Joyeux anniversaire Adrien Frutiger

zz

Voici deux pages du catalogue «specimen» de la fonderie Deberny et Peignot, consacrées au lancement de cette série mythique d’Univers qui fut sans doute une des premières production «marketing» dans le monde de la composition dite froide (photocomposition). Cette série fut mise au point sous la direction d’Adrien Frutiger par deux typographes émérites: Albert Boton et Ladislas Mandel. Ils ont été le fleuron des caractères Lumitype et ont remporté un succès à la fois commercial et d’estime dans toute profession des Arts Graphiques. (Avec mes remerciements à Michel Wlassikoff qui a eu la gentillesse de me passer ces documents).

C’est sur le site de Linotype que vous trouverez toutes légendes de ces photos… ce serait vraiment incorrect de ma part de ne pas vous y renvoyer…

Linotype, tribute to Adrien Frutiger.

Juste quelques souvenirs personnels. J’ai eu l’occasion de rencontrer Adrien à de nombreuses occasions, puisque aussi bien à Lure dans le cadre des Rencontres Internationales de Lurs en Provence qu’à son bureau de la rue Cabanis chez Deberny et Peignot du temps où Charles Peignot présidait encore cette société malheureuse, qui n’a pas eu les moyens de développer la première photocomposeuse (Lumitype) inventé par deux ingénieurs Français, Higonnet et Moiroud. Je l’ai rencontré aussi assez souvent dans les assemblées générales de l’ATYPI, à Paris, Berlin, Bâle, Oxford, Hambourg.

Indirectement aussi, parce que Ladislas Mandel disparu depuis peu était un ami de la famille et qu’il dirigeait l’atelier de réalisation de Deberny et Peignot… que Ladislas nous a parlé longuement des méthodes et théories de la lisibilité chères à A. Frutiger.

J’ai même une anecdote cocasse: un jour, en 1993, j’ouvre une des polices, l’AVENIR dessiné par Adrien pour Linotype. Et o surprise, l’italique était en en réalité un romain penché. Déformé électroniquement. J’appelle aussitôt Adrien dans son atelier, et il me répond très gentiment que «oui, Linotype voulait qu’il dessine la série des italiques de cette police». Chose qu’Adrien pour des raisons paléontologiques se refusait. Une chose est le marketing dans l’industrie de la typo, une autre les racines culturelles qui normalement devraient nous interdire de dessiner une linéale (type Europe, Futura) en italique. C’est assez contraire à l’origine des tracés des phéniciens. Mais commerce oblige, Adrien, me dit-il, avait donné l’autorisation à Linotype de déformer son caractère afin de proposer une famille complète, toutes les graisses, en romain et italique.

Je crois que par la suite cette erreur avait été corrigée, et que soit Adrien lui même, soit le bureau de dessin de la firme allemande sous le contrôle du Maître, ont fini par produire un dessin tout à fait honorable de l’AVENIR en ital.

Voilà, que dire, sinon vous renvoyer sur tous les sites qui relatent la vie, et l’immense œuvre de ce typographe suisse qui ne s’est jamais départi de sa gentillesse, de son goût pour les formes bien construites. Une sorte de Jean Sébastien Bach de la typographie bien tempérée qui n’a jamais oublié que la première fonction d’une typo est de véhiculer un message, un texte. Le plus lisiblement, de loin (typos pour les aéroports de Montréal) comme de près. Son Frutiger restera une des linéales les plus alternatives lorsque vous hésitez entre un Futura, trop géométrique, ou un Helvetica trop neutre, ou encore un MetaPlus, presque trop moderne. Son travail sur le caractère Frutiger s’apparente à celui d’un Eric Gill, qui sut allier tracé originel, et construction rigoureuse.

_

Linotype, tribute to Adrien Frutiger

zz

Publié dans Formation et méthodo, Galaxie Gutenberg, Typo | Histoire, Typographie et typographies | Commentaires fermés sur Joyeux anniversaire Adrien Frutiger

typographie et design | la couleur et la forme (reloaded)

Billet publié la première fois le 19 juillet 2007 (voir les commentaires)

Vous connaissez tous le test suivant : «en deux secondes, dis-moi une couleur et un outil»…

90% des gens interrogés répondent invariablement: rouge-marteau. C’est un fait. Je l’ai moi-même vérifié d’innombrables fois mais vous pouvez faire le test sur vos relations…

Nous n’allons bien sûr pas en déduire des cacahouètes ni une fumeuse théorie de la gestalt, encore que…;-) Pour sûr on a beau varier les formes à l’infini et aussi de les copier à l’infini, j’en parlais dans un billet précédent au sujet du Custodia (Typographie Introuvable), la première information que notre cerveau nous transmet, est colorée.

