Typographie | Elements d’histoire | Familles de caractères (reloaded)

l’histoire de la typographie se confond avec celle de l’écriture de l’alphabet phonétique

suite du cours de typographie concernant la classification des caractères.

Billet publié une première fois le 16 janvier 2006

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Comme vous avez pu le constater, plus on avance dans l’élaboration d’une histoire de la typographie, plus on cherche à affiner les filiations des caractères. Thibaudeau (1860-1925) a été longtemps la seule référence en France pour une classification des caractères d’imprimerie. Elzévirs, Didots, Bâtons, Egyptiennes. 4 formes alphabétiques de base pour déterminer le style et l’origine d’une police de caractère. Or notre connaissance de la chose imprimée n’a fait que s’affiner tout au long du XXe siècle de l’information. Comment peut-on classer un Bembo, un Garamont et un Times dans la même famille des Elzévirs. C’est pourtant ce que Thibaudeau nous propose. Et de regarder la forme des empattements, les contrastes des pleins et déliés, l’attaque de la partie supérieure d’un <a> bas de casse et l’on s’aperçoit tout de suite de différences notoires. Mais après-tout est-ce que cela sert à quelque chose de savoir classer les caractères?

Dans les années 50-90, pendant près de 40 ans nous avons été envahis dans toutes les agences de pub, de studio de réalisations graphiques par les catalogues de caractères, tels que celui-ci dessous…

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extrait d’un catalogue «Type Book» typoGabor (1988)
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Bien avant l’arrivée des Macintosh et des technologies typographiques vectoriels, les ateliers de composition proposaient à leurs clients d’innombrables formes alphabétiques dans des dizaines de catalogues mis à la disposition des directeurs artistiques des agences. Pour s’y retrouver une seule solution, avoir une connaissance intime de la forme des alphabets afin de «pressentir» à l’avance ce qu’on y cherchait. De savoir reconnaître une Elzévir d’une Egyptienne ne suffisait plus. Et Maximilien Vox, fondateur des rencontres graphiques de Lure l’avait bien compris. A l’instar de Giono qui avait créé les rencontres du Contadour, Vox va se réunir avec quelques amis, Jean Garcia, John Dreyfus et plus tard François Richaudeau, Charles Peignot, Roger Excoffon sur les hauteurs du village de Lurs en Provence afin de tenter de jeter les bases d’une réflexion moderne sur la typographie. C’est ainsi que naîtra la Classification Vox qui recueille aussitôt l’assentiment de l’Association Typographique Internationale. Les Elzévirs sont éclatés en 3 familles, les Humanes, les Garaldes et les Réales. Ce que les Américains jettent pêle-mêle dans une seule catégorie «Old Style» (sans doute Old Style pour tout ce qui précède la naissance des États-Unis), mais avant d’aller plus loin dans cette affaire de classification je vous emmène faire un flash-back sur l’histoire de l’écriture. Ci-dessous un tableau simplifié qui résume la filiation des écritures depuis 700 av JC :

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Bien sûr nous savions que les caractères bâtons, Linéales chez M.Vox n’étaient en rien modernes. Ils ont été tracés, bien avant l’alphabet grec ou phénicien (700 av JC) sur les inscriptions cunéiformes véritable proto-alphabet de celui phonétique qui nous vient tout droit des phéniciens. Mais il est toujours intéressant de rappeler un contexte. C’est celui du support, et de l’outil. Les lettres tracés à l’aide d’une pointe sur une pierre argileuse ou de la cire ne ressemblent en rien aux lettres que les romains nous laissèrent sur la colonne Trajane. Eux se servaient de ciseaux pour tailler la pierre… Remarquez ci-dessus l’élégance des lettres A grecs et la régularité du tracé sur les pierres. (images cliquables).

A peine quelques centaines d’années s’écoulent, 200-300 et nous sommes plongés au cœur de la cité antique romaine qui pratique l’écriture comme moyen politique autant qu’artistique.

Les formes s’affinent, au croisement des tailles de ciseaux, un léger empattement «incise» apparaît, ce qui permit à M.Vox d’installer cette Classe des Incises juste avant les Humanes. On dira aussi des caractères lapidaires, provenant des inscriptions sur les pierres tombales ou les frontispices des monuments romains. Cependant les choses vont très vite.

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Entamée en Asie, l’histoire du papier se poursuit en terre musulmane, où il suscite « un respect frôlant parfois le fétichisme »
dès lors que les paroles du Coran s’y trouvent inscrites. Et si les
Arabes empruntent, au VIIIe siècle, le papier à la Chine, ils le
transmettront à l’Occident, par l’intermédiaire des moulins
d’Al-Andalus, l’Andalousie des « trois cultures » (musulmane, juive,
chrétienne). Lire la suite !

