Graphis 1945 | Le processus créatif entre 1945 et 1989 (2/3)

Et en cette année 2009, alors que nous allons bientôt fêter le vingtième anniversaire de l’avènement du monde numérique moderne, nous tenions à design et typo à vous faire partager un certain nombre de documents qui attestent de la vivacité créatrice d’avant le numérique.

Ici en premier des travaux de Herbert Bayer. Ils se caractérisent par la relative simplicité, voire simplification de ses travaux, toujours structurés autour d’éléments comme le cercle, rectangle ou carré. On n’est pas Bauhausien pour rien, surtout lorsqu’on a soi-même participé à l’avenure de Weimar durant les années 1920. Mais les travaux que vous voyez ci-dessous font déjà parti de sa période américaine (lisez son histoire sur Wikipedia, il est plutôt complet). Ce style inventé par les émules de Walter Gropius, aura conquis tout de même valeur universelle. Il n’est pas une création moderne, c’est à dire actuelle qui ne se réfère de près ou de loin aux principes constructivistes énoncés par l’école d’architecture allemande. N’hésitez pas à cliquer sur chaque reproduction pour la visualiser en grand.

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«Trois Quartiers» une révolution visuelle
par son nouveau directeur artistique S. Rylski.
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Jean Lurçat 1936

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Jean Lurçat 1937


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Mariano Andréu 1938
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M.Mathyoly 1939
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D.Galanis 1938
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Angèle Maclès 1938
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S.Rylski
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S.Rylski
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S.Rylski
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S.Rylski
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Jean Picart Le Doux
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Affiche de théatre
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Affiche de théatre
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Tapisserie, la Vigne, 1944
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Affiche  de l’Office Technique pour l’Utilisation de l’Acier, 1944
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Affiche pour la revue Radio 44, 1944

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Prospectus pour un fortifiant, 1944
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Précédent article : Graphis 1945 | Le processus créatif entre 1945 et 1989 (1)
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En vous souhaitant bon «visionnage» et en attendant le troisième et dernier volet de cette publication «hors normes». Surtout n’oubliez pas de cliquer sur les repros, vous en découvrirez des détails exceptionnels.

© peter gabor | directeur d’e-artsup

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Graphis 1945 | Le processus créatif entre 1945 et 1989 (1)

C’est en promenant dans ma bibliothèque que j’ai mis la main sur ce numéro de Graphis assez incroyable. La guerre vient à peine de s’achever (souvenez-vous, l’armistice : 8 mai 1945), et déjà le magazine suisse GRAPHIS va publier son premier numéro d’après-guerre. Un panorama assez complet de ce qui se compte comme graphisme et publicité ainsi que du design et de la scénographie. Sans oublier les peintres et plasticiens.

Nous n’avons pas ici la prétention de reproduire intégralement un numéro imprimé. Trop fastidieux et puis le rôle de design et typo est plutôt de vous guider, de vous aider à mieux comprendre les influences marquantes d’un autre âge. Un étudiant me faisait la réflexion sur Facebook : «mais comment ils faisaient à l’époque?», en parlant de cette image incroyablement moderne de l’Atelier Eidenbenz (ici). «Photo + dessin + encre de chine, j’imagine, et peut-être aussi et sans doute des reproductions sur films avec superpositions et contre-typages. Un classique de la fabrication dite traditionnelle (quand on sait que les films datent seulement de la fin du XIXe siècle)» lui répondit-je.

Et en cette année 2009, alors que nous allons bientôt fêter le vingtième anniversaire de l’avènement du monde numérique moderne, nous tenions à design et typo à vous faire partager un certain nombre de documents qui attestent de la vivacité créatrice d’avant le numérique. Alors que les jeunes générations, les digital natives, n’auront pas connu autre chose que les iPods, les iPhones et les micro-portables, les écrans tactiles et la connexion internet 25h sur 24, il est bon de rappeler et surtout de montrer ces travaux d’un autre temps où les artistes se démenaient à la main, sans machines ou bien alors avec des machines hyper professionnelles (bancs de repros, contretypeuses, machines à composer) pour attester que le processus créatif traverse le temps, et se joue des difficultés de la réalisation technique.