Vient seulement et dans un deuxième temps, voire troisième ou quatrième, la forme. Je veux dire par là qu’un objet soit grand ou petit (dans un contexte relatif), rouge ou noir, opaque (avec des gradations) ou transparent (comme le verre), notre cerveau nous transmet des informations où presque toujours la couleur se place au premier rang et la forme en dernier.

Ci-dessous deux voitures très semblables, qui l’espace d’un regard furtif nous impactent par leur couleur avant que notre cerveau reptilien commence à décrypter les différences formelles. Idem pour Le Times Rouge et Vert qui permutent à l’infini, trop vite sans doute pour que le le spectateur lambda (je ne parle pas du club des typophiles chevronnés) s’aperçoive qu’il a été dupé par une confusion sur la forme de l’écriture en rouge.


Vous vous demandez sans doute où je veux en venir, s’il va pas sortir de tout cela une théorie «fumeuse» à la «gabor»…

Pour me dédouaner et apporter de l’eau au moulin de ce que je vais tenter de formuler, il est bon de se rappeler une brochure que je vous montrerai (dès que je l’aurai retrouvé dans l’anarchie de ma bibliothèque) où déjà en 1987 Jean Perret (un des quatre fondateurs de Carré Noir) faisait remarquer l’aberration du design moderne des voitures.

Il avait mis côte à côte, et de plein face six marques d’automobiles, en enlevant seulement les marques significatives de leur origine (la banane de BMW, le losange de Renault, le double chevron de Citroën, le Lion de Peugeot, les quatre barres italiques de Fiat, les VW de Volkswagen). Une fois débarrassées de leur attribut, Jean Perret nous faisait remarquer que le design des voitures était rigoureusement comparable…

Et il en tirait bien entendu la conclusion évidente de l’importance de l’image de la marque et du design stratégie des entreprises qui n’y prêtaient pas encore suffisamment attention. Cela dit, il était largement en avance, puisque plus que jamais aujourd’hui les marques ont tendance toutes à se banaliser et se ressembler. On en a déjà parlé précédemment.

Alors bien entendu ce qui est valable pour notre perception des objets quotidiens est d’autant plus valable pour des formes que le spectateur «ordinaire» n’a pas l’habitude de cataloguer dans son cerveau.

Le salon de l’automobile, les nombreux magazines et revues auto, la publicité (presse, cinéma, télévision, internet) ont habitué les consommateurs à cataloguer la forme des objets usuels comme voiture, téléphone, vêtements, maison, meubles etc. Et malgré une connaissance généralisé au niveau d’un inconscient collectif, notre perception est systématiquement priorisé par l’information colorée.

Pour des objets comme l’écriture, les alphabets, la typographie et ses formes diverses c’est encore pire. Parce que nenni pour le catalogue des formes. À moins d’être un professionnel de la lettre, et de l’histoire de la création des alphabets, à moins d’avoir appris à classer les formes alphabétiques avec Thibaudot ou Vox ou Gill ou encore Alessandrini, le consommateur-citoyen ordinaire ne fait pas la différence entre l’Helvetica et l’Arial, entre un Times et un Georgia.

Sur les deux images ci-dessous, et en survolant avec la souris, vous pouvez arrêter l’alternance et dévisager le Times qui n’en est pas et constater que vous avez été berné par votre cerveau qui n’y a vu que du rouge là où le Times était composé en Helvetica.

On peut déduire une foultitude de théories et de conséquences et d’intérrogations d’une telle démonstration.

Un professionnel du graphisme et de la typographie est un médiateur indispensable entre l’émetteur et le récepteur de messages. Il connaît les différences pour les avoir étudiées minutieusement et en connaître les implications nombreuses : lisibilité, sémantique invisible (ou non-dite) de la forme des alphabets, synchronie entre la forme et le message à médiatiser… et j’en passe.

Que la mise-en-scène prime sur la forme d’une typo. En effet, qu’une typo soit composée en rouge ou en vert, semble primer sur la forme même de la typo.

Ce qui induit naturellement le rôle de scénographe du graphiste, qui met en scène et éclaire les acteurs de la page papier ou écran de façon à rendre une lecture efficace et séduisante.