Les hommes s’adaptent, taillent des plumes (calame) pour en tremper le bout dans une encre et tracer les lettres sur un épais parchemin. La souplesse du poignet, la vélocité de la main qui parcourt une feuille posée sur la tablette du script (scriptorium) entraîne rapidement à des modifications magistrales dans les formes alphabétiques.

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l’attaque du plat de la plume sur le papier entraîne ipso-facto la naissance des pleins et déliés, mais il faudra attendre le Moyen Âge, l’époque de Charlemagne vers le 8e-9e siècles pour que l’Onciale se voit tracer avec des lettres hybrides d’abord, on dirait aujourd’hui des bas de casses capitalisées ou petites capitales, qui deviennent progressivement des minuscules (puisque la casse de Gutenberg ne verra le jour que vers 1450). La minuscule carolingienne ou caroline représente parfaitement l’ancêtre de nos écritures d’imprimerie moderne.

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Parallèlement nous voyons déjà clairement apparaître les
fondamentaux de la mise en page Gutenbergienne. Titres, Lettrines,
vignettes décoratives.

Qui ne se souvient de cette scène du Nom de la Rose où des dizaines
de moines traçaient les parchemins debout devant l’écritoire… Ainsi
il faut toujours se souvenir qu’avant la lettre d’imprimerie, la lettre
fut tracée, travaillée selon des techniques calligraphiques de plus
en plus raffinées. La gymnastique du poignet se codifiant avec
l’expérience des Jan van De Velde, ancêtre de nos calligraphes modernes
dont un des plus talentueux descendants Claude Fernand Mediavilla
fréquenta l’école de Bernard Aarin, le Scriptorium de Toulouse. Mais je
m’avance un peu trop vite, nous ne sommes qu’à l’aube de l’ère du
caractère Gothique.

Pour lors les outils se réduisent au pupitre, la lampe,, l’entonnoir
avec de l’encre, la plume, le fil à plomb, la pierre ponce, et le
racloir. Ils n’ont guère beaucoup évolué depuis 500 ans. L’usage du
pupitre est toujours recommandé. Comment parler des «écrits» sans
évoquer le rôle prépondérant joué par l’Université dans la diffusion
des imprimés. Celui de Padoue, toute puissante, celui de Paris, une
capitale dans la capitale jouèrent un rôle fondateur pour labéliser les
nombreux imprimés, calligraphiés dans les monastères. Les étudiants
affluent, la demande augmente considérablement et la minuscule caroline
va progressivement glisser de plus en plus vite sous la main des
scriptes. De «parisienne», d’«anglaise» ou «bolonaise» la nouvelle
cursive, indispensable à la vie sociétale et universitaire, prendra le
nom de gothique. Elle est le fruit, la conjonction d’une évolution
sociale majeure, où «le progrès social et le développement de
l’économie et de la culture laïque généraliseront le besoin de
l’écriture». Ainsi l’on constatera une évolution parallèle entre le
style des églises et cathédrales gothiques et de l’écriture du même nom
qui ne vient en rien des Goths, tribus barbares comme chacun le sait.

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C’est dans cette période qui court de Charlemagne à Gutenberg, près de cinq cents ans tout de même, distance équivalente de celle qui sépare de Gutenberg à nos jours, que va s’élaborer la codification de la mise en page moderne.

Durant cette période nous verrons d’innombrables écritures se multiplier, avec tout de même une constante, l’avènement de la plume et du papier, ainsi que l’accélération de l’écriture qui donnera naissance à une grande famille de caractère que sont les cursives et les Humanes. Quand Maximilien Vox distingue trois familles là où Thibaudeau n’en voyait qu’un, c’est tout simplement que Vox était particulièrement sensible, artistiquement et humainement aux évolutions de l’écriture. Il ne pouvait pas s’empêcher de «voir» les formes alphabétiques sans regarder l’attaque de la plume sur le papier. ainsi les Humanes (venant d’humanistiques), sont antérieures aux caractères d’imprimerie classiques comme le Garamont que Claude G. dessina au 17e siècle.

A ce stade de cette note il me faut avouer mes sources, car sans elles je n’aurais pu aborder avec autant d’aisance iconographique cette petite étude. Il s’agit de l’extraordinaire ouvrage de Roger Druet et Herman Gregoire préfacé par Roland Barthes et François Richaudeau (publié chez Artheme Fayard & Dessain et Tolra en 1976 – édition épuisée) : La Civilisation de l’Écriture.

