Production Graphique, réaction et infos de Soheil Azzam

Soheil | soheil[arrobase]tchengwang.com | tchengwang.com |

Merci Peter pour cette séquence nostalgie. Je ne suis pas vraiment typographe de formation, mais j’ai quand même composé un livre de 100 pages au composteur (Tch’eng Wang le Fou), que j’ai ensuite imprimé sur une presse à épreuves Vandercook. C’était il y a 30 ans, et j’avoue que je ne sais pas si j’arriverais encore à bien nouer ma ficelle aujourd’hui.

Je voudrais juste signaler, à propos de la Monotype, le travail de conservation entrepris à Genève par Andreas Schweizer, un ami de longue date qui a tenté de m’associer à ses projets (sans succès jusqu’à présent, mon temps n’étant pas indéfiniment extensible). Il a réuni, dans une ancienne usine désaffectée (à présent l’«Ecomusée Voltaire»), un nombre impressionnant de presses (typo, litho, taille-douce) et de machines (Lynotype, Monotype, etc.) qu’il a sauvées de la casse, remise en état et qui, grâce à ses efforts et à ceux de son équipe, sont toutes en état de fonctionner.

On trouvera sur son site www.letterpress.ch une foule d’informations sur la Monotype, et plus particulièrement sur sa collaboration avec John Cornelisse, un informaticien passionné par la Monotype qui travaille, en Hollande, à un projet nommé Computer2Caster. Le but de l’opération est de commander une Fondeuse Monotype au moyen d’un ordinateur. Celui-ci actionne les pistons exactement comme ferait une bande perforée. Seul point négatif, à mes yeux: l’ordinateur en question est un PC (quand je l’ai vu en tout cas, il y a deux ans, ce n’était pas un Mac). Un site à visiter, intéressant malgré son côté brouillon (j’espère qu’Andreas ne m’en voudra pas de ma franchise). Une partie du site est en anglais.

| Merci à toi Soheil, me suis permis de mettre ton commentaire ici parce que les infos me semblent très importants à l’heure où on est toujours sans nouvelle d’une décision pour l’imprimerie nationale. On espère que le gouvernement Fillon prendra de bonnes décisions. //p

Les articles concernées par l’intervention de mon ami Soheil sont sous la catégorie : Production Graphique.

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Production graphique pour les graphistes et designers | La typographie: l’ère de la photocomposition

Sous le numéro ISBN 0-8230-4416-5, l’éditeur Watson Guptill Publications a réédité l’ouvrage de James Craig en 1990. Il s’agit de la seconde édition d’une somme qui fut mis en librairie la première fois en 1974. Cet ouvrage n’a pris que quelques rides inhérents aux évolutions technologiques des quinze dernières années. Autrement dit il m’appartient d’y ajouter prochainement deux-trois reportages photo réalisés dans un atelier «pre-press» des plus modernes ainsi que dans une imprimerie qui travaille comme la plupart en DTP, direct to plate, en flux pdf de production.

C’est avec l’aimable autorisation de James Craig que j’ai pu reprendre ses illustrations qui ont ici pour vocation de tracer une histoire technique des évolutions de ce métier que généralement les professionnels désignent par les Arts Graphiques. L’ouvrage semble-t-il est épuisé mais on doit encore le trouver en occasion sur les sites d’Amazone ou Ebay bien que je n’en ai pas trouvé trace. Si vous les dépistez, n’hésitez pas à en faire part dans vos commentaires.

Avertissement au lecteur: toute reproduction est formellement interdite, usage strictement pédagogique.

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IBM Selectric MT/ST (en haut) et Smith Corona PWP100 personnal word processor

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il faut cliquer sur l’image pour constater la différence de qualité entre une lettre «frappé» par le plomb et une lettre «insolée» par une photocomposeuse.

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montage sur film d’une lettrine photographiée avec du texte photocomposée. Le montage effectuée, il est ensuite contretypé en négatif avec un filmprocess orthochromatique (insensible à la lumière rouge) et tirée en positif après retouches pour être montée dans la forme définitive qui servira à la copie de la plaque offset.

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Louis Moyroud au centre et René Higonnet à droite, les inventeurs de la Lumitype en 1949 (première photocomposeuse au monde) chez Deberny et Peignot qui durent vendre leurs brevets à l’américain Photon n’ayant pas réussi à interresser les financiers en France. L’ancètre des machines Compugraphic. C’est précisément la Lumitype qui permit à Adrien Frutiger en complicité avec Ladislas Mandel de réaliser la série incroyable des Univers. Les deux ingénieurs, spécialisés dans la transmission et les relais électromagnétiques travaillaient dans les télécomunications de l’époque.

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une photocomposeuse également. L’intertype photosetter, où vous retrouvez la structure de fonctionnement des linotypes sauf que les matrices cette fois ne servent plus à couler les lettres en plomb mais à insoler un film, réceptacle du texte.
Fini le saturnisme.

