à l’adresse du site.

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Tous les items traités dans l’ouvrage sont là et Monsieur Craig fait le pari auquel je souscris à 100 pourcent que les élèves et débutants potentiels préféreront acheter le livre-papier pour l’avoir entre les mains, à côté de l’ordi. Mais aussi quelle meilleure publicité que de montrer très exactement sur l’écran ce que l’on va trouver dans le livre gutenbergien (refondu tout de même et heureusement pour l’interface écran).

Designing With Type (cinq années d’existence déjà) est le résultat d’un parcours d’enseignant durant vingt sept automne-hiver-printemps. «Comment veux-tu que je me souvienne de tous les noms d’étudiants» me dit James en éclatant de rire, allusion à ma remarque sur les <unkwnown origin> de certains travaux d’élèves…

Merci James de m’avoir essuyé les yeux, et de nous faire partager ta passion d’un métier qui ne s’est jamais démenti.

Et pour rendre un hommage encore plus fort à ce pédagogue hors normes, je vais avec son aimable autorisation publier prochainement les pages d’un de ses meilleurs ouvrages concernant la chaîne graphique du Print [Production for the Graphic Designer] avant l’arrivée du tout numérique. L’occasion de jeter également un pont transversal et vertical sur ces métiers qui ont connu bien plus de bouleversements qu’aucun autre métier au monde.

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James Craig | Designing with Type | Un ouvrage de référence

Voici quelques temps j’ai échangé avec James Craig sur son blog-site. Et il m’a proposé de m’envoyer son livre pour que j’en publie des extraits commentés.

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Il est rare de voir un homme poursuivre avec autant de constance et d’acharnement (thérapeutique) une œuvre pédagogique. Commencée dans les années 70′ elle se poursuit aujourd’hui encore avec ce récent ouvrage que James vient de publier (chez Watson-Guptill Publications à New-York sous le numéro ISBN. 0-8230-1413-4). La première fois que j’ai découvert un de ses livres, c’était en 1976, lorsque j’ai commencé à enseigner à l’ESAG. Production for the Graphic Design. C’était un des rares bouquins en anglais tout de même à l’époque, qui survolait avec la plus grande intelligence l’ensemble de la chaîne graphique. O que je déteste cette expression… la chaîne graphique. On pense tout de suite à Chaplin dans les temps modernes. Les américains, plus pragmatiques l’ont tout de suite nommé la production graphique par opposition au design, à la création artistique. Attention au contre-sens courremment utilisé… un Art-Work en anglais veut dire un doc. d’exé. James ce n’est pas n’importe qui… non que d’être né à Montréal fasse de lui un original, mais il étudia aussi à Paris aux Beaux-Arts puis prit la direction graphique des éditions Watson-Guptill. Il enseigne également depuis 1979 à la Cooper Union, l’école où nous avons rencontré dans les notes précédentes, Herbert Lubalin et Lou Dorfsmann.

L’ouvrage «Designing with Type» a été coécrit par Irene Korol Scala et William Bevington. Il est soustitré : The Essential Guide to Typography. Numéroté du chiffre cinq, il semble qu’il soit la suite ou la réédition partielle du précédent que James a commis, le Designing with Type N°4.

Bien que je considère toute publication concernant la typographie comme étant utile et nécessaire à la culturation du plus grand nombre d’entre nous, il semblerait que celle-ci souffre d’une certaine superficialité. Fait-il semblant d’ignorer tout ce qui a été publié déjà autour du sujet, ou bien considère-t-il que ses livres font partie d’un tout homogène, une sorte de collection pédagogique, en tous cas, James à l’instar des Lagarde et Michard pour l’enseignement de la littérature, fait des impasses et s’amuse à survoler son sujet en nous donnant l’impression presque désagréable qu’il commence à s’ennuyer. Pardon James, mais ce n’est pas ton livre le plus parfait d’entre toute ta production.

Il n’empêche qu’il traite assez correctement de la scénographie de la page. Le problème ici me semble critique. Quand je dis qu’il traite assez correctement, je veux dire que si l’on exclut toutes les révolutions graphiques que nous avons connues depuis 1968, et partout dans le monde, alors effectivement l’enseignement que distille J.Craig me semble tout à fait acceptable. Le problème c’est que nous sommes entré dans l’ère de toutes les expérimentations, du revival typographique, des superpositions en profondeur dans les pages comme sur nos écrans télé. La typographie comme signe tangible, est passée de l’état de signifiant à celui de signifié, jusqu’à devenir image à part entière. C’est bien la leçon de choses que nous ont laissé quelques grands créateurs du XXe.

Et en lisant la publication de J.Craig j’ai eu comme un sentiment de frustration tant les référents à la modernité manquent cruellement. Comme aussi pas mal de crédits… UNKNOWN, UNKNOWN etc. La mise en page même du livre, l’utilisation abusive de composition d’alphabets que tout le monde connaît, le format du livre 21,5 x 28 cm, donnent une impression de déjà vu et d’un peu étriqué.

J’avais fait quelques repproches à l’ouvrage de Karen Cheng, mais du coup, et dans un registre tout à fait différent son livre prend une dimension tout autre.

Du coup la question que je me pose, n’est-on pas arrivé au terme d’un enseignement par trop classique à l’heure où les jeunes générations qui se frottent à la 3D, à l’animation, à la typographie HTML, ou Flash sont en demande d’un enseignement plus expérimental. La typographie en 2006 a besoin de s’exprimer dans des laboratoires de recherches formelles pour avoir une chance d’évoluer vers une vraie modernité. Certes rappeler sans cesse les fondamentaux, est indispensable, mais si l’on veut donner l’envie, communiquer le désir aux jeunes de se frotter à la typographie, il me semble utile de les «impressionner» avec des recherches et des travaux plus contemporains.

Je voudrais tout de même finir sur une note optimiste. Suis persuadé que J.Craig n’a pas fini son œuvre et que s’il est arrivé là au bout d’un bout pédagogique, il nous surprendra sans doute dans les prochaines années par son inventivité et son goût réel pour la recherche. Prenons donc date et si vous êtes vraiment un débutant dans les arts graphiques tout ce que j’ai dit ci-dessus ne vaut pas pour vous. C’est un excellent ouvrage d’initiation à la chose typographique.

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Les précédents ouvrages de James Craig.

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Le dernier en date: «Designing with Type» qui vient de sortir en 2006.