Il faudra environ une centaine d’années pour passer de l’écriture gothique à l’écriture humanistique. Le Moyen Âge, où règne une forme de folie intellectuelle et moral pétrie de rigidité sociale et morale symbolisée par le style gothique des églises aux lignes aussi solides que les barreaux d’une prison. De la folie d’une fin d’époque à la hiérarchie verticale que nous verrons vaciller sous la pression de la Renaissance, de la découverte des perspectives en architecture. Des Fous et des Pauvres, une société meurtrie par des rois dangereux pour leurs sujets (Louis XI, Charles VII), brûlant les Jeanne d’Arc et laissant assassiner des centaines d’enfants par Gilles de Rais.

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L’écriture gothique, ou textura chez les allemands correspond bien à
cette volonté de remplissage sans laisser la moindre place au vide,
c’est à dire à la contreforme. C’est bien ce textura qui séduira
Gutenberg lorsqu’il s’attaquera à la bible en 36 lignes puis à celle de
42 lignes plus connue puisqu’elle est exposée en grande pompe à Mayance
au Musée Gutenberg. Le deuxième alphabet que les imprimeurs vont
adopter c’est aussi une gothique. La lettre de Somme, ainsi nommée pour
avoir servi à composer la Somme de Thomas d’Aquin. Les Allemands
l’appelèrent la Rotunda. Plus arrondie que la Textura, elle se souvient
d’avoir été de forme latine et tend à s’harmoniser avec le siècle de
Montaigne, plus humaine, plus confortable.

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L’apport de la Calligraphie à la maîtrise du caractère.

On ne saurait faire un saut vertigineux de près de 200 ans qui sépare Gutenberg et la Fraktur qui servit à composer sa Bible et le dessin policé et pétri de classicisme que dessina Claude Garamont vers 1650 sans évoquer l’importance de l’expérience calligraphique dans l’arbre généalogique des caractères. Bien sûr il s’agit de gestes individuels, mais codifiés. Bien sûr le hasard intervient mais pas plus que dans un caractère aux formes classiques. Ce qui fonde l’importance de la calligraphie, c’est précisément l’outil et la technique.

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Sans vouloir choquer les historiens, permettez-moi d’avancer une image, le calligraphe est à la cour du Roy, aussi indispensable que l’était le Scribe dans la haute Égypte. Ce sont les attachés de presse (cf Pétrarque) de ces époques si lointaines. Ils confient au papier, les secrets, les discours, les échanges, les transactions financières et diplomatiques des cours royales. Il en va ainsi des Cancelleresca, lettres de Chancelleries qui servent à échanger des informations entre deux délégations étrangères. Je ne citerai pas tous les noms, ce serait fastidieux, mais seulement ceux de Nicolo Niccoli (1364-1437) qui aurait, par un traitement cursif, assuré le succès de l’écriture humanistique, de Jean van den Velde à Rotterdam (1567-1623) qui publie en 1605 le Spiegel der Schriftkonste (Miroir de la Calligraphie), de Nicolas Jarry (1641) [la guirlande de Julie], de Paillasson (XVIIIe siècle), maître d’écriture et d’arithmétique, de Barbedor, le plus grand calligraphe français de l’époque (1589-1670) pour son ouvrage principal, les Écritures financière et italienne bâtarde paru vers 1650. Ce qui me rappelle que le seul musée sérieux consacré à l’imprimerie en France, celui de Lyon, au 13, rue de la Poulaillerie, se trouve être dans le même temps, le musée de la Banque. Étrange paradoxe mais pas tant que ça lorsqu’on se souvient du rôle de l’écriture dans la tenue des comptabilités financières et dans les lettres de change (ancêtre de nos chèques).

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Il s’agissait non seulement d’écrire, mais aussi de décorer l’écriture avec des paraphes (swashes chez les Américains), des arabesques qui venaient égayer, encadrer avec souplesse une phrase, un décret royal, un mot diplomatique ou amoureux. Les calligraphes faisaient assaut d’élégance et d’inventivité pour marquer de leur style personnel chacune de leurs planche d’écriture.

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Ainsi avançons nous résolument vers le siècle du classicisme et l’invention majeure de la création typographique qui advint en France. Je prendrai aussi la même précaution langagière que Roger Druet pour juger du plus beau dessin de cette époque le Garamont. Ce n’est pas qu’il fusse plus beau, plus original que les caractères de Francesco Griffo ou d’Alde Manuce, mais il parvint à une telle perfection dans le dessin et une telle harmonie dans ses déclinaisons, qu’aujourd’hui encore, quelque 500 ans après, le Garamont, ou Garamond avec un <d>, reste un des caractères classiques les plus utilisés dans l’édition comme ceux de Gallimard et bien d’autres.

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Pour comprendre la magie de ce caractère il faut savoir que nous revenions de loin. Le rationalisme de la Renaissance Française a failli avoir la peau des beaux caractères typographiques à l’Italienne. Les travaux du Champfleury de Geoffroy Tory et Dürer, inspirés des travaux anthropomorphiques de Leonardo da Vinci sont un bel exemple d’impasse dans laquelle la typographie Française a failli se laisser enfermer. Par ailleurs je dois reconnaître ce qui semble être l’avis unanime, les apports de Tory à l’art de l’édition où il excella avec son partenaire et associé Simon de Colines. Ils ont à eux deux «sortis» pas moins de 430 éditions avec les moyens les plus désuets que l’on connaît.

