Facebook, le machin à perdre son temps…

Au début c’était comme une nouveauté de plus… c’était fun, beaucoup plus que Linkedin ou un qq Viadeo, Zizi ou ZoZo, et puis je ne sais pas vous, mais j’ai commencé à recevoir plusieurs messages par jour, UnTel m’envoie un message, de fait il cliquait dans la case de tous ses Friends pour envoyer un msg, tantôt anodin, tantôt proche du spam. Pourquoitucours par exemple, tous les jours je recevais des messages pour me rendre à leur petite sauterie, comme si on avait que ça à faire, puis Daniel Robert s’y est mis.

Je ne sais plus comment je me suis retrouvé avec Daniel dans la liste de mes amis, mais voilà un monsieur que j’avais connu et fréquenté à l’époque glorieuse de ses agences de Pub. Nous avions même travaillé ensemble sur un projet de livre comprenant des textes d’Edgar Morin, Jean-François Lyotard etc. Puis le revoilà dans la liste de mes amis, sorti de nulle part. Et il m’envoyait chaque jour ainsi qu’à tout son Super Wall des YouTube Vidéos, des dessins, drôles sans doute, mais franchement on n’a pas que ça à faire.

Et puis si ça avait été vraiment lui, je me dis qu’il m’aurait envoyé un message personnel, me connaissant. Alors Facebook un jeu, de cache-cache où l’on devient le copain de Sébastien Chabal ou de Valérie Pécresse le temps de cliquer sur [Invite] et hop. Le degré zéro de la communication et des vrais relations. Où l’on compte le nombre de ses amis pour évaluer son degré de sociabilité. Mais merdre (Jarry) alors, je n’ai pas besoin de plus d’amis que j’avais déjà, d’autant que j’ai passé ma vie à ne garder que les vrais.

Friends en anglais n’a pas la même signification qu’Ami en Français. Lorsqu’on demandait à Montaigne pourquoi il était si proche, si ami de La Boétie, il ne sut répondre autrement que par un «parce que c’est lui—parce que c’est moi», il n’ont certainement pas fait dix mille tests de social compatibilité. Facebook le degré zéro de la communication et de l’amitié, oui. Mais aussi une idée fascisante de l’amitié de masse. Et une atteinte à la vie privée, pour ceux qui se révèlent sous leur véritable identité (et il y en a)…

Facebook inutile, comme tous les réseaux sociaux qui passent par l’interface de l’ordinateur et d’internet, comme les sites de rencontres qui charrient toutes les névroses de l’inhumanité grandissante d’un monde qui perd ses vrais repères. Non Facebook ne participe pas au village global de Mac Luhan, parce qu’un livre de recettes ne fait pas la cuisine. Et que pour envoyer un message, le mail, ou tout simplement le téléphone (illimité et international) valent cent fois mieux. Sans oublier la possibilité d’user de Skype ou d’un MSN Messenger, ou d’un i-Chat de Mac.com qui sont pour le coup, eux, de véritables interfaces d’interface.

Facebook facilitateur d’amitiés? ou de réseaux professionnels? Mon cul (permettez moi cet anglicisme :-)… si quelqu’un s’est fait vraiment de nouvelles relations amicales (ce qui n’est pas la même chose qu’amis) grâce à Facebook c’est en tous cas après sans doute y avoir passé des heures de recherches, de dialogues interrompues par un interface des plus capricieux, et surtout un formatage IBM-design qui me sort par les narines. Marre des interfaces réalisés par des informaticiens de génie, des cases à cliquer, des jpg ou .mov à uploader et à sharer.

Marre d’être poké par des gens que je ne connais ni d’Ève ni d’Altran… Marre des Sébastien Chabal qui m’invitent à jouer au poker… marre surtout de perdre les précieuses secondes de nos vies à des conneries… plutôt d’aller m’engouffrer dans un bar sympa et de rencontrer et parler avec des gens vrais. Marre de la virtualité des relations que les marchands du temple essaient de nous imposer comme étant le newstyle du way of life (le be aware triomphant). Vive les odeurs, les parfums, la musique, le jazz, la world, le rock, Bartók* § ou les variations Goldberg** § jouées par Gustav Leonhardt, la campagne, les bords de mers, les sentiers de grande randonnée, la moto filant sur les petites routes de l’Ardèche longeant le précipice, vue imprenable et des voyages aux confins du désert dans le Maroc de toujours .

Marre de Facebook qui n’a inventé qu’une chose, la machine à perdre son temps.

* Béla Bartók: The Miraculous Mandarin (Symphony Orchestra of Detroit, dir.Antál Doráti – Decca) – 6.1 Sempre vivo, 6.2 Adagio

** Goldberg Variations BWV 988 – Johann Sebastian Bach – interp. Gustav Leonhardt (harpsichord) – Disque Reference – Teldec

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