Apple s’inspirerait du Design de Braun des années 70

Lu chez Erik Spiekermann’blog une analyse du Design d’Apple d’aujourd’hui qui s’inspirerait de celui de Braun… des années 70. Intéressante comparaison venant de la part du créateur de l’Officina et du MetaPlus… à lire en Anglais ici.

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Hommage à Roman Cieslewicz | 1930-1996

J’ai eu la chance de fréquenter Roman durant quelques années où j’enseignais à l’ESAG, et dois avouer que le troisième syllabe de son patronyme «wicz» qui se prononce <witz> en français, veut dire «blague» en hongrois… Et si les noms ont une quelquonque influence sur une œuvre, alors il faut reconnaître que c’était un homme avant tout drôle comme peuvent l’être les clowns tristes… toujours prêts pour le bon mot, le mot juste.

« Mon rêve, c’était de faire des images publiques, pour que le plus grand nombre de gens puisse les voir. Alors pour moi, c’était l’affiche – l’image publique – qui était le plus important. Je pensais déjà à l’affiche avant même d’entrer à l’Académie. Sortir dans la rue. C’est très important. Quand je pense à la variété des objets qui entourent l’homme, je crois que le plus important, c’est l’affiche. Parler, dire, transmettre, annoncer. Informer. (…) Je n’ai jamais conçu une image indépendante de son contenu. Je veux toujours que l’image soit maximale et que l’information soit maximale. Il faut agir sur le maximum d’imagination. » (in, Wieslawa Wierzchowska, Auto-portraits, Éditions Interster, Varsovie, 1994.).

Œuvre entièrement réalisée selon des procédés graphiques traditionnels, sans ordinateur.

Comptant parmi les plus grands graphistes de la deuxième moitié du XXème siècle, il a influencé d’une façon décisive le développement des arts graphiques et de l’affiche. Devenu célèbre, il exposait dans le monde entier. Cieslewicz fut l’un des créateurs de « l’école polonaise de l’affiche », dont les principes les plus importants étaient la simplicité et la clarté de l’expression plastique, l’utilisation des signes synthétiques, de métaphores poétiques, et la richesse des moyens d’expression. Il produisit un grand nombre d’affiches de photomontages et de dessins de presse, tout en s’occupant d’édition, de typographie, de photographie et d’exposition. Il fut membre de l’Association des Artistes Graphiques Polonais, de l’Alliance Graphique Internationale (AGI), et de l’International Center for the Typographic Arts.

Né le 13 janvier 1930 à Lvov, il est mort le 21 janvier 1996 à Paris.

Entre 1943 et 1946, il a fréquenté l’École de l’Industrie Artistique de Lvov. En 1946, il s’est installé à Opole, où il fut employé par la cimenterie « Groszowice ». Il reprit ensuite ses études au Lycée des Arts Plastiques de Cracovie pendant l’année scolaire 1947/1948. L’année suivante, il est entré à l’Académie des Beaux-arts de Cracovie et à la Faculté de l’Affiche. Il étudia dans les ateliers de Zbigniew Pronaszko, Czeslaw Rzepinski et Mieczyslaw Wejman. En 1955, il acheva son diplôme dans l’atelier d’affiche de Jerzy Karolak et Maciej Makarewicz. Une fois installé à Varsovie, il réalisa des affiches pour la Centrale de Distribution des Films (CWF), les Éditions Artistiques et Graphiques (WAG), la Chambre Polonaise de Commerce. De 1959 à 1962, il fut directeur artistique du mensuel « Ty i ja » (« Toi et moi »). Il conçut également la charte graphique de la revue artistique « Projekt » (avec Wojciech Zamecznik, Jozef Mroszczak et Hubert Hilscher), du mensuel « Polska », et des catalogues de la Galerie Contemporaine de Varsovie. Il collabora avec les Éditions Artistiques et Graphiques (WAG), RSW « Ruch », ainsi qu’avec des théâtres, des institutions culturelles et des maisons d’édition : PIW, « Czytelnik », « Iskry », WAIF. La conception graphique d’expositions intéressait également Cieslewicz : il créa, entre autres, la scénographie du pavillon polonais aux Foires de Leipzig (1957) et de Moscou (1959), du pavillon d’Elektrim à Pékin (1961), et du pavillon Ce-Te-Be à la Foire Internationale de Poznan (1963).

