Retour sur le sigle d’une banque.
Je vous propose une méthode simple, vous lisez le logo… L C L , non ce n’est
pas La Chaine de l’Info ! Le Crédit Lyonnais… C’est à croire que les groupes de travail chargés de valider les concepts créatifs sont tous aveugles ou analphabètes… Et je ne serai pas le premier à crier : « mais le roi est nu ». Le premier L vaut pour un article, et c’est là me semble-t-il une hérésie dans le concept. Qu’est ce qu’on attend d’un sigle, sinon de proposer une lecture rapide et facile à mémoriser d’un logotype parfois long et indigeste. Société Nationale des Chemins de Fer… SNCF, ils n’ont pas dit SNDCDF… les articles sont faits pour être oubliés dans les sigles. Et pourquoi pas LCGT ou LCA ou encore LCIEC [pour le Crédit Agricole et le Crédit Industriel et Commercial].
Crédit Lyonnais : CL ou LCL ?
La création d’une identité visuelle commence par une réflexion sur l’identité tout court. Serait-il possible que les gens du Crédit Lyonnais se soient crus trop pauvres avec deux lettres initiales au lieu de trois ? En conséquence de quoi, on prend le risque de brouiller le son dans les yeux du public et des clients. Et je reviens à cette idée de l’alphabet phonétique que nous a laissé Marshall McLuhan, alphabet de 26 lettres, sans lequel nous n’aurions ni connu Gutenberg et le caractère mobile, ni internet et le caractère ++ mobile, voire virtuel.
La pensée moderne a fait un saut vertigineux à partir du moment où la langue des hommes a pu être écrite par une représentation phonétique, et prétendre qu’un sigle n’est qu’une image est un contresens.
Le logo d’abord un son …
C’est d’abord un son, une suite de sons. LCL, j’ai beau chercher dans le signifiant du premier L, il n’a aucune valeur symbolique comparé au deuxième L du Lyonnais… donc dilution du sens. Et je ne critique pas la disparition de l’image figurative du roi des animaux, pas plus que du cartouche en forme de cachet d’aspirine. [tendance France Télécom]. Tout au plus, une pensée émue pour l’infographiste qui a créé l’animation de ce cartouche avec le petit reflet qui vient souligner le sigle là…. Quoi ! c’est pas la première fois qu’on part de l’image télé pour aller vers de l’image print…
Oui, c’est grave…
Sauf à considérer qu’un sigle, une marque sont destinés à pérenniser une identité sur du mobilier d’archi corporate, et que fabriquer 1000 ou 2000 enseignes n’est plus une opération anecdotique, pas plus que d’imprimer des fonds de chéquier ou des en-têtes et des mailings… On vient dans le lourd, le solide. Alors finalement est-ce bien grave ?
Ne suis-je pas en train de couper des cheveux en 8 ? A bien considérer cette nouvelle identité visuelle, sincèrement je crois que c’est grave. Tant du point de vue de la stratégie du concept, que de celui de la forme.
Le résultat est plus que jamais de l’ordre de l’anecdotique. Le contraire de ce qu’on attend d’un logo et d’une identité forte et pérenne. Il faudra sans doute beaucoup d’investissements de comm. pour faire entrer dans le crâne du public-client la nouvelle image. C’est le genre de plaisanterie que les PME-PMI ne peuvent se permettre aujourd’hui… parce qu’un sou est un sou…
N’est-ce pas messieurs les banquiers?