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un schéma de photocomposeuse de deuxième génération. Ce qui en fait la particularité, c’est la division des machines. Clavier et enregistrement sur computer des codes d’un côté, et flashage-photocomposition de l’autre. Sorties sur film ou papier.

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clavier de photocomposition «enrichi». Le compositeur a accès à toutes les spécifications typographiques sur le clavier. Espaces, entrées, signes de ponctuation typographiques etc. Il fallait en passer par une formation de typographe pour pouvoir accéder à des codes qui étaient abstraits pour les non-initiés. Plus tard on inventa des claviers de saisies dits «au kilomètre» qui permit d’accélérer le processus de saisie, au détriment du contrôle de la qualité des césures, de fins de lignes et du gris typographique.

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les interfaces de saisie: bandes perforées, casettes, floppy disques, transmission directe, du clavier à l’ordinateur

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les systèmes Monophoto et Harris Intertype. Où l’on voit dans le cas de Monotype les difficultés de sortir d’une culture. La Matrice de la Monophoto était basée rigoureusement sur celle de la Monotype Plomb. Les inventions avancaient très lentement à cette époque pour la raison suivante: les lettres, de plomb sont devenues de lumière (d’où l’expression de composition froide), mais elles étaient physiques. Des négatifs qui laissaient passer la lumière seon des programmes stroboscopiques qui tenaient compte du choix de la lettre au clavier (même si transmis par une bande perforée) pour commander à la Matrice de se trouver à tel endroit et à une lumière au xénon de se déclencher un milliseconde pour venir insoler cette lettre sur un film sensible. Problèmes posées, inerties mécaniques, précision des déclenchements de lumière, et stabilité des supports typo et film réceptacle. Les deux systèmes ci-dessus expriment deux tendances lourdes. D’un coté les matrices carrées (dont Berthold, Alphatype furent friands) et de l’autre les matrices circulaires qui permettaient de diminuer les prbs d’inertie mécaniques mais augmentaient les prbs de sychronisme d’un flashage «à la volée».

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matrice d’Alphatype, société située à Chicago qui fut longtemps considéré en Amérique du Nord comme l’équivalent en qualité irréprochable des machines Berthold en Europe. Sauf qu’Alphatype ne voualit pas payer des droits aux créateurs des caractères, ici le PATINA illustre le piratage en règle du Palatino d’Hermann Zapf. Ce type de comportement était la conséquence d’une loi américaine sur le copyright qui ne protégeait pas les dessins mais seulement le nom (trademark) des caractères d’imprimerie.

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Monophoto 600

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Harris-Intertype Fototronic TXT

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Mergenthaler VIP

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bande Matrice typographique pour la Mergenthaler VIP

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grille pour les matrices interchangeables de la Monophoto Mark IV

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principe de base de la photocomposition : source lumière = lampe flash, la plupart du temps au xénon, Matrcie circulaire ou rectangulaire des lettres en négatif, transmission de l’image de la lettre par un prisme pour aller insoler en focalisant la netteté sur un film ou papier de réception (outpout).

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cassette de réception

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caméra de reproduction VGC

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duplicateur d’épreuves photo des textes composées.

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C’est le moment crucial, il s’agit d’une simple machine de copie pour «contretyper» les montages de textes (positif-négatif-positif pour éliminer tout trace de montage), mais aussi pour insoler les épreuves papier pour les relecteurs.

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écran de saisie, un grand progrès si l’on considère qu’au début de la photocomposition on ne pouvait pas voir (display) ce que l’on composait. Mais on est encore à une dizaine d’années de l’invention du What You See Is What You Get (WYSIWYG) par Adobe avec son Adobe Type Manager (septembre 1989).

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Chaine de production éditoriale, parcours de la copie entre le clavier d’entrée (InPut) et l’épreuve corrigée à la fin (OUTPUT)

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une phototitreuse américaine. Le titrage posait d’énormes problèmes aux fabricants de photocompositeurs. La qualité finale suposée n’arrivait pas à une définition satisfaisante pour satisfaire lesgraphistes et directeurs artistiques. Déjà Edward Rondthaler avait compris cela en créant la société Photolettering en 1927. Offrant aux clients, agences et studios de prod. une qualité de titrage avec un choix de caractères considérable

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Les techniques de la photocomposition ont permis un enrichissement des moyens de compostion, tant pour le choix des caractères que pour l’expression infini de leur présentation. Les espaces n’étaient plus des morceaux de plomb. Juste des espaces virtuels.

