l’Histoire des Magazines typoGabor N°5 | Les TypeDirectors

« TypoGabor présente » N°5 | Les TypeDirectors

Juin 1982 | Avec l’aimable autorisation de Frank Adebiaye.

Même si certaines manifestations graphiques sont en germe dès 1968, typoGabor est fondée en 1973 par Paul et Peter Gabor. L’activité de la société est double : atelier de création graphique autour des clients historiques de Paul Gabor et société de services typographiques sous l’égide de Peter Gabor.

Les premières années de typoGabor sont rythmées par le fonctionnement coûteux et limité des Diatronic de Berthold. Tant et si bien qu’à la fin des années 1970, la continuité d’exploitation semble compromise. C’est à la faveur d’une annonce dans la revue CARACTÈRE que Peter Gabor découvre l’AlphaType. Il y voit l’amorce d’une révolution du digital. Ce sera son ami (depuis) Raymond Aubry, chef d’Atelier de Graphiservice à Bruxelles qui achèvera de le convaincre.

Un système de composition américain venant de Chicago, qui pour la première fois, propose non plus d’acheter mais de louer (prix dérisoire) des polices de caractères, ce qui porte l’offre et la diversité typographiques à un niveau inédit : 1 000 polices contre 80 sur Diatronic auxquels s’ajoutent 16 polices supplémentaires tous les mois. « typoGabor présente » naît en 1980 de deux constats.

Il ne s’agit plus de faire de la Pub pour une entreprise, mais d’informer et d’éduquer un marché. La Publicité. Un marché où s’affrontaient une trentaine de concurrents proposant tous à peu près les mêmes services (24/24, coursiers, catalogues de calibrage gratuits et qualité de composition supérieure à celle de l’édition ou de la Presse). typoGabor connaît alors le succès.

Les Directeurs Artistiques affluent et les commandes doublent de volume en l’espace de 2 ans. Mais la formule marketing du magazine ne plaisait plus à Peter Gabor. Il y préféra une formule nouvelle autorisant toutes les expérimentations typographiques. Le magazine littéraire de typoGabor était né. Plusieurs directeurs artistiques vont se succéder dans les cuisines typographiques de la maison Gabor. Bill Butt, Jérôme Binda, Philippe Duriez et pour finir Paul Gabor qui revient en 89 par une magistrale œuvre consacré aux Droits de l’Homme. L’Âge d’Homme.

L’expérience de la photocomposition fut de courte durée. Le Postscript arrive sous la forme commercialisée d’Adobe Type Manager et tous les prestataires de composition perdent 50 clients par jour à partir de 1990. Peter Gabor tenta encore d’adapter son entreprise en devenant le premier compositeur qui a basculé la totalité de son fonds sur Macintosh. Mais les dettes s’accumulant et victime d’un administrateur judiciaire peu scrupuleux, il finit par baisser les bras, non sans avoir personnellement créé 4 polices de caractères pour le Journal Libération en 1994.

Une aventure de vie passée à promouvoir la diversité et la qualité de composition, parce que comme l’aimait à rappeler son père Paul, d’après une phrase de Jean Cocteau : «Le style n’est pas une danse mais une démarche».


Couverture composée en Barcelona ITC. Cette couverture est l’une des plus étrange de toute la collection des magazines typoGabor Présente. De fait c’était un clin d’œil à la profession publicitaire. Il n’y avait pas de Type Director dans les Agences Parisiennes. À part Allison Girard qui travaillait (si ma mémoire ne me fait pas défaut) à la JWT, il n’y avait jamais eu de typeDirector en France. Et même aujourd’hui, encore, je n’en connais qu’un seul, Thomas Linard, de mes amis. Les raisons sont innombrables. La France n’a jamais privilégié la typoGraphie jusqu’à encore récemment. C’est sans doute les nouveaux outils du numérique, qui ont donné l’accès à la création typographique, sans plus être obligé de gratter de la carte, que les Directeurs Artistiques contemporains font assaut de créativité, soit en redessinant des typos, soit en les faisant redessiner par quelques studios spécialisés.

Les typothèques innombrables, les TypeKit d’Adobe, le foisonnement des fonderies indépendantes dans le monde entier ont libéré des énergies créatrices. Et puis il faut l’avouer, on a découvert assez tardivement le rôle prépondérant du signe en France. J’ose croire que dans les années 70 et 80 une société comme typoGabor s’est illustré précisément dans ce rôle de pédagogue et d’éducation du regard. Nombre d’écoles d’Art à l’époque ne s’occupaient guère de former l’acuité intellectuelle et visuelle aux formes typographiques et de la composition. La typoGraphie est un langage à part entière. Avec sa grammaire, sa syntaxe et son vocabulaire (de formes).


Diriger une société de photocomposition et de phototitrage n’était pas une mince affaire. Passer de 0 salarié à 60 en l’espace de 17 ans. Un travail acharné de chaque jour. Rendu d’autant plus délicat que l’entreprise œuvrait jour et nuit. 24/24. Les problèmes techniques, de production et de choix commerciaux se posaient donc à un rythme quotidien qui s’étalait sur 24 heures. Un choix assumé. Mais l’on ne peut compter le nombre de nuits blanches que l’on peut y passer. C’était devenu une habitude, presque une routine. 5‑6 heures de sommeil quotidiens. C’est tout. Parfois un immense plaisir. Revenir à l’écriture. Les magazines me donnaient cette occasion que je n’aurais raté pour rien au monde.



• Et toujours le plaisir de mettre en avant le travail des étudiants en Arts Graphiques de l’ESAG/Penninghen où j’enseignais tous les samedis après mon mandat de la semaine.


Ici un très article sur la situation des techniques en 1982. Vous pouvez cliquer sur la reproduction. Et re-cliquer pour zoomer sur le texte. Intéressante lecture pour comprendre les enjeux industriels d’une époque charnière où l’on commençait à recevoir des textes tapuscrits par des machines de traitement de textes. Plus besoin donc de re-saisir la dactylographie des textes. Ce fut une petite révolution pour les flux de production. Le Salon de la Bureautique, le Sicob se tenait chaque année pour présenter les nouveaux systèmes de traitement de textes. Nous sommes 2 an avant la naissance du Macintosh et Windows n’existait pas encore.