Que d’utiliser le Times ou l’Helvetica n’a jamais signifié Old School versus Art Contemporain. Parce que vous pouvez créer des mises en page extrêmement modernes et décalées avec le Times et à contrario si l’Helvetica se retrouve à contre-emploi il peut être mise en scène de façon très XVIe siècle en faisant oublier ses origines modernes.

Le peu de connaissance dont dispose le commun des im-mortels sur les formes alphabétiques fait de cette profession de typographes un lieu à part où seuls les éclairés savent faire la différence entre un Garamond Stempel, un Garamond Monotype ou un Garamond Berthold.

Se faisant je constate que la priorité en France (et particulièrement en France) n’est pas tant de créer le nième similar to, ou le nième revival que de dispenser un enseignement graphique dans les écoles qui ouvre l’esprit des étudiants sur les contenus ésotériques du graphisme.

La parole est à vous pour commenter et ajouter vos remarques à mes propres divagations ;-)

[swf width= »416″ height= »230″]http://www.typogabor.com/Media/voitures-clikables.swf[/swf]

survolez l’image avec la souris

[swf width= »416″ height= »117″]http://www.typogabor.com/Media/animtimes.swf[/swf]

survolez l’image avec la souris

Publié dans Lisibilité et Visibilité, Méthodologie, Typographie et typographies | Un commentaire

Mieux que le Prozac, l’humour de Ennio Marchetto

Tout d’abord je voudrais remercier Corine qui m’a envoyé ce lien. (Eh oui ça change de «this is the end my friend»). Et je n’ai aucune honte de vous montrer cette vidéo désopilante que sans doute pour la plupart vous connaissiez déjà. Sinon régalez-vous, Ennio Marchetto est non seulement un comique mais un as de l’origami grandeur nature. Ses découpages, mises en couleur, toujours simples et tellement efficaces, son goût pour la dérision et sa faculté de changer de registre tant vestimentaire que vocal m’ont fait hurler de sourire… Ne voilà-t-il pas un joli cadeau pour démarrer ce jeudi 22 mai 2008. Il y aura d’autres jours, d’autres semaines, d’autres mois pour bloguer sérieux, aujourd’hui c’est encore relache, mais pas sur le Titanic :-) oh non.

[kml_flashembed movie="http://www.youtube.com/v/sAFI1i5FIBc" width="425" height="350" wmode="transparent" /]

Publié dans Opinions et Im-pertinences, Videos | Commentaires fermés sur Mieux que le Prozac, l’humour de Ennio Marchetto

Mai 68, analyse des Signes précurseurs | demain 21 mai à 18h30

Le Mercredi 21 mai,
à 18h30,
au Musée des arts décoratifs,


zz

_

écouter, poser des questions
et rencontrer Michel Wlassikoff qui nous conte
l’«Histoire du graphisme en France»
au Musée des Arts décoratifs:

Le mercredi 21 mai, à 18h30,
(demain)

Salle de conférence des Arts décoratifs, 111 rue de Rivoli, 75001 Paris.
Contact Nathalie Filser : 01.44.55.59.50

séance spéciale
exposant sa recherche
sur les signes de Mai 68

Michel Wlassikoff conclura son cycle de conférences sur l’histoire du graphisme par une séance spéciale exposant sa recherche sur les signes de Mai 68. Il indiquera quelques signes avant coureurs du côté du mouvement situationniste ou de l’affiche cubaine, il commentera l’émergence des ateliers populaires et leur fonctionnement à partir de documents et témoignages inédits, enfin il s’attachera à définir l’« héritage » dans ce domaine.

Michel Wlassikoff vient de publier Mai 68 l’affiche en héritage aux éditions Alternatives, il est commissaire de l’exposition des affiches conservées à la Bibliothèque nationale de France, présentées sous le même intitulé «Mai 68 l’affiche en héritage» à la Galerie Anatome, jusqu’au 26 juillet 2008.

_

zz

Réservation souhaitée par e-mail: conference@lesartsdecoratifs.fr


accès

Musée des Arts décoratifs
107, rue de Rivoli
75001 Paris

Tél. : 01 44 55 57 50

Métro : Palais Royal-Musée du Louvre, Tuileries, Pyramides.
Bus : 21, 27, 39, 48, 68, 72, 81, 95.
Parkings : Carrousel du Louvre & rue des Pyramides.
_

_
Le musée est accessible aux personnes handicapées par un ascenseur au 105 rue de Rivoli.