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23 octobre 1956 | 19h50 | Paul Gabor quittait Budapest

Adambiroediteur

Le soir du 23 octobre 1956, Gábor Pál (Paul Gabor en hongrois), quittait Budapest avec l’Alberg Express, un wagon de jouets hongrois accroché en queue du train. Chargé de scénographier le stand hongrois des jouets au Salon de l’Enfance à Paris, Grand Palais.

Ne vais pas vous raconter de nouveau ces événements, parce que vous les trouverez ici dans cette série d’articles consacrés à son œuvre et sa vie. Et puis je ne vais pas non plus jouer les historiens, parce que j’en ai pas la compétence, ni le recul suffisant ayant moi-même vécu la chose dans ma petite enfance avec toutes les déformations et la subjectivité propres à cet âge. Juste de vous inviter à lire quelques articles du Monde d’aujourd’hui qui renvoient à une video et un portfolio de photographies éditées par Adam Biró (et ici) La Révolution | Photographies d’Erich Lessing | Textes d’Erich Lessing, François Fejtö, György Konrád et Nicolas Bauquet | 30×30 cm, 252 pages, 184 photographies en bichromie, 49 €.

Le 23 octobre 1956, le peuple de Budapest s’est révolté contre la domination soviétique qui durait depuis la Seconde Guerre mondiale. D’abord triomphante – l’armée russe s’est retirée de la ville fin octobre, la Révolution fut écrasée dans le sang par les chars soviétiques, revenus le 4 novembre. Cet ouvrage, unique en son genre, paraît pour le cinquantième anniversaire de la Révolution hongroise. Unique, car nous avons la chance de pouvoir reproduire une grande partie des photos que le célèbre photographe autrichien Erich Lessing a prises de juillet 1956 à janvier 1957, à Budapest et dans le reste de la Hongrie. Les photos sont clairement et abondamment légendées. Les événements politiques et historiques sont commentés par Erich Lessing lui-même, par le grand romancier hongrois György Konrád, et par le journaliste et politologue François Fejtö, spécialiste des ex-démocraties populaires. Les répercussions des événements de Hongrie sur le monde occidental sont analysées par l’historien Nicolas Bauquet.

Deux articles dans le Monde d’aujourd’hui pour nous rappeler l’insurrection hongroise du 23 octobre 1956.

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Le soulèvement hongrois de 1956
LEMONDE.FR | 19.10.06

© Le Monde.fr

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Publié dans Paul Gabor | Tribute | Commentaires fermés sur 23 octobre 1956 | 19h50 | Paul Gabor quittait Budapest

Typographie | Le culte de l’Helvetica

Bmwhelvetica

J’ai bien lu tous les commentaires qui condamnent mon escamotage de l’Helvética de l’annonce de Nike + Apple. Pour y apporter une première réponse je suis allé chercher l’interview qui a été réalisé par Pierre Grosjean de l’éditeur Lars Müller (Baden) qui a publié le petit livre rouge H comme Helvetica en 2003.

Ce caractère typographique inventé à Bâle dans les années 50 n’a jamais été aussi populaire. Helvetica plus célèbre que la Suisse? Réponse dans un petit livre rouge.

PAR PIERRE GROSJEAN

L’Helvetica plus célèbre que la Suisse? Inventée à Bâle il y a une cinquantaine d’années, cette police de caractère n’a jamais été aussi populaire, chez les graphistes chevronnés comme chez les amateurs. Elle est même devenue un objet de culte global, au point qu’un petit livre spécialisé, «Helvetica, Hommage To A Typeface», s’est transformé en best seller inattendu, vendu à plus de 15’000 exemplaires.

«Ce succès nous a pris par surprise, explique l’éditeur Lars Müller, basé à Baden. Le livre est épuisé: nous envisageons de lancer une seconde édition.» A peine plus grand qu’un passeport suisse, et tout aussi rouge — avec un H en Helvetica à la place de la croix blanche –, l’ouvrage réunit des centaines de photos qui démontrent l’omniprésence de cette typographie, utilisée autant pour les logos de multinationales (Panasonic, Texaco, Samsung, Hoover, Lufthansa, Kawasaki, Evian, Agip, BMW, Caterpillar, etc.) que pour les signalisations urbaines, de Hong Kong jusqu’à Istambul.

Des artistes aussi divers que Grace Jones, les Beatles, U2, Michael Jackson ou Massive Attack l’ont utilisée pour leurs pochettes de disques tandis que des multitudes de boutiques de luxe, de restaurants miteux et de laveries automatiques l’ont adoptée pour leur enseigne. Du plus prestigieux au plus fonctionnel.

Comment expliquer qu’une même police soit choisie pour transmettre des messages aussi différents? «Cette typographie peut tout faire, c’est en cela qu’elle est géniale, répond Lars Müller. Vous pouvez l’utiliser pour l’annonce de la naissance de votre enfant, mais aussi pour le décès du grand-père: elle se prête à tout. J’ai eu envie de publier ce livre pour réagir à l’inflation des fontes (polices de caractères, ndlr). Il y en a aujourd’hui près de 30’000, mais elles ne servent pas à grand chose (*): plutôt que d’inventer de nouvelles fonts, il vaut mieux renouveler la typographie (**) avec les polices existantes. C’est ce que démontre le succès de l’Helvetica.»

L’Helvetica est née au milieu des années 50. Le graphiste zurichois Max Miedinger avait dessiné cette police aux traits si purs alors qu’il était employé pour le bureau Haas, à Bâle. D’abord nommée Haas Grotesk, le caractère a pris son nom définitif en 1960, devenant du même coup le symbole de ce style graphique suisse moderne et cosmopolite qui influençait alors une bonne partie du monde.

En 1980, Max Miedinger est décédé sans que sa contribution à l’art typographique soit pleinement reconnue. Et la même année, ironiquement, Helvetica ratait son entrée dans le monde de l’informatique: initialement choisie par la compagnie Adobe parmi les quatre polices fondamentales de Postscript – le langage qui a révolutionné l’imprimerie et les arts graphiques –, Helvetica a finalement été coiffée au poteau par Arial, une pâle imitation choisie par Microsoft parce qu’elle coûtait moins cher en droits d’auteur…

C’est donc Arial qui se retrouve aujourd’hui en standard sur des millions d’ordinateurs. Mais ce revers n’a pas réussi à faire disparaître Helvetica, bien au contraire. Les bons graphistes savent toujours distinguer l’original de la copie (le « a » de Helvetica a une petite queue; le haut de son « t » est coupé à l’horizontale, alors que celui d’Arial est affreusement biseauté). Ils ont d’ailleurs inventé une consigne, très populaire dans le métier, l’hommage suprême qu’on puisse rendre à une police: «Quand tu ne sais pas quel caractère choisir, opte pour l’Helvetica: tu es sûr de ne pas te tromper.» Le drapeau suisse en rougirait de fierté.