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Une publicité pour les clichés Schwitter, laboratoire de production graphique de l’époque.

 


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Un article sur «The Chinese method of writing and painting with ink»

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N’hésitez pas à cliquer sur les images pour voir des détails somptueux.

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L’Atelier Eidenbenz qui produit graphismes et publicités d’avant garde

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Le créateur de films d’animation Paul Grimault
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Suivront deux autres articles pour illustrer cette publication exceptionnelle GRAPHIS 1945.

Graphis 1945 | Le processus créatif entre 1945 et 1989 (2/3)

En vous souhaitant bon «visionnage».

© peter gabor | directeur d’e-artsup

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The Graphic Language of the Fax | de Edward Booth-Clibborn et Liz Farrelly (3/3)

Suite et fin de la publication de cet ouvrage emblématique des années précurseurs du monde numérique que nous connaissons désormais.

Les nombreux «Fax» que vous avez pu découvrir, sont l’œuvre d’artistes et designers qui comme je vous le disais précédemment ont récupéré, transgressé et détourné l’appareil Fax à des fins d’expressions graphiques et typographiques. L’outil, terriblement réducteur sur le résultat pixelisé n’est pas sans nous rappeler les aventures typographiques de Suzana Licko et de Rudy VanderLans, d’Emigre, qui ont dès 1984 créé un concept typographique basé sur le pixel. Si vous désirez de plus amples informations et notamment des indications sur les légendes et crédits, n’hésitez pas à m’écrire: peter (point) gabor (arobase) gmail (point) com.

Mais je vous laisse découvrir la suite et fin de cette publication :

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© peter gabor | directeur d’e-artsup

précédents articles : 

The Graphic Language of the Fax | de Edward Booth-Clibborn et Liz Farrelly
The Graphic Language of the Fax | de Edward Booth-Clibborn et Liz Farrelly (2/3)

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The Graphic Language of the Fax | de Edward Booth-Clibborn et Liz Farrelly (2/3)

Le livre d’Edward Booth-Clibborn et Liz Farrelly (suite): vous pourrez j’en suis sûr, le trouver encore «d’occasion» sur Amazon ou sur des sites spécialisées. Son intérêt est majeur. Il nous montre comment des artistes graphiques ont récupéré (comme souvent) une technologie pour la détourner et se l’approprier (aaaartistiquement parlant).

Les légendes et crédits sont innombrables et je n’ai malheureusement pas le temps de les reporter ici, mais bien sûr, si une œuvre vous intéresse en particulier, je me ferais une joie de vous en décliner par mail ses crédits et «captions».

Ce que je retiens particulièrement de tout ce travail, est forcément de la fascination pour une renaissance du DaDa au travers des technologies pré-numériques. Ou comment un système de communication hyper normée, destiné à faire passer des messages fonctionnels (commandes, offres de service, confirmation de livraison, courrier entre clients et fournisseurs) a été détourné et perverti par la créativité des graphistes.

Le Fax a joué le même rôle que l’email durant près de 22 ans (de 74 à 96). Ce fut la première révolution postale qui déstabilisa les échanges de courrier traditionnels. Au point que très vite les bureaux de Poste ont du ajouter en catastrophe des machines Fax dans leur agence.

Et pendant que les artistes détournaient en «trashant» leurs courriers, des millions de Fax rendaient caduques le travail des coursiers et autres facteurs… Jusqu’aux lettres recommandées, qui prirent une «claque» le jour où les cours de justice acceptèrent la recevabilité juridique d’une trace faxée d’un message. Bien entendu, les télex qui jouaient encore un rôle prépondérant dans les échanges entre salles de marchés et les banques ne manquèrent pas de se doter de Fax normées et agrées par les autorités des marchés boursiers.

L’avènement du numérique était en marche. Les machines Fax, de plus en plus abordables se démocratisèrent pour accompagner les systèmes téléphoniques de Monsieur ToutleMonde…  vingt deux années d’une technologie annonciateur de la plus grande révolution des échanges dématérialisées par les emails.

Belle aventure dont les œuvres ci-dessous ne sont qu’un témoignage graphique des plus innovant. Et montrent par la même occasion que l’Artiste a toujours été au rendez-vous des innovations techniques tout au long de l’aventure humaine. FaxYou est une sorte de mémoire «façon Grottes de Lascaux» d’une immense révolution technique qui allait balayer tous les échanges sur la planète.