Au début de 1963, il partit pour Essen où il fut engagé par la maison d’éditions de l’entreprise Krupp. Puis ce fut l’Italie, où il réalisa pour la firme Italsider cinq panneaux décoratifs dans les ateliers de production de ses fonderies à Bagnoli, Piombino, Lovere, Cornigliano et Toranto. En septembre 1963, il s’est installé avec sa famille à Paris, où il a vécu et travaillé jusqu’à la fin de sa vie. En 1971, il reçut la nationalité française. De 1965 à 1969, il fut directeur artistique du magazine « Elle », qu’il transforma selon sa propre vision graphique.

Il collabora également avec « Vogue », définit la formule graphique de la revue artistique « Opus international », du mensuel de vulgarisation scientifique « VST », du magazine « Musique en jeu », et du tri-mensuel « Kitsch ». Il fit en outre de nombreux projets graphiques pour les maisons d’éditions Hachette, Ketschum et Hazan, ainsi que pour les Galeries Lafayette et le Musée Picasso.

Ses projets graphiques pour les épais catalogues de grandes et prestigieuses expositions au Centre Pompidou, à Paris, lui ont valu une estime internationale. Par la suite, il fit des affiches pour la mairie de Montreuil, devint directeur artistique de l’agence de publicité M.A.F.I.A., réalisant la campagne de publicité des chaussures Jordan et la campagne « La France a du talent », et collabora avec les Éditions du dialogue des Pères Pallotins à Paris. Il a souvent publié dans le journal « Libération », les revues « Révolution » et « L’autre journal ». Pour le groupe PANIQUE, dont il a été membre, il a élaboré et édité deux numéros de la revue de « l’information panique »: « Kamikaze I » (1976) et « Kamikaze II » (1991). De 1973 à 1975, il dirigea l’Atelier des Formes Visuelles à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris, puis de 1975 à 1996, l’atelier de diplôme en arts graphiques à l’École Supérieure des Arts Graphiques.

Renouant avec la scénographie, il a conçu des décors pour les défilés de mode « Elle » (1968-1971), et réalisa le projet architectonique de l’exposition L’ESPACE URBAIN EN URSS, 1917-1978 au Centre Pompidou (1978). En 1979, il a mis en scène le film CHANGEMENT DE CLIMAT pour l’Institut National Audiovisuel à Paris. En 1989, sur une commande de l’Assemblée Nationale et du Ministère de la Culture, il réalisa les décors du bâtiment de l’Assemblée pour la célébration du bicentenaire de la Révolution Française. L’année suivante, ce furent des décors pour l’Hôtel de Ville de Paris à l’occasion du centenaire de la naissance du général de Gaulle.

En collaboration avec le Musée de la Littérature de Varsovie, il organisa deux expositions: 70 DESSINS DE BRUNO SCHULZ (1975) et LE PORTRAIT DANS L’ŒUVRE DE STANISLAW IGNACY WITKIEWICZ (1978). Cieslewicz ne cessa jamais de participer à la vie artistique de son pays natal. L’étape polonaise de son aventure artistique fut marquée par une série des affiches pour l’Opéra de Varsovie, pleines d’un élan baroque (PERSEPHONE, MANRU, PRISONNIER, MONTS, OEDIPUS REX).

Dans l’œuvre de Roman Cieslewicz, on retrouve comme un nœud de plusieurs trames intellectuelles et émotionnelles. Cette œuvre est déterminée par une relation étroite entre la parole et la forme plastique, par l’utilisation habile du langage de visions suggestives.

Cieslewicz construisait ses œuvres en puisant dans les réserves des arts plastiques – depuis les tableaux des maîtres anciens jusqu’aux photos de presse contemporaines. Ses travaux se distinguent par des associations d’idées exceptionnelles, par une structure recherchée, une expression prédatrice. Il s’inspirait beaucoup, surtout dans sa période de maturité, des créations de l’avant-garde constructiviste russe des années 20 et du groupe polonais BLOK. Il aimait utiliser dans les affiches des détails qui, à force de transformations et de répétitions, devenaient un signe clair ; il exploitait les ressources de la trame et de l’effet de multiplication de l’image réfléchie dans un miroir. Il a su mettre à profit les expériences de l’op-art, grâce auxquelles ses affiches donnaient une impression de vibration et de pulsation, gagnant un effet de tridimensionnalité illusoire. Il était enchanté par le collage et le photomontage ; il y trouvait des possibilités nouvelles et particulièrement intéressantes, qu’il exploita d’une façon magistrale.