Je veux rebondir sur cette dernière phrase de l’interview de Pierre Grosjean. L’article que je viens d’écrire sur les caractères de Kisman sur étapes résonne encore dans ma tête. Vous avez d’un côté les catalogues des éditeurs comme Fontshop qui contiennent près de 25’000 caractères, des fontes labeurs, des fontes titrages. Des dessins anciens aux plus modernes. Des plus old-school aux plus garbage, et de l’autre des DA qui en dépit de toute logique sémantique, préfèrent utiliser un caractère d’une neutralité suisse plutôt que de prendre le risque d’associer à un produit une forme alphabétique qui contribuerait à amplifier la valeur affective d’un message.

L’argument de l’Helvética qui conviendrait le mieux à exprimer la modernité d’Apple ou de Nike frise la lâcheté intellectuelle. Et qu’on ne s’y trompe pas. J’adore la pureté de cette typo suisse. Et je suis parfois vraiment triste de savoir que Max Miedenger qui l’a inventé, est mort presque pauvre et ignoré de toute la planète. De même que Microsoft ait pu avec Monotype remplacer celui-ci par une «pâle» copie, l’Arial qui tendrait une fois de plus à faire oublier le créateur original.

Au fond nous sommes face à l’affrontement de deux conceptions de l’acte créatif.

1) j’ai une annonce pour un client, Apple, Nike ou BMW (antérieur quant à l’usage de l’Helvética), je fais réaliser une magnifique photo qui emporte l’adhésion du client (des services marketing à la direction de la comm) et au moment d’apposer les signes alphabétiques de l’argumentaire (titre, base-line) je ne prends plus aucun risque, et prends le caractère le plus neutre (dont personne ne pourra mettre en doute le sérieux) au risque de voir banaliser la force sémantique du message délivré.

Aparté : synonymes du mot neutre : banal, fade, impartial, incolore, indifférent, inodore, insensible, insignifiant, insipide, morne, obscur, prudent, quelconque, terne, tiède.

Résultat: nous entrons dans ce que nous sommes assez nombreux à dénoncer, le consensus mou de la création. Ah oui. qui oserait effectivement déclarer que l’Helvética n’est pas beau, ou moderne ou représentatif d’une certaine perfection. Personne. Donc tout le monde semble d’accord, c’est le meilleur caractère. Sauf qu’à ce jeu de Fous de Dieu, c’est-à-dire d’une forme de tyrannie du plus petit dénominateur commun, je ne vois pas pourquoi on ne jetterait pas tous les catalogues de caractères, pourquoi on continuerait encore et encore à en créer de nouveaux, et à voir se répandre sur la planète toutes les fonderies indépendantes qui font assaut d’imagination parfois les plus débordantes. Allez on ferme toutes les agences de Design Corporate, on recycle les graphistes et consultants en marchands de frite, et je déclare que désormais toutes les communications publicitaires ou culturelles devront être réalisés avec l’Helvética. Mais dans quel monde on vit?

Des générations de scripts, de calligraphes, de dessinateurs de caractères, de paléontologues, d’historiens, de critiques, de créateurs ont créés, édités, comparés, copiés, plagié même des quantités de tracés alphabétiques pour notre plus grand plaisir, pour tenter d’apporter des réponses sensibles, à la question sémantique, une forme adaptée à un message, à une identité. Et d’un seul coup, par un coup de baguette magique. Plus rien. Le réchauffement climatique peut-être, les ice-bergs qui fondent, les océans qui envahissent les terres desséchées et il ne resterait sur l’Arche de Noé qu’un seul caractère. L’Helvética. Alors messieurs, je vous dis «prout, prout et reprout». Vous êtes des suiveurs de mode, certainement pas des initiateurs. Consensus mou je te hais. Et pour le coup, je préfère de loin les divagations de Max Kisman à cette nouvelle tyrannie, qui suit celles du Meta, ou du Blur, ou des Franklin ou encore de l’Impact de feu l’agence de Pierre Lemonnier.

Il est aussi idiot de déclarer qu’un caractère est moderne, que de dire que la couleur Rouge est plus moderne que la couleur Verte. Et ce n’est certainement pas Christian Lacroix ou Jean-Paul Gaultier qui me diront le contraire. Ce qui fait la modernité c’est le jeu des associations. C’est dans l’entre-deux d’une image associée à un caractère, ou l’entre-deux de deux images que l’on peut déceler le message d’une modernité.

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Prenez l’image de Nike et d’Apple. Les deux marques sont modernes. Pour la bonne raison que les deux marques participent d’une démarche de novation forte dans leur domaine respectifs. En associant les deux ils renforcent encore leur modernité. En se présentant à nos yeux dans une image «bundellisé», ils nous donnent à voir non des baskets, non des i-pods mais un style de vie. Ça c’est de la communication moderne, exprimée avec les moyens d’une sobriété exemplaire.

S’agit-il d’une annonce Nike ou d’Apple. Non il s’agit des deux, et si c’était en terme de surface occupée dans l’image, je dirais même qu’il s’agit d’une annonce Nike. Alors les discours sur la charte graphique d’Apple, ne tiennent pas. Les discours qui consistent à dire… ils ont mis longtemps à abandonner le Garamond, laissez leur l’Helvetica, ne tiennent pas. Steve Jobs lui même, le premier, a renouvelé chaque année ou tous les deux ans le design des machines Apple. Et il serait le premier à vous dire qu’il n’y a pas de caractère qui tienne face à la nécessité de faire évoluer une marque. Et celle d’Apple comme celle de Nike évoluent vite… pour notre plus grand bonheur.

