Design et Typo | best of
Voici un an je publiais cet article. La télévision nous a habitué à voir et revoir des best of, pourquoi pas les blogs. Un media comme un autre. En tous cas, je m’aperçois que Design et Typo était presque en avance sur l’année de l’Helvetica ;-) qui nous a assommé à proprement parler tout au long de ce premier semestre.
Trois des éditeurs présentent des a presque identiques, avec une contreforme en forme de goutte en haut à droite. Seul Berthold a séché ces courbes pour faire un dessin plus architecturé, moins manuaire. Personnellement je préfère la version très épurée de l’Helvetica Neue, sauf pour certaines lettres et je vous en donne une illustration ci-dessous, je préfère, et de loin le g de Berthold, mieux construit, beaucoup plus solide que ceux des autres fondeurs. Regardez aussi l’attaque du a à en haut à gauche. Plus inclinée chez Berthold le a en semble plus dynamique. Mais bon…
le G Capitale est à peu près identique chez tous sauf Berthold où la lettre chasse nettement plus, mais du coup présente une forme qui s’approche plus de la ronde alors que les autres nous semblent ovalisées. Tous ces essais nous montrent qu’en superposant les formes une fois vectorisées avec juste les contours apparents, on peut parfaitement analyser les raisons pour lesquelles le gris d’une composition se tiendra différemment (cf les exemples ci-dessous).
Comme je le disais sur le blog d’étapes, le Swiss 721 est une copie presque conforme à l’Helvetica d’Adobe ou de Stempel. Dans le droit américain les caractères ne sont copyrightables que pour leur noms (assimilés aux Trademarks). Ce faisant bon nombre de caractères de la collection Bitstream étaient des copies artistiques échappant à toute poursuite pour la simple raison que Mattew Carter (qui siégeait tout de même dans le Board de l’Association Typographique Internationale – l’ATYPI) en avait changé les noms. En Europe la création formelle des alphabets est protégée par des lois issues des accords de Vienne des années 60. Mais on a retrouvé ces mêmes incivilités chez Microsoft qui a produit le célebrissime Arial. Apple n’ayant pas échappé non plus à ces pratiques pour d’autres caractères. Et même Monotype si ma mémoire est bonne. Je ne peux même pas imaginer que Bitstream n’ait pas rémunéré les ayants droits des dessins. Sans cela la présence de M.Carter à l’ATYPI eût été à proprement parler scandaleuse.
Tout d’abord quelques petites erreurs que je n’ai pas le temps de corriger : l’unification des Cap et bdc pour les noms des caractères.
Ensuite des spécifs techniques : les pavés de textes ont été composés dans un corps et interligne rigoureusement identiques. L’Helvetica Neue chasse un peu plus que celui d’Adobe, à égalité avec celui de Bitstream. Le palme de l’économie de papier revient à l’Akzidenz Grotesk de Berthold mais comme on pouvait s’en douter cela vient d’un œil de bas de casse plus petit. (l’œil de la bas de casse = la hauteur d’un i minuscule sans le point). Il est fréquent chez les fondeurs d’avoir des systèmes de dessins différents, les uns dessinant des hauteurs de lettre plus grandes que d’autres sur le talus devenu virtuel sur FontLab et Fontographer. Ce qui est remarquable comme je l’ai signalé plus haut, la chasse des capitales semble plus confortable chez Berthold mais cela joue très peu sur un texte en bdc. Ce faisant, cela joue (à corps égal) sur le gris typo qui nous semble plus léger aussi. Mais attention vous l’aurez compris, rien ne nous empêche, pour avoir le même gris dans tous les caractères de réduire leur corps en fonction.
Ce qui est tout de même à remarquer, c’est la proportion : hauteur des jambages montantes et hauteur de l’œil de la bdc. Si vous examinez le Swiss 721 de Bitstream elle est moins contrastée que chez Berthold. On le voit bien d’ailleurs sur l’interlignage. Il est rigoureusement identique pour les quatre compo et pourtant vous avez l’impression d’avoir des interlignes plus blanchies d’une typo à l’autre. Moins flagrant dans les trois premiers, ça le devient avec la Berthold.
Le Swiss semble un peu plus «graissée» que la Neue ou l’Adobe, à vérifier.
;-) cette note est destinée exclusivement aux étudiants, amateurs et curieux de ces différences, il ne concerne en rien les créateurs de caractères, ni les nombreux professionnels qui ont déjà fait ces observations durant leur pratique quodidienne. © design et typo