Le Monocle rit Noir au Blanc | usage abusif du N au B

ou comment un nouvel organe de presse peut pervertir son propre discours par l’usage abusif du Noir au Blanc.

De quoi s’agit-il : voici le discours d’intro du site du Monocle

guill-ouvrant.gifNous croyons que c’était le moment de créer une nouvelle marque de Media basé en Europe.
Avec un regard vif, des reportages forts, un esprit pointu et conçu avec une approche plus classique, nous avons doublé notre monocle d’entreprise.
Au centre il y a un magazine mensuel fournissant l’information la plus originale des affaires, la culture et les concepts globales.
À côté il y a un composant Web-basé sur une émission couvrant les mêmes domaines par une variété de bulletins, de mini-documentaires et de formats d’interviews. Concentré sur : informer et amuser une assistance internationale de lecteurs, d’auditeurs et de téléspectateurs désillusionnés, notre intention est de créer une communauté de personnes les plus intéressées et les plus intéressantes au monde.

Édité hors de Londres, le monocle est constitué d’une équipe venant des magazines et des radiodiffuseurs principaux mondiaux de news. Créé par le fondateur et le chroniqueur financier Tyler Brûlé de Wallpaper, l’équipe de lancement invite une partie de ses anciens élèves et nouveaux talents de l’Indépendant, de la BBC, des branches de Condé Nast et d’une foule d’autres NewsMagazines. Versé dans la politique, culture populaire, les affaires, les médias, l’architecture et la conception, guill-fermant.gifl’équipe éditoriale couvrira de son hub de Londres, le monde entier et les bureaux installés à Tokyo, Zurich et New York. Le Monocle sera conduit à offrir un contenu original et du jamais-vu-avant à une assistance de leaders d’opinion topjet et intelligents tout autour du monde.

filet-jaune.gif

Mais voilà tant sur le fond que sur la forme le site du Monocle prend les gens pour des C•••, le discours est cousu de fil (noir au blanc bien sûr) et d’un surannée assez navrant. Justifier la nécessité de s’abonner à un magazine pour rompre avec l’ennuie, ou bien parce que les égarés qui l’ont conçu viennent de prestigieuses entreprises de presse, ou encore parce qu’on veut être identifié aux leaders d’opinion… pouah… je me sens de plus en plus comme Marx, Grucho Marx et non pas Groucho Bond : «je ne voudrais pas faire partie d’un club qui me voudrait comme membre». En tous cas, en tous cas pour le design graphique il repasseront. Et pour l’usage abusif du Noir au Blanc aussi. J’ai bien cherché un affichage (en augmentant ou réduisant le corps de display de mon Firefox, n’en ai pas trouvé un qui me convienne sérieusement. Mais j’ai déjà abordé ce sujet dans différents articles sur design et typo. (j’suis fainéant ce matin. Allez taper Noir au Blanc dans la barre de recherche, colonne de gauche ;-).

En tous cas voici l’animation qui vous étaye mes arguments. (la page avec les pastilles vertes est la taille normale d’affichage par défaut).

zzcliquez sur l’image pour la voir à la taille réelle. Cick on the picture to see real size

Au delà des critiques de lisibilité, on constate une volonté de faire hype, branché, tous termes que vous voulez pour signifier de la modernité. Et d’ailleurs la structure même n’est pas mal. Une grille simple, des pastilles de rubriquages visibles et attrayants sur fond noir. Un décalage certain avec le caractère du Logo de MONOCLE (un dérivé très très proche du Plantin régular) et l’usage abominablement passéiste qui est fait des CAPITALES. Ça fait depuis 60-70 ans que ce n’est plus moderne les Caps. Donnez moi n’importe quel caractère du passé, je vous la mets en scène de façon moderne. Ce n’est pas du tout le choix du Plantin que je remets en question. Mais votre avis m’intéresse : à vous donc.

Ah j’oubliais le principal: le site du MONOCLE via Jonathan

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John Maeda Studio

Clic on the figure. To access directly on Maeda’s website and see this anim. Ventilator and freshness garentee ;-]

maeda_ventilo.gif

juste une respiration dans les labyrinthes pédagogiques. Maeda, toujours aussi inventif et spectaculaire.

In Japan it is customary to send summer greeting cards. This system docks with the CyberOrchid service that I designed in 1996. Five months had passed since the launch of the orchid system, and computers were at least twice as fast. Thus for CyberAsagao (as this is called), I added more dynamic elements because computers could handle the extra required horsepower. The send feature is disabled on this applet. (read on ©Maeda’s website)

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Webdesign des portails de Presse | l’Express

Allez les vacances se finissent, au boulot. Et je remets ça… Vous allez croire que je suis un obsessionnel ou un maniaque et pourtant vous savez bien qu’on touche là à l’un des aspects les plus intéressants sur le webdesign. Les portails de la presse.
Dans un style direct et sans détour, vous voulez que je vous dise, je n’aime pas la plupart des portails pour la (les) raison(s) suivante(s) :
Ce n’est pas seulement une affaire de mise en page, ou de choix des typos (bien maigre de toute façon), ce n’est pas le choix des couleurs ou de mettre des images ou pas. C’est un ensemble de choses, qui s’appelle l’expérience utilisateur qui me fait prendre cette position critique.