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Le système Mergenthaler Linotron 505 CRT

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Là nous venons de faire un bond en avant. J’ai personnellement équipé mes ateliers avec ces deux machines en 1992. Entièrement asservis au langage postscript généré par les Raster Image Processor ©Adobe Systems. L’input était déjà assuré par un réseau Macintosh où l’on composait les textes et mises en page sur Quark X-Press. A l’époque nous en étions aux versions 2.12 et 3.31 ;-)

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voici l’évolution des caractères digitaux

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Je revidrai sur la question de ces évolutions dans de prochains articles.

©copyright James Craig avec son aimable autorisation pour design et typo

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Les galeries d’un typographe passionné de typo et de photos de scène

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Juan Pablo De Gregorio | un graphiste au Chili qui partage la culture typo

Voici un site de graphiste au Chili qui publie un blog typo dont la ligne éditoriale s’approche assez de celui de D & T. Je vous invite à faire un tour surtout si l’espagnol ne vous fait pas peur. Le contenu en vaut vraiment la peine: recherches, expérimentations, questions de lisibilité, de construction de la lettre etc. Voici son adresse : http://letritas.blogspot.com/

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Production graphique pour les graphistes et designers | Typographie & plomb, avant la photocomposition

Comme je vous l’annonçais hier, voici une histoire de la Production Graphique que j’ai repris de l’excellent ouvrage (si ce n’est le meilleur depuis toujours) de James Craig.

De passage à Paris il y a quelques semaines, je lui en ai demandé l’autorisation et pour m’aider il m’a envoyé la deuxième édition qui comprend les débuts du Desktop Publishing communément appelé et mal à propos la PAO.

Voici donc une première partie qui recouvre la composition manuelle (au composteur), le titrage avec les machines Ludlow et la composition mécanisé avec les Linotypes et Monotypes.

N’hésitez pas à cliquer sur les images pour les voir dans une taille tout à fait lisible.

Avertissement au lecteur: toute reproduction est formellement interdite. Usage strictement pédagogique.

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gravure du XVIII montrant un compositeur typographe debout devant une casse de plomb

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presse à épreuve

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fabrication d’encre, d’après une gravure chinoise Ve siècle

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fabrication du papier

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pupitre de graveur

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un «type», un caractère en plomb mobile. Où l’on voit la lettre en relief sur le «Talus», l’encoche devant, servait au «typo» à reconnaître le sens de la lettre, qui est fondue à l’envers sur le talus.

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des morceaux de plomb, sans aucun relief, servant juste d’espaces entre les mots ou les poncutations

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la moindre interlettrage si aisée aujourd’hui nécessitait de composer des espaces physiques entre les lettres. Un blanc est donc un signe, que les compteurs de «traitement de textes» continuent encore à comptabiliser.

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des espaces-lignes, en cuivre pour séparer les lignes (surinterlignage) ou paragraphes (espaces après). La hauteur de ces lingots est évidemment moindre que celle des lettres, ainsi ils ne touchent pas le papier lors de l’impression. (il me semble me souvenir que cette hauteur est approximativement de 23mm). L’épaisseur des filets se mesure en points Didot ou Pica chez les anglo-saxons. Toujours d’actualité sur nos supers Mac ou PC.

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un em est l’équivalent de notre cadratin en France. Il est égal au carré de la hauteur du corps, ce qui fait qu’il est proportionnel à chaque dimension de la composition. Aujourd’hui encore ces mesures sont en vigueur dans les logiciels les plus notoires, Quark X-Press, InDesign, PageMaker etc. Le cadratin est subdivisé en unités, c’est ce qu’expliquent les schémas ci-dessus.

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Le «composteur», cette règle métallique que tient le compositeur, dans laquelle il glisse les caractères en les lisant à l’envers. La vitesse de composition dite manuelle pouvait atteindre en moyenne 1300-1500 signes à l’heure. Cette vitesse ne tient pas compte du temps qu’il fallait pour ensuite, après le tirage des épreuves, à «redistribuer» les lettres dans les casses.

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une casse californienne

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une presse à épreuve moderne (aux alentours des années 50)

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la «Forme» de composition. Les lignes étaient maintenues par des lingots serrés avec une clé, pour résister à la force des presses à épreuve.

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voici la forme et la clé qui sert à resserrer les lingots faisant bordure.

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une presse à épreuve plus moderne. Rapidité, précision et régularité de la pression en sont les principaux atouts. Il servait dans des ateliers de composition à façon. Certains de ces ateliers avaient encore le vent en poupe dans les années 60-70, comme Deberny& Peignot au 14 de la rue Cabanis en face de l’hôpital Sainte-Anne.

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une composition corrigée avec les signes typographiques et ci-dessous le résultat, une fois recomposé le texte en tenant compte des indications du correcteur.

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les signes anglo-saxonnes de la correction typographique et leur équivalent français.