Présenter un caractère, nouveau, qui nous vient tout droit des laboratoires de recherche d’Alphatype demandait un travail considérable. Tester les polices. Retravailler toutes les tables d’approches en fonction de la langue française (merci Serge Cortesi). Alors vous imaginez bien Trois familles de polices, Barcelona, Cushing et Galliard, avec toutes les déclinaisons de romains et d’italiques. Un travail de fourmi. Énorme. Et c’est une fois cette préparation accomplie que nous pouvions seulement faire la promotion des nouveautés dans nos magazines. On n’imagine absolument pas la charge, la pression et le travail que cela représentait. Qui de plus est, lorsque vous êtes victimes de votre notoriété de qualité, le trac vous assaille chaque jour. Faire mieux et toujours mieux. Et rester convivial et calme avec ses collaborateurs et ses clients. Pas toujours simple. Mais une aventure si belle.




typoGabor fournissait la typo à beaucoup de magazines, Elle, mais aussi Actuel de Jean-François Bizot. Annie Krivitzky était la Directrice Artistique du magazine sous la responsabilité d’Emile Laugier Directeur de Créa. J’avais interviewé Annie sur les difficultés et le plaisir d’offcier à la maquette d’Actuel. Et puis pendant qu’on y était je lui ai demandé de mettre en page cette intervention à la manière de… cela donne ces quelques pages totalement décalé dans un magazine typo qui se voulait plutôt sage et classique. Je me souviens des grognements de Paul Gabor. Mais il accepta finalement cette intervention extérieure. Il adorait Annie qui avait été son ancienne élève à Penninghen. Cela sert la sympathie réciproque.





Et à partir de 81‑82 les magazines étaient l’occasion d’annoncer en avant première le lancement des polices américaines issues de la collection Alphatype. On ne pouvait pas réimprimer 1200 pages de catalogue de calibrage à chaque lancement. Le magazine servait alors de banc d’essai et de présentation temporaire en attendant l’insertion des nouveautés dans le typeBook que nous lancions environ tous les deux ans. Je consacrais environ 6 % du chiffre d’affaires de typoGabor au budget de la com’ de l’entreprise. C’était à la fois beaucoup et raisonnable. Un choix aussi. Nombre de mes confrères offraient des cadeaux de fin d’année « très significatifs » à leurs clients. J’avais fait l’impasse sur ces pratiques assez toxiques et je préférais investir dans la com de typoGabor. Cela me semblait plus vertueux et plus pérenne.









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l’Histoire des Magazines typoGabor N°6 | La Calligraphie | Albert Boton et Ed Benguiat

Avec l’aimable autorisation de Frank Adebiaye.

« TypoGabor présente » N°6 | La Calligraphie |
Albert Boton et Ed Benguiat | Janvier 1983

Même si certaines manifestations graphiques sont en germe dès 1968, typoGabor est fondée en 1973 par Paul et Peter Gabor. L’activité de la société est double : atelier de création graphique autour des clients historiques de Paul Gabor et société de services typographiques sous l’égide de Peter Gabor.

Les premières années de typoGabor sont rythmées par le fonctionnement coûteux et limité des Diatronic de Berthold. Tant et si bien qu’à la fin des années 1970, la continuité d’exploitation semble compromise. C’est à la faveur d’une annonce dans la revue CARACTÈRE que Peter Gabor découvre l’AlphaType. Il y voit l’amorce d’une révolution du digital. Ce sera son ami (depuis) Raymond Aubry, chef d’Atelier de Graphiservice à Bruxelles qui achèvera de le convaincre.

Un système de composition américain venant de Chicago, qui pour la première fois, propose non plus d’acheter mais de louer (prix dérisoire) des polices de caractères, ce qui porte l’offre et la diversité typographiques à un niveau inédit : 1 000 polices contre 80 sur Diatronic auxquels s’ajoutent 16 polices supplémentaires tous les mois. « typoGabor présente » naît en 1980 de deux constats.

Il ne s’agit plus de faire de la Pub pour une entreprise, mais d’informer et d’éduquer un marché. La Publicité. Un marché où s’affrontaient une trentaine de concurrents proposant tous à peu près les mêmes services (24 / 24, coursiers, catalogues de calibrage gratuits et qualité de composition supérieure à celle de l’édition ou de la Presse). TypoGabor connaît alors le succès. Les Directeurs Artistiques affluent et les commandes doublent de volume en l’espace de 2 ans. Mais la formule marketing du magazine ne plaisait plus à Peter Gabor. Il y préféra une formule nouvelle autorisant toutes les expérimentations typographiques. Le magazine littéraire de typoGabor était né.

Plusieurs directeurs artistiques vont se succéder dans les cuisines typographiques de la maison Gabor. Bill Butt, Jérôme Binda, Philippe Duriez et pour finir Paul Gabor qui revient en 89 par une magistrale œuvre consacré aux Droits de l’Homme. L’Âge d’Homme.
L’expérience de la photocomposition fut de courte durée. Le Postscript arrive sous la forme commercialisée d’Adobe Type Manager et tous les prestataires de composition perdent 50 clients par jour à partir de 1990. Peter Gabor tenta encore d’adapter son entreprise en devenant le premier compositeur qui a basculé la totalité de son fonds sur Macintosh.

Mais les dettes s’accumulant et victime d’un administrateur judiciaire peu scrupuleux, il finit par baisser les bras, non sans avoir personnellement créé 4 polices de caractères pour le Journal Libération en 1994.

Une aventure de vie passée à promouvoir la diversité et la qualité de composition, parce que comme l’aimait à rappeler son père Paul, d’après une phrase de Jean Cocteau : « Le style n’est pas une danse mais une démarche ».