Prenez par exemple le portail de Rezo.net soit vous cliquez sur l’image pour la voir en grand,

zz

soit vous allez directement voir leur site ici : rezo.net/large

Et après plusieurs échanges dans les commentaires j’ai découvert une version encore plus épurée (sans doute réalisée pour les écrans bcp plus petits), version que voici:

rezo-net-800.gif

le lien extérieur est ici : http://rezo.net/rezo800

Que constatez-vous, une page de texte, oui certes. Il s’agit ni plus ni moins d’un agréagateur de news sélectionnés par des rédacteurs passionnés en politique, culture, art, faits de sociétés aux tendances un peu alternatives dont le lectorat est spécifiquement engagé , militant et toujours à la recherche d’infos «plus plus», c’est à dire des lecteurs qui ont envie d’avoir une vision du monde un peu plus réelle que ce que les journaux laisse entrevoir.

Attention une page aux apparences ennuyeuses peut en cacher une bcp plus ergonomique. De fait quand vous survolez certains items, vous accédez à des fenêtres «volantes», petits scripts en java je suppose qui permettent de donner accès à un résumé plus détaillé. Mais une fois de plus cela pose la question du : «à qui ça s’adresse?»

On pourrait me rétorquer que c’est «chiant» de n’avoir que du texte à lire, mais je vous assure que ça n’est plus plus ennuyeux qu’un livre des PUF ou un roman de gare à qq centimes d’euros qui ne comporte que du texte. Mais il est vrai que le rapport à la lecture change quand vous avez un objet que vous voulez lire comparé à un objet qu’une entreprise voudrait que vous lisiez. Autrement dit il y a deux lecteurs, celui, “normal” du lecteur traditionnel, qui achète un livre une revue, ou un journal avec des infos, des vrais, et puis le lecteur-consommateur (la ménagère de 35-45) qu’il faut séduire, à qui il faut donner envie d’acheter un journal, un magazine quitte à remuer chez elle les plus bas instincts primitifs (suis-je toujours la plus belle?, Oh mes hanches, Oh t’as vu la vie des princes et des acteurs, Oh Sami Naceri en garde à vous, tu t’rends compte etc.).

Mais je reviens à l’Express. Je n’ai pas dit que l’Express entre dans cette deuxième catégorie de lectorat, parce qu’il y a toute une gradation entre les lecteurs de Voici et ceux de l’Express. Le magazine qui a été lancé peu après la 2e guerre mondiale par Françoise Giroud et le jeune Jean-Jacques Servan-Schreiber s’adressait à des lecteurs militants, ceux de la classe moyenne montante qui voulaient peser sur l’évolution du monde d’alors. La Fnac était également un magasin de coopérative créé par de jeunes ingénieurs (André Essel etc.) qui voulaient faire accéder leurs égaux à des possibilités d’achats militants. Mais nous ne vivons plus dans les trente glorieuses. Et les parts de marché se sont réduits comme peau de chagrin. La tendance est plutôt au rachat du voisin que d’essayer d’améliorer, de recentrer sur ses origines, son métier etc. Alors quand on regarde vite fait le portail de l’Express, ça donne ça (vous cliquez sur l’image pour l’agrandir [qq secondes de téléchargement] et vous revenez me lire :-]

Parmi tous les portails de Presse l’Express ne tient pas la plus mauvaise place, une certaine rigueur se lit en diagonale sur le site. Des appels de lecture clairs, un système de colonnage et de cadres assez agréable, mais quand on regarde le détail ? La partie supérieure fait un peu bazar, le logotype disparaît au profit d’une promo dévastatrice, l’encadré à la une: un peu trop voyant, alors que dans un mode de lecture écran, on ne peut de toute façon y échapper. Au fond même si nous lisons en diagonale, nous lisons, nous ne regardons pas la télé. On a un peu l’impression que les webdesigners font de l’habillage télé alors qu’il s ne font ni plus ni moins que de faire de la mise en page dans un format donné. mais globalement statique. Et ce qui pourrait ne pas être statique l’est malheureusement. Par exemple quasiment pas d’onglets interactifs qui permettrait de faire des choix de rubriques (et par le fait de gagner de la place éditoriale). L’intérieur du magazine en ligne reprend la trame de l’ensemble mais avec plus de rigueur. Autant dire que c’est possible.

Voyons cela:

express-portail-decompo.jpg

Petits problèmes constatées :

zone 0 : Rubrique LE MONDE, l’occasion était trop belle de remettre un logo de l’express. c’est dommage pour l’identité du portail.

zone 1 : trois photos, trois formats différents. ce qui entraîne dans cette structure en zone 2: trois alignements en escalier. dommage pour le typographe que je suis, mais aussi lecteur de journaux, de magazine, de livres etc.

zone 3 : me retrouve avec un semblant de colonne double mais qui au final semble faire trois justifs différents en escalier. Encore. Décidément «l’ai-je bien descendu» demandait Line Renaud…

zone 4 : rien à dire sauf qu’on s’attend de pouvoir cliquer sur les icônes et finalement ce sont les textes qui sont cliquables. Et pourquoi des icones là et pas sur les autres articles. Trop et/ou inutile.