Dans l’œuvre de Cieslewicz, le romantisme et la poésie s’allient avec un parti pris de froid rationalisme, le tempérament et l’émotion avec le calcul et la logique de fer. Parmi les œuvres célèbres de Roman Ciesliewicz, on trouve les affiches: LE CIEL EN PIERRE / KAMIENNE NIEBO (1959), MANRU (1961), LE PRISONNIER / WIEZIEN (1962), L’ABBÉ MAREK / KSIADZ MAREK (1963), LE PROCÈS / PROCES (1964), LES AÏEUX / DZIADY (1967), ARRABAL (1968), CANNES (1970), LES CORDONNIERS / SZEWCY (1971), ZOOM (1971), L’ATTENTAT (1972), AMNESTY INTERNATIONAL (1975), QUAND LA RAISON DORT / GDY ROZUM SPI (1976), ROMAN CIESLEWICZ (1979), AVEC L’ENFANT (1979), J.M.K. WSCIEKLICA (1979), PARIS – MOCKBA 1900-1930 (1979), LE PARADIS PERDU / RAJ UTRACONY (1980), ILS (1980), LIBERTÉ = WOLNOSC (1981), PRÉSENCES POLONAISES (1983), ROMAN CIESLEWICZ « AFFICHE & PHOTOMONTAGE » (1981), ANGERS (1987), ROMAN CIESLEWICZ « RÉTROSPECTIVE » (1994); les illustrations pour LES BOUTIQUES DE CANELLE de Bruno Schulz (1963), et le roman d’Ann Radcliff LES MYSTÈRES D’UDOLPHE / TAJEMNICE ZAMKU UDOLPHO (1975) ; les cycles de photomontages: LES MONSTRES (1969), LES FIGURES SYMÉTRIQUES (1971-74), LE CHANGEMENT DE CLIMAT (1976).

Il eut plus d’une centaine d’expositions personnelles, de dessins, de photomontages, d’affiches et de photographies ; il participa aux présentations les plus importantes de l’art de l’affiche en Pologne, en France, et dans presque tous les pays du monde.

Ses travaux sont présents dans les musées nationaux à Varsovie, à Cracovie, à Poznan et à Wroclaw, au Musée d’Art à Lodz, au Musée de l’Affiche à Wilanow, à Essen, à Lahti, à Paris, à Colorado et à Bayreuth, au Museum of Modern Art de New York, au Centre Georges-Pompidou à Paris, au Musée des Arts Décoratifs de Paris, au Stedelijk Museum à Amsterdam, à la Library of Congress aux États-Unis, à la Fagersta Stadsbibliotek à Stockholm, dans plusieurs collection particulières.

Prix et distinctions les plus importants:

  • Prix Tadeusz Trepkowski, 1955.
  • Prix de l’Office Central de la Cinématographie à l’EXPOSITION DE L’AFFICHE DE CINÉMA, Varsovie, 1956.
  • Prix du Ministre de Culture et de l’Art pour l’ensemble de son œuvre dans le domaine de l’affiche, 1961.
  • Grand Prix à l’EXPOSITION INTERNATIONALE DE L’AFFICHE DE CINÉMA, Karlove Vary, 1964.
  • Médaille de Bronze au concours d’affiches pour LE CENTENAIRE DE TOULOUSE-LAUTREC, Paris, 1964.
  • Grand Prix à la 1ère BIENNALE INTERNATIONALE DES DESSINS, Ljubljana, 1964.
  • Médaille d’Argent à la 1ère BIENNALE DE L’AFFICHE POLONAISE, Katowice, 1965.
  • Médaille d’Or à la 2ème BIENNALE DE L’AFFICHE POLONAISE, Katowice, 1967.
  • Médaille d’Or à la 3ème BIENNALE DE L’AFFICHE POLONAISE, Katowice, 1969.
  • Médaille d’Or à la 4ème BIENNALE DE L’AFFICHE POLONAISE, Katowice, 1971.
  • Grand Prix à la 4ème BIENNALE INTERNATIONALE DE L’AFFICHE, Varsovie, 1972.
  • Prix spécial de Jury à la 1ère EXPOSITION INTERNATIONAL DE L’AFFICHE DE CINÉMA, Cannes, 1973.
  • Médaille d’Or à la 5ème BIENNALE DE L’AFFICHE POLONAISE, Katowice, 1973.
  • Grand Prix de l’Affiche d’Art, Paris, 1979.
  • Médaille de Bronze à la 9/10ème BIENNALE INTERNATIONALE DE L’AFFICHE, Varsovie, 1984.
  • Award Winner à la 4ème BIENNALE INTERNATIONALE DE L’AFFICHE, Denver Colorado, 1985.
  • 2ème Prix à la 10ème BIENNALE INTERNATIONALE DE L’AFFICHE, Lahti, 1993.
  • Médaille de Bronze à la 16ème BIENNALE INTERNATIONALE DES GRAPHIQUES UTILITAIRES, Brno, 1994.

Jerzy Brukwicki
mars 2004

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velib’ | la video-chronique d’un logo qui dysfonctionne

Il faut faire parfois le sacrifice de passer plus de temps pour faire passer un message… Le sujet en vaut la peine… Velib’ est un concept révolutionnaire. Tant pour les habitants que pour la ville. Tant pour nos poumons que pour nos oreilles… Du coup et plus je lis les billets aux alentours plus je me rends compte de la pauvreté de l’expression graphique du logotype qui frise l’illisible et l’amateurisme la plus crasse. Ce logo n’est pas digne du concept, pas plus que de la Ville de Paris.

Pour m’en convaincre et tenter de vous apporter des éclaircissements je me suis rompu à l’exercice périlleux d’une video-chronique (publié également sur le site de Wisibility ) avec quelques erreurs de diction et d’hésitations… à la fin j’aurais aimé être plus spectaculaire et vous montrer des centaines de vélos que j’avais sur ma fenêtre de Bridge (Adobe), mais voilà, il faut savoir s’arrêter et passer à autre chose… On fera mieux la prochaine fois… En tous cas j’espère que mes propos ne vexeront pas trop les institutrices, tel n’était pas mon intention… et puis surtout que vous apprécierez la méthode d’analyse du dysfonctionnement de ce logotype.

http://www.typogabor.com/Video/velib-montage2.mov

Vous pouvez également visionner la video (1024×768), soit en la téléchargeant (41,5Mo), soit en allant chez Wisibility où elle s’affiche à 700 px de large…

téléchargement ici: http://www.typogabor.com/Video/velib-montage2.mov

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velib’ | un logo qui déraille

J’aurais pu aussi bien intituler cette chronique, «velib’» des couleurs à la dérive…

Voici sur le site de la Mairie de Paris le logo original dans toute sa splendeur… on sent tout de suite que l’esprit vélo souffle sur les design managers de la Mairie et Decaux Inc. Du moment qu’il s’agit de vélo… point n’est besoin de réfléchir au design stratégie de la marque… et puis de toute façon il n’y a pas de concurrent… enfin pas tout de suite ;-) Le monopole induit l’indolence des responsables qui se croient tout permis du moment qu’ils se considèrent dans l’air du temps, portés par la tendance néo-bio-fin du monde (de l’automobile)… un logo, ça sert à rien… les stations sont là pour faire acte de présence et marquer leur territoire…

Alors je ne vous ennuierai pas avec le choix plus que pénible de la typographie de cette marque… des graphistes fatigués de pédaler avant même d’avoir essayé un branding digne du monde contemporain… Toutefois, si j’avais été à la direction de la comm, voire à la place du Maire, j’aurais confié ce logo à une agence de design Hollandaise plutôt qu’à des Français qui n’ont pas trop la culture du vélo bien encrée…

C’est tout de même curieux que l’on n’ait pas profité de l’occasion alors que l’idée du velib’ est tout de même assez formidable, pour tenter une vraie démarche créative, aussi bien pour le design des vélos (qui ressemblent plus à des chars d’assaut digne de la ligne Maginot qu’à des vélos contemporains et créatifs ) ainsi que pour le design de la marque velib’ qui aurait pu faire l’objet d’une vraie recherche un peu moins amateur que ce manuaire à peine plus élégant qu’un comic sans… terriblement, terrible ;-)

Mais l’objet de ce billet ne concerne pas vraiment la forme mais plutôt le choix de la chromie du logo.