2) Récemment sur étapes: Christophe Badani déclarait avec assez d’optimisme que l’avenir des fontes corporate avait encore de beaux jours. Et de rajouter: la difficulté c’est de convaincre les équipes de création des Agences, parce que bien souvent ils oublient l’aspect typographique d’une stratégie de communication. Quant aux marques elles-mêmes, n’y pensez même pas, c’est bien souvent leur dernier souci. Autrement dit Chrisophe préconise (ce qu’il fait déjà lui-même) de rencontrer les DA, de leur expliquer les processus de création et de customisation des fontes, voire de création d’alphabets exclusifs. Je n’ai retenu que l’aspect négatif de la déclaration de Christophe… (mais je suis connu comme le loup blanc pour voir la bouteille à moitié vide ;-) «il faut rencontrer les DA pour leur apporter notre culture»…

Bien des DA d’aujourd’hui (comme ceux d’hier) n’ont pas été formés à la sensibilité typographique. Rares sont les écoles de Design où l’on met l’accent sur l’importance et la nécessité de cette culture. L’ANRT hébergé par les Arts Déco a déménagé dans l’est de la France. L’ESAG sans doute, mais les autres… l’accent est de plus en plus mis sur la 3D, l’interactif, la BD et l’on en oublie les fondamentaux, le tracé, la calligraphie, le dessin de la lettre. Pouah, c’est old-school, la typo. Alors lorsqu’on installe l’Helvetica dans une charte, ça satisfait tous les créatifs. Ils n’ont pas trop besoin de réfléchir sur la valeur sémantique, sur le dessin, prêts à utiliser le Myriad ou l’Arial s’ils ne disposent pas de l’Helvetica…

Tant pis c’est la même chose. Un caractère bâton. Qui verra la différence. C’est beau un caractère bâton. Plein de sensibilité, de délicatesse, de sensualité… tu parles. Quand je songe à la qualité intrinsèque des produits, les baskets de chez Nike qui vous permettent de courir en respectant vos articulations, les i-pods qui me permettent d’écouter les musiques les plus sensibles, accessibles sur i-tune, je me dis que vous n’avez rien compris à la typographie qui est sensée renforcer les valeurs sémantiques et non de les amoindrir, les banaliser, les rendre fades.

C’est tout pour aujourd’hui, nous vivons une époque moderne comme disait Philippe Meyer ;-)

(*) si elles ne servent pas à grand chose, il y en aurait pas tant
(**) ça veut dire quoi? renouveler la typographie avec les polices existantes si on jette les 30000 polices à la poubelle?

voici donc comment on instrumentalise les gens à partir de déclarations intempestives et plein de contresens.

Publié dans Typographie et typographies | Un commentaire

Typographie Noir au Blanc | analyse comparée | 2

suite de l’article: Typographie Noir au Blanc | analyse comparée

J’ai bien compris en lisant les premiers commentaires sur l’article précédent que les propos que je voulais tenir sur ce sujet avaient été complètement détournés voire ignorés pour des considérations que j’estime assez futiles en définitive.

Voyons, de quoi s’agit-il. Typographie Noir au Blanc | analyse comparée. Le titre même de l’article me semblait assez explicite. Ça commence par Typographie Noir au Blanc. Et voici mes interrogations.

Depuis que nous sommes entré dans l’ère des écrans (et ça commence avec le cinéma), nous sommes quotidiennement confrontés à un phénomène bien connu des savants qui se sont penchés sur les problèmes de lisibilité.

Herbert Spencer dans son ouvrage the visible word l’explique très bien. Fin du XIXe et début du XXe siècles beaucoup experts se penchés sur les problèmes de lecture sur papier. De nombreuses théories ont été avancées que je développe dans un article sur design et typo ici. En conclusion de la plupart des tests effectuées pour faciliter la lecture, l’on recommanda vivement de diminuer le contraste entre le noir du texte et le blanc du papier.

Deux possibilités s’offre au lecteur, soit d’acheter une version imprimée sur un papier légèrement teintée en jaune bistre, légèrement gris-crème… (c’est le cas des livres de la Pleïade) soit tout simplement de diminuer l’intensité de la lumière qui vient se réfléchir sur le papier pour obtenir une «douceur» qui facilite en le reposant la concentration de notre regard. Autrement dit si vous «balancez» 500 watts d’un halogène sur une page blanche pour lire un roman, il vous en coûtera non seulement une consommation d’énergie auprès d’EDF considérable, mais une fatigue optique qui vous empêchera de lire trop longtemps.

Avec le cinéma on a connu les premiers Noirs au Blanc, en déchiffrant les sous-titrage des V.O. Combien de fois ne vous êtes vous pas dit, c’est fatiguant, trop blanc, lettres presque floues tant la lumière arrondissait leurs bords.

Puis la télévision et enfin les écrans d’ordinateur qui arrivent en masse à partir des années 87-92. Et avec la pao, les sites Internet quelques années plus tard, la tentation a été forte pour bon nombre de créateurs d’utiliser l’inversion des textes en réserves blanches sur fond noir. Pas seulement un phénomène de mode, mais plutôt une possibilité d’expression qui en print traditionnel demandait des investissements plus coûteux du fait de la multiplication des films intermédiaires. Mais en conception de site, ou de page écran sur un logiciel pao, la question du coût était balayé. Coût identique. Et les designers se sont donnés à cœur joie d’exploiter la spectacularité des fonds noirs.

Qu’ont-ils oublié?

La physiologie de la lecture | le confort

Lorsque vous lisez un texte en réserve blanche, en réalité vous lisez de la lumière, une projection de photons qui assaille directement les bâtonnets et cônes de vos rétines. Terriblement agressif. C’est comme si vous regardiez une éclipse de soleil sans lunettes de protection, ou les vitraux d’une cathédrale traversés par soleil intense.

Dans la plupart des exemples que j’ai donné dans la première partie de cet article, on s’aperçoit que l’œil retrouve un confort agréable, lorsque les textes sont teintées entre 35 et 55% de noir. Et je parle de confort et non de lisibilité, parce que les comparaisons que j’ai effectué entre des polices comme le Verdana ou le Frutiger, ont induit pas mal de lecteurs en erreur. Elles montrent que quelque soit le dessin, il devient plus confortable à lire à partir du moment où les lettres teintées freinent ce bombardement photonique. Certains caractères supportent plus ou moins bien l’inversion. Un Bodoni ou un Times ou son dérivé le Georgia, du fait des contrastes internes aux dessins (pleins et déliés) supportent plus difficilement le jeu de contraste supplémentaire qu’impose l’inversion de la lecture.

Un Arial maigre ou un Arial Black réagissent de même différemment par la quantité de photons que laisse passer ce dernier, et l’on voit bien que plus le caractère est gras plus on doit en descendre les valeurs de transparences pour que nos yeux retrouvent un contrôle confortable de la lecture.