Les vitesses de transmission qui commencèrent à 6 minutes pour un A4 en 1974 atteignirent très vite avec la génération des G3 des allures de FGV (Fax Grande Vitesse), avec des temps de transmission de l’ordre de quelques secondes. En ce sens on peut même affirmer que le Fax a participé à la naissance d’une économie mondialisée.

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© peter gabor | directeur d’e-artsup

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The Graphic Language of the Fax | de Edward Booth-Clibborn et Liz Farrelly

C’est sous le numéro ISBN 1873968 175 que l’éditeur Edward Booth-Cliborn a publié cet ouvrage en 1994, soit très exactement 5 ans après l’arrivée du numérique Mass Market avec les applications WYSIWYG d’Adobe (Adobe Type Manager) et les polices postscript de Type I. Pour resituer cette publication il faut savoir que nous étions juste après la première grande vague qui a balayé toute la typographie traditionnelle et qui allait dans les mois qui suivirent balayer également les métiers de la photogravure, de la photographie argentique et de la retouche photo. Un exemple, en 1993, sur un Macintosh FX, il fallait compter 20 minutes pour «ouvrir» une image pleine résolution 300dpi au format…A4. Aujourd’hui on compte par fraction de seconde.

La nécessité de ce livre de référence ne tient d’ailleurs pas aux inventions technologiques des ordinateurs mais bien plutôt à ponctuer la fin d’une époque où les graphistes, artistes graphiques, designers et auteurs s’exprimaient encore à l’aide d’outils électroniques comme la photocopieuse à laser ou les Fax chimiques ou transferts thermiques. Vous reconnaîtrez d’ailleurs les styles transgressifs dont parle savamment Rick Poynor et que j’ai évoqué de nombreuses fois sous l’appellation des styles DaDa. Car curieusement, c’est bien au DaDa qu’on a envie de songer lorsqu’on découvre le foisonnement des styles pré-numériques que propose The Graphic Language of Fax. (Vous tapez DaDa dans l’outil de recherche de Design et Typo et vous verrez ce que nous évoquons là.)

Design du livre: Angus Hyland et Silvia Gaspardo Moro

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Voici le premier fax moderne à rouleau de papier photochimique qui envahit les agences de publicité et les bureaux de création dès 1974. Les responsables de la production transmettaient les copies dactylographiées à leur fournisseur de composition typographique tous les soirs, pour voir leur commandes réalisées dans la nuit et livrée au petit matin dans les services de production des agences.

L’histoire du Fax remonte au début du XXe siècle (voire la fin du XIXe) tel que vous pouvez le découvrir sur Wikipedia

Sur Wikipedia voici les dates que l’on trouve:

Le premier essai de fax est réalisé en 1842 par l’inventeur franco-suisse Puthomme. Il dépose la demande de brevet le 27 mai 1843 pour la transmission de documents écrits utilisant le réseau télégraphique, ceci avant l’invention du téléphone et du bélinographe d’Édouard Belin. Il utilise sa connaissance des pendules électriques pour produire des mouvements de balayage de va et vient ligne par ligne. Le premier fax ou Pantélégraphe est vendu en 1861 par Giovanni Caselli avant même l’invention d’un téléphone utilisable (4 800 dépêches entre Paris et Lyon en 1866).

Le docteur Arthur Korn, un Allemand, effectue le premier transfert de photographies par le téléphone en 1902.

Édouard Belin perfectionna ce procédé en 1907 avec son bélinographe.

