pédagogie graphique à Bâle dans les années 50-60 |

Sous le titre Processus élémentaires de dessin et de mise en forme, Dessain et Tolra à publié en 1984 un cahier qui complète trois autres ouvrages consacrés aux cours fondamentaux de l’École des Arts décoratifs de Bâle, Suisse.

Ce cahier numéro 4 dirigé par Manfred Maier est traduit de l’Allemand au titre original: Elemantare Entwurfs und Gestaltungsprozsse par Sylvie Girard a donc été édité par ©Paul Haupt une première fois en 1977 sous le numéro ISBN 2-249-27636-6 et l’ensemble des 4 cahiers sous le numéro ISBN 2-249-27637-7.

Il vient étayer le processus pédagogique que j’ai publié précédemment sous l’intitulé “Armin Hofmann | l’École de Bâle” et que j’ai également commencé à relater dans l’article que j’ai publié sur la vie et l’œuvre d’Albert Hollenstein dans étapes concernant les cours 19 que “Hol” avait initié à Paris en 1959.

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L’École de Bâle, représente dans l’histoire de la pédagogie du graphisme et du design un moment des plus fertiles à plusieurs égards. La 2e guerre mondiale a fini de balayer toutes les idées reçues culturelles et humanistes en Europe. A l’exception de la France et de son antigermanisme (dans les années juste d’après-guerre) le design et le design graphique dispensé au Bauhaus se répandent dans le monde entier.

En Europe, l’Italie, la Hollande, la Suède et le Danemark sans oublier bien sûr l’Allemagne et même l’Angleterre découvrent les méthodes d’enseignement expérimentales de Walter Gropius et de ses disciples (c’était effectivement une véritable religion ou du moins un sacerdoce). Mais cet enseignement traverse l’Atlantique et l’on retrouve les suisses sur la cinquième avenue avec les magnifiques mise en pages du Harper’s et les travaux de Herb Lubalin.

Le programme de Bâle comportait des cours de dessin, un enseignement de la couleur, des excercices sur les volumes dans l’espace, une initiation pratique aux matériaux et outils. Des excercices favorisant l’acquisition des connaissances théoriques sur la forme et l’esthétique.

Dessins d’objets, dessin industriel et perspective, études des matériaux et la couleur sont enseignés par 26 professeurs, tous des professionnels dirigés par Emil Ruder jusqu’en 1970 et Niklaus Morgenthaler et Kurt Hauert à partir de 1971 (ces dates sont citées dans l’ouvrage en 1984, les générations de profs et directeurs ont bien sûr changé depuis).

A l’instar des professeurs du Bauhaus, ceux de Bâle transmettent l’expérience de la perception et du sensoriel dans le même temps qu’ils découpent, je dirais même qu’ils dissèquent les formes jusqu’à les réduire à leurs plus simples expressions. Le point, la ligne, les couleurs, les surfaces polygones et les volumes rectilignes et sphériques. Ceci leur permet d’aborder aussi bien les structures que leur perception dans l’espace (la perspective) ainsi que les matières (textile, métal, argile et plâtre, bois et peinture).

L’enseignement des arts appliqués est un balancier. Entre la gestalt, les formes primitives que les philosophes ont proposé comme innées et l’expérience de l’homo-faber nous tentons de jeter un pont avec nos faibles connaissances pour permettre aux futurs psofessionnels de disposer d’un arsenal de sensibilité et de technicité afin de résoudre des problèmes de la communication d’aujourd’hui.

Au fond la question de l’enseignement moderne se pose à nous tous avec une acuité grandissante: professionnels, acteurs des métiers graphiques et du design, nous sommes confrontés chaque jour à une jeunesse (étudiants, stagiaires et assistants) désireuse d’explorer les arcanes de l’interactif au détriment du papier-print. La posture professorale ne fonctionne plus comme il y a encore quelques 15 ans. On ne peut plus dire à un étudiant qu’il doit connaître les principes fondateurs d’un métier. Parce que celui-ci a tellement changé qu’il ne ressemble plus (en apparence) aux métiers du print.

Pourtant en examinant les nombreux sites professionnels d’entreprises qui rejoignent la net-économie on constate un nombre d’abberrations en croissance exponentielle. C’est que les acteurs d’aujourd’hui ont oublié des décennies de reflexes que nous pratiquions dans le monde du print. Etienne Mineur, moi-même et bien d’autres professionnels dénoncent chaque jour ces aberrations et finalement c’est bien en publiant qui le travail d’un Norman MacLaren qui celui de Joshua Davis ou d’Helen Lupton que nous tentons de faire avancer une idée. Le doute paye. Les certitudes ne sont pas de mise alors que l’on ne sait pas encore grand chose des nouvelles règles de l’ergonomie interactive. Confort d’utilisation, lisibilité, hiérarchisation de l’info, formes séduisantes et attractives, référents aux tendances mais aussi efficacité commerciale sont autant de critères pour juger, analyser, construire les écrans interactifs.

Pour y voir plus clair il me semblait judicieux de consacrer quelques notes au travail de nos prédécesseurs, ceux qui nous ont pré-cédé mais aussi cédés un savoir sensible et utile à la résolution raisonnable des problèmes d’aujourd’hui.

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Vous trouverez à cette adresse une galerie consacrée à l’enseignement de l’école de Bâle. Photos design et typo, toute reproduction interdite. Usage strictement pédagogique.

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0 réponse à pédagogie graphique à Bâle dans les années 50-60 |

  1. Vincent dit :

    Merci Monsieur Gabor pour ce magnifique blog que je viens de découvrir. Une masse d’information sur la typo, accompagné d’exemples s’il vous plait, un grand merci.
    Par ailleurs, savez-vous si ce fameux cahier numéro 4 a été réédité depuis 1984 ?