Nous sommes en janvier 1983. typoGabor vient de renaître de ses cendres. En effet c’est peu dire que nous revenions de loin. Début 1980 la Maison était au bord du dépôt de bilan. Tous les indicateurs étaient dans le rouge. Les machines Berthold étaient systématiquement en panne un jour sur deux. Les techniciens de Berthold défilaient quotidiennement sans pour autant être capable de stabiliser la situation. Parallèlement nous sortions d’une crise sociale difficile. La CGT du livre s’était mis en tête d’avoir « la peau » de l’entreprise. Sans raison valable.

C’est seulement une vingtaine d’années plus tard que j’ai eu la fin mot de cette histoire. Je m’étais fait un ami à San Francisco lors d’une réunion du Seybold Report. Et plus tard en 1995 il m’avoua que la CGT n’avait rien contre typoGabor. Juste qu’ils voulaient faire un exemple dans la profession. Ils étaient mal tombés. J’ai toujours été un combattif et d’être né dans un pays communiste (la Hongrie) m’avait donné une culture des luttes syndicales qui dépassaient de loin ce qu’on apprend en sociologie à René Descartes (3 ans d’études).


Nous sommes donc enfin sur le bon chemin. L’outil de production Alphatype ayant remplacé avantageusement les Diatronic de Berthold, nous lancions un programme de communication annuelle qui débordait d’inventivité et de présence dans les agences de publicité. Ici une couverture entièrement calligraphiée par Albert Boton. Lui avais donné ce texte un peu grandiloquent mais qui résumait bien la foi que nous avions dans l’avenir des technologies numériques. Au point d’ailleurs que Berthold s’était mis en tête de racheter la société Alphatype pour proposer les mêmes technologies à leurs clients.

Quand une société de 3500 salariés commence à imiter ta stratégie, tu comprends alors que tu n’es pas complètement fou. Me souviens d’un déjeuner homérique où le patron de Berthold France m’invite pour m’annoncer avec fierté le rachat d’Alphatype par sa société et leur intention d’effacer toutes les dettes de typoGabor sur la maintenance désastreuse des Diatronic: « Vous comprenez Monsieur Gabor, avec tout l’argent que nous avons fait grâce à vous… » Je n’étais pas peu fier… les aventures rocambolesques des chefs d’entreprise. Époustouflant.

Voici le Modern ITC dessiné par Edward Benguiat que j’avais rencontré plusieurs fois aux Assemblées Générales de l’ATYPI. Devenu un ami depuis. J’aurais tant de choses à raconter sur Ed Benguiat. Me souviens d’un déjeuner formidable à trois, avec Paul Gabor. Nous avons évoqué la carrière de l’un et de l’autre. Je buvais du petit lait. Avoir eu la chance de connaître les monstres sacrés de nos métiers. Sans doute un des privilèges de ma longue expérience. Mais pas que. J’ai pendant longtemps préféré la compagnie des « hommes d’expérience » que de « jouer » avec les gens de mon âge. Un besoin inné et récurent d’apprendre et encore d’apprendre. Et aujourd’hui bizarrement c’est le contraire qui se passe. J’apprends plus des jeunes que des gens de mon âge. Un besoin vital.

Le Modern ITC est une Transitionnelle (merci Jonathan) classique (Vox l’aurait appelé Réale). Ce qui en fait une police novatrice se trouve inscrit dans la charte de la création de tous les ITC. Des jambages résolument courtes pour permettre de composer des textes avec un œil assez grand et sur-interligner à volonté selon le rythme désiré. Ce qui n’était pas le cas avec les didots classiques aux jambages interminables.

Je connaissais Albert Boton depuis qu’il avait rejoint le studio Hollenstein. Plus tard je l’ai rencontré encore à l’Agence Delpire. Puis à Carré Noir. Nous étions devenus assez vite de grands amis. Puis un jour je lui demandé de participer au programme du Centre de Création Typographique que j’avais créé avec Paul Gabor. Il nous dessina son magnifique Boton… Ici donc un interview du grand Albert. Que j’ai voulu d’abord éclairer par son amour de la musique et de la haute fidélité « ésotérique ». Il faut non seulement regarder le travail d’Albert Boton, mais aussi l’écouter parler. Son phrasé, le timbre de sa voix, un peu texan, sont à eux seuls le témoignage d’une sensibilité à fleur de voix. Je crois qu’il caresse les mots, comme il caresse les lettres. Une unité parfaite. Il est à lui seul un être multimédia, audio-visuel. Dans la suite de l’article on découvre les innombrables logos qu’il dessina au long de sa carrière. Un plaisir sans cesse renouvelé.

Ici sur cette page des exemples de Calligraphies de Claude Mediavilla. Dont j’ai déjà fait mention dans ce blog ici.

Il y a quelque chose de « bizarre » dans le texte ci-dessus qui illustre la page des Baskerville ITC. Nous y évoquons quelques pages du Chien des Baskerville de Sir Conan Doyle. Était-ce une prémonition ou pas ? Toujours est-il que la littérature fait brusquement irruption dans un magazine typoGabor présente, alors même que nous ne savions pas encore qu’un jour de 1986 j’allais inventer la formule des magazines littéraires et typographiques. Sans doute une appétence, une envie refoulée de m’approcher de la littérature.

Penta. Là aussi prémonition. Je ne peux pas expliquer autrement la présence de cet article. J’ai rencontré Yves Droucpeet qui dirigeait la Photogravure Penta, grâce à une responsable de la Fabrication de Carré Noir. J’y ai découvert non seulement un métier dont je ne connaissais que le versant noir et blanc, mais surtout la numérisation en marche de ce métier qui ne voyait pas non plus encore l’arrivée des Macintosh et du Postscript. Cependant, à l’instar de typoGabor ils avaient senti le vent tourner et avaient investi sur des machines lourdes, du Crossfield, si ma mémoire est bonne. Avec une multitude de Disques durs Control Data. Imaginez. Là où un seul disque dur de 300Mo suffisait pour six mois de production de texte en photocomposition, il fallait quasiment un disque dur par image dans une photogravure numérique. Vous le savez bien, aujourd’hui il n’est pas rare d’ouvrir ou de créer des images qui font 500Mo. Cela ne représente plus grand chose. Mais à l’heure de la naissance du numérique, scanner, corriger et flasher une image, une page en numérique demandait des investissements incroyablement lourds. Me souviens qu’Yves Droucpeet me parlait d’une douzaine de millions de Francs pour une unité de production du coté de la rue de Sèvres. Là où nous avions nous investi seulement 1,2 million pour nos unités de photocomposition. Tu fais la même chose aujourd’hui sur un MacBookPro, un bon scanner ou mieux un appareil photo numérique. Tu n’as plus besoin de scanner. Tout simplement. C’était il y a 33 ans. Loi de Moore oblige.

