Ou comment un établissement bancaire peut au travers de son logo dévoyer totalement sa mission. Je ne vais pas faire ici la liste de toutes les banques françaises ou étrangères. J’avais déjà consacré un article à la naissance de ce logo en 2006 je crois… (http://bit.ly/1LK90Ps) et Dominique Grosmangin qui avait dirigée la refonte du logotype et de la marque de la Banque, m’avait répondue ici (http://bit.ly/24tbhdj). Certains parmi vous comme Aaron Levin peuvent apporter leur témoignage avisé au déroulement de cette aventure professionnelle.
Mais voilà. Cela fait depuis longtemps que je voulais revenir sur la refonte de la refonte de cette marque. Sur l’idée absolument sotte et grenue d’avoir sorti précisément le logotype du carré rouge et noir symboles de force et de germanisme. Vous vous souvenez qu’à l’époque j’avais cru que la création de cette nouvelle image était destinée à abandonner à terme le mot SOCIETE, sans accent comme le précise.
Dominique Grosmangin) Pour ne garder uniquement que le substantif GENERAL. Au même moment il y avait des négociations entre la banque française et la banque Belge s’appelant La Générale, «négos» qui avaient échoués.
Mais voilà. Que se passe-t-il dix ans après mes premiers posts sur le sujet. La Banque Société Générale se trouve affublée d’un panneau de signalisation qui équivaut à un sens interdit. N’entrez surtout pas. Il n’y a personne ici pour vous parler, vous recevoir. D’ailleurs, l’opacité blindée de la porte d’entrée est là pour nous rappeler qu’il ne s’agit plus d’un lieu amical où l’on peut venir demander des conseils à des experts en placement, en finance ou tout simplement en crédits d’investissement. Circulez. Il n’y a rien à dire, ni à voir. Sens interdit. Allez donc vous connecter à notre banque en ligne et laissez nous robotiser, et licencier tout le personnel des guichets dont nous n’avons que faire. Votre argent travaille, pour nous. La Banque. Et cette porte que vous voyez là, et ce logo que vous discernez ici, sont là pour nous rappeler la mutation numérique du monde de la finance qui n’a plus que faire d’un commerce de proximité. Le Village est devenu Global grâce à McLuhan et la Société Générale vous dit « it’s closed » « do not enter ». It is not for You.
Alors qu’est-ce qu’un logo, qu’est-ce qu’une image de marque. À quoi ça sert ? À quoi ça a servi. Fédérer est sans doute le mot qui revenait le plus souvent dans la bouche des publicitaires et des designers. Fédérer les usagers-consommateurs autour de l’image d’une banque sympathique, accueillante et «près de chez vous»… Une image de marque servait à venir affirmer des valeurs, de service, de qualité et de confiance. Deux révolutions sont passés par là pour détruire des années de labeur des designers.
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1— Les crises financières successives dont la dernière de 2008 a eu des conséquences dévastatrices sur la planète toute entière.
2— La digitalisation ou numérisation, à marche forcée des établissements financiers. Plus de bourse, plus de salles de marché, plus d’agences, plus de conseillers. Des algorithmes et du Big Data. Et des Flux à Très Haute Fréquence. La Banque a cessé d’être ce lieu magique où l’on pouvait encore négocier son avenir et convaincre un être humain du bien fondé de ses projets.
Sens Interdit. N’entrez pas dans cette Banque, car elle n’existe plus. Ce coin de rue, ce panneau sens interdit, ce symbole Rouge et Noir traversé horizontalement par un trait blanc signifie sans conteste une image négative, celui d’un passage interdit, d’un lieu interdit, d’une voie interdite, d’un SENS interdit.
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