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la machine à composer Linotype inventée en 1886 par Ottmar Mergenthaler à Baltimore. Elle fut suivi de près par l’InterType développée vers 1911. Ces machines composaient non des lettres mais des lignes, litéralement des Line-of-Type, fondus d’un bloc. Puis les bloc-lignes étaient montés sur le «marbre», une table métallique où l’on pouvait «tacquer» correctement toutes les lignes. La partie gauche de la machine est la fondeuse. L’on peut imaginer les émanations d’antimoine que respiraient les typographes clavistes de l’époque. On ne parlait pas encore de santé professionnelle, ni de risques majeures et les maladies comme le «saturnisme» étaient bien souvent tournés en ridicule, traités au canons de rouge pour oublier les souffrances physiques.

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un paragraphe en lignes-blocs sortis d’une Linotype

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schéma de fonctionnement où l’on voit que le «magasin» qui contient les matrices des lettres laissent filer celles-ci au fur et à mesure de la composition. Une fois que ces matrices ont servi à fondre une lettre elles remontent dans le magasin.

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cliquez pour mieux découvrir les détails, bien que je les ai rephotographiés ci-dessous, vous avez là une idée assez claire du comment «ça marche».

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un «linotypiste» pouvait composer en moyenne environ 12000 signes à l’heure. Vitesse syndicale dans la Presse quotidienne qui se servit de ces machines jusqu’au début des années… 1980 (exemple Le Monde)

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voici la machine Monotype inventée en 1887 par Tolbert Lanston à Washington DC. Il donna son nom à la société au nom éponyme bien connue encore aujourd’hui, d’autant qu’ils ont racheté la plupart des grandes fonderies de caractères (Stempel-Linotype, Berthold, Agfa, Letraset, ITC etc.). Monotype, parce que cette machine composait les lettres individuellement contrairement à la Linotype. De fait il y avait un clavier qui asservissait une bande perforée lors de la frappe, et cette bande alimentait ensuite une fondeuse-composeuse équipée de «matrices» de caractère qui allait permettre la fonte du plomb. Voir ci-dessous. Vous pouvez découvrir ici la naissance de cette machine et l’aventure de la création typographique qui entoure la mécanisation de la typographie.

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Matrice Monotype de lettres en creux, pour fondre les lettres qu’on allait ainsi récupérer dans l’ordre de la composition, et remonter ensuite sur un «marbre» de mise en page.

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la fondeuse Monotype

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des caractères fondus avec des espaces négatives pour une approche plus équilibrée (kerning).

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machine à composer des titres en plomb: le Ludlow

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Typography : the proof reader marks

james

Pour Loïc Le Meur qui n’est plus obligé de s’expatrier aux States (on est vraiment heureux pour lui ;-), voici les signes de corrections anglo-saxonnes auxquels il a échappé. Ceci vient bien entendu en complément du billet précédent . Je vous laisse découvrir les différences entre les deux systèmes de correction et de les commenter (n’est-ce pas Jonathan ?). Pour info ce tableau provient d’un livre que je vais prochainement publier dans son intégralité: Production for Graphic Designers de James Craig , qui m’a très amicalement autorisé cette diffusion.

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Typographie: les signes de la correction

Voici quelques années j’avais édité une petite brochure à l’usage des responsables de la production graphique (le Guide de la Préparation de Copie), en voici la page 28 qui reprend les principaux signes de la correction typographique qui sont toujours en vigueur à ma connaissance dans les salles de rédaction et chez les secrétaires de Rédac (SR). C’est parfois agréable de rappeler les bons vieux principes de typo qui permettent de gagner un temps fou au téléphone… et sans aucune ambiguïté.

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Hommage à l’oeuvre de Jean Alessandrini, écrivain, typographe et illustrateur

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Pour l’occasion de cet hommage j’ai logotypé Design et Typo avec le caractère Mirago dessiné par Jean Alessandrini pour l’Atelier Phototypo d’Albert Hollenstein.

Voici quelques mois j’avais écrit un article dans étapes sur la bio et l’œuvre de Jean Alessandrini. C’était autant par honnêteté et passion de critique graphique que par amitié pour Jean qui reste à mon sens un des pionniers du lettrage dans la France d’après-guerre. Me voilà donc transformé en agent d’illustrateur bénévole tant j’aimerais que les éditeurs se souviennent, que les agences de pub redécouvrent le talent de Jean. En hommage à son œuvre j’ai réalisé une galerie la plus complète de ses travaux graphiques.

Les métiers d’Alessandrini?