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l’Histoire des Magazines typoGabor N°7 | Le Monde Numérique

Avec l’aimable autorisation de Frank Adebiaye.

« TypoGabor présente » N°7 Le Monde Numérique

Même si certaines manifestations graphiques sont en germe dès 1968, typoGabor est fondée en 1973 par Paul et Peter Gabor. L’activité de la société est double : atelier de création graphique autour des clients historiques de Paul Gabor et société de services typographiques sous l’égide de Peter Gabor.

Les premières années de typoGabor sont rythmées par le fonctionnement coûteux et limité des Diatronic de Berthold. Tant et si bien qu’à la fin des années 1970, la continuité d’exploitation semble compromise. C’est à la faveur d’une annonce dans la revue CARACTÈRE que Peter Gabor découvre l’Alphatype. Il y voit l’amorce d’une révolution du digital. Ce sera son ami (depuis) Raymond Aubry, chef d’Atelier de Graphiservice à Bruxelles qui achèvera de le convaincre. Un système de composition américain venant de Chicago, qui pour la première fois, propose non plus d’acheter mais de louer (prix dérisoire) des polices de caractères, ce qui porte l’offre et la diversité typographiques à un niveau inédit : 1 000 polices contre 80 sur Diatronic auxquels s’ajoutent 16 polices supplémentaires tous les mois.


« typoGabor présente » naît en 1980 de deux constats. Il ne s’agit plus de faire de la Pub pour une entreprise, mais d’informer et d’éduquer un marché. La Publicité. Un marché où s’affrontaient une trentaine de concurrents proposant tous à peu près les mêmes services (24 / 24, coursiers, catalogues de calibrage gratuits et qualité de composition supérieure à celle de l’édition ou de la Presse). typoGabor connaît alors le succès. Les Directeurs Artistiques affluent et les commandes doublent de volume en l’espace de 2 an. Mais la formule marketing du magazine ne plaisait plus à Peter Gabor. Il y préféra une formule nouvelle autorisant toutes les expérimentations typographiques.

Le magazine littéraire de typoGabor était né. Plusieurs directeurs artistiques vont se succéder dans les cuisines typographiques de la maison Gabor. Bill Butt, Jérôme Binda, Philippe Duriez et pour finir Paul Gabor qui revient en 89 par une magistrale œuvre consacré aux Droits de l’Homme. L’Âge d’Homme.

L’expérience de la photocomposition fut de courte durée. Le Postscript arrive sous la forme commercialisée d’Adobe Type Manager et tous les prestataires de composition perdent 50 clients par jour à partir de 1990. Peter Gabor tenta encore d’adapter son entreprise en devenant le premier compositeur qui a basculé la totalité de son fonds sur Macintosh. Mais les dettes s’accumulant et victime d’un administrateur judiciaire peu scrupuleux, il finit par baisser les bras, non sans avoir personnellement créé 4 polices de caractères pour le Journal Libération en 1994.

Une aventure de vie passée à promouvoir la diversité et la qualité de composition, parce que comme l’aimait à rappeler son père Paul, d’après une phrase de Jean Cocteau : « Le style n’est pas une danse mais une démarche ».

Ce n’est sans doute pas la couverture que je préfère. Le dessin n’est pas terrible, et le traitement graphique est à vomir. Mais l’intention était là. Se poser une question. Pourra-t-on un jour numériser la matière « humaine ». Bien entendu de nombreux auteurs de Science Fiction avaient décrit ce processus. J’avais dévoré ces auteurs pendant mon adolescence.

Et l’irruption du numérique dans mon secteur d’activité était comme une bouffée d’air frais dans un monde dominé jusqu’alors par la mécanique très souvent défaillante. Il faut savoir que Berthold avait choisi une technologie 2ème génération où un Schtelwerk, une sorte de boîte noire en fonte, faisait monter / descendre et se faire déplacer latéralement une plaquette de caractère rectangulaire de 10 cm de coté (long). Chaque lettre exposée (pendant un millième de seconde) arrivait en face de l’objectif de la photocomposeuse pour faire la place à la suivante. La vitesse de « flashage » atteignait difficilement les 20.000 caractères heure. Alors que dans le même temps les machines qui fonctionnaient sur le principe de la lumitype (disque rotatif) permettaient d’atteindre des vitesses 2 à 3 fois supérieures.

L’arrivée d’Alphatype avec le principe de numérisation des polices nous a fait sauter d’un bond gigantesque. L’on pouvait désormais « flasher » à près de 100.000 caractères / heure et nous avions installé deux de ces appareils dans l’atelier. Nous venions de nous lancer dans l’espace intersidéral de la vitesse (toute relative pour l’époque). La productivité a toujours été au cœur des inquiétudes des industriels, fussent ceux de services de composition. Mais le fait est, que lorsqu’on choisissait la marque d’un matériel, on était poings et mains liés pour le Front-end (les écrans de travail) et le Back-end (les flasheuses et les polices de caractères spécifiques à chaque marque).

Il faudra attendre l’arrivée tragi-comique et miraculeuse du Postscript pour enfin se dégager de ces contraintes de systèmes propriétaires. Tragi-comique parce que si la profession des compositeurs n’a pas survécu à cette révolution, ça n’était que le début d’une remise en question de toute l’industrie du service (tertiaire). Bientôt tous les métiers allaient être touchés pour arriver aujourd’hui à l’expression d’ubérisation de la société. Disons que le métier de photocompositeur a été la première à se faire ubériser en 1989 et que personne alors ne s’inquiétait des conséquences de cette révolution étendue à toutes les pratiques professionnelles.