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Elzévir = Humanes + Garaldes + Réales

Nous avons vu la naissance des Humanes, les Garaldes selon la classification de Maximilien Vox est la contraction de Garamont et Alde Manuce (dont on ne saurait passer sous silence les travaux typographiques et lui accorder l’antériorité du style Garamont). Mais il serait également criminel d’oublier les apports de Francesco Griffo qui nous donna ce très beau Bembo réédité par la fonderie Monotype sous la férule de John Dreyfus voire de Stanley Morison.

Mais alors les Réales… c’est quoi ? Si l’on regarde les empattements, les pleins et déliés et les attaques de la plume imaginaire au-dessus de la panse du <a> bas de casse, une Réale est très proche d’une Garalde. Sauf que, sauf que les contrastes pleins et déliés, sont plus marqués, sauf que les empattements de sensibles voire sensuelles, elles sont devenus presque géométriques, triangulaires.

Voici un tableau comparatif
Hambour
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Le Jenson s’apparente aux Humanes par le style marqué du dessin à la plume (attaques, terminaisons des patins, pleins et déliés marqués par la pente de la plume.

Le Garamond (Garaldes) efface les aspects «plumistiques» et nous propose des empattements sensibles et élégants mais en même temps très présents dans l’alignement des lettres. Au contraire du Times de Stanley Morison (1935) (Réales) qui transforme les patins en forme prototriangulaire et accentue les contrastes des pleins et déliés. Si l’on devait faire un choix, nous pourrions affirmer que le Times, hérité du Baskerville et du Caslon symbolise le mieux l’Elzévir de la classification Thibaudeau. Mais du fait qu’il est largement postérieur au Garamont, y compris les Baskerville et Caslon, Vox leur a attribué le nom de Réales, pour Réalité, Réalisme, Modernité… tiens ! les Américains les appellent du nom de Modern Style au contraire des Old Style.

Les trois coups retentissent et nous voilà transportés au XVIIIe siècle. Gianbattista Bodoni qui, nous laisse une variante encore plus épuré du Modern Style. La taille douce est passé par là. Les techniques de gravure de poinçons évoluent, se mécanisent et autorisent des finesses jamais atteintes par la main de l’homme.

En France Firmin Didot, en Italie Bodoni, Vox résume, il les appellera les Didones.

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baskerville bodoni architecture XVIIIe

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La Classification Vox comprend de fait 11 familles, nous venons d’en examiner 7 seulement, les Linéales, les Incises, Les Frakturs, les Humanes, les Garaldes et les Réales, les Didones. Reste à examiner les Mécanes, les Manuaires, les Scripts et les formes non Latines.

Nous sommes au cœur du XIXe siècle plongés dans l’industrialisation la plus effrénée. L’imprimerie est devenue un secteur majeur, acteur de la vie économique des pays dit civilisés. Voici à quoi ressemblait un atelier de composition typographique aux alentours de 1850. Ainsi que quelques illustrations de presse à feuilles.
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derrière chaque pupitre, un compositeur typographe, au contact du plomb et de l’antimoine (saturnisme). Il dispose les caractères plomb (gutenberg) dans un composteur qu’il tient dans la main gauche. Vitesse de composition : environ 1350 signes à l’heure sans compter la «redistribution», qui consiste à remettre les lettres, une fois qu’elles ont servis à l’impression dans les casses correspondantes. Pour vous donner une idée comparative, une collection comme l’Adobe Folio comprenant environ 2000 polices de caractères équivaut à 50.000 casses, c’est à dire environ 3300 meubles contenant une quinzaine de casses. Si chaque meuble occupe environ 2 m2 au sol, cela représente au bas mot une surface industrielle de 6600m2, soit environ 3 immeubles Haussmanien, sans compter les dépendances, couloirs, ateliers de presse etc. Sans doute le double.

Cela tient aujourd’hui dans une clé USB branché sur votre portable que vous tenez sur vos genoux dans le TGV qui vous emmène en WE. Voilà la vraie révolution que nous venons de vivre en quelque 50 ans. Elements d’une réflexion sur la modernité, aurait pu être le titre de cette note.
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Référence bibliographique : Il s’agit de l’extraordinaire ouvrage de Roger Druet et Herman Gregoire préfacé par Roland Barthes et François Richaudeau (publié chez Artheme Fayard & Dessain et Tolra en 1976 – édition épuisée) : La Civilisation de l’Écriture.

