Une fois de plus le monde de la création des logos affiche son drapeau en berne. Et nous sommes à jour J moins quelquechose pour l’annonce de la nouvelle marque d’Air France. Au secours.
Oui mais!!! qui c’est ce gars qui ose, critiquer le travail des autres graphistes-designers? Alors je vous rassure tout de suite, ce n’est pas mes confrères que je critique mais plutôt le système qui fait qu’on accouche de ce genre de com-promis.
Voici ci-dessous l’ancienne marque de la célèbre firme automobile qui fit tant de chemin depuis la croisière jaune.
Voici la définition que donne Wikipedia de l’A.D.N.
L’acide désoxyribonucléique ou ADN [1] est une molécule, retrouvée dans toutes les cellules vivantes, qui renferme l’ensemble des informations nécessaires au développement et au fonctionnement d’un organisme. L’ADN est aussi le support de l’hérédité car il est transmis lors de la reproduction, de manière intégrale ou non. Il porte donc l’information génétique, il constitue le génome des êtres vivants.
On comprend donc tout de suite que l’expression ADN d’une marque est une de ces néologismes qui autorisent tout et son contraire. Car en matière de marque «l’hérédité et l’ensemble des informations nécessaires…» relève plus de l’irrationel et de l’émotionnel que de la formule moléculaire quasi mathématique.
Alphabet dessiné par l’Agence Delpire en charge du budget Citroën jusqu’aux années 1976. Une Europe (style Futura), aux jambages très courts augurant des principes qui ont fait le succès des caractères ITC à partir des années 70.
La traction avant dans la Main au Collet d’Alfred Hitchcock: «nooon des poulets…» réplique des policiers alors qu’ils venaient de sortir de la route à cause d’une colonie de poulets qui traversaient la corniche de Monaco. «Des poulets vous-dis-je»
En vérité les voitures Citroën ont toujours bénéficié d’un design aux formes plutôt arrondies. Ce faisant les chevrons aux angles aigus venaient en contrepoint de la douceur des voitures et «vivaient» parfaitement bien le paradoxe de cette dissonance.
Le nouveau design du logo prétendrait donc rappeler l’arrondi des formes automobiles comme si cette dissonance n’avait plus lieu d’être pour une obscure raison philosophique qui interdirait toute diversité et toute assemblage des différences ethniques. Les blonds ne pourraient plus se marier avec des brunes, les grands avec des petites. Permettez-moi de douter de ce formatage de bas niveau voire même de douter de mes doutes. Parce qu’on atteint en même temps la limite de l’intelligence humaine.
Un chevron, comme un guillemet posé verticalement, reste un chevron. Et l’aspect anguleux de la forme est essentielle à son identification. Si vous examinez les nouveau chevrons, et vous oubliez un instant la connexion chevron=Citroën, vous voyez quoi? Deux boomerangs superposés. Les boomerangs ont précisément cette forme arrondie qui leur permet de voyager dans l’espace et revenir à leur point de départ. Alors oui, pourquoi pas. Je prends ma voiture, je fais un petit tour et reviens à mon point de départ. Sauf que nous ne sommes pas sûrs du tout de cette sémantique schémanitoire (j’adore inventer des mots :-).
Et par delà cette pseudo modernisation style Citroën 2.0 qui correspond bien à l’air du temps et au désir d’un constructeur d’investir le champ d’internet (où l’on se déplace virtuellement) pour pallier à la baisse tendancielle des fréquentations de la télé, on peut se demander si les décideurs de Citroën ne sont pas en train de «péter un plomb» croyant pouvoir pallier à la baisse des ventes automobiles par un relookage de leur logotype. Je ne dis pas que la création de marques, le relifting des labels est totalement inutile, au contraire. Mais autant j’ai pu apprécier la modernisation du logotype-bloc marque de Renault, autant j’ai le sentiment que Citroën donne dans une stratégie-panique où elle espère limiter la casse par un nettoyage parfaitement superfétatoire et tendancieuse qui sera démodé avant même d’avoir eu le temps de dire ouf.
Quant au dessin de l’alphabet, je n’ai qu’un mot à rajouter: ce n’est pas sérieux. Fantaisie à peine bonne pour être donnée en shareware sur Dafont, c’est vraiment faire injure à la qualité et aux professionnalisme de nos excellents typographes qui auraient pu tous accoucher d’un alphabet autrement plus sérieux, moins douloureux, que cette création hasardeuse qui ne rend pas compte de la culture ni du sérieux d’une marque presque centenaire. Mais je peux me tromper et si vous le pensez, n’hésitez pas à argumenter. :-)
1) Heureusement que Ferrari ne change pas de logo chaque fois que la marque perd une course de Formule 1
2) que la marque Ferrari ne rend absolument pas compte de l’ADN d’un label très haut de gamme où une California 1962 a été vendue aux enchères 15.000.000 d’euros l’année dernière à Londres à un présentateur de la télé BBC.
©peter gabor | directeur d’e-artsup
Une fantaisie d’époque que l’on regardera avec humour dans 10 ans! D’ailleurs, n’oublions pas qu’il y a un peu près de dix ans, citroën sortait l’hideuse Xantia, donc ils ne sont pas à une faute de goût près…