L’article ci-dessus se termine par la phrase «Demain, il n’y aura plus de communication, que pointue, précise, bien ciblée». Me trompais-je ? Fier d’avoir écrit ce long texte (cliquez pour zoomer) qui résume la relation entre les typographes et les Agences de Publicité.

Un très bel article en hommage à un viel ami de la famille. José Mendoza y Almeida. Il travailla pour Roger Excoffon sur les caractères de l’Antique Olive, Nord Compact, et fut le créateur du Photina, grande commande de la fonderie Monotype sous la direction artistique de John Dreyfus. Dix ans de travail assidu pour créer une des plus belles séries de caractères qu’on n’ait jamais vu.

Un magnifique texte d’Andrée Simons peu de temps avant qu’elle mette fin à son existence si précieuse pourtant.

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l’Histoire des Magazines typoGabor | N°3 La Typo Américaine digitale à Paris

Avec l’aimable autorisation de Frank Adebiaye:
« TypoGabor présente »

N°3 | La Typo Américaine à Paris


Même si certaines manifestations graphiques sont en germe dès 1968, typoGabor est fondée en 1973 par Paul et Peter Gabor. L’activité de la société est double : atelier de création graphique autour des clients historiques de Paul Gabor et société de services typographiques sous l’égide de Peter Gabor.
Les premières années de typoGabor sont rythmées par le fonctionnement coûteux et limité des Diatronic de Berthold. Tant et si bien qu’à la fin des années 1970, la continuité d’exploitation semble compromise. C’est à la faveur d’une annonce dans la revue CARACTÈRE que Peter Gabor découvre l’Alphatype. Il y voit l’amorce d’une révolution du digital. Ce sera son ami (depuis) Raymond Aubry, chef d’Atelier de Graphiservice à Bruxelles qui achèvera de le convaincre. Un système de composition américain venant de Chicago, qui pour la première fois, propose non plus d’acheter mais de louer (prix dérisoire) des polices de caractères, ce qui porte l’offre et la diversité typographiques à un niveau inédit : 1 000 polices contre 80 sur Diatronic auxquels s’ajoutent 16 polices supplémentaires tous les mois.
« typoGabor présente » naît en 1980 de deux constats. Il ne s’agit plus de faire de la Pub pour une entreprise, mais d’informer et d’éduquer un marché. La Publicité. Un marché où s’affrontaient une trentaine de concurrents proposant tous à peu près les mêmes services (24/24, coursiers, catalogues de calibrage gratuits et qualité de composition supérieure à celle de l’édition ou de la Presse). typoGabor connaît alors le succès. Les Directeurs Artistiques affluent et les commandes doublent de volume en l’espace de 2 ans.
Mais la formule marketing du magazine ne plaisait plus à Peter Gabor. Il y préféra une formule nouvelle autorisant toutes les expérimentations typographiques. Le magazine littéraire de typoGabor était né. Plusieurs directeurs artistiques vont se succéder dans les cuisines typographiques de la maison Gabor. Bill Butt, Jérôme Binda, Philippe Duriez et pour finir Paul Gabor qui revient en 89 par une magistrale œuvre consacré aux Droits de l’Homme. L’Âge d’Homme.
L’expérience de la photocomposition fut de courte durée. Le Postscript arrive sous la forme commercialisée d’Adobe Type Manager et tous les prestataires de composition perdent 50 clients par jour à partir de 1990. Peter Gabor tenta encore d’adapter son entreprise en devenant le premier compositeur qui a basculé la totalité de son fonds sur Macintosh. Mais les dettes s’accumulant et victime d’un administrateur judiciaire peu scrupuleux, il finit par baisser les bras, non sans avoir personnellement créé 4 polices de caractères pour le Journal Libération en 1994.

Une aventure de vie passée à promouvoir la diversité et la qualité de composition, parce que comme l’aimait à rappeler son père Paul, d’après une phrase de Jean Cocteau : «Le style n’est pas une danse mais une démarche».
 
 



• à chaque sortie de magazine, le plaisir d’offrir à voir des nouveautés d’une qualité de dessin et de composition très performante. Il faut savoir qu’ITC avaient conçu un programme de création spécialement pour la publicité et la Presse. Burns qui avait longtemps séjourné dans le Composing Room à New York, savait qu’un des soucis majeurs étaient la hauteur d’œil et la hauteur des jambages montants et descendants. La Publicité avait besoin de confort de lecture (un œil plus grand) mais aussi de pouvoir jouer plus facilement sur les interlignages. Or beaucoup de polices parmi les Old Style, présentaient des contrastes bien trop importants à ses yeux. Goudy, Caslon, Garamond etc. Et même le Futura de Paul Renner dont les jambages originaux étaient interminables. C’est ainsi qu’il fut décidé au sein du Board d’ITC de promouvoir un standard de rapport «hauteur de x/X» adapté à un marché en évolution.






• j’ai toujours été fasciné par la créativité dont sont capables les jeunes qui fréquentent les écoles d’art. C’est là une de mes passions, et dès le début des années 80 j’ai privilégié cette exposition des jeunes talents pour démontrer l’inénarrable possibilité des jeunes à imaginer, à remettre en question, à expérimenter. Et c’est au sein de l’ESAG où j’enseignais en Master 1 (4ème année) durant treize ans que j’ai puisé cette merveilleuse versatilité. Plus récemment, en prenant la direction de l’école e-artsup j’ai eu la chance de recommencer cette expérience de partage, ce que je continue de pratiquer quotidiennement sur ma page Facebook.






• il nous a fallu un certain temps pour digérer les 1000 polices de caractères qu’Alphatype nous avaient expédié de Chicago. Les inventorier, commencer à les tester, entreprendre une vaste remise en question systématique des approches de pairs standards grâce au travail de Serge Cortesi. Un travail titanesque…de fourmi. Mais le résultat était au rendez-vous. Les clients, les innombrables directeurs artistiques reconnaissaient la qualité de nos compositions. J’en connais encore beaucoup qui s’en souviennent.