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Quark X-Press vs Quark X-Press

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Une «vue parisienne» depuis les bureaux de Quark France.


Andreas Pfeiffer durant «les questions et les réponses» des experts.

Voilà un titre prometteur, qui en dit à lui tout seul, plus long que trente six mille phrases. Le pire ennemi de l’homme c’est lui-même, et le pire ennemi de Quark durant les 10 dernières années, c’était la firme Quark elle-même. Les comparaisons allaient bon train entre l’InDesign d’Adobe et le logiciel qui avait fait les beaux jours des premiers pas de ce qu’on a trop vulgairement nommé la PAO (j’ai toujours préféré l’expression anglo-saxonne du Desktop Publishing).

Des comparaisons qui avaient fini par éclipser dans nombre d’esprits revanchards les qualités qui avaient fait la renommée de Quark entre les versions 2.11 et 3.32-4.00. Depuis les versions 5 à 6.5 les utilisateurs piétinaient (ou piaffaient) d’impatience, soit, pour voir arriver La Révolution Quark, soit, pour que leur service informatique, accepte de changer de plate-forme de travail au profit du très convivial InDesign qui bénéficiait de toute la logistique et l’expérience des inventeurs de Adobe Illustrator et Photoshop.

 

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Ainsi lorsqu’aujourd’hui, enfin, Quark introduit des raccourcis claviers pour changer d’outil, et que vous tapez <V> pour l’outil <sélection> ou <T> pour l’outil texte… d’aucuns de s’exclamer: ah Quark s’Adobise…

Et lors de ce petit déjeuner conférence tenue chez Quark France par Adreas Pfeiffer, celui même qui dirigeait la rédaction d’SVM Mac, les remarques dans leur majorité tournaient autour du «enfin» (pour les changement d’outils, «pas trop tôt» pour l’import d’images (Adobe AI ou autres) par Drag and Drop depuis le Finder ou même Bridge… et des «ah tout de même» pour la possibilité des ponctuations flottantes… Sauf bien entendu que Quark est allé plus loin dans les imports d’images, et encore plus loin pour le réglage des ponctus. flottantes… ou des Lettrines de débuts de paragraphe, puisque vous pouvez désormais gérer les caractères (dans le menu format) qui doivent être touchés par la grâce des rectifs d’approches vers la gauche de l’alignement… classe de caractère par classe de caractère.
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Je passe sous silence le module qui permet de fabriquer assez rapidement une anim. Flash de base… pour évoquer une des principales qualité de cette version 8.00 qui permet désormais de créer, une grille par Maquette, et même une grille par bloc. Tout ceci intégré dans la gestion des styles de blocs textes. Style de blocs d’images également… une première tout de même. Je ne doute pas un instant qu’InDesign proposera ces «Next-Features» dans une version CS4 ou 5.

Mais désormais Quark s’est réveillé… l’actionnaire majoritaire a convoqué les ingénieurs informaticiens dans son bureau: «lâchez-vous, libérez Quark de cet interface poussiéreuse qui nous fait perdre chaque jour des clients. Et-ils se sont mis au travail. Ils ont revu intégralement l’interface, interrogé des centaines d’utilisateurs sur leurs attentes et mécontentements… Une première chez Quark depuis la 2.11. Enfin, le client a été replacé au cœur des préoccupations de la firme de Denver. Les prix? «vous avez bien un 3.32 qui traîne quelque part dans vos cartons?, nous vous les mettons à jour…»

Alors la conférence d’Andreas Pfeiffer, très technique, avait pour but de montrer les gains de productivité entre XPress 7 et 8. Énorme! et une fois de plus l’occasion pour moi de m’interroger sur les éléments psychologiques qui déterminent les utilisateurs de rester fidèles ou pas à un logiciel. InDesign a été longtemps considéré comme un logiciel de création pour les DA et les graphistes indé… En vérité, InDesign est devenu progressivement un excellent outil d’exécution et de production. Mais il est vrai que l’intégration dans le logiciel d’Adobe des nombreux effets Photoshop, de la gestion des dégradés progressifs etc. en font toujours un superbe outil de création. Chemin inverse pour Quark… la référence de la production, de l’exécutant estampillé de base. Qui connaît ses dizaines de raccourcis claviers et les scripts qui lui permettent encore et encore de gagner du temps. Oui ils vont être un peu désarçonné, les raccourcis évoluent, mais ils vont retrouver la logique Quark des boîtes de dial. des réglages de styles et de formats. Toujours pas de pipette chez Quark… vous parie que c’est pour la prochaine version. Là n’est pas le problème.