Fabricant de mots-images n’en n’est pas le moindre, mais ce serait réduire son talent à celui d’un «bricoleur» alors qu’il est à juste titre considéré comme l’un des théoriciens les plus brillants de la typographie (par Maximilien Vox lui-même). Vous pourrez découvrir son essai de classification aux noms aussi évocateurs que poétiques comme *deltapodes*, *filenxtres*, *machinales*, *simplices*, *emparectes*, *claviennes*, *romaines*, *gestuelles*, *germanes*, *hybrides*, *transfuges* et j’en passe… et je suis sûr qu’il serait très heureux à son tour que vous en inventiez de nouvelles. Ses années passées à Pilote et plus tard au contact de Gallimard et Bayard Presse lui ont donné l’occasion de créer une série d’albums-jeunnesse dont le style n’est pas sans rappeler ceux d’un Terry Gilliam ou d’un Georges Lucas dont il est devenu par la suite un des plus grands admirateurs. Mais Jean était un pionnier, et il était sans doute en avance sur son temps. Tout à la main, sans ordinateur, il composait des caractères qui s’arracheraient aujourd’hui s’ils avaient été vectorisés-numérisés. Car c’est bien le seul défaut que je lui connaisse à Jean. Ne pas avoir pris le tournant de l’informatique et laissant à d’autres le soin d’explorer grâce à Fontographer ou FontLab des formes contemporaines dont il avait une vision d’avance.


caractère Mirago dessiné pour l’Atelier Phototypo d’Albert Hollenstein.

Voici quelques temps il a quitté Paris pour s’installer à Strasbourg. La France a beau vivre à l’heure d’internet, n’empêche que les éditeurs sont largement regroupés en Île de France. Autant pour les agences de Pub… et puis c’est vrai aussi que mon ami Jean n’est pas du genre, à décrocher facilement son téléphone, c’est pas qu’il est snob ou orgueilleux, il n’y a pas plus simple et bonhomme que ce garçon éternellement jeune… mais voilà il est affublé d’une timidité maladive et a peur de toujours déranger… sale temps pour les timides ;-) L’Écriture, aussi, parce que Jean a été pris d’une frénésie d’écriture depuis qu’il a remporté un Goncourt Jeunesse, mais le dessin ne l’a jamais quitté, ou peut-être l’inverse ;-)

Si vous désirez le contacter voici un e-mail, où vous pourrez au moins lui témoigner de votre plaisir d’avoir découvert cet œuvre majeure. Suis également curieux de savoir ce que vous pensez de ce créateur finalement assez méconnu. N’hésitez pas… ;-)

galerie des créations de Jean Alessandrini en cliquant ici.

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Serge Lutens | Architecte de la Mode (l’esprit Serge Lutens 3e partie)

Voici la troisième partie et, après regroupement de tous les textes, le seul article nécessaire et suffisant pour découvrir cette présentation de l’ouvrage édité par les éditions Prosper Assouline consacrée à «l’esprit Serge Lutens». Malgré le travail fastidieux, voire harassant qui consiste à photographier un livre aussi important, avec une double approche, celui du documentaliste respectueux de ce qui est, et celui du guide artistique qui ne peut s’empêcher de s’approcher, recadrer, attirer votre regard sur tel ou tel détail , je ne me suis lassé à aucun moment tant son travail me fascine et à bien des égards! Je vous rappelle ici le contexte. J’avais cet ouvrage dans ma bibliothèque depuis sa publication. J’y ai personnellement et très modestement contribué en numérisant la police de caractère qui compose les textes de l’album. Et puis je le re-découvre, et me dit que si Design et Typo ne publie pas les belles pages de ce livre, il finira oublié du plus grand nombre parce qu’épuisé et sans doute sans intention d’être réédité. J’appelle l’éditeur qui très gentiment me renvoie avec son accord de principe sur l’auteur, Serge Lutens. «il faut bien entendu que vous ayez son accord aussi…» Après deux trois coups de fil je conviens avec Patrice Nagel, le complice, assistant et ami de Serge d’un rendez-vous parisien où Monsieur Lutens pourra nous commenter son travail. L’hôtel Ritz servit de cadre à cet interview, lieu de luxe raffiné sans doute, mais n’est-ce pas aussi le métier de Serge Lutens que de voyager dans le monde de la Mode et du Luxe. Jean-Charles Baudot m’accompagna pour la prise de son ainsi qu’Anne Maigret pour les portraits magnifiques qu’elle réalisa durant l’interview.

Le spectacle de ce livre nécessiterait plutôt les moyens d’une video où l’on pourrait s’approcher en mouvement, faire des travelling, s’éloigner pour avoir une vision d’ensemble… j’ai utilisé ici la photographie pour tenter de montrer les constantes créatives de S.L. D’abord l’architecture, la vue d’ensemble de chaque page montre à souhait la nécessité où se trouve l’artiste de structurer l’espace, le corps, les vêtements, le maquillage et les accessoires. En ce sens c’est un ouvrage pédagogique en soi qui nous explique ce que c’est que la mode. Une sublimation du paraître par l’être. S.L. nous conduit sur un chemin difficile, visuellement et intellectuellement.