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L’histoire des magazines typoGabor | N°1 American Type Collection

Avec l’aimable autorisation de Frank Adebiaye:
Même si certaines manifestations graphiques sont en germe dès 1968, typoGabor est fondée en 1973 par Paul et Peter Gabor. L’activité de la société est double : atelier de création graphique autour des clients historiques de Paul Gabor et société de services typographiques sous l’égide de Peter Gabor.
Les premières années de typoGabor sont rythmées par le fonctionnement coûteux et limité des Diatronic de Berthold. Tant et si bien qu’à la fin des années 1970, la continuité d’exploitation semble compromise. C’est à la faveur d’une annonce dans la revue CARACTÈRE que Peter Gabor découvre l’AlphaType. Il y voit l’amorce d’une révolution du digital. Ce sera son ami (depuis) Raymond Aubry, chef d’Atelier de Graphiservice à Bruxelles qui achèvera de le convaincre. Un système de composition américain venant de Chicago, qui pour la première fois, propose non plus d’acheter mais de louer (prix dérisoire) des polices de caractères, ce qui porte l’offre et la diversité typographiques à un niveau inédit : 1 000 polices contre 80 sur Diatronic auxquels s’ajoutent 16 polices supplémentaires tous les mois. « typoGabor présente » naît en 1980 de deux constats. Il ne s’agit plus de faire de la Pub pour une entreprise, mais d’informer et d’éduquer un marché. La Publicité. Un marché où s’affrontaient une trentaine de concurrents proposant tous à peu près les mêmes services (24/24, coursiers, catalogues de calibrage gratuits et qualité de composition supérieure à celle de l’édition ou de la Presse). typoGabor connaît alors le succès. Les Directeurs Artistiques affluent et les commandes doublent de volume en l’espace de 2 ans. Mais la formule marketing du magazine ne plaisait plus à Peter Gabor. Il y préféra une formule nouvelle autorisant toutes les expérimentations typographiques. Le magazine littéraire de typoGabor était né. Plusieurs directeurs artistiques vont se succéder dans les cuisines typographiques de la maison Gabor. Bill Butt, Jérôme Binda, Philippe Duriez et pour finir Paul Gabor qui revient en 89 par une magistrale œuvre consacré aux Droits de l’Homme. L’Âge d’Homme.
L’expérience de la photocomposition fut de courte durée. Le Postscript arrive sous la forme commercialisée d’Adobe Type Manager et tous les prestataires de composition perdent 50 clients par jour à partir de 1990. Peter Gabor tenta encore d’adapter son entreprise en devenant le premier compositeur qui a basculé la totalité de son fonds sur Macintosh. Mais les dettes s’accumulant et victime d’un administrateur judiciaire peu scrupuleux, il finit par baisser les bras, non sans avoir personnellement créé 4 polices de caractères pour le Journal Libération en 1994.
Une aventure de vie passée à promouvoir la diversité et la qualité de composition, parce que comme l’aimait à rappeler son père Paul, d’après une phrase de Jean Cocteau : «Le style n’est pas une danse mais une démarche».


Magazine «typoGabor présente» de novembre 1980 où il est question du lancement de la collection digitale des caractères de photocomposition de typoGabor. Technologie Alphatype.




• Si vous cliquez sur cette page, vous pourrez lire mes prévisions en bas de la deuxième colonne sur l’avenir du monde numérique tel que je l’imaginais. De fait la seule chose que je n’avais pas prévu tient en deux mots: marketing de masse. Le Mass Market a démocratisé les outils, à un point inimaginable à ce moment précis de l’histoire des technologies. Il faut savoir que les machines Alphatype que nous avions fait venir de Chicago coûtaient au bas mots environ 1,2 millions de FF. ce qui équivaut à un système de composition de texte à 163.000 €uros. C’est du lourd comme dirait Fabrice Luchini.





Publié dans Typographie et typographies | Commentaires fermés sur L’histoire des magazines typoGabor | N°1 American Type Collection

l’Histoire des Magazines typoGabor | N°2 | Allan, Lubalin, Benguiat

Avec l’aimable autorisation de Frank Adebiaye:

« TypoGabor présente »

N°2 | Allan, Lubalin, Benguiat

Même si certaines manifestations graphiques sont en germe dès 1968, typoGabor est fondée en 1973 par Paul et Peter Gabor. L’activité de la société est double : atelier de création graphique autour des clients historiques de Paul Gabor et société de services typographiques sous l’égide de Peter Gabor.

Les premières années de typoGabor sont rythmées par le fonctionnement coûteux et limité des Diatronic de Berthold. Tant et si bien qu’à la fin des années 1970, la continuité d’exploitation semble compromise. C’est à la faveur d’une annonce dans la revue CARACTÈRE que Peter Gabor découvre l’Alphatype. Il y voit l’amorce d’une révolution du digital. Ce sera son ami (depuis) Raymond Aubry, chef d’Atelier de Graphiservice à Bruxelles qui achèvera de le convaincre. Un système de composition américain venant de Chicago, qui pour la première fois, propose non plus d’acheter mais de louer (prix dérisoire) des polices de caractères, ce qui porte l’offre et la diversité typographiques à un niveau inédit : 1 000 polices contre 80 sur Diatronic auxquels s’ajoutent 16 polices supplémentaires tous les mois.

« typoGabor présente » naît en 1980 de deux constats. Il ne s’agit plus de faire de la Pub pour une entreprise, mais d’informer et d’éduquer un marché. La Publicité. Un marché où s’affrontaient une trentaine de concurrents proposant tous à peu près les mêmes services (24/24, coursiers, catalogues de calibrage gratuits et qualité de composition supérieure à celle de l’édition ou de la Presse). typoGabor connaît alors le succès. Les Directeurs Artistiques affluent et les commandes doublent de volume en l’espace de 2 ans.