Les images de la zone 5 posent un problème délicat. Je comprends bien que l’on ait envie à la rédaction de faire cliquer les gens sur les videos ou les photos. Mais il y a un art de l’éditing pour les micro-photos hyper petits, sinon illisibles et ne donnant absolument pas envie de voir plus loin. Je veux bien donner un cours d’éditing aux gens de l’équipe de la rédaction ;-] s’ils le désirent, mais il urgent de dire, que soit j’utilise une photo qui «parle» soit j’en mets pas. Et avant d’écrire cela je me promettais d’être encore plus dur : en disant qu’il y a des tailles inutiles à afficher parce qu’illisibles, mais après réflexion on peut s’accomoder des plus petites surfaces de photos à condition d’avoir la science de l’éditing (à ne pas confondre avec l’editing des agences photos qui consiste à renseigner les photos). Ici je parle de l’éditing, comme on en parlait avec les SR dans le «bon vieux temps» (humour).

zone 6 : enfin un peu de blanc pour respirer, mais mon brave Monsieur le blanc ça coûte cher… euh ça c’était l’époque du papier. Sur l’écran… vous me direz la différence. Mais cette zone 6 pour blanc qu’elle soit, ne me fait pas bondir au plafond parce que c’est un espace enfermé, qui ne tourne pas, qui ne circule pas. Comme une bulle d’air coincé dans un sac en plastique rempli d’eau. Je sais je suis intraitable ;-]. Que voulez-vous, c’est pas à un vieux singe qu’on apprend à faire le beau.

Quand on regarde l’ensemble des zones annotées on s’aperçoit bien d’un certain désordre dans les alignements trop nombreux. J’ai déjà abordé ces questions de changement de grille dans une page sur l’étude consacrée à EnVille (cf dans les rubriques dans la colonne de droite). Pour réaliser une telle mise en page il faut faire circuler les blancs avec beaucoup plus de souplesse qu’ici.
Nous revenons à la Une et me dit que tout ceci n’est qu’un avant goût d’une batterie de tests et de critiques que j’attends d’élaborer avec les lecteurs et les designers interactifs dans le cadre d’un atelier de recherche sur l’ergonomie du design de presse (les adhésions et la porte est gande ouverte).

Apparté : pour revenir à l’Express, et à sa Une. Quelque chose me frappe tout à coup. Il n’y a pas un traître mot sur l’Europe. Pas un mot, pas une ligne. Je me demande si c’est l’effet pervers du non au référendum, ou bien le signe d’une classe moyenne française qui fait semblant d’ignorer l’existence d’autres pays que la France. (mais mes propos sont là, hors sujet) On trouve bien là un symptôme d’austracisme et d’égocentrisme hexagonal. A part cela, ce n’est ni le meilleur portail ni le moins bon. Disons qu’ils peuvent mieux faire avec sans doute de grands talents informatiques qui ne demanderaient qu’à être un peu orientés pour accoucher du meilleur.

Conscient de n’avoir que survolé le sujet pour laisser le temps à mes collègues des designers interactifs de se coordonner en vue d’élaborer le questionnaire final… je n’ai pas voulu déflorer complètement le sujet.

J’attends vos commentaires et une notation (sur 20) ci-dessous sur les thèmes :

  1. ergonomie de lecture :
  2. architecture générale :
  3. lisibilité :
  4. style-qualité graphique :
  5. accessibilité :
  6. utilisation des couleurs :
  7. les images (choix, taille, cadrages) :

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la calligraphie est danse, art martial, tension

[swf width= »416″ height= »626″]http://www.typogabor.com//Media/miranda-danseuse.swf[/swf]

Lorsque tu t’entraînes au Judo, pour passer ceinture noire, on doit passer des épreuves qu’on appelle des Katas. De fait ce sont les mouvements, les prises si tu préfères, décomposées en figures académiques. Mais le plus dure dans l’affaire c’est qu’ils doivent porter tout en étant exécutées avec précision devant un jury sans concession. Porter? je veux dire : tu as un adversaire sur qui tu portes la prise en réel. Sauf que, dans un randori en fin d’entraînement tu bénéficies de la force et de l’énergie de ton adversaire malgré lui. Tandis qu’aux Katas, tu dois créer entièrement l’énergie porteuse. C’est toute la difficulté de la calligraphie. Les similitudes :

1// Pas le droit à l’erreur, le jury c’est le papier, du vélin ou de l’arche, il est coûteux, voire exorbitant. Quand on commence un tracé, on doit l’achever sans erreur.

2// Dans le tracé il y a un début, un milieu et une fin. Il s’agit évidemment pas d’un milieu géométrique, mais d’un milieu dans l’énergie et la tension nécessaire pour accomplir le tracé. Une maîtrise de la respiration (idem au judo), une concentration extrême avant de commencer le tracé. Le calligraphe comme le judoka, mais aussi un skieur qui fait une descente, mentalisent, c’est à dire répètent leur geste dans leur pleine conscience avant de la porter. Ils anticipent les proportions, les courbes, l’intensité du plein, la délicatesse du délié, la descente et la remontée du tracé qui se charge d’une énergie positive et se retrouve parfois dans une impasse de liaison qui nécessite des jours et des jours d’entraînement. Le geste démarre, arrive à son apogée puis redescend en exhalant tout l’air de ses poumons. Tu fumes pas Claude? Non tu rigoles, je ne fume pas, je bois pas d’alcool, et jamais de café. Des fois la tension est tellement crispante que je suis obligé d’interrompre mon travail durant toute une journée. Le yoga c’est pas mal pour retrouver les énergies nécessaires.