Car enfin la Mode, tant décriée par les détracteurs d’une société de consommation, représente pour beaucoup sinon l’inaccessible en tous cas le superflu cher. Il faut avoir lu les textes de Barthes dans le Système de la Mode, pour se convaincre qu’il s’agit non seulement de photographies de mannequin, de prises de vues de l’inutile mais aussi d’une industrie toute entière consacrée à l’élaboration d’un système en permanente évolution. La Mode est nécessaire aussi bien pour les boutiquiers du Sentier que pour notre inconscient collectif, elle fonctionne certes sur les référents: «dimanche après-midi, vous porterez un tweed croisé sur les champs de courses», mais nous permet aussi de rythmer le temps social, de découper celle-ci en séquences donnant à la perception de notre monde complexe une lisibilité visuelle et sociale des plus précise.

Serge Lutens a poussé, en exagérant chaque composante de la photographie de mode jusqu’à l’extrême. L’architecture du corps et des vêtements, se dé-structure pour notre plus grand plaisir pour se restructurer en événement spectaculaire. Le corps n’est plus, pas plus que le vêtement, seule reste une composition picturale dont la moindre des qualités est justement de nous faire oublier qu’il ne s’agit que… de Mode. Parce que pour Serge Lutens, même s’il s’en défend, il s’agit probablement de religion bien plus que de photographie de Mode. Il suffit de regarder ses compositions pour s’en convaincre. J’ai voulu systématiquement montrer chacune de ses créations en trois temps ou plus. Vue d’ensemble, plein cadre sur les visages, plan resserré sur les mains, et parfois pas toujours, une série de détails sur les accessoires. Que constatez-vous. Les mains tout d’abord, elles ne servent que pour désigner, ou éventuellement s’affleurer, le geste du maquillage, une caresse à peine, ébauche d’un geste éternel que les femmes vivent depuis la nuit des temps. Justement les femmes, ou La Femme qui n’existe pas pour Lacan, car elles sont toutes une et inversement, sont assexuées , postures religieuses qui nous rappellent des tableaux du moyen âge ou plus près de nous un Chagall ou un Kandinsky. Des bas reliefs des églises aux tryptiques orthodoxes russes, ces femmes ne s’habillent pas, elles sont habillés par vocation de beauté où le spirituel le dispute au religieux. Elles incarnent la Beauté venue sur Terre voici quelques millions d’années autant dire une éternité.

Serge Lutens aime les Femmes pour le message de beauté qu’elles délivrent, mais ce faisant il les re-construit avec minutie, sachant o combien le hasard ne peut répondre seul à la question lancinante du qu’est-ce qui est beau ou pas. Il les re-structure pour leur permettre de se libérer de toute structure et archaïsmes qui les a rendu esclaves d’elles-même avant d’être des esclaves de la Mode. C’est en photographiant chaque détail de l’œuvre de Lutens que je découvre la simple complexité d’une pensée toute entière tournée vers le magistral. Car Serge Lutens est un pédagogue, il ne montre pas seulement, il nous explique, il donne à voir les secrets de son art. Structure après structure, il nous administre les vérités du rythme, des espaces, des lignes de fuite, des obliques et des parallèles. Ce que les peintres ont peint durant les années 20 il le fait revivre pour donner du sens aux sens. Au travers de ces photographies, on comprend mieux le Bauhaus, et le constructivisme des années 20, on entre en religion du surréalisme parce que les femmes de S.Lutens incarnent, figures vivantes, l’art contemporain, le questionnement permanent… Suis-je belle, suis-je la plus belle? oui, non, tu es• La Femme, épicentre du futur et de l’avenir, celle par qui les lignes de fuite font sens et pour qui les hommes se sont damnés pour l’éternité.

Serge Lutens nous administre une leçon de choses de la vie, par les courants ascendants de l’art premier qu’il a découvert bien avant que le quai Branly se mette en mouvement, les «roots» qu’il n’a cessé d’aller puiser dans la civilisation japonaise ou marocaine. S’agit-il d’un grand écart ou bien d’une logique qui allie la perfection nippone, ce goût pour le parfaitement ajusté à l’esprit décoratif et ludique de l’islam qui prône le plaisir comme une religion du ici et maintenant. Religion et perfection sont les constantes de l’art de Serge Lutens.

cliquez sur l’animation pour accéder à la Galerie d’étude de l’ouvrage «L’Esprit Serge Lutens»

Rappel: L’ouvrage de Serge Lutens est épuisé, Design et Typo a obtenu la permission de le publier in-extenso avec toutefois l’indication suivante: toute reproduction est interdite, usage strictement pédagogique. Un grand merci à l’éditeur, à Serge Lutens et Patrice Nagel sans qui ce billet n’aurait pu être publié.