1910: Korn réunit Berlin, Paris et Londres par « Fax ».
1922: Premier système pour un service de Fax par AT&T.
1927: NEC transmet les images du couronnement de l’empereur du Japon.
1931: Ouverture du premier service français de transmission de photographies par Bélinographe.
1936: NEC transmet les images des jeux de Berlin.
1942: La poste du Troisième Reich utilise le Fax pour les télégrammes.
1943: Première autorisation pour une utilisation privée de Fax.
1965: La firme allemande du Docteur HELL produit le premier Fax haute vitesse avec une transmission électrostatique.
1966: Rank Xerox développe le LDX1 qui pouvait transmettre une page A4 en 4 sec. au moyen de 32 lignes téléphoniques.
1970: Le premier fax « numérique » est proposé par Ricoh.
1971: Premier fax à technologie laser.
1972: Rank Xerox ouvre le marché du fax en Allemagne (TC400).
1976: Le CCITT publie les recommandations Groupe 1 et Groupe 2
1979: La Deutsche Bundespost ouvre un service Fax Groupe 3.
1980: Le CCITT publie les recommandations Groupe 3.
1986: Le CCITT publie les recommandations Groupe 4, classe 1.
1988: Allemagne 198 000 lignes fax. Monde 7,5 millions d’utilisateurs.
1989: En France, premières installations de Fax G4 sur NUMERIS.
1990: En France, plus de 350 000 fax en service.
1991: En France, plus de 200 000 fax vendus, apparition des premiers fax laser papier normal agréés.
1992: En France, 290 000 fax vendus, parc supérieur à 1 million. Plus de 25 millions de fax en service dans le monde. Développement du marché des fax papier normal (laser et jet d’encre), des PHONEFAX et des fax personnels.
1993: France: 323 000 Fax vendus, parc entre 1,2 et 1,5 million. Europe: Marché de 2 millions de fax, parc entre 7 et 8 millions. Monde: Plus de 32 millions de fax en service. Développement du marché des fax personnels multi-fonctions.
1995: PHONEFAX multi-fonction papier normal (transfert thermique) par SAGEM.

Cependant au travers de ce livre ce n’est pas tant une leçon de techno que je vous propose mais bien plutôt à un voyage sensoriel dans un foisonnement d’expressions typographiques et iconographiques qui anticipera tout au long des années 80 sur la grande explosion graphique du monde numérique tel qu’on le connait aujourd’hui. Ici point de grille, parce que les graphic designers qui transmettaient quotidiennement des messages faxés n’avaient ni le loisir ni l’envie de construire des pages cohérentes. Nous voyageons en pays de sensibilité, de texture et de contrastes à la place d’une architecture de pages traditionnelles.

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N’hésitez pas à cliquer sur chaque image pour voir les détails de texture agrandis.

Suite de ce Post dans les jours qui viennent.

© peter gabor | directeur d’e-artsup

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Fabián Carreras | graphic designer à Buenos Aires | processus créatif au restaurant

Bien sûr lorsqu’on regarde toutes ces illustrations en détail (en cliquant sur chaque image), on s’aperçoit qu’elles ont été fabriquées avec les accessoires d’une nappe de restaurant dressée pour notre repas du midi (ou du soir). Quel designer ou graphiste n’a pas «démarré» une réflexion créative au restaurant en bas de chez soi. C’est bien souvent ainsi que nous avons les meilleures idées qui au fil du temps se révèlent avoir été les plus efficaces. Intéressant n’est-ce pas? N’oubliez pas de clicker sur les images pour les agrandir :-)

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Diseñador gráfico (Escuela Superior de Artes Visuales de Mar del Plata). Dirige su estudio en Buenos Aires. Se especializa en la creación de marcas y identidad corporativa. Enseña tipografía en la Universidad de Palermo.

En el año 2003 denomina conjuntamente con Hermann Zapf a la biblioteca de la Fundación Gutenberg «Raúl Mario Rosarivo».

Es conferencista y ha realizado talleres de diseño en el país y en Latinoamérica. Investiga los orígenes del diseño gráfico en la Argentina.

Publicó artículos en la revista tpG. Autor del libro «Sobre diseño» (Asunto Impreso ediciones).

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Il y avait l’Art Fax, il y a maintenant l’Art PostIt | Hommage au Stop Motion

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l’inspiration de Michel Gondry n’est pas loin.