Publié dans Création plastique, Formation et méthodo, Galaxie Gutenberg, Histoire des Arts Graphiques | Commentaires fermés sur Mai 68, analyse des Signes précurseurs | demain 21 mai à 18h30

“Mai 68, l’affiche en héritage” à la Galerie Anatome

Mai 68 à la Galerie Anatome
Entre Révolte
et L’imaginaire
de la Révolte

Visite commentée de l’exposition “Mai 68, l’affiche en héritage” avec Michel Wlassikoff, commissaire de l’exposition, qui est prévue le jeudi 22 mai prochain à 18h30 à la Galerie Anatome:


Cette visite est proposée aux enseignants dont l’établissement fait partie du réseau des écoles de la Galerie Anatome. Ces écoles enseignent le design graphique, la communication visuelle, arts appliqués, …toutes les formations de la chaîne graphique. RSVP par retour mail assistant@anatome.fr ou par téléphone au 01 48 06 98 81 à l’attention de Juliette Rey, coordinatrice du réseau des écoles de la Galerie Anatome.

Pour information, être membre du réseau permet à l’ensemble des classes de l’établissement adhérant:

— visites commentées pour les enseignants des expositions de la Galerie Anatome par le/la graphiste exposé(e), la directrice artistique ou le commissaire de l’exposition, permettant ainsi de revenir avec les étudiants pour visiter librement les exposition en fonction de ce qui vous intéresse dans le travail présenté.

— rencontre-discussion-conférence pour les étudiants avec les graphistes exposés, mais aussi, des professionnels du secteur (éditeurs, commanditaires, graphistes juniors, …)

— rencontre des membres du réseau des écoles (enseignants, responsables pédagogiques, directeurs….) lors de réunions au cours de l’année pour échanger, proposer, discuter et pour ceux qui le souhaite, mettre en place des projets en commun

— être informé de ce qui ce passe au sein du réseau, expositions dans les écoles membres, conférences accessibles, travaux des étudiants réalisés en regard des expositions de la Galerie Anatome…

— sur le site internet de la Galerie Anatome , annuaire des membres du réseau, lien vers le site de l’école adhérente, espace réservé au réseau des écoles sur le site, visibilité des travaux d’étudiants ayant un lien avec les expositions présentées

— support vidéo autour des expositions de la Galerie Anatome (interviews des graphistes exposés, photos d’exposition, visuels des travaux exposés…)

— des propositions ponctuelles émanant de la Galerie Anatome ou de rencontres extérieures telle que des projets pour des étudiants en individuel pour une petite maison d’édition, projet de collaboration entre écoles, accueillir des réunions du réseau des écoles dans les établissements scolaires, accueillir des conférences liées ou non à une exposition, rencontre de professionnels du secteur….

contact presse:
Nawal Bakouri +33.1.48.06.98.81 & +33.6.99.17.64.20

Mai 68 à la Galerie Anatome
Entre Révolte
et L’imaginaire
de la Révolte

Publié dans Création plastique, Typographie et typographies | Commentaires fermés sur “Mai 68, l’affiche en héritage” à la Galerie Anatome

Le Golem et l’expressionnisme allemand | le fond et la forme

J’ai toujours été fasciné par le film original “Der Golem” de Gustav Meyrink, parce qu’on ne peut s’empêcher de le relier à tous les films qui s’en inspirèrent par la suite. Du Frankenstein d’après le roman de Mary Shelley au Fantasia de Walt Disney et bien plus récemment nombre de films fantastiques et d’anticipation… Donner vie à l’inanimé, un rêve de Rabbin, un rêve du Dr Frankenstein.

L’homme ne s’est jamais trop contenté de la création divine, Adam. Et puisque Dieu l’a fait pourquoi pas lui… une légende éternelle le Golem, et nourrie plus que jamais par l’avènement de la cybernétique dans des films comme I_Robot ou Ghost in the Shell . Les productions d’Hollywood regorgent de ces Transformers et autres mondes parallèlles où tel dans Tron, Matrix ou pourquoi pas dans Dark City de Alex Proyas (voir les images ci-dessous) l’homme s’interroge sur sa solitude et son altérité. Créer son miroir pour ne pas être seul à porter le fardeau de Sisyphe .