Il s’agit donc d’un art du savoir et non comme certains l’imaginent le fruit du hasard.

guill-ouvrant.gifCe calligraphe japonais qui un jour voit son empereur débarquer dans son atelier. Seigneur, que puis-je pour vous? L’empereur lui demande une pièce de tissu avec un mot en calligraphie. – Revenez dans un an sa majesté. Ce sera prêt. Et 12 mois après l’empereur se présente à l’atelier de l’artiste, qui court chercher le tissu, prend une brosse et exécute sous l’œil médusé de son seigneur et maître le geste magique. guill-fermant.gif– Mais pourquoi un an? quand il t’a fallu 10 secondes? Vous connaissez tous la réponse :-] Parce qu’il m’a fallu un an pour entraîner ma main, mon poignet, mes yeux, mon coude, ma respiration, ma posture, pour que ce geste soit la perfection même.

C’est la même chose pour la danse et j’ai pris l’exemple ci-dessus des figures du tango argentin exécutées par une troupe de passage en France en 2005. Où l’on s’perçoit que pour entrer une passe, l’homme ou la femme enroulent leur jambe comme s’ils allaient entrer un mouvement de hanche au judo. La même précision, la même exigence et d’interdit à l’erreur. C’est l’équilibre du couple entier qui dépend de l’exactitude de chaque passe. Et en plus vous avez la musique pour se caler dans le rythme. Mais le rythme, existe aussi en calligraphie, les mouvements symétriques ou as-symétriques, la répartition des corps dans un espace délimité, le cercle magique de la poursuite sur une scène, le papier aux bords irrémédiablement (et il y a du diabolique la dessous) finis. Cette envolée de la main, qui retombe pour finir le geste procède tout comme la danse ou l’aïkido, ou le judo d’un mélange d’instinct, de sens du rythme, de la kinésie de son propre corps associés à un savoir, une culture et un entraînement. J’aime à répéter cette phrase de Cocteau: «le style n’est pas une danse, c’est une démarche». Et Picasso qui gruge tout le monde lorsqu’il dit: «je cherche pas, je trouve!» en oubliant de dire qu’il travaille 16 heures par jour pour entraîner ses gestes, son adresse, ses expérimentations picturales ou graphiques. Et Pollock, qu’en penses-tu Claude? – c’est bien, mais c’est aussi un rigolo, parce qu’il laisse au hasard ce que nous calligraphes ne pouvons tolérer. Chacun de nos tracés est conçu, élaboré, entraîné, jusqu’à sa perfection ultime. Pollock comme d’autres peintres abstraits du hasard, Mathieu, Georges par exemple… un amateur qui n’a jamais su ce que c’était que de travailler, vraiment.

3// la calligraphie, comme la danse ou l’art martial, avant tout un travail, une discipline quotidienne, où l’on paye cher les erreurs lorsqu’on cesse de s’entraîner ou bien qu’on oublie les principes fondateurs du tracé.

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Si Dieu existe il devait être calligraphe (2)

 calliggraphie arabe

Page d’un coran Egyptien, XIIIe siècle. Or à la coquille, lapis lazuli et encre noire sur vélin fin.
Format : 11 x 7 cm.


écriture hébreu

Page de la Haggadah, XVe siècle. Encre ancienne et plume large.

Bien sûr, bon dieu, que n’y avez vous pensé plus tôt (mais c’était juste par étourderie). Les pages du Coran, du Talmud, des écritures saintes indiennes, des grimoires du vieux chinois, Dieu est l’un des personnages, sinon le signifiant-signifié principal depuis la naissance de l’écriture jusqu’à la naissance de l’imprimerie. Tiens mais même l’imprimerie, même Johannes Gutenberg vers 1492 losqu’il imprime ses premières bibles en 42 lignes c’est Dieu qu’il prend pour porter la bonne parole de l’invention du signe mobile. Et le verbe fut. C’est la genèse, l’homme est né de l’abstraction de la conscience, de sa traduction en signes, d’abord visuels, puis phonétiques. Et il prit toujours Dieu comme pierre angulaire de cette abstraction.

Comme si Dieu finalement n’était (mais c’est déjà pas mal) qu’un opérateur mathématique pour permettre à la conscience de s’extraire de la glaise, de l’argile. Heidegger et Schopenhauer ont été à plus d’un titre les promoteurs de ces idées, parce que la question du miracle s’est toujours posé aux philosophes. Pas du miracle des guérisons, ni des transmutations des métaux, mais celui de la naissance du langage. Par quel mystère ce bi-pède, homo-érectus néerdental et plus tard cromagnon passe-t-il des onomatopées animalesques, traduisant les joies, la colère, la souffrance, l’amour, la transaction, à un langage structuré, ordonné phonétiquement puis codifié par des signes, des traces dessinées dans la pierre, sur l’argile, puis le papyrus… Il s’agit bien d’un mystère qui n’eut pour réponse pendant des millénaires que dans la représentation divine. Alors Si Dieu existe, il devait être…. vous avez remarqué le changement de temps. Pas innocent du tout. Nos sociétés modernes sont soumis aujourd’hui à un double paradoxe. Depuis la renaissance, Dieu n’a fait que reculer dans l’imagerie populaire.