Les différences de fatigabilité de lecture dépendent aussi beaucoup de la longueur des textes. Si vous composez un pavé (au fer à gauche, ou justifié) sur 700 pixels de large entièrement blanc sur fond noir en corps 9, vos yeux vont se fatiguer par la conjonction de deux phénomènes. 1) par la difficulté pour nos muscles oculaires de «suivre» une ligne trop longue, 2) parce que si cette ligne en plus se trouve être en blanc sur fond noir, ce n’est plus des formes alphabétiques que vous suivez, mais de la lumière incidente qui prend la forme de lettres et de mots. Autrement dit c’est comme si vous cherchiez à suivre les reflets d’une rivière à saumon. À un moment vos yeux décrochent.

En conclusion et pour faire bref, j’ai écrit ces deux notes en donnant un certain nombre d’exemples qui n’ont d’autre but, pour ceux qui l’avaient saisi, que de montrer des variations de contrastes et de permettre à chacun de définir sa perception du confort face à une lettre blanche qui se teinte pour tendre vers le noir absolu.

J’ai par ailleurs l’impression d’avoir soulevé une boîte magique en voulant comparer un Times, un Frutiger, un Bodoni, un Helvetica. Le but n’était autre que de comparer des familles de Sérif ou de Sans Sérif, toujours sous l’angle de la lumière qui vient frapper nos rétines. Donc de se rendre compte des complications de lisibilité, dès lors qu’on introduit un facteur supplémentaire de contraste, les pleins et déliés. Franchement que ce soit le Georgia ou le Times, ça n’y fait pas grande différence dans la perception des lettres inversées. © design et typo | octobre 2006

Publié dans Lisibilité et Visibilité | Un commentaire

Typographie Noir au Blanc | analyse comparée

Voici un outil de travail et de réflexion, pour vous permettre de régler la typographie de vos websites ou blogs lorsque vous utilisez des fonds Noirs ou Couleurs foncées.

Je ferai l’ensemble de l’analyse comparative dans les jours qui viennent. Vous donne pour l’instant juste les paramètres techniques de ces figures, ainsi que l’adresse d’une galerie d’images qui synthétise toutes ces comparaisons.

Les chiffres en bas à droite de chaque rectangle correspondent à la tonalité des textes. 0 pour cent = blanc, 10,15,20… 88,91,94,97,100, au pourcentage de noir. 

Si vous avez dores et déjà des questions ou des commentaires n’hésitez surtout pas %-)

Si les animations s’arrêtent il suffit de rafraîchir votre navigateur «cde+R» sur Mac «ctr+R» sur PC

typo: Helvetica Neue 35 | vous demandez sans doute pourquoi j’ai pris les deux G du Franklin ITC Gothic, en exemple de contraste sur le fond noir. Question de Goût, comme je préfère également un News Gothic à un Helvetica, ou un Gill à un Futura, mais nous nageons dans des eaux troubles de la subjectivité. Juste une précision, je trouve que les caractères que je préfère ont tous un point commun, une souplesse due à la gravure, due à la main de l’ouvrier qui creuse le métal du poinçon en y ajoutant une part de son habileté manuelle pas trop mécanique. J’aime la calligraphie, les dessins à la main levée au pinceau, au calame, et l’on retrouve ces irrégularités dans un caractère comme celui d’Éric Gill. Quant à l’Helvetica, il est l’œuvre d’un «architecte» soucieux de la construction et des équilibres fondamentaux. Mais mon propos dans ce billet n’est pas tant de m’étendre sur mes états d’âme au regard d’une police ou d’une autre mais de souligner les différences de comportement des uns et des autres lorsque soumis au test «fatidique qui tue», je veux dire la composition d’une typo blanche sur fond noir.

AVERTISSEMENT:

Ces remarques et toutes celles qui vont suivre ne concernent que la chaîne éditoriale du web et non celui du Print et nous y reviendrons.

typo: Helvetica Neue 95

 

typo: Didot

typo: ITC Franklin Gothic «Book»

typo: ITC Franklin Gothic «Heavy»

typo: Clarendon «Light»

typo: Didot «Regular»

typo: Frutiger «Roman»

typo: Garamond Stempel «Regular»

typo: Trade Gothic N°18 «Condensed»

typo: Verdana «Regular»

typo: Verdana «Regular» approches «0» (InDesign)

typo: Verdana «Regular» approches «+75» (InDesign)

Comparaison des polices Originales vs Polices «similar to»

typo Frutiger Light orignale

typo Verdana Regular (dessin de Mattew Carter d’après le Frutiger) pour Microsoft

typo Times New Roman Roman de Stanley Morison (Monotype Corp)

typo Georgia de Microsoft d’après le Times de Morison (dessin Mattew Carter). Il s’agit là d’un dessin spécialement conçu pour la lecture sur l’écran, on le voit notamment en examinant les empattements qi sont légèrement exgagérés pour supporter la lecture en c.9 sur un écran)

typo Helvetica Neue 55 de la fonderie Stempel

typo Arial (plagié par Monotype d’après l’Helvetica de Stempel pour éviter de devoir payer des droits)

Et maintenant je vous invite à découvrir les tableaux complets que j’ai élaboré afin de permettre une comparaison synoptique et à taille de lecture «normale» sur un écran. La galerie est ici. Encore une fois vous voudrez bien m’excuser de publier cette note en deux fois, retenez dores et déjà son permalien (permalink) et revenez y dans la semaine, je vous donnerai mes explications détaillées.

Et si l’un(e) de vous veut s’y coller ;-) qu’il (ou elle) n’hésite pas à faire le billet à ma place (j’rigole). Il y a en tous cas beaucoup à dire sur cette affaire !

Suite de cette note dans la semaine: si vous désirez en être averti directement et non par le fil RSS, recopiez le titre de l’article et envoyez le moi à peter.gabor_AT_gmail_point_com. Je me ferai un plaisir de vous alerter lors des prochaines mises-à-jour.

 

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Logo Société Générale (2) | rappel de la stratégie | par Dominique Grosmangin

Logo_sg

Voici une précision qui est vraiment la bienvenue. Dominique Grosmangin dont j’évoquais le travail à la direction de l’Agence Sopha du Groupe RSCG à l’époque des faits, a bien voulu nous apporter ses commentaires sur la stratégie et le déroulement des opérations de réflexion.

«En faisant le tour des sites parlant de notre métier, ce matin même, car je n’ai pas eu le temps depuis que je suis rentrée début septembre, j’ai eu le plaisir de découvrir sur ton site cher Peter, ton papier du mois d’août et tous les commentaires autour.