Mais la formule marketing du magazine ne plaisait plus à Peter Gabor. Il y préféra une formule nouvelle autorisant toutes les expérimentations typographiques. Le magazine littéraire de typoGabor était né. Plusieurs directeurs artistiques vont se succéder dans les cuisines typographiques de la maison Gabor. Bill Butt, Jérôme Binda, Philippe Duriez et pour finir Paul Gabor qui revient en 89 par une magistrale œuvre consacré aux Droits de l’Homme. L’Âge d’Homme.

L’expérience de la photocomposition fut de courte durée. Le Postscript arrive sous la forme commercialisée d’Adobe Type Manager et tous les prestataires de composition perdent 50 clients par jour à partir de 1990. Peter Gabor tenta encore d’adapter son entreprise en devenant le premier compositeur qui a basculé la totalité de son fonds sur Macintosh. Mais les dettes s’accumulant et victime d’un administrateur judiciaire peu scrupuleux, il finit par baisser les bras, non sans avoir personnellement créé 4 polices de caractères pour le Journal Libération en 1994.

Une aventure de vie passée à promouvoir la diversité et la qualité de composition, parce que comme l’aimait à rappeler son père Paul, d’après une phrase de Jean Cocteau : «Le style n’est pas une danse mais une démarche».

 

 


Où l’on voit que les textes sont assez dithyrambiques: mais le fait était là, typoGabor offrait pour la première fois sur le marché parisien un choix de caractères de composition inédit jusques là. Cette culture du choix nous venait sans doute de la première phase de développement de l’entreprise. Nous avions commencé comme un studio de Titrage. Or sur ce créneau de marché le choix typographique était l’un des facteurs de réussite. La qualité de composition en était son parfait complément.
Quand j’ai découvert le système Alphatype à Bruxelles (après avoir vu l’info dans la revue CARACTÈRE), j’ai tout de suite saisi la novation qu’il nous apportait. Cette fonderie, ce fabricant de système de composition situé à Chicago, proposait non plus d’acheter les polices, mais de nous louer leur typothèque moyennant des redevances annuelles et une mise à jour quasi mensuelle. C’était bien moins onéreux que l’achat des polices Diatronic de chez Berthold. Ce fut une révolution dans les Agences de Publicité. Une avalanche de choix typographique de composition de texte. Du jamais vu auparavant à Paris. Ceci explique donc le style de communication assez «boy scout» je dois reconnaître. Mais nous vivions cela avec une passion démesurée.


où l’on voit illustré les technologies que nous avions fait venir de Chicago. Front-end, Back-end. Les écrans de saisie, les photocomposeuses digitales qui composaient avec une définition de 5200 dpi (dot per inch), une prouesse technique. À gauche dans l’image l’on voit les unités de mémoires Control Data qui contenaient 300Mo de volume de texte. Et les unités de composition juste à côté. Tout le système était doublé en Sauvegarde miroir (style RAID) afin de ne jamais interrompre la production en raison d’une panne quelconque.

 


Ici l’on montre l’activité du Studio Gabor que Paul Gabor dirigeait pendant que je développais l’atelier de composition. Bien sûr que j’étais souvent frustré. Si j’avais eu le choix, je crois que j’aurais préféré travailler à développer le studio de graphisme. Mais les responsabilités étaient telles qu’il m’était impossible de me couper en deux. Paul m’appelait très souvent pour me demander mon avis sur les créations, et je dois avouer que notre collaboration était marqué du sceau d’une complicité sans faille jusqu’à 1986. Rien ne sortait du Studio que nous n’ayons Paul et moi discuté, corrigé ensemble. Ma frustration était plus du coté de la réalisation. Il fallait déléguer, là où j’aurais sans doute préféré réaliser moi-même.


Nous étions les premiers à recevoir tous les caractères ITC qui sortaient à New York. Parce que Alphatype en optant pour la technologie digitale s’était détachée des contraintes de fabrication très lourdes des polices de 2ème génération. Les dessins d’ITC fournis à Alphatype étaient directement numérisés, complétés avec un programme d’approches et de kernings, et immédiatement envoyés à tous les clients de la firme de Chicago dans le monde entier. Berthold, ou Compugraphic avaient besoin de plusieurs mois de travail assidu pour diffuser les mêmes polices fabriquées de façon photographique et traditionnelle.

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Logo Société Générale | Interdit d’entrer

#Logo #SociétéGénérale. #Société #Générale #Interdit #Interdit_d’entrer

Ou comment un établissement bancaire peut au travers de son logo dévoyer totalement sa mission. Je ne vais pas faire ici la liste de toutes les banques françaises ou étrangères. J’avais déjà consacré un article à la naissance de ce logo en 2006 je crois… (http://bit.ly/1LK90Ps) et Dominique Grosmangin qui avait dirigée la refonte du logotype et de la marque de la Banque, m’avait répondue ici (http://bit.ly/24tbhdj). Certains parmi vous comme Aaron Levin peuvent apporter leur témoignage avisé au déroulement de cette aventure professionnelle.