Six signes typographiques, six caractères, apostrophe compris, chacun exprimé dans une couleur différente. Ci-dessous, vous trouverez le logo qui figure sur le site de velib’. Sur fond blanc. Puis juste en-dessous vous trouvez six photographies de détail sur les vélos où l’on s’aperçoit que les couleurs employées n’ont plus grand chose à voir avec l’original. Si l’orange du <v> est à peu près respecté, le <e> est totalement trahi pour un cyan <descendu> à 30-40%, de même que le <l> pour un magenta plus flashy, un <i> qui hésite entre un jaune et un vert plus foncé que l’original, quant au <b> il est franchement différent, tantôt proche d’un blue reflex, tantôt d’un Pantone 314C. Qu’est ce qui ne fonctionne pas dans tout cela…? La réponse est simple et s’impose au premier regard…

L’utilisation de six couleurs vives, primaires ou complémentaires, fonctionne bien sur fond blanc et sur fond noir — Cf les essais que j’ai réalisé ci-dessous en Helvetica Neue Bold (afin de m’extraire des contingences typographiques en prenant un caractère assez neutre (d’après Wim Crouwel)).

Mais dès lors que vous plaquez ces couleurs sur un fond gris, les teintes viennent à lutter avec les equidensités similaires… Pourquoi ce phénomène… Je ne vous apprendrai pas qu’une couleur est constituée de deux paramètres, sa teinte et sa tonalité…

La première concerne la pigmentation ou longueur d’onde sur le spectre lumineux. La deuxième, le ton concerne sa densité ou sa valeur exprimée sur une échelle de gris. Pour vous rendre compte du phénomène, il suffit de regarder le logo original en clignant les yeux jsuqu’à voir disparaître la vivacité des couleurs et ne plus voir que des valeurs de gris… En l’occurence c’est assez difficile, du fait de la vivacité des couleurs… mais vous pouvez tout de même essayer… Ce n’est pas probant?

Alors je vais maintenant vous inviter à en faire de même avec mes essais du logo sur les fonds gris ci-dessous… Où l’on aperçoit que, sur les figures {3} {4} et {6}, la tonalité du fond vient systématiquement en équidensité avec l’une ou l’autre des lettres colorées du logo. Ce qui en rend la lecture parfaitement illisible. La figure {6} reprend d’ailleurs approximativement la couleur de fond d’origine de la peinture des velib’s.

Ce qui fait que l’on peut maintenant deviner sans trop de difficulté que la création d’origine n’avait sans doute pas prévu la déclinaison du logo sur autre chose que fond blanc ou noir. Les tests n’ont assurément pas du être fait, sinon même un enfant de quatre ans vous aurait dit que cela ne fonctionnait pas. Il suffit de regarder les photos, les logos sont illisibles sur les cadres.

Bon j’arrête là mes critiques pour ce jour, et ne croyez surtout pas que je n’aime pas le concept de ces vélos… une véritable révolution urbaine, qui connaîtra j’en suis sûr un succès grandissant. Mon regret au fond est simplement de voir qu’une fois de plus les pouvoirs publics ont raté l’occasion de marquer l’évènement par une vraie création graphique digne de ce nom.

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Expérience… clignez des yeux en examinant chacun de ces logos sur un fond différent, et vous verrez les seuils d’illisibilité apparaître dès lors que la densité du fond se rapproche de la tonalité de l’une ou l’autre des lettres.

Les photographies sont d’Elisabeth Gabor

English translation by Google

© design & typo | août 2007

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L’histoire du Graphisme en France | Le Wlassikoff

C’est avec l’aimable autorisation de Michel Wlassikoff que je publie aujourd’hui une version de son magnifique ouvrage consacré à l’histoire du Graphisme en France. J’en ai déjà parlé lors de précédents billets, mais aujourd’hui je peux enfin vous montrer l’intégralité du livre sur les galeries pédagogiques de Design et Typo. Celui-ci est pour lors épuisé (NUMÉRO ISBN 978-2901422648). Peut-être trouverez-vous des exemplaires d’occasion chez Amazon. Voici donc quelques unes des pages les plus spectaculaires que vous retrouvez sur plus de 700 pixels de large dans la galerie qui lui est consacré.