Dès lors que la perspective fut inventée, l’homme a cessé de représenter le monde dans la verticalité pour aller vers la profondeur (les lignes de fuite). De fait les grandes révolutions économiques et institutionnelles ne furent possibles qu’avec l’avènement de la transversalité. La démocratie, la gouvernance capitaliste sont la conséquence directe de ces changements dans notre perception du Monde. Et internet n’a fait que prolonger et amplifier le phénomène. Double paradoxe parce que jamais l’homme n’a été aussi tenté de revenir aux croyances mystiques que depuis que la technologie occidentale s’est envolée vers des firmaments insoupçonnés. Aux Etats-Unis, près de 90% des chercheurs et scientifiques sont croyants. J’y reviendrai un jour dans une note, cependant la coexistence des mystères divines et de la rationalité scientifique est avérée. Et pourquoi paradoxe? parce que depuis la naissance des technologies nouvelles de la communication on n’a jamais aussi peu écrit à la main dans toute l’histoire de l’humanité. L’art de la Calligraphie était avant tout l’art d’écrire, et d’enluminer, et de tracer des lettres avec des outils (le roseau, la plume métallique, la plume de cygne…) et des encres teintées à la main.

Cet art s’est développé jusqu’à atteindre une perfection «divine» au vingtième siècle, mais le nombre d’initiés n’a jamais été aussi émacié. Nous avons tout, les outils, le savoir, les modèles, les supports, mais pas l’envie, ni la volonté de faire perdurer cet art majeur. Et on en vient presque à regretter que l’ordinateur ait balayé autant de belles volontés sur son passage. Mais comment? vous voudriez que nous revenions au papier, aux ratures, à l’encre qui fait des pâtés? Je n’ai rien dit de tel. Je constate, c’est tout. Nous vivons dans un monde de signes et de messages que les gens ne savent plus tracer à la main. Si Dieu existe? la question est de tous les temps, actuel et moderne. Il devait être calligraphe. La réponse fait référence au passé, par conséquent vous pourriez imaginer que Dieu n’existe plus, mais nous n’avons rien dit de tel. Juste que la manifestation divinement humaine de l’écriture est en train de disparaître.

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Si Dieu existe il devait être calligraphe

Vous avez pu remarquer que c’est la première fois que nous abordons la Calligraphie sur Design et Typo. Ce n’est pas faute d’y être sensible au contraire. L’occasion était cependant trop belle pour rater l’entrée en scène de cet art majeur sur ce blog. Claude Mediavilla vient de sortir son ouvrage consacré à l’Histoire de la Calligraphie chez Albin Michel, j’aborderai ce livre dans de prochains billets. Je l’ai interviewé pour étapes: et publié au mois de décembre un long article que vous je vous invite à parcourir. La vie et l’œuvre de ce maître du tracé se trouve là au format TPML (Text on Paper Markeup Language). Et pour commencer en beauté l’année je vous invite à découvrir, le website de Calude Mediavilla designed and realized par mon ami Jonathan Munn.

L’idée de ce site a germé très rapidement dans l’esprit de Claude. Dès que je l’ai rencontré, la première chose qu’il me demandait: «connais-tu qq qui pourraît réaliser mon site sans trahir l’esprit, la simplicité et la rigueur de cette discipline, la calligraphie?». Je connaissais Jonathan depuis près de vingt ans. Et si quelqu’un était tout désigné pour cette mission suicide, c’était bien lui. Le parcours de J.Munn est celui d’un amoureux de la lettre et de son esprit. Cultivé, sensible, possédant une des plus belles écritures manuscrites que je n’ai eu l’occasion de rencontrer, je savais qu’il était particulièrement capable de s’effacer pour laisser passer le génie de Claude, sans en rajouter plus que nécessaire.

mediavilla-website1.jpgmediavilla-website3.jpgmediavilla-website4.jpgmediavilla-website5.jpg

Le site se présente naturellement en quelques pages web 2.00 et en bilingue (compte tenue de la notoriété internationale de Claude c’était indispensable). Trois galeries, une page d’à propos et une brève bibliographie des livres écrites par CM. Et voilà. Le résultat je vous le laisse découvrir et ne ratez pas l’occasion aussi d’aller féliciter Jonathan pour son excellent travail. Il le mérite je crois mille fois.

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Un cadeau que Claude m’a autorisé à vous faire : une galerie des œuvres de Calligraphie au format un peu plus spectaculaire. ici :

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pourquoi j’ai rejoint les “designers interactifs”

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Benoît Drouillat, c’est pas Ségo. Et vous ne voyez pas les autres fondateurs en floutés pour mettre dans la lumière une seule vedette. D’ailleurs chez les Designers Interactifs le culte de la personnalité est par défaut banni ou bien alors c’est le culte de toutes les personnalités, y compris vous même qui ne faites pas encore parti de notre assoc. et qui désirez rejoindre un groupe de réflexion militant qui œuvre pour la reconnaissance d’un métier fait de dizaines d’autres métiers, qui milite pour la promotion de valeurs éthiques et professionnelles, pour la mise en avant des bonnes pratiques dans l’excercice quotidienne du design interactif. De gauche à droite, c’est Jean-Charles Baudot, Dominique Playoust, Charles Lacorne, Benoît Drouillat notre président résident pour trois ans (au moins), Guillaume Brachon, Jean-François Dubos, Jérôme de Vries et votre serviteur… de design et typo. J’ai rejoint les DI pour apporter mon soutien et mon expérience du signe dans son acception globale. Forme, structure, mise en scène, sémantique, autant de registres de réflexion qui m’amènera à former des groupes de travail autour de thèmes comme par exemple et justement, parlons-en, des portails de presse on-line.

