Magazines féminins | La Mode mise en page (1)

les sommaires | ELLE, FEMME ACTUELLE, HARPER’S, MARIE CLAIRE

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ELLE | scénographie: une mise en page binaire, moitié photo, moitié texte. Celui-ci mord sur la photo comme un bout de bromure papier (références aux placards de textes de l’époque de la photocompo) qui vient empiéter sur l’espace photographique. Rigueur de la composition par le choix de caractères antiques, mais irrégularité dans la longueur des fers à gauche (alignement). Codes d’emphase typographique sur les trois mots: FATIGUE, HILARANT, MODE en Futura Ultra Light. Petite photo de rappel de couv en insert encadré d’un filet blanc. Le sommaire est composé sur une grille 1 + 2 (sachant qu’en pages intérieures on va trouver des grilles sur 2 et 3 col). Bas de page dégagé par un blanc horizontal. Information éditoriale en 1 + (2/2). Filet vertical de 6-7 pts dans un vert identique à celui du Logo historique (venant au travers de la photo), qui divise l’info en information rédac. générale et régionale. Impression généale, rigueur typo et perversion de la photo.

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Femme Actuelle | scénographie: mise en page en 4 col, rappel de logo à gauche en tête de page, puis centré sur la Page un «Sommaire» en gill sans bold souligné d’un filet noir fin, qui soutient à la fois le logo et le numéro de l’édition ainsi que sa date.
Un édito de la Rédac. Chef sur une col à gauche, un encadré sur 3 col faisant focus sur les articles d’actus et sur l’agenda, largement illustré par trois photos superposés dont une détourée venant mordre la photo du haut. En milieu de page on trouve 3 col de sommaire avec focus sur 3 pages et rubricages, avec une photo détourée prenant place dans la 1ère colonne. Enfin dans la colonne à gauche sous l’édito, un encadré rappelant la couverture et l’adresse de la publication. Impression générale, c’est un sommaire à forte connotation rédactionnelle, absence de codes propres à la Mode (que nous détaillerons plus loin). Privilégie le découpage sommairisé du contenu rédac.

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HARPER’S | scénographie: forte présence d’une double grille: verticale et horizontale. Deux rangées de photo, deux rangées de texte. Découpage en 3 col. Titre monumentale du mois composé en mécane (égyptienne) ultra light. Photos légendés par un numéro de renvoi de page en réserce blanche. Le sommaire lui même titré dans une didot maigre (firmin ou bodoni bauer) et le reste du sommaire composé très élégamment en trois col. avec intros de ligne en rouge et un tableautage de numéros de page dans le corps du texte en gras, sobre et rigoureux. Impression générale: un sommaire très architecturé (rigueur des alignements), des contrastes binaires entre photo et texte, entre Titre de la Page (december) et le reste, entre rouge et noir, entre rangées de photo et rangées de textes.

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Marie Claire | scénographie: (ceci est la deuxième page du sommaire) un sommaire découpé en deux zones horizontaux, une photo pleine largeur (fond perdu à droite), en dessous une grille sur 3 col avec une petite col de blanc flottant. Col. de gauche: rappel des articles diffusés régionalement, et deux col. de sommaire avec textes gras en rouge (helvetica black) pour le rubricage et déclinaisons de pages en helvetica ultra light introduits par une pagination en black sans tableautage.

Le titre sommaire en helvetica black, composé en bas de casse, rouge brique, qui surmonte la photographie de la manequin à moitié couchée, titre lui-même surmonté par le rappel en capitale du mois, composé en helvetica light. La première page du sommaire de Marie-Claire est scénographié à l’inverse en 2 col. A gauche le texte, à droite une photo. Idem pour le titrage du mot sommaire.
Impression générale: Style binaire, photographie + texte, rouge et noir, petit et grand. Moins d’architecture que dans Harper’s mais efficace et spectaculaire.

Qu’est ce que nous désignons par style binaire.

Si l’on regarde la page ci-dessous, on constate une mise en page en deux col. avec introduction forte par une lettrine (enluminure) spectaculaire que vient «habiller» le texte de la Bible.

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Un style binaire, ou style gutenbergien serait donc une forme de composition où le metteur en page «joue» l’opposition entre le grand et le petit, entre deux couleurs contrastées (rouge et noir), entre deux espaces de contenu (texte, photo), entre deux découpages (horizontal-verticale). Donc cela concerne autant l’architecture de la page que le tissu (texte) de celle-ci. Nous avons longuement détaillé dans les articles sur Hermann Zapf (et ici) ou Neville Brody les origines de ce style et la manière dont elle évolue depuis l’avènement du numérique. Ceci pour dire et, en avant propos de cette étude comparative, la MODE a presque toujours utilisé le style binaire pour exprimer le ici-et-maintenant.
Pour une raison qui tient à la nature même de la MODE. C’est elle, au travers des médias (presse, télé, mais aussi et surtout défilés, événementiels) décide chaque jour ce qui est Mode ou pas. Et l’objet économique de la MODE, c’est le décret du ici-et-maintenant. La référence à hier n’est envisagé que dans la mesure où celui-ci resurgit dans l’aujourd’hui. La MODE s’accomode mal avec la demi teinte, avec le ni oui, ni non. Parce qu’elle a pour mission ce décret, institutionalisé (ce soir vous porterez…), (l’après-midi à Longchamp, entre jockeys et photographes, vous porterez…) qui est de l’ordre de l’impératif catégoriel. Binaire donc par essence, la mise en page devient le reflet et pourquoi pas le miroir de ces décrets. On va donc jouer les juxtapositions, les accolements, les lettrines monumentales, les titres spectaculaires et surtout les photographies qui donnent à voir, références identitaires absolues, représentations du décret imminent, et système de décision par procuration. Elle le porte, vous le porterez (le vêtement), «parce que vous le valez bien» (l’Oréal) qui était maladroitement exprimée au début, avant que l’Agence Publicis n’ait compris la bourde rédactionnelle du décret par un «parce que je le vaut bien». La Presse de MODE a donc ses codes de mise en page que nous allons détailler pour en comprendre le fonctionnement. (suite ici).

 

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