Ce qui personnellement m’intrigue d’avantage est la manière que le cinéma a pris l’habitude de représenter certaines scènes de ces films de la créationnite (bien sûr je pense au créationnisme , puisqu’il s’agit bien de cela).

Oh je ne parle pas de Superman mais plutôt de ces films depuis le Golem de Gustav Meyrink, en Allemagne et plus tard dans toute l’Europe qui fut suivi de toute une génération de cinéastes, Fritz Lang en tête, mais aussi Eisenstein qui profitant de l’air du temps qui était au constructivisme, inventèrent au cinéma, ce qu’on appellera plus tard l’expressionisme allemand.

En photographie Rodchenko et Moholy Nagy ouvraient la voie à ce style DaDa, dont le principe principal tenait dans le dérangement du spectateur. Stockhausen, Schoenberg et Richard Strauss en musique, leur donnaient le tempo. Déranger le spectateur (ou l’auditeur) c’est quoi?

Les cadrages, la position de la caméra qui filme en contre-plongée, les diagonales qui «barrent» l’écran, les trompe l’œil et décors peints, c’est tout ce que Robert Wiene a inventé en 1919 dans le Cabinet du Dr Calligari que beaucoup de cinéphiles considèrent comme le symbole de ce courant. On va retrouver cela dans Nosferatu de Murnau en 1922 et le Metropolis de Fritz Lang en 1927. Plus tard et encore dans “M” de Fritz Lang le même procédé. Mais comme disait Gilles Deleuze , à propos des duels, de ceux qui peuvent en cacher d’autres, l’expressionisme révèle aussi, et à surtout, le désarroi d’une société Allemande, en proie à la crise de la défaite de 1918 et surtout celle, économique de 1929.

Les artistes se veulent de représenter plus que le réel, le caché d’un sentiment d’impuissance contre les forces d’un mal qui de fait est celui d’une société malade. Le Golem, Metropolis, “M” sont des cris d’angoisses lancés dans la nuit noire d’une nation en proie aux doutes alors que dans le même temps la société Française célèbre encore ses impressionnistes qui décrivent une douceur de vivre *TransRhinale*.

Ce que je voulais vous montrer avec ces quelques vidéos ci-dessous est la parfaite adéquation d’une forme avec un contenu romantique et tourmenté (presque un pléonasme). Une forme qui ne finira jamais de nous hanter encore aujourd’hui puisque des films comme Brasil, The Crew, Sleepy Hollow de Tim Burton, DarkCity ou encore le dernier film de la Saga des Star Wars (au palais et à l’assemblée de la République) montrent à l’évidence qu’il y a un style, une codification de l’expression cinématographique pour dénoter les tourments que traverse régulièrement l’humanité.

Que ces codes n’ont rien à voir avec le cinéma-réalité ou les infos-réalités. La souffrance quotidienne dans les différents endroits du globe touchés durement ces derniers jours sont bien entendu filmés avec une banalité “presque” aussi effrayante. Non que je m’insurge contre le reportage, mais de me poser la question si la diffusion d’images terriblement banales ne finissent pas par banaliser la souffrance elle même. Je sais, cela va à contre sens de toute vérité journalistique, mais je pose là juste une question que je vous laisse tout aussi bien débattre.

[kml_flashembed movie="http://www.youtube.com/v/5zag79w8eIQ" width="425" height="350" wmode="transparent" /]

Der Golem (1920) with new original soundtrack

_

Le mythe du Golem

_
[kml_flashembed movie="http://www.youtube.com/v/0WwlaYa5r88" width="425" height="350" wmode="transparent" /]
German Expressionism 1920

_
[kml_flashembed movie="http://www.youtube.com/v/cIj3Bk0bhL8" width="425" height="350" wmode="transparent" /]
“M” Fritz Lang movie trailer

_
[kml_flashembed movie="http://www.youtube.com/v/awppgYzzdlw" width="425" height="350" wmode="transparent" /]
Metropolis (1926) dir Fritz Lang

_
[kml_flashembed movie="http://www.youtube.com/v/SiOQ5RV07xA" width="425" height="350" wmode="transparent" /]
Metropolis – Molochmaschine (Moloch machine)

_


_
Dark City d’Alex Proyas (1998) renoue avec la longue tradition expressionniste allemand

Un grand merci à Monique pour les échanges nourries sur ce sujet, une grande cinéphile! 