Pour trouver toutes infos http://www.designersinteractifs.org

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pour adhérer : http://www.designersinteractifs.org

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Les portails de presse :

j’avais donc lancé l’idée en octobre dernier au sein des designers interactifs de soumettre les portails de presse à une grille de lecture qualitative qui permettrait d’apprivoiser notre regard sur la nature même de ce qu’est un portail de presse. Qu’entend-je ;-] par là ? Tout d’abord il y a autant de mise en scène différentes qu’il y a de portails. La diversité des graphismes, des grilles de montage, de l’approche typo, des codes couleurs, de l’utilisation des images montre une telle combinatoire de permutations qu’on ne peut parler d’un langage graphique unique et c’est tant mieux. Cela veut dire que ce n’est pas forcément aux lecteurs d’apprendre à regarder le web (comme on nous le serinait pour la télé) mais aux acteurs du web de se mettre à la place des lecteurs. Et de tenir compte de l’ergonomie de lecture, de l’architecture de l’information, des hiérarchisations des messages et de l’intelligence organisationnel du portail dans son ensemble.

L’étude que j’avais lancé n’a recueilli que très peu de réponses et bien que très bien relayé par le réseau, j’ai rencontré une résistance participative à cette enquête. Force est de constater que je me suis trompé. Non sur la nécessité de l’enquête que d’aucuns attendaient de voir impatiemment les résultats, mais sur l’organisation même de celle-ci. Trop de portails à comparer, trop de travail à la fois, long, fastidieux, etc. Chacun attendant que l’autre fasse le boulot à sa place (phénomène de voisinage et de léthargie tribale). Alors je vais relancer l’enquête, tout simplement portail par portail.

Question de questionnaire :

Mais pour commencer et faire preuve de notre volonté chez les designers interactifs de laisser la parole aux acteurs même du métier, je vous invite à nous faire part ici dans les commentaires, du questionnaire idéal qui permettrait de qualifier et comparer chaque portail de presse.

Je pense qu’il faut nous limiter à une dizaine de questions concernant l’apparence et l’intelligence de chaque site. Mais vous laisse le loisir de nous proposer les items de questionnaire.

Si dans une semaine nous n’avons pas recueilli assez de réponses, je mettrai alors en ligne le questionnaire type que nous avons imaginé avec les designers interactifs.

La première étude portera sur le site de l’express :

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Voilà pour terminer l’année et en commencer une toute neuve, pleine de projets et de good willing pour les accomplir. Bonne et heureuse année à tous.

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designing with type | James Craig corrige ma copie

Peu de temps après la publication de l’article que j’ai consacré à l’ouvrage de Jim, celui-ci m’envoya un e-mail pour apporter un éclairage qui permettra de corriger la perception que j’ai eu de son magnifique travail.

guill-ouvrant.gif Je voudrais toutefois vous faire part d’un événement qui m’a forcé à prolonger le mois de relâche que je m’étais donné sur ce blog. Un accident de moto, trois côtes cassées et quelques contusions et déchirures musculaires m’ont littéralement «calmé» un mois de plus. Durant ce temps j’ai pu travailler, monter avec des amis une association (je vous en parle dans un prochain billet) mais pas plus. Pas de sorties, pas de blog, le moins possible d’informatique. Vous ne pouvez pas imaginer (sauf ceux qui en ont fait l’expérience), comme c’est difficile de respirer, tousser, rire et surtout dormir quand on a la cage thoracique un peu endommagé. guill-fermant.gifBref me voici doucement de retour et ne me dites surtout pas que je ne doive plus faire de moto ;-]. Faire simplement et toujours plus attention. C’est tout, c’est tout.

James Craig m’a donc envoyé un mail assez circonstancié, et pour être bien certain d’avoir compris l’ensemble de ses remarques j’ai pris un rendez-vous téléphonique et nous avons pu échanger et confronter nos points de vues. Pour l’essentiel, je dois le reconnaître, mon erreur de jugement venait de ce que je croyais que Designing With Type était destiné à des étudiants en arts graphiques 3e ou 4e années voire, dernières années d’études. Il n’en est rien. James voulait depuis longtemps commettre un livre qui s’adresserait à de jeunes étudiants à peine sortis du lycée (High School). Ils ne connaissent rien à la typographie, aux termes, à la grammaire élémentaire d’un métier aux pièges innombrables.

Et James avec la plus grande humilité s’est engagé dans une voie pédagogique des plus essentielle. Ouvrir le regard de jeunes bacheliers, oui, et on pourraît même imaginer que cela commence plus tôt, en seconde bien avant la terminale. L’apprentissage de la typo, de la mise en page, des rythmes de blancs, des espaces tournants, des codes d’élégance qui sont autant de fondamentaux, que chaque étudiant en arts appliqués devrait connaître avant de passer aux animations, aux expérimentations web et multi-media.