Je dois dire que c’est amusant de lire les hypothèses faites quand vous connaissez le sujet. Alors je vous raconte:

D’abord je dois dire que nous avions une bonne expérience de la banque puisque nous avions travaillé sur le Crédit du Nord dont nous avions défini le positionnement: LA BANQUE CLAIRE avec l’étoile bleue dans le blanc, en opposition aux autres banques encore dans leurs costumes trois pièces, gris de préférence. A l’exception peut-être de la BNP.
Toujours à la recherche d’ idées nouvelles, nous avions initié sur le réseau, avec Roland De Leu, le montage de plaques, supports de la marque, à la taille des ouvertures des fenêtres, plutôt que de tout casser et réaliser moins vite et plus cher la mise à la nouvelle image.

Pour la SG, nous avions reçu un brief très précis suite à une étude qu’ils avaient menée depuis un an, sans solution. Ils cherchaient à remplacer le symbole de la spirale communément appelé nombril en interne (d’où l’importance de ne jamais créer des symboles qui ne peuvent être nommés) sans succès.

Le brief:
Pas de symbole. Conserver le rouge dit garance. Faire en sorte que Générale soit plus fort que Société car ils auraient aimé prendre la dénomination "la Générale" mais impossibilité à cause de la Générale de Belgique (bien vu Peter). Et enfin, être impérativement en cohérence avec le concept de la com. publicitaire: LA CONJUGUAISON DES TALENTS.

Pas besoin de vous faire une grande explication. Nous avons présenté notre vision de la marque: un carré, deux couleurs: le rouge garance plus clair, "conjugué" au gris foncé transformé en noir ensuite. Société noir sur rouge et générale en réserve blanche. Une barrette blanche pour la respiration. Logo acheté par Marc Vienot à la première présentation. Nous avions pris le pari que la reconnaissance du carré R/N suffisait à dire SG. Test confirmant. Mise en œuvre.

Recommandation de ne pas surdimentionner la taille des enseignes sur le réseau. Ce nouveau système de signatures que nous avons initié, a permis une mise en place rapide avec réduction de coûts grâce à l’industrialisation. Je trouvais que l’enseigne plate manquait de qualité et nous avons fait un arc tendu. Principe repris par bien des agences !

Deux précisions: 
1 | Pas d’accents sur Société Générale car dans les années 80 on ne mettait pas vraiment d’accents sur les capitales, ce qui n’est plus vrai aujourd’hui. Plus le souci pour l’internationnal.

2 | Quant au rouge et noir du café San Marco qui est apparu en affichage à peu près en même temps, nous avons abordé le sujet avec le client qui, à aucun moment n’a pensé que nous aurions pu "copier" par manque d’imagination, connaissant notre rigueur et surtout le brief. La qualité de la mise en place du système global a tenu aussi à la volonté de nos interlocuteurs de la SG.

Je rappelle que la création d’une identité est le résultat visuel d’une réflexion stratégique et créative et non un exercice purement graphique. Malheureusement trop de discours stratégiques sont construits après la création.

Dominique Grosmangin»

merci à toi Dominique, très utile pour les lecteurs de ce blog | peter

le premier billet concernant le sujet se trouve ici !

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Pinczehelyi | un typo graphikús qui aime les femmes

Pinczehelhyi Sándor a commencé sa carrière en Hongrie dans les années 70.
La grande difficulté dans ces époques, dit-il dans le catalogue qui lui a été consacré lors d’une rétrospective en 2000, c’était de faire réaliser nos créations par les imprimeurs. La Hongrie, diminuée par les années de «fer» voyait toute une profession se désagréger doucement mais sûrement. Le moindre dessin, la moindre typo demandait un effort d’adaptation et d’interprétation pour qu’une affiche puisse être réalisée. Les graphistes en ce temps se débrouillaient comme ils le pouvaient, à la main, avec règles et compas et pas même de la bonne photocomposition à «monter» dans les projets. tout juste des compos en plomb, photographiées et recollées dans les maquettes.

Sándor Pinczehelyi (prononcez Pint[z]e Hè[i]lli) aime les femmes et dans tout son œuvre la symbolique féminine revient tantôt visible tantôt en filigrane subliminale. Son travail s’inscrit dans la lignée d’un Cieslewich ou d’un Topor tant par l’usage du noir et blanc, des collages, que par le coup de crayon dévastateur. Et finalement pourquoi donc un graphiste hongrois… un projet de voyage, de rencontres, je vous en dirai plus prochainement. En attendant Sex is Type ou inversement ;-)

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les reproductions ci-dessus proviennent d’une plaquette éditée grâce à la collaboration de la  Fondation Nationale pour la Culture hongroise. Toute reproduction interdite, réservée à usage strictement pédagogique | © design et typo | 11 octobre 2006

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Les vins Nicolas, la typographie et Lorjou, le peintre

Rencontre entre les vins Nicolas, l’Atelier Dreager, Jean Latour le metteur en page et le peintre Bernard Lorjou (1908-1986)

Bernard Lorjou est l’un des artistes français les plus fascinants du XXème siècle. Par son œuvre et par sa personnalité, il dérange, voire bouleverse le monde artistique de son temps.
Alors que la mode est à l’art pour l’art, il crée, à l’instar de Goya, des tableaux monumentaux souvent inspirés des événements tragiques de l’actualité. Il organise, dans les lieux les plus insolites, des expositions extraordinaires qui se transforment en véritables tribunes où il attaque violemment l’ordre établi ainsi que les tenants de l’art abstrait.
Autodidacte, il cultive seul son art souvent qualifié d’expressionniste où se manifeste un grand lyrisme né de sa sensibilité d’écorché vif, de sa capacité de rêver en partant des choses banales, de son don inné de coloriste et de son talent de dessinateur hors du commun. Créateur complet – peintre, sculpteur, graveur et céramiste – il est indéniable que Lorjou fait partie des artistes les plus importants du siècle.

Junko Shibanuma

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C’est en 1969 que Jean Latour met en page ce catalogue annuel des vins Nicolas au sein de l’Imprimerie des Frères Dreager que je vous avais déjà présenté lors d’un billet précédent. De la mise en page, on ne peut pas en dire grand chose. L’utilisation du Futura Black pour le titrage (desssiné par Paul Renner au sein du Bahaus en 1928) n’y fait rien, le rythme n’y est pas, les corps se multiplient et l’utilisation d’un papier type velin d’arches en enlève toute modernité. On peut tout de même saluer l’audace des couleurs pour un catalogue aussi sérieux quand on regarde l’énumération des vins. Autrement dit le charme de cette plaquette vient & tient presque entièrement à la présence des peintures de Bernard Lorjou, figure emblématique d’une école indépendante et rebelle sinon atypique. Juste une dernière remarque pour la typo, les petits textes sont composés en Gill maigre et les lettres des titres, hormis les lettrines en Futura Black sont d’un style Brasilia Hollenstein de l’époque… On voit dans tous ces mélanges malgré tout un manque de cohérence chronologique et stylistique. Quant aux chiffres des dates ils sont composés de façon callamiteuses. Les approches ne sont pas les mêmes d’une colonne à l’autre… La perfection Dreager n’y était plus.