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Étienne Mineur crée la filière «Design Interactif» pour e-artsup | conférence unique le 25_mai_09

Les métiers du design interactif sont en pleine croissance : écrans tactiles, objets communiquants, interconnectivités, game design et design d’interfaces …

«Sous l’influence d’évolutions technologiques convergentes (migration de l’internet vers la mobilité et haut débit/connexion permanente, traçabilité d’activités, nouvelles modalités/ nouveaux canaux de communication, flux organiques, liens sociaux, localisation sociale, radars sociaux, interfaces tangibles), l’identité numérique mobile connait une mutation profonde et rapide.» (Étienne Mineur)

e-artsup, l’école de la création numérique a décidé de confier la création d’une nouvelle filière «Design Interactif» à Étienne Mineur, directeur artistique et expert en interactivité.

Diplômé des Arts décoratifs de Paris (ENSAD) en 1992, Étienne Mineur est cofondateur et directeur artistique d’Index_plus en 1992. Directeur artistique indépendant pour de nombreuses agences dont Hyptique (Paris) et Nofrontiere (Vienne en Autriche). Cofondateur et directeur artistique de l’atelier de création Incandescence en 2000. Intervenant dans de nombreuses écoles, comme les Beaux-arts de Rennes, les Gobelins, les Arts décoratifs de Strasbourg, Sup Telecom… Conférencier dans de nombreuses écoles et manifestations en France et à l’étranger (Chine, Japon, Suisse, USA, Autriche, Australie, Mexique…), il vient d’achever l’installation de l’exposition code_source à Chaumont.

Pour présenter cette nouvelle filière à e-artsup Étienne Mineur donnera
une conférence unique
le lundi 25 mai de 13h30 à 16h.

Inscriptions auprès de:
suzana.doric@e-artsup.net
téléphone: 01 44 08 00 62

e-artsup //////// L’école de la création numérique
14/16, rue Voltaire
94270 le Kremlin Bicêtre
01 44 08 00 62
email: peter.gabor@e-artsup.net
www.e-artsup.net/

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L’avenir du Futura | un texte prémonitoire de novembre 1980

http://www.typogabor.com/Media/previsions_nostragabor_1980.jpg

Voici un texte que j’ai écrit en novembre 1980. Vous cliquez ici et vous recliquez sur l’image pour la voir au format 2935 x2136 pixeltout à fait lisible. Je n’ai pas voulu le retaper pour plusieurs raisons… la première étant que je me méfie des extraits réducteurs qui prendraient prétexte de ce document pour en critiquer tout ou partie.

Car il faut replacer ce témoignage dans son contexte. Je dirigeais depuis 1973 un atelier de typographie à façon du nom de typoGabor et nous utilisions des technologies de phototitrage et de photocomposition de deuxième génération, entendez par là des systèmes de composition basé sur l’insolation à la volée de lettres par procédé photographique (donc analogique) qui donnaient des résultats extraordinairement fidèles aux dessins d’origine. Machines Berthold essentiellement.

Mais voilà, pour des raisons plutôt anecdotiques ces machines (Diatronics) étaient arrivés à la limite des performances, qui les rendaient tellement fragiles, que mon atelier essuyait panne sur panne entre 78 et 80.

Du coup j’ai dû chercher d’autres technologies et c’est en juillet 1980 que tombant par hasard sur une annonce de la Monotype j’ai visité un atelier belge dirigé par Pierre Leguerrier et un technicien hors de pair Raymond Aubry. C’était une fabrication de la firme Alphatype qui avait innové en créant pour la première fois un système de composition informatisé basé sur l’insolation de lettre digitales de très haute définition (à 5200 pixel par pouce). Dès novembre typoGabor installait ces outils ultramodernes pour aborder les eighties avec une vision technologique d’avant garde.

Dans la foulée je lançais le premier magazine de promotion typographique au format a3 (cf photo ci-dessus) en France (reprenant sans doute l’idée d’Aron Burns avec son Upper & Lowercase—U&lc) pour promouvoir la créativité typographique instillée par les techniques de la composition informatisée.

C’est donc assez naturellement que j’en suis venu à me projeter dans un futur anticipant les nombreuses inventions qui allaient bouleverser le monde, à commencer le lancement du Macintosh en 1984-1985 et surtout, surtout l’invention du Postscript™ par John Warnock fondateur d’Adobe entre 1985 et 1989 et de tout ce qui allait en dériver (le What You See Is What You Get avec l’Adobe Type Manager et les polices de Type I ancêtres de l’Open Type).