Mais voilà, ce n’est pas le cas, et il y a bien souvent téléscopage entre les programmes d’études et les désirs tendenciels des élèves. Je l’ai moi-même déjà vérifié. Et du coup le livre de J.Craig devient limpide. Pourquoi ai-je voulu comparer ce livre à celui de Karen Cheng. La fatigue, peut-être, l’impression que nous en étions au nième bouquin sur le sujet. De fait suis très heureux de pouvoir faire ce rectificatif de taille. Oui si cet ouvrage s’adresse à cette catégorie de jeunes émules des high school, alors il est remarquablement bienvenu. Et partout dans le monde. Parce que l’amélioration du design typo dans le monde entier est un besoin actuel et universel.

Designing With Type est un cours élémentaire de base, et du coup l’utilisation simplifié des polices de caractères, des exemples de composition, de l’anatomie de la lettre prennent tout leur sens. On ne parle pas aux spécialistes, experts en typo, en FontLab ou Fontographer. On ne cherche pas à séduire des professionnels avec des expérimentations décalées d’un Expérimental Jetset, bien que J. Craig aborde ces questions sur son website. Designing With Type trouve un prolongement des plus heureux ici sur les différentes galleries des meilleurs designers du monde entier.

craig-gallery-appeloig.jpgici une affiche de Philippe Appeloig…

Et voici quelques uns des artistes que James présente <on-line>:

Philippe Apeloig (5)
Michael Bierut (2)
Jean-Benoit Levy (5)
Chip Kidd (5)
Willi Kunz (5)
Rudi Meyer (5)
Paula Sher (1)
Nancy Skolos/Thomas Wedell (5)
Henry Steiner (5)
Wolfgang Weingart (5)

Et au fur et à mesure que l’on découvre le site on s’aperçoit qu’en fait James a mis quasiment son livre en ligne. Livre vendu, contenu gratuit sur le web. N’est-ce pas là la meilleure preuve que les «vieux» profs sont pas forcément les plus ringards. Regardons ce que l’on trouve à l’adresse du site.

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Tous les items traités dans l’ouvrage sont là et Monsieur Craig fait le pari auquel je souscris à 100 pourcent que les élèves et débutants potentiels préféreront acheter le livre-papier pour l’avoir entre les mains, à côté de l’ordi. Mais aussi quelle meilleure publicité que de montrer très exactement sur l’écran ce que l’on va trouver dans le livre gutenbergien (refondu tout de même et heureusement pour l’interface écran).

Designing With Type (cinq années d’existence déjà) est le résultat d’un parcours d’enseignant durant vingt sept automne-hiver-printemps. «Comment veux-tu que je me souvienne de tous les noms d’étudiants» me dit James en éclatant de rire, allusion à ma remarque sur les <unkwnown origin> de certains travaux d’élèves…

Merci James de m’avoir essuyé les yeux, et de nous faire partager ta passion d’un métier qui ne s’est jamais démenti.

Et pour rendre un hommage encore plus fort à ce pédagogue hors normes, je vais avec son aimable autorisation publier prochainement les pages d’un de ses meilleurs ouvrages concernant la chaîne graphique du Print [Production for the Graphic Designer] avant l’arrivée du tout numérique. L’occasion de jeter également un pont transversal et vertical sur ces métiers qui ont connu bien plus de bouleversements qu’aucun autre métier au monde.

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James Craig | Designing with Type | Un ouvrage de référence

Voici quelques temps j’ai échangé avec James Craig sur son blog-site. Et il m’a proposé de m’envoyer son livre pour que j’en publie des extraits commentés.

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Il est rare de voir un homme poursuivre avec autant de constance et d’acharnement (thérapeutique) une œuvre pédagogique. Commencée dans les années 70′ elle se poursuit aujourd’hui encore avec ce récent ouvrage que James vient de publier (chez Watson-Guptill Publications à New-York sous le numéro ISBN. 0-8230-1413-4). La première fois que j’ai découvert un de ses livres, c’était en 1976, lorsque j’ai commencé à enseigner à l’ESAG. Production for the Graphic Design. C’était un des rares bouquins en anglais tout de même à l’époque, qui survolait avec la plus grande intelligence l’ensemble de la chaîne graphique. O que je déteste cette expression… la chaîne graphique. On pense tout de suite à Chaplin dans les temps modernes. Les américains, plus pragmatiques l’ont tout de suite nommé la production graphique par opposition au design, à la création artistique. Attention au contre-sens courremment utilisé… un Art-Work en anglais veut dire un doc. d’exé. James ce n’est pas n’importe qui… non que d’être né à Montréal fasse de lui un original, mais il étudia aussi à Paris aux Beaux-Arts puis prit la direction graphique des éditions Watson-Guptill. Il enseigne également depuis 1979 à la Cooper Union, l’école où nous avons rencontré dans les notes précédentes, Herbert Lubalin et Lou Dorfsmann.

L’ouvrage «Designing with Type» a été coécrit par Irene Korol Scala et William Bevington. Il est soustitré : The Essential Guide to Typography. Numéroté du chiffre cinq, il semble qu’il soit la suite ou la réédition partielle du précédent que James a commis, le Designing with Type N°4.