Voici donc cette plaquette assez rare, édité en 1969, soit un an après l’insurrection des étudiants de mai 68. La publication de ces plaquettes de Nicolas se faisait en général en fin d’année à l’occasion des achats de Noël et témoignait de l’intérêt (réel ou pas) du négociant pour les œuvres d’art. Le début du Mécénat d’Entreprise en quelque sorte.

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Dire que la mise en page de Jean Latour laisserait à désirer, serait également exagérée… surtout lorsqu’on regarde quelques unes des double pages où il joue avec une composition en habillage autour de l’espace rectangulaire du format. Disons que le jeu des contrastes entre le vert et le rose ne me convainct pas complètement, bien que ce «fut» très tendance à l’époque. Il suffit de se reporter aux créations de l’agence Delpire pour la 2CV de Citroën pour comprendre que l’on était alors en train de sortir d’un glacis graphique qui durait depuis la fin de la deuxième guerre. Mai 68 a eu un effet bénéfique à bien des égards, et notamment d’avoir fait sauter des interdits et des attitudes graphiques timorées sinon old-school… C’est peut-être que tout simplement il y a une opposition singulièrement paradoxale pour ne pas dire antinomique entre le Futura du Bauhaus et une peinture expressioniste qui s’exprime sur un autre registre… je suis resté un peu sur ma soif ;-) Qu’en pensez-vous?

Biographie du Peintre Lorjou:

1908 Naît le 9 septembre à Blois, Loir et Cher, France. 1925 – 31 Travaille comme dessinateur de tissus chez le soyeux Ducharne. Rencontre Yvonne Mottet. 1931 Voyage en Espagne. Y admire El Greco, Velasquez et surtout Goya. 1934 – 37 A l’instar de Goya, commence à créer les œuvres inspirées par les événements politico-sociaux: Février 34, la Conquête d’Abyssinie par les Italiens (détruite), le Couronnement de Goerge VI… 1938 – 44 Se retire à Blois. Peint les horreurs de la guerre: les Surveillés, Déportés… 1945 Première exposition personnelle à la Galerie du Bac à Paris. 1948 – 49 Reçoit le Prix de la Critique. Crée le groupe «Homme Témoin» avec Jean Bouret critique d’art. 1948 – 53 Peint les tableaux colossaux: les Chasses aux Fauves (1948-49), l’Age atomique (1949-50, Centre Georges Pompidou), la Bataille d’Abadan (1951), la Conférence (1951, Musée de Varsovie), la Peste en Beauce (1953)… 1954 Première série de Corridas dont la San Isidro de Jesus de Cordoba qui l’emporte au référendum organisé par la Galerie Charpentier, Paris. 1956 – 58 A partir de 1956, S’installe à Saint Denis-sur-Loire près de Blois. Crée et expose en 1957 Massacres de Rambouillet dans sa propre baraque construite à l’Esplanade des Invalides, Paris. En 1958, transporte sa baraque à Bruxelles dans le cadre de l’Exposition universelle pour son Roman de Renart. 1959 Exposition à la Galerie Wildenstein Le Bal des Fols (Centre Georges Pompidou) inspiré de la folie de sa sœur qui se suicide. 1960 – 61 Crée les oeuvres satyriques sur le Général de Gaulle et la guerre d’Algérie: la Crécelle, le Guide, la Force de frappe, les Rois: de Charlemagne à Charlesdegaulle. 1963 Exposition flottante à Paris sur une péniche naviguant la Seine: Grimau, la Mort de Jean XXIII, le 14 juillet (détruit). 1964 S’inspire de récents événements des Etats-Unis: Dallas Murder Show, Blancs et Noirs. 1965 – 68 Exposition en plein air à Sarcelles: les Centaures et les Motocyclettes. Décore le plafond du Musée de la Chasse et de la Nature de Paris. A la demande de l’ONU dessine une série d’affiche: Vaincre la faim c’est gagner la paix. Réalise avec Yvonne Mottet l’ensemble de peintures murales pour la maison du clergé de Blois. 1968 Voyage au Japon: peint la trilogie de Hiroshima. Mort d’Yvonne Mottet. 1969 – 70 Peint à Marbella (Espagne) l’ensemble de l’Assassinat de Sharon Tate exposé en 1970 au Musée Galliéra de Paris. Crée la Mort de Mishima, écrivain japonais suicidaire. 1971 – 73 Réalise à la Garde-Freinet (Var) les sculptures en bois brûlé et les panneaux en céramique ainsi que les maquettes pour les sculptures en argent et en bronze dont le Cavalier d’argent vendu au cours d’un gala à l’Opéra de Paris au profit des recherches contre le cancer. 1973 Exposition itinérante aux Etats-Unis: New York, Chicago, Los Angeles et Miami. 1974 – 76 Série de Cirques inspirés par le festival de cirque du Monte-Carlo. Série de Corridas en petit format pour une exposition à Bruxelles en 1976. 1977 – 79 En 1977, invité d’honneur du Salon des Artistes français, expose les Sept Nuits, peints sur onze grands panneaux de bois. 1980 – 82 Sous le titre général des Menaces, peint la violence de l’époque: Rue Copernic, Iran, Afghanistan, Solidarité, Sabra et Chatilla… 1984 – 85 Dernières œuvres colossales: le Sida (énormes bâches plastiques), Don Quichotte, Gargantua… Expose dans le Château de Blois: «LORJOU dans les collections privées françaises» (1948) et à Menton: «LORJOU Peintures Dessins Sculptures»(1985): ses premières expositions rétrospectives. Puis à Tours «Gargantua» pour l’Année Rabelais (1985). 1986 Meurt le 26 janvier, jour de la clôture de la dernière exposition de son vivant: le Sida.