J’ai évoqué ci-dessus la relation intime de l’œuvre à la structure (constructivisme russe, Bauhaus, surréalisme). D’aucuns diront que S.Lutens n’a fait qu’une œuvre de copie de ces esthétiques du début du siècle, mais l’a-t-on dit de Neville Brody lorsqu’il mit en Page la revue The Face, ou bien de Philippe Starck qui selon moi et indépendamment de toute considération affective a eu le mérite de faire enfin découvir les recherches architecturales et graphiques des années 20-30 qui furent menées en Allemagne d’avant guerre. Non et heureusement. Parce qu’en tout état de cause il ne s’agit aucunement de copie. Plutôt de l’adoption d’un vocabulaire, d’une grammaire graphique pour mettre en scène le travail de Lutens sur le textile, le maquillage, la sculpture, les bijoux. Œuvre chargé s’il en fut par les innombrables références dont la moindre n’est pas le Moyen Âge qui revient régulièrement de façon lancinante dans le travail de l’artiste. Car au fond Serge Lutens nous fait tout d’abord voyager, dans le temps et l’espace. De la période Grecque d’Aristote au Romantisme de Chateaubriand et Gustave Flaubert en passant bien entendu par le Haut Moyen Âge qui fut une des périodes les plus libertines pour le vêtement et la représentation du corps. il n’oublie bien sûr pas le passage au siècle de l’automobile où l’on découvre les belles de la Période dite Belle, justement, les années folles. La trame de l’ouvrage, est le texte, éternel fil d’Ariane qui donne du sens à toutes ces représentations visuelles en n’oubliant ni de parler de la musique, ni des sculptures, ni de la Mode. Du voyage dans le Temps, S.Lutens passe à celui de l’espace en nous faisant découvrir l’extrême orient avec le Japon et les terres maghrebines en pénétrant plus profondément dans Afrique des ancètres.

La structure de base de Serge Lutens est le triangle. Symbole s’il en fut de la trinité et du masculin-féminin selon, qu’il pointe vers le bas ou le haut, symbole aussi de la fertilité et de l’inclinaison vers le ciel ce qui faisant, donne à cet œuvre une dimension spirituelle qui est le véritable fil conducteur de l’ouvrage. Dire que Serge Lutens s’est inspiré des peintures de Picasso est une tautologie. Tout le travail respire et suinte l’admiration et l’amour du peintre. Et Serge ne s’en cache pas, au contraire, lors de l’interview, Picasso fut le point d’orgue, véritable hommage d’un artiste à un autre, pas des moindres .

Mais pourquoi Serge Lutens a-t-il éprouvé tant le besoin de structurer ses compositions et de façon quasi radicale. La réponse, vous la trouvez dans l’hétéroclité même de son œuvre. Lutens est un artiste prolixe et universel, tout jeune il débutait comme coiffeur à Lille pour venir plus tard à Paris, se faire repérer par Vogue et commencer une carrière dans la photographie de Mode. Cependant il touche à tout, maquillage, bijoux, sculptures et là, l’artiste pourrait se perdre, pour ne jamais se retrouver. Il découvre alors le Japon et c’est pour lui le choc. Comme il l’explique pour Picasso, «tout commence à la naissance par un choc…» le pays de l’extrême orient lui ouvre les yeux sur le concept de perfection, de simplicité, d’élégance. Puis il s’intéresse aux années vingt et comprend mieux que quiconque la nécessité de structurer la Mode polymorphe.

Il y a dans l’œuvre du maître tel un Huysmans (Rebours) de la Mode, un va et vient permanent entre matières complexes, coiffure, maquillage, fard à paupières, poudre blanche pour la peau et la nécessaire simplicité d’un espace structuré. Il s’agit d’un enjeu majeur, celui de la mémoire. On se souvient de ce qui est simple, alors même que la Mode met en scène des formes infinies, des matières chamarrées et disparates. Se souvenir d’une robe, d’une coiffure, d’un maquillage, d’une photo devient alors un défi que Serge Lutens relève avec philosophie. Tout d’abord la robe. Il n’y en a pas . Shiseido est un fabricant de cosmétique, Lutens va s’efforcer d’habiller ses mannequins par des symboles de vêtements, des raccourcis qui suggèrent plus que ne montrent. C’est là que la structure graphique intervient pour sublimer notre perception. Il n’y a pas de robe chez Lutens, pas à proprement parler. On devrait plutôt parler de costumes de théâtre, tel celui du No, il caricature le vêtement pour faire ressortir le maquillage et quand bien même ce maquillage est trop présent il intercale alors entre nos yeux et le visage angélique de ses modèles un voile pudique qui laissent à peine deviner le maquillage. Cet artifice, il va en user et abuser pour notre plaisir de chaque instant de chaque photographie.

