Sous le numéro ISBN 0-8230-4416-5, l’éditeur Watson Guptill Publications a réédité l’ouvrage de James Craig en 1990. Il s’agit de la seconde édition d’une somme qui fut mis en librairie la première fois en 1974. Cet ouvrage n’a pris que quelques rides inhérents aux évolutions technologiques des quinze dernières années. Autrement dit il m’appartient d’y ajouter prochainement deux-trois reportages photo réalisés dans un atelier «pre-press» des plus modernes ainsi que dans une imprimerie qui travaille comme la plupart en DTP, direct to plate, en flux pdf de production.
C’est avec l’aimable autorisation de James Craig que j’ai pu reprendre ses illustrations qui ont ici pour vocation de tracer une histoire technique des évolutions de ce métier que généralement les professionnels désignent par les Arts Graphiques. L’ouvrage semble-t-il est épuisé mais on doit encore le trouver en occasion sur les sites d’Amazone ou Ebay bien que je n’en ai pas trouvé trace. Si vous les dépistez, n’hésitez pas à en faire part dans vos commentaires.
Avertissement au lecteur: toute reproduction est formellement interdite, usage strictement pédagogique.
IBM Selectric MT/ST (en haut) et Smith Corona PWP100 personnal word processor
il faut cliquer sur l’image pour constater la différence de qualité entre une lettre «frappé» par le plomb et une lettre «insolée» par une photocomposeuse.
montage sur film d’une lettrine photographiée avec du texte photocomposée. Le montage effectuée, il est ensuite contretypé en négatif avec un filmprocess orthochromatique (insensible à la lumière rouge) et tirée en positif après retouches pour être montée dans la forme définitive qui servira à la copie de la plaque offset.
Louis Moyroud au centre et René Higonnet à droite, les inventeurs de la Lumitype en 1949 (première photocomposeuse au monde) chez Deberny et Peignot qui durent vendre leurs brevets à l’américain Photon n’ayant pas réussi à interresser les financiers en France. L’ancètre des machines Compugraphic. C’est précisément la Lumitype qui permit à Adrien Frutiger en complicité avec Ladislas Mandel de réaliser la série incroyable des Univers. Les deux ingénieurs, spécialisés dans la transmission et les relais électromagnétiques travaillaient dans les télécomunications de l’époque.
une photocomposeuse également. L’intertype photosetter, où vous retrouvez la structure de fonctionnement des linotypes sauf que les matrices cette fois ne servent plus à couler les lettres en plomb mais à insoler un film, réceptacle du texte.
Fini le saturnisme.
un schéma de photocomposeuse de deuxième génération. Ce qui en fait la particularité, c’est la division des machines. Clavier et enregistrement sur computer des codes d’un côté, et flashage-photocomposition de l’autre. Sorties sur film ou papier.
clavier de photocomposition «enrichi». Le compositeur a accès à toutes les spécifications typographiques sur le clavier. Espaces, entrées, signes de ponctuation typographiques etc. Il fallait en passer par une formation de typographe pour pouvoir accéder à des codes qui étaient abstraits pour les non-initiés. Plus tard on inventa des claviers de saisies dits «au kilomètre» qui permit d’accélérer le processus de saisie, au détriment du contrôle de la qualité des césures, de fins de lignes et du gris typographique.
les interfaces de saisie: bandes perforées, casettes, floppy disques, transmission directe, du clavier à l’ordinateur
les systèmes Monophoto et Harris Intertype. Où l’on voit dans le cas de Monotype les difficultés de sortir d’une culture. La Matrice de la Monophoto était basée rigoureusement sur celle de la Monotype Plomb. Les inventions avancaient très lentement à cette époque pour la raison suivante: les lettres, de plomb sont devenues de lumière (d’où l’expression de composition froide), mais elles étaient physiques. Des négatifs qui laissaient passer la lumière seon des programmes stroboscopiques qui tenaient compte du choix de la lettre au clavier (même si transmis par une bande perforée) pour commander à la Matrice de se trouver à tel endroit et à une lumière au xénon de se déclencher un milliseconde pour venir insoler cette lettre sur un film sensible. Problèmes posées, inerties mécaniques, précision des déclenchements de lumière, et stabilité des supports typo et film réceptacle. Les deux systèmes ci-dessus expriment deux tendances lourdes. D’un coté les matrices carrées (dont Berthold, Alphatype furent friands) et de l’autre les matrices circulaires qui permettaient de diminuer les prbs d’inertie mécaniques mais augmentaient les prbs de sychronisme d’un flashage «à la volée».
matrice d’Alphatype, société située à Chicago qui fut longtemps considéré en Amérique du Nord comme l’équivalent en qualité irréprochable des machines Berthold en Europe. Sauf qu’Alphatype ne voualit pas payer des droits aux créateurs des caractères, ici le PATINA illustre le piratage en règle du Palatino d’Hermann Zapf. Ce type de comportement était la conséquence d’une loi américaine sur le copyright qui ne protégeait pas les dessins mais seulement le nom (trademark) des caractères d’imprimerie.
Monophoto 600
Harris-Intertype Fototronic TXT
Mergenthaler VIP
bande Matrice typographique pour la Mergenthaler VIP
grille pour les matrices interchangeables de la Monophoto Mark IV
principe de base de la photocomposition : source lumière = lampe flash, la plupart du temps au xénon, Matrcie circulaire ou rectangulaire des lettres en négatif, transmission de l’image de la lettre par un prisme pour aller insoler en focalisant la netteté sur un film ou papier de réception (outpout).
cassette de réception
caméra de reproduction VGC
duplicateur d’épreuves photo des textes composées.
C’est le moment crucial, il s’agit d’une simple machine de copie pour «contretyper» les montages de textes (positif-négatif-positif pour éliminer tout trace de montage), mais aussi pour insoler les épreuves papier pour les relecteurs.
écran de saisie, un grand progrès si l’on considère qu’au début de la photocomposition on ne pouvait pas voir (display) ce que l’on composait. Mais on est encore à une dizaine d’années de l’invention du What You See Is What You Get (WYSIWYG) par Adobe avec son Adobe Type Manager (septembre 1989).
Chaine de production éditoriale, parcours de la copie entre le clavier d’entrée (InPut) et l’épreuve corrigée à la fin (OUTPUT)
une phototitreuse américaine. Le titrage posait d’énormes problèmes aux fabricants de photocompositeurs. La qualité finale suposée n’arrivait pas à une définition satisfaisante pour satisfaire lesgraphistes et directeurs artistiques. Déjà Edward Rondthaler avait compris cela en créant la société Photolettering en 1927. Offrant aux clients, agences et studios de prod. une qualité de titrage avec un choix de caractères considérable
Les techniques de la photocomposition ont permis un enrichissement des moyens de compostion, tant pour le choix des caractères que pour l’expression infini de leur présentation. Les espaces n’étaient plus des morceaux de plomb. Juste des espaces virtuels.
Le système Mergenthaler Linotron 505 CRT
Là nous venons de faire un bond en avant. J’ai personnellement équipé mes ateliers avec ces deux machines en 1992. Entièrement asservis au langage postscript généré par les Raster Image Processor ©Adobe Systems. L’input était déjà assuré par un réseau Macintosh où l’on composait les textes et mises en page sur Quark X-Press. A l’époque nous en étions aux versions 2.12 et 3.31 ;-)
voici l’évolution des caractères digitaux
Je revidrai sur la question de ces évolutions dans de prochains articles.
©copyright James Craig avec son aimable autorisation pour design et typo
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