Publié dans Création plastique, Formation et méthodo, Histoire des Arts Graphiques, Les Photos, Lisibilité et Visibilité, Opinions et Im-pertinences, Videos | Commentaires fermés sur Le Golem et l’expressionnisme allemand | le fond et la forme

500 grilles de mise en page Print et Web chez Eyrolles

Ancien directeur artistique de Time-Life International, Illustrated London News et et Good Housekeeping, Graham Davis est aujourd’hui consultant en création graphique pour de nombreux magazines. Il dispense également des cours sur la publication en coédition et la direction artistique au London College of Printing. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages consacrés à la création graphique.

Il vient donc d’être publié en Français chez Eyrolles pour son dernier manuel professionnel qui propose non seulement des templates mais également un CDRom avec les fichiers correspondants.

J’ai toujours pensé (certains de mes amis s’en souviennent sans doute) qu’il était nécessaire de publier ce genre d’ouvrage. Tout simplement pour permettre non seulement de «récupérer» des gabarits exécutés avec précision et professionnalisme, mais également pour gagner du temps sur la recherche pertinente des meilleures solutions adaptées à des problèmes particuliers.

Il ne s’agit pas de standardiser la création, au contraire, plutôt de permettre à beaucoup d’éviter des erreurs de base. Il va de soi que chaque commande est unique, que chaque client nécessite écoute et accompagnement personnalisé pour ses publications. Néanmoins nous savons tous aussi bien que le champ des possibles se restreint au fur et à mesure que les contraintes deviennent multiples et complexes. C’est là où le travail de Graham Davis devient essentiel, parce qu’il ramène sans cesse les fondamentaux que nous ne devons pas oublier.

Penser d’abord l’architecture de la page, sa construction, puis la texture-typographique, les couleurs et les nombreux accidents qui vont égayer la mise en scène des pages réalisées. À la fois tutorial, pédagogique, technique et créatif cet ouvrage fera le bonheur de plus d’un professionnel chevronné. J’en suis persuadé. Quant aux amateurs… accrochez-vous, car vous entrez dans un monde régi par des règles et formidablement discipliné. Sans un minimum de culture vous ne comprendrez pas les nuances ni le propos de cet ouvrage. Eyrolles ISBN: 978-2-212-12267-1.

Publié dans Formation et méthodo, Méthodologie, Ouvrages et Expressions, Typographie et typographies | Commentaires fermés sur 500 grilles de mise en page Print et Web chez Eyrolles

Les gifs animés ringards ou “arts contemporains”

J’ai eu quelques «questionnements» par mails directs suite à mon tuto sur les gifs animés dans Photoshop… —et, est-ce que tu ne trouves pas ça ringard, totalement dépassé?— je leur ai bien entendu répondu que non. Tout dépend qui s’en empare, comment on exploite un outil. Et j’en veux pour preuve que sur le site très sérieux de Pop’Tronics, où l’on parle d’arts contemporains et du numérique, l’on trouve les images animées suivantes. Il s’agit bien entendu de narrations minimalistes, un peu comme des Haïku de l’animation. Point d’effets, pas de fondus déchainés… juste le minimum pour racconter une histoire, un concept. Allez faire un tour sur PopTronics ici et sur nogallery ici… c’est assez édifiant. Qu’en pensez-vous? Vous avez d’autres adresses intéressantes? N’hésitez pas!

Publié dans Création plastique, Formation et méthodo, Les Photos, Videos | Un commentaire

La Fnac | quand l’agitateur perd son âme

L’âme de la Fnac passait par un décor contemporain qui certes, coûtait un peu plus cher, certes était moins modulaires que l’archi d’aujourd’hui, mais donnait à sentir le vent de la rébellion culturelle qui soufflait sur l’ensemble des magasins. (voir vidéo en bas de la chronique)

Car cette modernité n’était pas seulement le fait d’une architecture intérieure toute graphique, mais aussi celui des combats que menaient les dirigeants de l’époque avec André Essel, co-fondateur de la première heure.

Combats pour obtenir la baisse de la TVA de luxe sur les appareils photos et caméras, pour obtenir le prix unique sur les livres, et une TVA abordable aussi bien sur la littérature que sur les disques 33 tours.

Promoteurs d’une diffusion de masse pour le plus grand bonheur des classes moyennes avides de participer à la grande fête d’une culture enfin abordable.