Reste que mes prévisions sur la mise en réseau mondial qui se réalisent en 1996-1997 avec le WWW sont assez antérieurs à leur avènement et font de ces textes de petites «merveilles d’anticipation» pour l’époque. Ne vous y trompez pas. J’étais loin d’être le seul à croire à ces arguties. Et, somme toute, il était assez naturel d’imaginer un monde où les documents pouvaient enfin circuler sur un réseau, dès lors que les données graphiques étaient transformées en données digitales (on dirait aujourd’hui numériques)…

Mais voilà on peut imaginer l’avenir, sans s’y préparer.

Sans même avoir les moyens de s’y préparer. Et surtout, puisque je suis loin d’être parfait, je n’avais jamais imaginé la propagation grand public (mass market) de toutes ces technologies (donc et surtout leur diminution tarifaire — un MacPlus de 512Ko de Ram, sans disque dur avec juste un lecteur de disquette 3,5″ coûtait 9100 euros ttc en 1985). Ce faisant, lorsqu’en septembre 1989 je vis arriver l’ATM à San Francisco, annoncé en grande pompe par Warnock, que je vis arriver également Steve Jobs avec sa machine toute noire (le Next), je compris très vite qu’il était trop tard et que mon entreprise allait subir de plein fouet une modernité dont elle ne se relèverait jamais.

À partir d’octobre 1989, un mois après l’annonce sur la côte californienne, je commençais à perdre 50 clients par jour, c’est-à-dire qu’en trois mois j’ai perdu les 3/5e de ma clientèle que j’ai conquis patiemment durant une vingtaine d’années.

Moralité, on peut avoir des visions et ne pas être forcément capable d’anticiper sur le management de son entreprise. Mais rassurez-vous, je n’ai jamais considéré cette aventure comme un échec… plutôt même une chance de pouvoir faire de ma vie ce que j’ai toujours rêvé. Graphic designer et typographe, aujourd’hui directeur d’une école de création numérique et interactive, ma vie n’a jamais été aussi riche d’expérience, d’échange culturel, de passion pour l’éducation et au travers de ce blog d’un partage d’expérience que je n’ai jamais pu rêver au moment où j’écrivais ce texte d’anticipation.

L’expérience des réseaux sociaux aussi, Facebook que je critiquais, Twitter que j’ai quelque mal à apprivoiser tant j’ai l’impression de perdre toute intimité en étalant sous les flux de surveillance planétaire une vie, qui après tout n’est qu’une vie. Jamais trop aimé les feux de la rampe et pourtant il faut avancer et du coup je m’y retrouve parfois sans forcément l’avoir rêvé. «C’est le business chéri» comme disait Patrick Cauvin (sous le pseudo de Claude Klotz) dans un de ces romans-polars que j’affectionnais, dans lequel son héros Reiner, allumait une cigarette d’une marque différente à chaque page. Toute ces nouvelles «filières» de la communication à 360° que je pratique en ayant parfois le sentiment qu’il s’agit de «trends» et non de «needs», mais que par atavisme professionnel je me dois d’essayer…pour, ne serait-ce qu’en décrypter les perversions graphiques et sociales…

Il est assez rare que je parle de moi-même sur ce lieu d’écriture… et si je devais résumer ma vie, c’est réfléchis, avance, sois vigilant mais avance… regarde le passé, il est là, présent, chargé de toutes les leçons universelles qu’il nous offre à chaque instant, mais bon sang que l’avenir est passionnant, et plein d’embûches, et de surprises, bonnes et mauvaises. Dans un monde, où l’innovation et le design sont devenus les maîtres mot, et qu’il sont plus que jamais nécessaires, pour la survie de nos économies, tâchons de garder la tête froide pour sélectionner ce qui fera avancer l’humanité vers la lumière et non l’enfoncer dans l’obscurantisme.