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Google Analytics | interface d’audience intelligent

J’avais souvent cherché des compteurs d’audience intelligents, c’est-à-dire capables de ne pas comptabiliser vos propres visites, de faire la différence entre visiteurs uniques et visites tout court, capables aussi d’exclure les robots qui viennent polluer vos stats, ainsi que de vous donner des chiffres référents par référents… Google analytics qui a racheté Urchin il y a quelques temps, dispose aujourd’hui d’un des plus puissants moteur d’analyse d’audience… bien sûr l’interface peut encore évoluer et prendre de la maturité.

Des représentations 3D ou des tableaux plus élégants… mais l’un des modules les plus intéressants du moteur est sans doute celui qui vous permet de comparer des trafics chronologiques. Il suffit de cliquer dans un bouton et vous obtenez alors une deuxième fenêtre chrono que vous déplacez et étirez à votre convenance… plages irrégulières ou au contraire identiques, éloignement des époques analysés ou bien au contraire chevauchement de deux périodes, tout semble si facile et rapide que ç’en devient presque un jeu.

Ce qui m’a permis d’obtenir un chiffre par exemple… que la fréquentation du mois d’août est inférieur environ de 20% à celle du mois de juillet, mais de près de 50% comparé au mois de juin… Bravo à vous donc, ceux qui lisez ce billet, c’est que vous êtes encore là ou déjà là… allez bonnes vacances à tous ceux qui sont sur la plage ou à New York!

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A, B, C, X, Y, Z | signes et symboles

Avez-vous remarqué combien l’Y est une lettre pittoresque qui a des significations sans nombre? — L’Arbre est un Y; l’embranchement de deux routes est un Y; le confluent de deux rivières est un Y; une tête d’âne ou de bœuf est un Y; un verre sur son pied est un Y; un lys sur sa tige est un Y; un suppliant qui lève les bras au ciel est un Y. Au reste cette observation peut s’étendre à tout ce qui qui constitue élémentairement l’écriture humaine. Tout ce qui est dans la langue démotique y a été versé par la langue hiératique.

L’hiéroglyphe est la racine nécessaire du caractère. Toutes les lettres ont d’abord été des signes et tous les signes ont été d’abord des images. La société humaine, le monde, l’homme tout entier est dans l’alphabet. La maçonnerie, l’astronomie, la philosophie, toutes les sciences ont là leur point de départ, imperceptible, mais réel; et ce la doit être. L’alphabet est une source. A, c’est le toit, le pignon avec sa traverse, l’arche, arx; ou c’est l’accolade de deux amis qui s’embrassent et qui se serrent la main; D, c’est le dos; B, c’est le D sur le D, le dos sur le dos, la bosse; C, c’est le croissant, c’est la lune; E, c’est le soubassement, le pied droit, la console et l’architrave, toute l’architecture à plafond dans une seule lettre;

F, c’est la potence, la fourche, ƒurca; G, c’est le cor; H, c’est la façade de l’édifice avec ses deux tours; I, c’est la machine de guerre lançant le projectile; J, c’est le soc et c’est la corne d’abondance; K, c’est l’angle de réflexion égal à l’angle d’incidence, une des clefs de la géométrie; L, c’est la jambe et le pied; M, c’est la montagne, ou c’est le camp, les tentes accouplées; N, c’est la porte fermée avec sa barre diagonale; O, c’est le soleil; P, c’est le portefaix debout avec sa charge sur le dos; Q, c’est la croupe avec la queue; R, c’est le repos, le portefaix appuyé sur son bâton; S, c’est le serpent; T, c’est le marteau; U, c’est l’urne; V, c’est le vase (de là vient qu’on les confond souvent);

je viens de dire ce que c’est qu’Y ; X, ce sont les épées croisées, c’est le combat; qui sera vainqueur? on l’ignore; aussi les hermétiques ont-ils pris le X pour le signe du destin, les algébristes pour le signe de l’inconnu; Z, c’est l’éclair, c’est Dieu. Ainsi, d’abord la maison de l’homme et son architecture, puis le corps de l’homme, et sa structure et ses difformités; puis la justice, la musique, l’église; la guerre, la moisson, la géométrie; la montagne; la vie nomade, la vie cloîtrée; l’astronomie; le travail et le repos; le cheval et le serpent; le marteau et l’urne, qu’on renverse et qu’on accouple et dont o fait la cloche; les arbres, les fleuves, les chemins; enfin le destin et Dieu, — voilà ce que contient l’alphabet.