Je ne vais donc pas revenir sur l’histoire et toute l’analyse que j’en avais fait à cette époque. Cf mon blog sur les liens indiqués <http://bit.ly/1LK90Ps> & <http://bit.ly/24tbhdj>.
Mais voilà. Cela fait depuis longtemps que je voulais revenir sur la refonte de la refonte de cette marque. Sur l’idée absolument sotte et grenue d’avoir sorti précisément le logotype du carré rouge et noir symboles de force et de germanisme. Vous vous souvenez qu’à l’époque j’avais cru que la création de cette nouvelle image était destinée à abandonner à terme le mot SOCIETE, sans accent comme le précise. Dominique Grosmangin) Pour ne garder uniquement que le substantif GENERAL. Au même moment il y avait des négociations entre la banque française et la banque Belge s’appelant La Générale, «négos» qui avaient échoués.
Mais voilà. Que se passe-t-il dix ans après mes premiers posts sur le sujet. La Banque Société Générale se trouve affublée d’un panneau de signalisation qui équivaut à un sens interdit. N’entrez surtout pas. Il n’y a personne ici pour vous parler, vous recevoir. D’ailleurs, l’opacité blindée de la porte d’entrée est là pour nous rappeler qu’il ne s’agit plus d’un lieu amical où l’on peut venir demander des conseils à des experts en placement, en finance ou tout simplement en crédits d’investissement. Circulez. Il n’y a rien à dire, ni à voir. Sens interdit. Allez donc vous connecter à notre banque en ligne et laissez nous robotiser, et licencier tout le personnel des guichets dont nous n’avons que faire. Votre argent travaille, pour nous. La Banque. Et cette porte que vous voyez là, et ce logo que vous discernez ici, sont là pour nous rappeler la mutation numérique du monde de la finance qui n’a plus que faire d’un commerce de proximité. Le Village est devenu Global grâce à McLuhan et la Société Générale vous dit « it’s closed » « do not enter ». It is not for You.
Alors qu’est-ce qu’un logo, qu’est-ce qu’une image de marque. À quoi ça sert ? À quoi ça a servi. Fédérer est sans doute le mot qui revenait le plus souvent dans la bouche des publicitaires et des designers. Fédérer les usagers-consommateurs autour de l’image d’une banque sympathique, accueillante et «près de chez vous»Une image de marque servait à venir affirmer des valeurs, de service, de qualité et de confiance. Deux révolutions sont passés par là pour détruire des années de labeur des designers.
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1— Les crises financières successives dont la dernière de 2008 a eu des conséquences dévastatrices sur la planète toute entière.
2— La digitalisation ou numérisation, à marche forcée des établissements financiers. Plus de bourse, plus de salles de marché, plus d’agences, plus de conseillers. Des algorithmes et du Big Data. Et des Flux à Très Haute Fréquence. La Banque a cessé d’être ce lieu magique où l’on pouvait encore négocier son avenir et convaincre un être humain du bien fondé de ses projets.
Sens Interdit. N’entrez pas dans cette Banque, car elle n’existe plus. Ce coin de rue, ce panneau sens interdit, ce symbole Rouge et Noir traversé horizontalement par un trait blanc signifie sans conteste une image négative, celui d’un passage interdit, d’un lieu interdit, d’une voie interdite, d’un SENS interdit.

Est-ce là un symptôme ou un Saint-Homme comme dirait certains de mes connaissances, en tous cas voici venir un monde merveilleux où il va être essentiel de trouver du sens.

© peter gabor | https://twitter.com/petergabor | https://www.facebook.com/peter.gabor

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Une Creative Jam associée à un Adobe Summit spécial France = Adobe Creative Meetup

C’était le 3 décembre 2015. Adobe France a rassemblé lors d’une Creative MeetUp exceptionnel un panel de graphistes, étudiants, des spécialistes de la formation et des artistes divers du design numérique. Nos amis d’Adobe se sont surpassés pour nous présenter façon Adobe Summit de Los Angeles les dernières nouveautés qui sont en train de révolutionner le concept même de travail collaboratif et nomade. En effet avec le développement des logiciels sur mobiles et surtout pour les iPad et iPadPro, nous voyons arriver une nouveau flux de production qui permet à chaque instant de faire avancer sa créativité et permettre grâce à la porosité du Cloud de démarrer un travail là pour le terminer ici. Grâce aux fonctions des tablettes/touch, les menus contextuels s’affinen t et deviennent de plus en plus intuitifs. On retrouve au fond le même émerveillement que nous avons éprouvé lors de l’irruption des calques dans photoshop et InDesign. J’ai fait quelques photos de cette soirée mémorable et vous donne le lien ici : https://adobe.eyedo.com/fr-FR/#!/Live/Detail/17180 pour regarder l’intégralité de la conférence et du challenge qui a réuni plusieurs écoles de design à Paris lors d’une CreativeJam très réussi.
Avec Stéphanie Saïssay, Olivier Saint-Léger, Geoffrey Dorne, Michael Chaize, Denis-Pierre Guidot, Nicolas Chaton, Jean-Baptiste Levée et de nombreux amis que j’ai retrouvé dans une ambiance chaleureuse et festive. Enjoy.

Avec Andrey Pushkarev pour la musique techno que j’adore. Pour ceux qui ne savent pas, Andrey PUSHKAREV est l’un des meilleurs DJ Techno en Europe et peut-être même dans le Monde. Il a fait l’objet d’un film documentaire formidable réalisé par Anatoly IVANOV, KVADRAT (https://vimeo.com/70724357) Photos et vidéo © peter gabor

Creative MeetUp Adobe 3 Dec 2015 from peter gabor on Vimeo.

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Le Motion Design et la typographie inventés par Norman McLaren 1961

Discours de bienvenue de Norman McLaren by Norman McLaren, National Film Board of Canada

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Colloque: Penser l’Éducation du Design Numérique | #DesignNum

Le 14 janvier dernier, nous nous sommes réunis à plus de 160 personnes dans l’auditorium de Valtech rue de Grenelle à Paris pour penser l’éducation du design numérique, avec le soutien d’Adobe France.

Ce débat et ces riches échanges animés par Olivier Saint-Léger nous ont permis, à travers des points de vue différents, de faire le tour du paysage de l’enseignement du design en France et de l’enseignement en général.

Un vif intérêt et surtout une dynamique ont été créés ce soir-là. Car le besoin de réflexion et d’action pour faire évoluer l’enseignement du design numérique est ressenti par tout le monde, enseignants, étudiants, mais aussi entrepreneurs et designers reconnus.

Un compte rendu complet ainsi qu’une vidéo sont en cours de préparation, alors restez à l’écoute !

Je tiens particulièrement à remercier tous les participants à ce débat :

Stéphane Baril, Bernard Brechet, Jacinthe Busson, Philippe Cahen, Denys Chomel, Geoffrey Dorne, Jean-louis Frechin, Etienne Parizot, Nicolas Sadirac, Remy Bourganel, Nicolas Baumgartner, Dominique Sciamma, Noelly Grondin-Devouche, Moïra Marguin.

Et aussi pour leur aide précieuse à l’organisation de cet évènement : Tatiana F.-Salomon, Sacha Quester-Séméon, Natacha Quester-Séméon, Stéphane Zibi, Olivier Rodrigues, Stéphanie Saïssay, Mathieu Bertolo.

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