À 205 kilomètres très exactement à l’ouest de Madrid Fernando Suárez tient un blog des plus graphiques et informatives. Diseñador gráfico. Profesor de la Facultad de Comunicación de la Universidad Pontificia de Salamanca il publie ses réflexions et analyses sur son blog : cosasvisuales
Je constate à l’occasion avec un immense plaisir que nous sommes, graphistes, de plus en plus nombreux à ouvrir des blogs et à tenter par un partage de nos cultures et référents à donner une vision plus complète de nos sensibilités respectives.
Double avantage et pour nous et pour nos lecteurs.
Pour nous: Certes nous ne sommes pas des agences de publicité, ni des bureaux de design avec pléthore de collaborateurs, mais par notre culture et les réseaux de compétences que nous construisons depuis des années, notre capacité à intervenir en consulting et en production ne fait que progresser de façon exponentielle. Le wwwDEUXZÉRO nous permet de transformer notre posture de solitaires en ouverture sociétale.
Pour nos lecteurs de même: ce foisonnement de veille et de réflexions graphique que nous nous efforçons de diffuser ne peut que contribuer à produire un paysage de culture et de référents, pré-digérant les extrêmes bons et mauvais, mettant sous les feux de l’audience ce qui nous semble en valoir la peine avec sans doute, des erreurs de jugement que les lecteurs ont tôt fait de rectifier dans leurs commentaires… ou les poursuivre de leurs propres expériences.
Pour l’occasion je voudrais prolonger le billet de Fernando Suárez sur les awards des éditions Pinguin .
Voici la liste des gagnants de ce concours…
Il n’est pas dans mon propos de critiquer le contenu mais l’enveloppe. Il y a longtemps que je voulais débattre de ce sujet ici sur D&T. Parce qu’en d’autres lieux: on propulse régulièrement des avis de concours sans aucun discernement sur la portée éthique de la question. Il n’est pas non plus dans mon intention de rédiger ici un pamphlet pour ou contre les concours. C’est un sujet trop sérieux pour ne le confier qu’à un seul intervenant sans contradicteurs et sans débat.
C’est un sujet qui pose d’innombrables problèmes à la fois éthiques, juridiques, financières (ce n’est pas des moindres) et donc comptables. Pour exemple allez expliquer à un controleur des impôts que vous avez travaillé ou fait travailler gratuitement des intervenants de votre société ou de sous-traitants externes sans engranger de la facturation et donc de la TVA à rétroverser à l’État. En ces temps de débats sur la TVA sociale voilà un thème sans doute périphérique mais pas si tangantiel que ça. Éthiques aussi mais le dossier est vraiment lourd d’un tissu d’imbrication et d’attendus.
Faire se concourir gratuitement des professionnels, qu’ils soient de grosses agencies ou simplement des free-lances soulève à la fois des questions relatives à la valeur marchande du travail fourni, aux temps immobilisés sans aucune garantie de succès, aux critères de sélection dont les périmètres sont forcément variables puisque expérience oblige les briefs se font et se défont des dizaines de fois au cours d’une prestation normale et que le mode ittératif de décisions prévaut dans toutes les consultations «normales». Des questions d’éthiques aussi lorsqu’on songe aux process de décisions qui poussent en avant les projets d’amis, et amis d’amis… un système qui peut parfois friser le mafieux et j’en ai fait l’expérience personnellement il y a bien longtemps avec la Direction de l’Imprimerie Nationale.
Des questions juridiques également: parce que quid des droits d’auteur dans le monde du graphisme. Il n’y en a pratiquement jamais. Les auteurs photographes, illustrateurs sont défendus par des chartes professionnels et des associations officielles, pas les graphistes. Un concours perdu et vous retrouvez vos idées, vos concepts déclinés dans les solutions graphiques du gagnant. Cela s’est vu de nombreuses fois pour les campagnes de pub ou les maquettes de presse ou de pack. (Vous pouvez les citer dans vos commentaires).
Je ne prétends pas que Pinguin a faussé le concours lancé, ni que tous les concours se valent en obéissant à des habitudes de non-droit. Heureusement qu’il en existe d’honnêtes. Mais la question vaut sans doute la peine d’être débattu, dans un livre blanc ou porté par les réseaux communautaires des blogs de graphistes voire d’agences. Des pratiques à discuter, revoir pour les moraliser un tant soit peu. Qu’en pensez-vous?
Graphistes, graphic designers, webdesigners: militez pour un statut d’auteur!
Je suis bien de votre avis. Je suis moi-même designer textile free lance et adhérer à un syndicat (AFD) est un moyen, enfin je l’espère, de m’informer plus précisément sur mes droits et de me faire respecter par mes clients , pour la plupart hostiles et/ou ignorants sur la question des droits d’auteur.
Hélas, pour obtenir de la documentation consistante sur les questions juridiques et fiscales, les possibilités sont bien minces. Par exemple, les publications sont rares !
Les professions créatives sont mal réglementées et travailler en free lance est un vrai parcours du combattant…