Conclusion…

Quark vient de découvrir dans cette nouvelle version qu’ils ont intitulé «Finally Features», la joie de satisfaire des utilisateurs aux besoins aussi variés que ceux des Éditeurs, de la Presse ou de la Publicité… et dieu sait que ces métiers se sous-décomposent en de nombreux métiers collatéraux. Monter les pages d’un beau livre de La Martinière? rien à voir avec l’édition d’un catalogue-guide de VPC. Là les grilles vont se révéler des plus utiles…
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Réglages des grilles par Maquettes ou Blocs
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Je crois sincèrement qu’au travers de cette révolution que représente QuarkXPress 8, c’est désormais la victoire Du Tout Interface. On a tant et tant parlé des interfaces web qu’on a fini par oublier que la première des interfaces sur nos ordis, c’est l’OS (et une des raisons de la montée d’Apple, pour avoir compris avant tout le monde, merci Steve, qu’un ordinateur devait se deviner, voire se donner, et non rester hermétique, au service d’une minorité de geeks adorant farfouiller le code).

Et qu’après l’OS, c’est tout de suite, l’interface des logiciels, des applis. Microsoft avait tenté de rattraper Apple depuis l’Office 2004. Mais la firme de Cuppertino prend toujours un siècle d’avance sur les désirs des clients. Ça s’appelle le marketing d’empathie: EV-E, WALL-E, je t’aime, moi non plus. Et les applis d’Adobe ont suivi le même chemin depuis la CS3. Une véritable avancée dans la gestion des interfaces et du cross-application. Je crois que c’est désormais le grand défi que se sont lancé les éditeurs de logiciels. Il suffit de voir Photoshop Elements et Première Elements que je vous présenterai prochainement, ainsi que la nouvelle version de Ligthroom 2.00 pour comprendre les ressorts de cette bataille. Mettre à la disposition du plus grand nombre, des logiciels professionnels agrémenté d’un interface intuitif à la portée de gamins.
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Vignettes de la mise en page

Du coup désormais, puisque les interfaces s’humanisent, on va pouvoir enfin choisir d’utiliser un logiciel non à cause du confort qu’il présente, mais de ses spécificités propres pour résoudre un problème d’édition ou de publication. La tendance sera j’en suis sûr d’avoir les deux lignes d’applications sur son ordinateur, Quark et InDesign afin de choisir, celui qui résout de la façon la plus adaptée, et productive, la réalisation d’un projet. Une aubaine pour les formateurs de chez Wisibility ou de Pyramyd.

Vous trouverez ci-dessous un certain nombre de documents PDF qui vous expliquent en détail les «Finally Features» de QuarkXPress… Finally Features que vous pouvez interpréter comme vous l’entendez… le «Enfin, ils l’ont fait…» ou bien les «Dernières nouvelles du Monde*» de la mise en page selon Quark.

Quark_8/QXP8Brochure_FR.pdf
Quark_8/QXP8_TransparencyWP_FR_print.pdf
Quark_8/QXP8_PDFBestPractices_FR_print.pdf
Quark_8/QXP8_MigrationWP_FR_print.pdf
Quark_8/QXP8_JobJacketsWP_FR_print.pdf
Quark_8/QXP8_DataSheet_FR.pdf
Quark_8/QXP8%20What’s%20New_FR.pdf
Quark_8/QuarkXPress%208%20Pfeiffer%20Report.pdf

* un roman d’Anthony Burgess

Les photos de la conférence à laquelle participaient une poignée d’experts de la production à Paris sont ici.
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Le site d’I Love Design de Quark

Publié dans De la Modernité, Formation et méthodo, Galaxie Gutenberg, Méthodologie, Typographie et typographies | Un commentaire

First Principles of Typography | by Stanley Morison

Principes fondamentaux de la typographie

Juste au passage en attendant l’article entier, cette phrase désormais célèbre de Stanley Morison où il définit la typographie «as the art of rightly disposing printing material in accordance with specific purpose;
of so arranging letters, distributing the space and controlling the type as to aid to the maximum the reader’s comprehension of the text».

Publié dans Stanley Morison, Typo | Histoire, Typographie et typographies | Commentaires fermés sur First Principles of Typography | by Stanley Morison

Magpie Studio | Un book en ligne? ou en pdf to download?

Le site de Magpie (prononcez Magpy) Studio se trouve ici. Tout d’abord un constat, de plus en plus de studios préfèrent faire une page d’accueil (en flash ou html) et renvoyer leurs visiteurs vers un PDF de leur book à télécharger. Sincèrement je crois que c’est une erreur. Mon expérience (d’)utilisateur, mes rencontres avec de nombreux D.A. d’agences, et des clients annonceurs me montrent chaque jour que cette pioche est la mauvaise.

Les gens n’aiment pas télécharger un book ou portfolio. Je ne dis pas qu’ils ne le font jamais. La preuve, me suis intéressé à cette frise de typos en plomb qui m’a rappelé l’extraordinaire introductions des JO de Pékin, où l’on voyait, ces centaines de danseurs, nous remémorer, que ce pays de plus d’un milliard d’âmes, a tout de même inventé le caractère plomb, bien avant notre très sympathique Johannes Gutenberg.