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Quand la Suisse rencontre la Chine | Hommage à Soheil Azzam, graphiste (reloaded)

J’ai rencontré Soheil Azzam un jour de février dernier, (il y a deux ans de cela). Cela faisait longtemps qu’il laissait des commentaires très fouillés sur des sujets aussi variés que la calligraphie ou la mise en page, puis un jour on s’est téléphoné. Il habite en Suisse et rendez-vous fut pris pour un dîner parisien auquel assista également Jonathan. La vie de Soheil n’est pas simple, Moyen Orient puis la Suisse, et enfin la Chine. Ah l’amour, toujours l’amour en roulant les rrrr à la hongroise. Il fut pris de passion à la fois pour une femme et pour son pays, mais surtout pour la calligraphie. Après des études laborieuses helvètiques, il s’expatria qq temps en Chine où il apprit également les rudiments de la langue. Puis il revient dans la cuvette montagneuse pour y exercer finalement son métier avec une rigueur et une fantaisie enpreintes d’une très grande sensibilité. Il m’a laissé quelques pdf que j’ai traduit en galerie de son œuvre graphique et aussi des carnets de notes en vrac que j’ai photographié pour l’intérêt qu’ils témoignent pour l’entrainement constant à l’écriture et au tracé calligraphique.

Soheil a écrit un livre que l’on peut consulter sur son website dont voici résumé l’introduction de l’introduction:

«Après qu’il eut tenu au peintre ce discours, Tch’eng Wang déclara que désormais on crèverait les yeux à tous les peintres et à tous les sculpteurs qui ajouteraient une forme aux formes du monde, et qu’on percerait les oreilles et couperait les mains à tous les musiciens qui ajouteraient un son aux sons du monde. Il condamna l’art sous toutes ses formes car, dit-il, l’art n’est qu’orgueil et imperfection.»

Histoire vraie quoique imaginaire de Tch’eng Wang le Fou (chapitre II)

http://www.typogabor.com/Media/soheil_training_blog/Soheil-galerie.gif

Galerie en hommage à l’œuvre graphique de Soheil Azzam

Le travail de Soheil est à fois empreint du geste pur et de l’analyse sémantique auquel il s’adonne à chaque chantier. Délicatesse, sensibilité, une sainte horreur des guimmicks à la mode, Soheil tend par son travail vers l’essentiel. Les formes utiles et le rythme d’une mise en page qui de déséquilibre en déséquilibre et retombe à chaque fois sur ses fondamentaux. Des règles de mise en pages oui, à condition d’user et d’abuser de les pervertir. A la fois graphiste, graveur, peintre et calligraphe, Soheil ne dément pas l’image que nous avons du graphiste contemporain, infiniment plus artiste qu’à l’époque des années 50 mais un souci rare pour la lisibilité, la vraie, celle qui donne envie de lire.

essais calligraphiques, carnets de notes de Soheil

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essais calligraphiques, carnets de notes de Soheil

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recherche de logotypes et d’image de marque, carnets de notes

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recherche de logotypes et d’image de marque, carnets de notes

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essais calligraphiques, carnets de notes de Soheil

http://www.typogabor.com/Media/soheil_training_blog/Soheil_DSC_8425.jpg

essais calligraphiques, carnets de notes de Soheil. Le travail calligraphique de Soheil n’a rien d’aussi perfectionné que celui d’un Claude Mediavilla. Cependant il est rare de voir un calligraphe partir d’une nécessité d’écriture dans la langue chinoise tout simplement pour se faire comprendre par ses nombreuses fréquentations professionnelles de Pékin ou Shangaï. Pour Soheil calligraphier n’est pas seulement donc une gymnastique gestuelle mais aussi une tentative de faire sien une langue dont la compréhension ne peut que nous échapper si l’on pénètre pas au tréfonds de la représentation du verbe. Ainsi le tracé est ici bien plus un exercice d’écriture utile et fonctionnel qu’une gesticulation gratuite et purement esthétique.

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essais calligraphiques, carnets de notes de Soheil

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essais calligraphiques, carnets de notes de Soheil

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essais calligraphiques, carnets de notes de Soheil

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essais calligraphiques, carnets de notes de Soheil

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recherche de logotypes et d’image de marque, carnets de notes

http://www.typogabor.com/Media/soheil_training_blog/Soheil_DSC_8456.jpgessais calligraphiques, carnets de notes de Soheil, où l’on se souvient enfin des origines orientales de l’artiste. Tourmenté mais tellement sensible.

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essais calligraphiques, carnets de notes de Soheil, où l’on comprend que le tracé de l’écriture chinoise procède de principes d’équilibre et de structuration de l’espace graphique, proches de nos règles de mise en pages occidentales.

