Les rentrées de septembre se suivent et ne se ressemblent pas… et vous cher lecteur qui avait remarqué mon absence récurrente depuis quelques temps dans les colonnes de ce blog, étiez en droit de vous demander, si je n’allais pas arrêter définitivement de blogger dans les colonnes du Monde. Non, que nenni, que diable non… c’est juste, que l’histoire, m’a rattrapé. Et pas n’importe laquelle. Le groupe, IONIS vient de me confier la mission passionnante de prendre en main la direction de leur école d’arts graphiques, e-artsup,* où j’avais déjà enseigné il y a juste trois ans.
J’en profite d’ailleurs pour vous rappeler le troisième anniversaire de Design et Typo que précisément j’avais créé en septembre 2005 pour mes élèves d’e-artsup. Il devait servir avant tout, comme support de cours. Une sorte de polycop’ moderne me permettant de préciser mes pensées, faire état d’analyses fouillées et à la fois d’une galerie visuelle design, graphique et typo… un an après, je quittais e-artsup, pour continuer mes activités graphiques et d’enseignant sous d’autres cieux. Donné des conf. et assuré pendant quelques mois un cours à Parson’s Paris… Le temps passe très vite… et parfois s’accélère sans qu’on s’y attende…
Prendre la direction d’une école d’arts graphiques pour quelqu’un comme moi, passionné par mon métier et le partage d’un savoir en devenir, est l’occasion de développer quelques idées en matière de programme et de stratégie d’enseignement.
Les professeurs, ces héros modernes
Mais je voudrais revenir sur cet interview donné par Michel Serres sur les ondes d’une Radio Nationale il y a peu. Un journaliste lui demandait ce qu’il pensait du rôle des professeurs en cette rentrée 2008. Et la réponse m’a scotché, tant il était frappé du bon sens habituel de ce philosophe bonhomme et versatile. Je cite de mémoire:
— Il faut bien comprendre, que nous vivons à une époque fantastique, marqué par la rupture la plus béante que jamais l’humanité n’a vécu en si peu de temps. La révolution Gutenbergienne, et celle de Marconi, rien, à côté de celle que nous vivons… rupture de la représentation du corps, au travers des progrès médicaux, de celle des technologies de l’information et de l’interconnexion permanente, et, une accélération de la dépréciation des ressources de la planète, jamais imaginé auparavant. Nous sommes au cœur d’un maelström gigantesque, auquel sont confrontés les jeunes qui vivent ces ruptures sans même avoir le recul nécessaire pour les comprendre, les envisager. Ils la vivent tout simplement. Et c’est là, où, les professeurs interviennent chaque jour, pour tenter d’accompagner leurs étudiants dans la compréhension d’un monde dont les contours changent avec une vélocité grandissante. Tous les corpus sont touchés, et en premier les sciences, bien sûr. Exacts et humaines. Mais les modèles économiques ne sont pas en reste, et les instituts de gestion sont également confrontés à des défis d’analyse où l’on n’oppose plus, les idéologies du passé, Marxisme contre Capitalisme, mais deux capitalismes, l’un aveugle et irresponsable et l’autre qui serait plus proche des préoccupations d’un développement dit «durable».»
Et Michel Serres de terminer ce tableau passablement mouvementé en insistant sur ce rôle exceptionnel que doivent remplir les professeurs… accompagner les jeunes dans les béances de ces ruptures, où, ils doivent remettre chaque jour en question, leurs propres certitudes, leurs propres convictions. Lourde tâche quasi héroïque si elle en fût.
Je suis trop conscient que l’on ne bouscule pas du jour au lendemain un enseignement et un programme d’une école d’arts graphiques qui existe depuis quelques sept ans. Et pourtant c’est bien le sens de cette nouvelle mission. Car si l’enjeu de toute école est de se développer, et c’est précisément la responsabilité que l’on m’a demandé d’assumer, il ne saurait en être question, sans remettre l’étudiant au centre de mes préoccupations. Une tautologie presque, vous me direz… pas tant que cela, si l’on regarde les désirs des uns, les pratiques des autres. Replacer l’étudiant au cœur d’un dispositif pédagogique consiste avant tout à avoir une idée assez claire sur les desseins de métiers qui motivent un jeune à l’entrée des écoles. Puis de savoir analyser les contenus en devenir de ces carrières… Et l’on voit bien que ce métier là, Graphic Designer, ou Motion Designer, ou encore Web et pourquoi pas Interface Designer sont au centre de cette fameuse rupture dont parlait le philosophe.
Je ne vous en dirai pas beaucoup plus ce matin, pour la raison simple que nous sommes bien dans cette phase préparatoire des reprises en main. Arbitrer entre les enseignements pour redessiner un programme lisible pour les étudiants (et leurs parents) sans oublier le monde économique qui accueillera nos étudiants après cinq années d’un cursus long, et très fertile d’enseignement.
Design et Typo continuera donc, de plus belle, à la fois comme auparavant, lieu de réflexion que vous pris l’habitude de fréquenter, mais vous retrouverez désormais des actualités graphiques des étudiants d’une école, que je suis très fier de pouvoir guider vers un développement plus que méritée, compte tenu de la qualité de ses dirigeants, entièrement tournés vers un seul objectif… donner leur maximum de chance à quelques quinze mille étudiants en France dans les domaines aussi variés que l’ingénierie Aéronautique, Biotechnique, Gestion, et Informatique. Une sorte de M.I.T. à la française dans lequel notre école d’arts graphiques e-artsup, pourra profiter d’une dynamique, et d’une interconnexion entre les métiers, des plus productifs.
e-artsup* il s’agit de l’ancien site de l’école, le nouveau est en pleine reconstruction.
Félicitations pour cette belle et forte aventure qui t’attend.
La transmission et la découverte… passionnant.
Belle route à bientôt !
Félicitations pour cette belle et forte aventure qui t’attend.
La transmission et la découverte… passionnant.
Belle route à bientôt !