Les temps ont changé. La distribution moderne tient compte de nouveaux paramètres, la concurrence est devenue violente entre tous les acteurs de ce secteur où l’on trouve aujourd’hui aussi bien les Virgin que les Darty pour vendre au même prix sinon moins cher les mêmes produits high-tech que seule la Fnac distribuait à une époque pourtant si proche.

Et puis sur l’autre rivage, celui du commerce en ligne une autre révolution s’est développée.

zz

Portail de la Fnac
Websites de e-commerce, portails comparateurs de produits et surtout de prix, le public désormais affranchi du déplacement obligatoire en magasin, consulte, compare, et finit par acheter chez le moins disant, soit sur place, en se déplaçant par exemple chez les Chinois de la rue Montgallet ou bien directement en ligne par les moyens les plus sécurisés de la transaction financière.

Du coup, le magasin traditionnel, si le mot est encore permis est devenu le dernier refuge, la vitrine, par excellence de la culture et de l’âme d’un groupe comme la Fnac.

Et c’est là, à cet instant précis de l’analyse que l’on peut alors se poser la question:

Est-ce que l’architecture, les structures en métal préfabriqué, les couleurs délavées verts, beiges, bleus, marrons et gris, sont encore porteuses des valeurs artistiques et romanesques de la culture et participent de cette narration des pionniers de la culture de masse en France. Chacun peut se poser la question. Chacun y apportera sa ou ses réponses.

Vidéo de huit minutes pour vous narrer
les contradictions de la bascule
entre magasin «réel» et «virtuel»

Une vidéo analyse du branding de la Fnac

architecture intérieure vs architecture e-commerce, si vous voulez voir cette vidéo en plus grand (768 pixels de large, ouvrez le directement dans Quicktime (Cde U ou Contrôle U sur PC) avec l’adresse URL suivante: http://www.typogabor.com/Video/fnac_6.mov


Publié dans De la Modernité, Formation et méthodo, Lisibilité et Visibilité, Méthodologie, Videos | Commentaires fermés sur La Fnac | quand l’agitateur perd son âme

FontStruct | Logos OldSchool | artgraphics.ru_identity | centdegres workshop

Dans l’ordre je découvre le nouveau site que FontShop consacre à la création typographique on-line. Il s’agit de FontStruct créé à l’origine par Rob Meek et Franck Müller qui se sont déjà illustrés par la création d’un synthétiseur typo assez transcendant :-)

[kml_flashembed movie="http://www.youtube.com/v/1he0uQZB0K4" width="425" height="350" wmode="transparent" /]

Alors voici le site FontStruct chez Fontshop . Très intéressant. Un véritable laboratoire de création typo en ligne. Bien entendu et sans faire de mauvais esprit les premiers bénéficiaires sont les créateurs anonymes ou pas, puis le public, qui peut télécharger les polices sous licence Creative Commons. Mais il ne faudrait pas oublier pour autant que dans le modèle économique de Fontshop cela participe d’un vivier permanent de nouvelles créations, que l’éditeur ne manquera pas d’exploiter dès lors qu’il repère La Police, digne d’être éditée et commercialisée par FontShop. Rien à dire. L’échange de services est plutôt à l’avantage des créateurs, bien que le procédé relève du même ordre d’idées qu’un concours permanent et gratuit. Sauf qu’à ce jeu le créateur me semble-t-il est totalement libre de faire affaire ou pas avec l’éditeur. J’aime beaucoup.

Dans un autre ordre d’idées voici (ci-dessus) sur Flickr une collection de logos oldSchool réalisé par Carl et c’est d’autant plus intéressant que vous lirez le billet de Anthony J. Zinni sur la manière de classer les catégories de logotypes et marques. Wordmarks, Letterform Marks, Marks, Abstract Marks / Symbols, Emblems.

zz

Et puis si je continue ce voyage au pays de la typo et des logos il fallait que je vous montre les résultats d’un concours (ci-dessus) organisé par le magazine russe Identity du groupe ArtGraphics.ru auquel participe le Français Elie Papiernik co-fondateur de Centdegrés. Dont précisément vous pouvez découvrir le site (ci-dessous). Toujours passionnant ces voyages impromptus, isnt’it? :-)


Petit conseil au webdesigner du site, par ailleurs très élégant, COUPEZ LE SON s’il vous plait ou mettez un bouton plus visible… :-)

Publié dans Les Logos, Typographie et typographies, Videos | Commentaires fermés sur FontStruct | Logos OldSchool | artgraphics.ru_identity | centdegres workshop