Dès lors que l’on a compris le message qu’il cherche à passer, il nous devient évident que les moyens étaient là, à sa portée, simples et éternels. La structure, des formes graphiques simples, le trait, oblique de préférence vient rythmer ses compositions. Le triangle est un rappel permanent des symboles spirituels, qui «tirent» ses modèles photographiées vers une forme d’éternité. Le cercle plus rare et le carré presque toujours absent parce que contre nature, le vocabulaire de Lutens est radicalement simple. J’ai dit religieux, mais pas au sens d’une religion, ni d’une éthique, plutôt comme une quète d’un au-delà du beau, du parfait. Ce flirt permanent avec la perfection il le doit sans doute à ses années où il débuta comme coiffeur à Lille, aussi bien que sa rencontre avec le Japon, mais c’est le constructivisme, ou le cubisme en peinture qui vont donner à Lutens l’occasion de parfaire sa scénographie. Regardez cette image (1 ) puis celui-là (2 ), hommage aux taureaux de Picasso, Lutens installe son modèle dans une alchimie structurée où tout est oblique et triangle. Sauf peut-être les formes féminines de la silhouette en noir sur fond rouge. Grand dieux, et heureusement, Serge Lutens ne trahit jamais la femme, au contraire il la sublime et lui donne sa vrai dimension dans un univers graphique aux formes volontairement géométriques (3 ) .

Je ne voudrais pas terminer cette visite guidée de l’«Esprit Serge Lutens» sans oublier de vous parler de son travail sur la peau. Remarquez bien que chaque modèle est volontairement maquillée à la japonaise (théatre no dont je vous parlais précédemment), c’est là un artifice des plus heureux. Car cet ambassadeur d’une des plus prestigieuses marques de cosmétiques a bien compris qu’il ne s’agit pas tant de vendre un poudrier, un pinceau à joues, que d’insuffler aux femmes qui ont le désir de sublimer leur destin quotidien un projet d’éternité. De fait S. Lutens maquille à l’outrance ses mannequins pour faire oublier leur temporalité. C’est comme s’il nous disait, vous savez, s’il n’y avait pas de maquillage, que l’on ne verrait que la peau, ce serait donc de la viande obscène, alors il cache la viande, la chair faite viande pour la faire entrer au Panthéon de la civilisation en tant que peau sociale. Je me souviens de mes lectures de Claude Levi-Strauss (Tristes Tropiques), des indiens du Brésil que nous avons eu la joie d’approcher par les expositions au Grand Palais durant l’Année du Brésil, chaque fois qu’une civilisation entre en scène, elle commence par habiller-maquiller la peau. Cela procède de la nécessité de structurer notre être social tout comme le regard de l’Autre sur nous même. Toujours la mémoire. Et puis vous l’aurez compris, l’œuvre de Serge Lutens parle des lettres et de la typographie en filigrane de ses mises en scène. Cela ne pouvait pas me laisser indifférent. Et vous?


le déclic de la création | 100e anniversaire des Demoiselles d’Avignon | ITV Serge Lutens

Introduction publié le 8 mars 2007.

http://www.typogabor.com/Media/demoiselles-d-avignon.jpg

En attendant de dérusher complètement l’ITV de Serge Lutens et d’ailleurs d’y ajouter quelques éléments visuels et sonores qui manquent encore, voici un court extrait de cette rencontre magique. Où Serge nous interpelle sur le choc de la création, le déclic qui nous meut chacun en soi. Le sien, mais aussi celui de Picasso ou Van Gogh qui court toute sa vie après une certaine lumière. Et brusquement Serge s’enflamme et nous parle de ce tableau des *Demoiselles d’Avignon* qui a cent ans cette année, et qui fut oubliée, tournée contre le mur de l’Atelier du maître pendant sept ans. Pour finir par être achetée par un américain pour la somme dérisoire de 10.000F…

Et tout l’œuvre de Serge Lutens sera un aller retour de ces influences, ceux d’abord de sa jeunesse, tout simplement, mais influences majeures tout de même. Picasso… le Bauhaus, l’Avant-Garde Russe… ce n’est pas rien dans le berceau d’un homme qui aurait pu ne pas venir au monde du tout…

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Première partie de l’interview de Serge Lutens consacré aux Demoiselles d’Avignon et à Picasso

Ingénieur du Son et Designer Interactif: Jean-Charles Baudot

introduction avec quelques portraits de l’Artiste 1 et interview place Vendôme de Serge Lutens ici 2

Rappel Juridique: toute reproduction est formellement interdite, réservé à usage strictement pédagogique !

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Serge Lutens | Architecte de la Mode (l’esprit Serge Lutens 2e partie)

Regroupement de tout l’article consacré à Serge Lutens, Architecte de la Mode sur la note publiée ici le dimanche 13 mai 2007

pour des raisons de temps de téléchargement j’ai du restructurer complètement ces notes et les alléger en mettant en ligne une galerie complète et facile à charger. Vous pouvez accéder à l’article définitif et à la galerie en cliquant ici.

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