Bien que je considère toute publication concernant la typographie comme étant utile et nécessaire à la culturation du plus grand nombre d’entre nous, il semblerait que celle-ci souffre d’une certaine superficialité. Fait-il semblant d’ignorer tout ce qui a été publié déjà autour du sujet, ou bien considère-t-il que ses livres font partie d’un tout homogène, une sorte de collection pédagogique, en tous cas, James à l’instar des Lagarde et Michard pour l’enseignement de la littérature, fait des impasses et s’amuse à survoler son sujet en nous donnant l’impression presque désagréable qu’il commence à s’ennuyer. Pardon James, mais ce n’est pas ton livre le plus parfait d’entre toute ta production.

Il n’empêche qu’il traite assez correctement de la scénographie de la page. Le problème ici me semble critique. Quand je dis qu’il traite assez correctement, je veux dire que si l’on exclut toutes les révolutions graphiques que nous avons connues depuis 1968, et partout dans le monde, alors effectivement l’enseignement que distille J.Craig me semble tout à fait acceptable. Le problème c’est que nous sommes entré dans l’ère de toutes les expérimentations, du revival typographique, des superpositions en profondeur dans les pages comme sur nos écrans télé. La typographie comme signe tangible, est passée de l’état de signifiant à celui de signifié, jusqu’à devenir image à part entière. C’est bien la leçon de choses que nous ont laissé quelques grands créateurs du XXe.

Et en lisant la publication de J.Craig j’ai eu comme un sentiment de frustration tant les référents à la modernité manquent cruellement. Comme aussi pas mal de crédits… UNKNOWN, UNKNOWN etc. La mise en page même du livre, l’utilisation abusive de composition d’alphabets que tout le monde connaît, le format du livre 21,5 x 28 cm, donnent une impression de déjà vu et d’un peu étriqué.

J’avais fait quelques repproches à l’ouvrage de Karen Cheng, mais du coup, et dans un registre tout à fait différent son livre prend une dimension tout autre.

Du coup la question que je me pose, n’est-on pas arrivé au terme d’un enseignement par trop classique à l’heure où les jeunes générations qui se frottent à la 3D, à l’animation, à la typographie HTML, ou Flash sont en demande d’un enseignement plus expérimental. La typographie en 2006 a besoin de s’exprimer dans des laboratoires de recherches formelles pour avoir une chance d’évoluer vers une vraie modernité. Certes rappeler sans cesse les fondamentaux, est indispensable, mais si l’on veut donner l’envie, communiquer le désir aux jeunes de se frotter à la typographie, il me semble utile de les «impressionner» avec des recherches et des travaux plus contemporains.

Je voudrais tout de même finir sur une note optimiste. Suis persuadé que J.Craig n’a pas fini son œuvre et que s’il est arrivé là au bout d’un bout pédagogique, il nous surprendra sans doute dans les prochaines années par son inventivité et son goût réel pour la recherche. Prenons donc date et si vous êtes vraiment un débutant dans les arts graphiques tout ce que j’ai dit ci-dessus ne vaut pas pour vous. C’est un excellent ouvrage d’initiation à la chose typographique.

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Les précédents ouvrages de James Craig.

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Le dernier en date: «Designing with Type» qui vient de sortir en 2006.

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23 octobre 1956 | 19h50 | Paul Gabor quittait Budapest

Adambiroediteur

Le soir du 23 octobre 1956, Gábor Pál (Paul Gabor en hongrois), quittait Budapest avec l’Alberg Express, un wagon de jouets hongrois accroché en queue du train. Chargé de scénographier le stand hongrois des jouets au Salon de l’Enfance à Paris, Grand Palais.

Ne vais pas vous raconter de nouveau ces événements, parce que vous les trouverez ici dans cette série d’articles consacrés à son œuvre et sa vie. Et puis je ne vais pas non plus jouer les historiens, parce que j’en ai pas la compétence, ni le recul suffisant ayant moi-même vécu la chose dans ma petite enfance avec toutes les déformations et la subjectivité propres à cet âge. Juste de vous inviter à lire quelques articles du Monde d’aujourd’hui qui renvoient à une video et un portfolio de photographies éditées par Adam Biró (et ici) La Révolution | Photographies d’Erich Lessing | Textes d’Erich Lessing, François Fejtö, György Konrád et Nicolas Bauquet | 30×30 cm, 252 pages, 184 photographies en bichromie, 49 €.

Le 23 octobre 1956, le peuple de Budapest s’est révolté contre la domination soviétique qui durait depuis la Seconde Guerre mondiale. D’abord triomphante – l’armée russe s’est retirée de la ville fin octobre, la Révolution fut écrasée dans le sang par les chars soviétiques, revenus le 4 novembre. Cet ouvrage, unique en son genre, paraît pour le cinquantième anniversaire de la Révolution hongroise. Unique, car nous avons la chance de pouvoir reproduire une grande partie des photos que le célèbre photographe autrichien Erich Lessing a prises de juillet 1956 à janvier 1957, à Budapest et dans le reste de la Hongrie. Les photos sont clairement et abondamment légendées. Les événements politiques et historiques sont commentés par Erich Lessing lui-même, par le grand romancier hongrois György Konrád, et par le journaliste et politologue François Fejtö, spécialiste des ex-démocraties populaires. Les répercussions des événements de Hongrie sur le monde occidental sont analysées par l’historien Nicolas Bauquet.

Deux articles dans le Monde d’aujourd’hui pour nous rappeler l’insurrection hongroise du 23 octobre 1956.

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Le soulèvement hongrois de 1956
LEMONDE.FR | 19.10.06

© Le Monde.fr

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