L’analyse du Manuale Typographicum d’Hermann Zapf nous a amené à tracer des filiations entre les courants graphiques et de marquer le point de rupture à la fin des années 80. Qui soit dit en passant furent des années de nostalgie forte envers les syles dépouillés et constructivistes des années 20.
En Russie Rodchenko et le poète Maïakowski, mais Malévitch aussi en peinture, introduisirent l’art productiviste. De l’autre côté du Danube en Allemagne, la République de Weimar va voir naître le Bauhaus, dont l’architecte Walter Gropius fut la figure de proue. Mondrian, Klee, Kandinsky, Marcel Brauer et les nombreux élèves de cette prestigieuse école (de vie aussi) qui aissaimèrent vers l’europe puis les EU à cause des persécutions révolutionnèrent profondément l’architecture et toutes les expressions graphiques et plastiques. Oscar Niemeyer ou Le Corbusier par exemple pour ne citer qu’eux, mais les architectes de de la Sears Tower de Chicago ou des grattes-ciel de San Francisco leur doivent tout autant leur sensibilité et leur logique de réflexion. Plus près de nous un Jean Nouvel adepte des formes pures, élancées pleines de transparences et de surfaces travaillées, ne renierait certainement pas cette filiation. La guerre nous a probablement privé en France des effets immédiats de ce grand courant fondateur. L’antigermanisme des français ayant mis entre parenthèse toute idée d’innovation architecturale et graphique jusqu’u milieu des années 70. Le Design à la française de ces années n’était qu’un effet de mode assez risible comparé aux avancées du Design aux EU ou plus près de nous au Danemark, Hollande, Norvège, Suède et bien sûr en Allemagne. Il a fallu attendre un génial Philippe Starck et le courage de ses éditeurs pour qu’enfin l’on découvre une autre forme de pensée, et que l’on se raccomode avec des idées datant de ces années 20. En graphisme il y eut le même courant dont le jeune père fondateur Neville Brody fut le fer de lance en Angleterre (cf.The Face).
Les reproductions de cette note proviennent d’un livre des Editions du Chène, édité en 1987 sous le nom de : La Pub en USSR dans les années 20. L’auteur, Mikhaïl Anikst, a recencé là les plus belles réalisations de l’époque et surtout les plus représentatives d’un style en soulignant parfaitement l’adéquation entre style et signifié. (voir ici les pages les plus spectaculaires)
Mais dans une note prochaine je reviendrai sur les téléscopages entre ces styles, la filiation avec Gutenberg et le moment précis où la rupture se fera entre le tactile-oral gutenbergienne et le coloré-plasticien d’un David Carson qui a sa manière marqua la fin ou le commencement de ce qu’on a appelé la période post-industirelle.