Donc cette frise, qui me fait souvenir aussi ce travail remarquable, que Lou Dorfsman, a commandé à Herb Lubalin pour le hall de la CBS… oui forcément je ne pouvais qu’aller plus loin par curiosité légitime. Mais je reste persuadé, que nombre de visiteurs, n’ont pas cette démarche. L’image de cette frise ne suscite en soi aucun émerveillement, une série de lettres en volumes, posées ou photoshopées côtes-à-côtes, et ne serait-ce mon système de référent-mémoriel très particulier, très orienté typo et culture typographique, je n’aurais sans doute pas téléchargé le book de cette jeune agence. 

Sur le contenu du book, je n’ai pas grand chose à dire. De l’esprit, des idées, une bonne intelligence de design strategy et sans doute encore beaucoup, beaucoup d’expérience à moissonner pour faire correspondre un discours un peu pompeux avec des résultats un peu limités.

Pour autant, ce qui me frappe une fois de plus, est la nature de mes propres sensibilités qui me portent naturellement à explorer les sites où l’on évoque la typographie comme s’il s’agissait d’éléments muséographiques d’un autre temps. Bon sang. La typo, c’est aujourd’hui, plus vivant que jamais. Et les marques comme me disait Christophe Badani récemment ont plus que jamais besoin de se distinguer au milieu du foisonnement des identités de plus en plus farfelus et anecdotiques.

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Le soleil | The Sun | «graphic representation…» la galerie complète sur design et typo

Chose promise depuis le début de cette série de publication ici (1), ici (2), ici (3), et là (4).

Voici enfin disponible une galerie complète
sur le site de design et typo.
L’étude pédagogique
à l’adresse suivante :
http://www.typogabor.com/Soleil_Graphis_N100/

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245 reproductions d’un numéro historique de Graphis, le numéro 100 datée de 1962.

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Le soleil | The Sun (4 et fin)| graphic representation in history of arts and cultures

Suite des articles précédents:

(1) ici

(2) ici

(3) ici

 Comme indiqué précédemment cette série de chroniques consacrées à l’astre solaire et ses représentations graphiques est issue d’un numéro spécial de Graphis N°100 d’avril 1962. C’était l’époque de la DS 19 :-) L’article était introduite par Armin Kesser de Zürich et coécrit par William B. McDonald (Londres), Prof. Dr D.F. Hartlaub (Heidelberg), August Kaiser (Bâle), René Creux (Lausanne),  Prof. Dr. Karl Schütte (Munich), Dr. Willy Rotzler (Zürich), Enrichetta Ritter (Milan), Manuel Grasser (Zürich), Henri Guillemin (Berne), Dr. Reinhold Hohl (Bâle), et Irene Rigassi (Zürich). Éditeurs Amstutz & Herdeg | Graphis Press | Zürich | Switzerland.

… les inventions de Fornasettei remplissent les espaces que l’équipement moderne laisse blancs ou noirs; leur éclat cristallin, leurs ardoises polies, —autant de tentations.
Italien, Fornasetti doit adorer le soleil, mais Lombard, c’est-à-dire déjà l’homme du Nord, pour se l’assurer à bon compte en toute saison, il est allé le chercher dans les vieux almanachs et les estampes que le baroque a légués à la tradition populaire.


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Antonio Frasconi: Le Livre des Soleils

Le livre des soleils 1955, édition sur Japon puisé à la main et limitée à cinq exemplaires. Illustrations typographiques en couleur et textes transcrits à la main. Tiré à la main par l’artiste.
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Les différences de ton des trois ovales noirs obtenus par l’artiste au moyen du même bois mais par pressions différentes au tirage.

Soleil d’une invitation à une exposition ambulante d’œuvres de l’artiste

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bois de la page de titre du Livre des Soleils

couverture xylographique des douze Fables d’Esope, publié par le Musemum of Modern Art.

chemise en trois couleurs du livre pour la jeunesse Neige et Soleil, poème populaire en deux langues sur l’Amérique du Sud, avec bois de l’Artiste.

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Le soleil dans l’œuvre de Jean Lurçat


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Soleil et Taureau, 1962 dessin au lavis.

Soleil et Taureau, 1960, tapisserie.

les quatre éléments, 1961. Moitié droite d’une tapisserie. 600 x 260 cm.

chaud et froid, 1960, tapisserie d’Aubusson.

détail de la tapisserie Soleil de Minuit, 1961, Galerie «La Demeure», Paris.

eau, terre, feu, 1957.

le grand feu, 1962, tapisserie.

grand ciel, tapisserie et détail, 1957.