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essais calligraphiques, carnets de notes de Soheil. Exercices réalisés sur du papier bible de 40 gramme.

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essais calligraphiques, carnets de notes de Soheil. L’orient encore.

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essais calligraphiques, carnets de notes de Soheil. Mise en page en chinois. Une grille, toujours.

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Galerie en hommage à l’œuvre graphique de Soheil Azzam

Ce résumé s’achève par l’évocation de la calligraphie: c’est le point par où commencent les paragraphes, et c’est aussi celui où ils finissent.

L’écriture est la part visible du langage et, de ce fait, comme tout ce qui atteint nos yeux ou nos oreilles, elle peut devenir objet d’appréciation esthétique ou matière à création artistique. Et pourtant, tandis qu’en Chine l’écriture est estimée comme un art à part entière et probablement le plus noble de tous les arts, en Occident la calligraphie n’a jamais été considérée autrement que comme un artisanat, un art décoratif incapable de saisir et de restituer toute la gamme des sentiments et des émotions qu’il nous est donné d’éprouver. Cette différence de statut ne peut manquer d’intriguer. Mais la comparaison est inégale et, pour tout dire, injuste.

Au lieu de s’étonner de ne pas trouver en Occident un art de la calligraphie comparable à celui de la Chine, il faudrait plutôt rechercher ce qui dans les deux mondes manifeste le mieux le génie propre à chacune de ces cultures, dans le domaine particulier de l’écriture et du signe. Il apparaîtrait alors que, si l’Occident n’a jamais connu un véritable art d’écrire, la Chine, de son côté, a ignoré jusqu’à un passé récent celui de la typographie, même si c’est sur son sol que cette technique a vu le jour.

Les caractères chinois sont des peintures et, soit que nous reconnaissions en eux des formes déjà vues, soit que leur mouvement suscite en nous l’ébauche d’un mouvement semblable, ils agissent sur nous comme font les peintures. L’art qui les met en scène est donc pictural par nature. De son côté, l’Occident a pratiqué la calligraphie par nécessité, mais le travail de ses calligraphes anticipait, appelait même l’utilisation des types mobiles et des caractères interchangeables: la calligraphie occidentale est en réalité de la typographie — de la typographie manuscrite.

C’est avec des signes réduits à leur plus simple expression que l’alphabet construit ses «cathédrales de papier», des briques patiemment assemblées qui feraient presque oublier leur origine manuscrite. L’art de les assembler, si l’on consent à l’appeler art, a sans doute hérité ses formes de l’écriture, mais c’est avec l’architecture qu’il paraît avoir le plus d’affinités. C’est cet art, si l’on y tient, qu’il convient de comparer à l’art chinois de l’écriture; mais ils sont incomparables. Bien qu’ils expriment tous deux l’âme humaine, ils le font chacun à sa manière: à la manière des deux moitiés d’un même cerveau.

Ainsi, ce qui passait d’abord pour une disparité inexplicable se révèle au contraire en parfait accord avec la logique que ces paragraphes ont tenté de dégager.

Tout édifice repose sur des fondations et cet ouvrage n’échappe pas à la règle. L’idée qui le fonde — qui n’est pas explicitement avouée mais que l’on trouve dans des textes qui lui sont antérieurs (Tch’eng Wang le Fou et Voiles) —, est que l’objet de nos connaissances n’est pas le monde tel qu’il est mais le monde tel qu’il nous apparaît. Autrement dit: ce que nous appelons le réel ce ne sont pas les choses qui nous entourent mais seulement le regard que nous posons sur elles. Cela implique que le mouvement de notre compréhension suive le même chemin que celui de notre appréhension, c’est-à-dire qu’il aille de nous à l’objet que nous appréhendons et non l’inverse.

Une deuxième idée, qui fait corps avec la précédente et qui la complète, est que ce mouvement d’appréhension est un geste mimétique, souvent inconscient et qui parfois même n’est qu’à peine esquissé. Un mime en nous agit en permanence, de qui dépend la conscience que nous avons de notre présence au monde. Ces deux points étant admis, tout le reste en découle.

Soheil Azzam

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