Victor Hugo

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Construire l’image d’une marque | Mercedes Erra

Mercedes Erra a donné une conférence à l’Université de Tous Les Savoirs (UTLS) le 8 juillet 2007.

Parcours
– 1977 : maîtrise de lettres à la Sorbonne
– 1978 : Capes de lettres
– Diplômée de l’école des Hautes études commerciales (HEC)
– Directrice générale de Saatchie-Saatchie
– Co-présidente puis présidente de l’agence Euro RSCG
– Depuis 2000 : présidente de BETC Euro RSCG
– Depuis 2002 : présidente de l’Association des agences de conseil en communication (AACC)

(informations datées de 2002)

Spécialités
Ancienne professeur de lettres, Mercedes Erra est devenue l’une des plus grandes spécialistes françaises de communication publicitaire. Elle est ainsi amenée à s’intéresser et à s’interroger sur la création publicitaire et développe, à travers des interviews et des interventions, des réflexion sur le rôle de la beauté dans nos sociétés contemporaines.

Distinctions
Chevalier de la légion d’honneur

Video 1

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Video 3

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Design: cold, rigid and implacable, who am I ?

Of my earliest ancestry neither history nor relics remain. The wedge-shaped symbols impressed in plastic clay by Babylonian builders in the dim past, foreshadowed me: from them, on through the hyeroglyphs of ancient Egyptians, down to the beautiful manuscript letters of the medieval scribes, I was in the making. With the golden vision of ingenious Gutenberg, who first applied the principle of casting me in metal, the profound art of printing with movable types was born. Cold, rigid, and implacable I may be, yet the first impress of my face brought the Divine Word to countless thousands. I bring into the light of day the precious stores of knowledge and wisdom long hidden in the grave of ignorance. I coin for you the enchanting tale, the philosopher’s moralizing, and the poet’s phantasies; I enable you to exchange the irksome hours that come, at times, to every one, for sweet and happy hours books-golden urns filled with all the manna of the past. In books, I present to you a portion of the eternal mind caught in its progress through the world, stamped in an instant, and preserved for eternity. Through me, Socrates and Plato, Chauer and the Bards, become your faithful friends who ever surround and minister to you. I am the leaden army that conquers the world; I am type!

Frederic W. Goudy

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Typographie & Web: une définition moderne

L’architecture commença comme toute écriture. Elle fut d’abord alphabet. On plantait une pierrre debout, et c’était une lettre, et chaque lettre était un hiéroglyphe, et sur chaque lettre reposait un groupe d’idées comme le chapiteau sur la colonne.

Ainsi, jusqu’à Gutenberg, l’architecture est l’écriture principale, l’écriture universelle. Ce livre granitique, commencé par l’Orient, continué par l’antiquité grecque et romaine, le moyen âge en a écrit la dernière page.— L’architecture a été jusqu’au quinzième siècle le registre principal de l’humanité.

Au Quinzième siècle tout change. La pensée humaine découvre un moyen de se perpétuer non-seulement plus durable et plus résistant que l’architecture, mais encore plus simple et plus facile. L’architecture est détrônée. Aux lettres de pierre d’Orphée vont succéder les lettres de plomb de Gutenberg. Le livre va tuer l’édifice. L’invention de l’imprimerie est le plus grand événement de l’histoire.

Sous la forme imprimerie, la pensée est plus impérissable que jamais; elle est volatile, insaisissable, indéstructible. Elle se mêle à l’air.— De solide qu’elle était elle devient vivace. Elle passe de la durée à l’immortalité. On peut démolir une masse, comment extirper l’ubiquité?

Victor Hugo

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