©design et typo | 9 octobre 2006

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Typographie | by Karen Cheng

Design Typographique
by Karen Cheng

je ne pouvais pas rater ce petit jeu de couleurs dans le titre de mon billet, pour la simple raison qu’il existait à l’origine dans l’édition américaine (designing with type). J’avais acheté l’édition anglo-saxonne avant que les éditions Eyrolles me demandent de commenter la traduction française de l’ouvrage. Quelques semaines ont passé et je ne pouvais non plus ignorer les nombreux commentaires qu’il a suscité sur le web.

Jean-Christophe Courte sur urbanbike parle d’une véritable méthodologie pour le dessin typographique, alors que l’ensemble des commentaires sur le typographe.com tournent autour du design de la couverture et de l’utilité ou pas d’acheter le livre. On connaissait déjà la librairie Eyrolles pour s’être spécialisé dans les manuels de logiciels aussi bien graphiques que DAO ou 3D mais il semble bien qu’avec cette traduction, cet éditeur veuille relever le débat sur nos métiers en intervenant non sur les outils mais sur leur emploi approprié ou non. A ce titre design typographique est plutôt sérieusement élaboré puisqu’il donne à voir par familles de caractères les différences et les ressemblances entre architecture de construction.

un travail de traduction remarquable

L’éditeur a fait là un travail de traduction assez formidable, et même si Julien Janiszewski sur typographe.com relève à juste titre l’emploi de «minuscules» au lieu de «bas de casses», il faut admettre que d’avoir ne serait-ce que traduit la classification des caractères anglo-saxonnes en classification Vox mérite une mention de «très sérieux ouvrage», respectueux justement des professionnels passés par le scriptorium ou l’ANRT. Au fil des pages que je vous donne à «feuilleter», l’on découvre ou vérifie les proportions, les angles d’attaques, les inclinaisons intérieurs des lettres rondes et tout ceci par un jeu de transparence et de contours très pédagos et élégants.

les signes diacritiques

Avec grande honnêteté intellectuelle Karen Cheng aborde la question des signes diacritiques… en nous expliquant (ce qu’on savait déjà) pourquoi les Américains (et non les anglais s’il vous plaît: cf.Monotype) se sont toujours «foutus» (pardon, c’est une expression chère aux Gabor’s) d’accentuer correctement leurs alphabets. Me souviens effectivement, lorsque j’étais agent pour la distribution des polices FontHaus, que les caractères de David Berlow manquaient sérieusement à la politesse européenne, mais qu’importe, la mondialisation en marche, les Américains (et l’on doit beaucoup en ce sens à Adobe et Robert Slimbach) ont fini par adopter les normes ISO et l’unicode aidant, vive l’OpenType, il semble difficile aujourd’hui de lancer sur le marché une police de lecture courante (police labeur) en oubliant les accents d’Europe de l’ouest et de l’est.

Ce livre comme le dit très justement le même Julien Janiszewski, n’est cependant rien d’autre (et c’est déjà pas mal) qu’un catalogue de formes alphabétiques, rapprochées, comparées méthodiquement. Karen enseigne à l’Université de Washington la typo. Et j’imagine très bien un atelier d’étudiants avec des Macs/PC dans tous les coins, équipés de FontLab ou encore de Fontographer, en train de s’essayer à la création d’alphabets. Rigueur, discipline sont nécessaires pour décliner les formes, rendre cohérent un alphabet complet et faciliter par la même occasion une certaine productivité dans le processus de création.

Trois réserves

Trois réserves en effet, la première c’est l’absence totale de référence à la calligraphie et à l’écriture. Karen Cheng fait l’impasse culturelle et historique sur le tracé des lettres. Il s’agit là d’une omission d’autant plus  désolante qu’elle prend pour exemple des caractères de labeur extrêmement sérieux comme le Bembo, le Fournier ou encore le New Baskerville. Pour ceux qui ont vu les Art Works d’Albert Boton ou de José Mendoza sur carte à gratter, qui les ont vu travailler à la main, à la plume et/ou au pinceau comme j’ai vu Edward Benguiat sur la 42e rue, ou Hermann Zapf à Darmstadt tracer des pleins et déliés (où plus près de moi, Paul Gabor tout simplement), pour tous les amoureux de la typo qui s’exercent depuis les cours de Vernette ou d’Aarin (Scriptorium) ou ceux de Michel Derr à tracer des formes «gestuelles» pour retrouver l’origine des courbes, et leur sensibilité, et leur personnalité, il y a là comme un lâcher prise historique qui ne fait que témoigner d’un passage de l’Homo Faber à l’Homo Virtuel.

Je ne dis pas forcément que c’est grave, mais de là à comparer ce livre à une Bible de la création typographique… c’est, comme disait mon cher Paul «tu fous ma gueule». Et j’imagine très bien Jan Tschichold dire à peu près la même chose en Allemand. Et aussi Eric Gill ou Robert Slimbach (Adobe Garamond, Warnock etc.). Mais puisque Homo Virtuel il y a, il faut bien reconnaître que le travail de Karen est très sérieux et peut servir de base pour architecturer une police. 

La deuxième remarque qui découle d’ailleurs du premier, c’est la mise en parallèle systématique et par superposition des formes semblables. Nous sommes entrés dans l’ère du typographiquement correcte. Mais sachez une chose, c’est que jamais le Times New Roman ne serait né avec ce livre pour base de travail. Parce que Stanley Morison a fait graver là un alphabet qui est loin d’être construit avec une rigueur architecturale. Il s’est employé surtout à créer un caractère qui une fois réduit au corps 8 ou 9 donnait à lire du texte avec le plus de confort possible. Et l’on pourrait sans doute dire la même chose du Garamond et du Janson et du Bembo de Griffo.

La troisième réserve qui n’est pas des moindres c’est l’absence quasi totale d’informations sur la structure des approches, des essais visuels sur la composition et les indications pour programmer les kernings (rectifs d’approches pairs). Ce faisant c’est comme si Karen Cheng laissait ses étudiant sur le bord de la route, dans une forêt sans boussole… Car enfin le but final c’est tout de même de préparer un alphabet à la composition… et de lui donner une âme. Le gris typo, c’est là tout le travail sur les approches qui font défaut dans l’ouvrage. Tant et si bien que l’on ne saurait le recommander sans l’assortir d’achats complémentaires comme le livre très pédagogique de Damien Gautier chez Pyramyd.

Voici donc quelques pages de ce livre tout de même remarquablement bien conçu, réalisé et traduit par la librairie Eyrolles sous la référence: Design Typographique | Karen Cheng | Eyrolles | EAN: 9782212117455 | 39 €

 

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Couverture originale de l’édition Américaine

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© design et typo | 6 octobre 2006

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