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Le soleil dans la peinture et la sculpture contemporaine (av. 1962)


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le semeur, Vincent Van Gogh, 1888, huile sur jute monté sur toile.

forêt vierge au coucher du soleil, Henri Rousseau, vers 1904, huile.

Karl Schmidt-Rottluff, le soleil, 1914, gravure sur bois.

Max Ernst, forêt et soleil vers 1940, lithographie en couleur.

Joan Miró, personnages et chien devant le soleil, 1949, huile.

Marc Chagall.

Georges Braque.

Sofu Teshigahara, interprétation liber du caractère japonais du soleil, 1960, encre de chine sur papier japonais.

Imaji Takeshi (Sofu), le soleil, 1956, dessin au pinceau à l’encre de Chine.

Arthur Luiz Toledo Piza, mosaïque de papiers peints à l’huile sur isorel marouflé.

Simone Boisecq, modèle de glaise pour la sculpture sur pierre Soleil dans le Parc de Sceaux, diam. 100cm env.

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L’enfant et le soleil

ci-dessous: illustration pour Kalevala, l’épopée nationale finnoise, réalisée par une fillette finlandaise de huit ans, Helsinki

Les contes dans lesquels le soleil est appelé à jouer un rôle de personnage appellent tout naturellement l’allégorie, mais là également le type solaire propre à l’enfance doit être respecté. Le trésor des symboles solaires accumulés dans le folklore ou dans l’art peut être à chaque instant redécouvert par l’invention de l’enfant. Nous en avons un exemple dans le soleil aux rayons rouges et dardés comme des fouets de notre illustration (ci-dessus).

On retrouve les mêmes ornements dans les vitraux et les gravures gothiques, mais il n’y a guère lieu d’admettre que leurs analogues dans les dessins d’enfant dérivent de la connaissance des originaux. Nous ne pouvons certes pas enseigner aux enfants à être enfantins, mais nous n’en devons pas moins nous efforcer d’encourager tout ce qui, chez eux, tend à une vision personnelle et indépendante des choses.

zzLa glorification de tout ce qui est décrété «primitif», dont dérive également l’intérêt actuellement porté aux dessins d’enfants, a dans bien des cas engendré chez les adultes l’imitation des formes de représentation propres à l’enfance. Mais c’est là substituer une simple atrape au résultat d’un rapport éminemment réle, et oublier que celui qui regarde des dessins d’enfants participe beaucoup moins aux révélations d’un art qu’à la fondamentale vertu de s’étonner et d’admirer d’où dérive toute œuvre artistique digne de ce nom.

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Une publicité de 1962 pour un imprimeur «Élaboration minutieuse et une Bonne Impression» (traduction Google)

articles précédents:

(1) ici

(2) ici

(3) ici

Pour finir cette série de quatre chroniques je vais préparer une galerie complète de toute l’iconographie qui permettra de prendre la mesure de ce travail d’anthologie assez exceptionnelle que la revue Graphis a accompli en 1962. Il va sans dire que cette anthologie mériterait d’être mise à jour et ce notamment dans une perspective contemporaine des arts numériques. Un jour peut-être un éditeur s’y intéressera. © design et typo, toute reproduction interdite. Usage strictement pédagogique. Tous droits réservés.

Chose promise depuis le début de cette série de publication ici (1), ici (2), ici (3), et là (4).

Voici enfin disponible une galerie complète
sur le site de design et typo.
L’étude pédagogique:
http://www.typogabor.com/Soleil_Graphis_N100/

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245 reproductions d’un numéro historique de Graphis, le numéro 100 datée de 1962.

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Typographie Noir au Blanc | analyse comparée (reloaded)

Article paru dans design et typo le 17 octobre 2006.

Voici un outil de travail et de réflexion, pour vous permettre de régler la typographie de vos websites ou blogs lorsque vous utilisez des fonds Noirs ou Couleurs foncées.

Je ferai l’ensemble de l’analyse comparative dans les jours qui viennent. Vous donne pour l’instant juste les paramètres techniques de ces figures, ainsi que l’adresse d’une galerie d’images qui synthétise toutes ces comparaisons.

Les chiffres en bas à droite de chaque rectangle correspondent à la tonalité des textes. 0 pour cent = blanc, 10,15,20… 88,91,94,97,100, au pourcentage de noir.

Si vous avez dores et déjà des questions ou des commentaires n’hésitez surtout pas %-)

Si les animations s’arrêtent il suffit de rafraîchir votre navigateur «cde+R» sur Mac «ctr+R» sur PC

typo: Helvetica Neue 35 | vous demandez sans doute pourquoi j’ai pris les deux G du Franklin ITC Gothic, en exemple de contraste sur le fond noir. Question de Goût, comme je préfère également un News Gothic à un Helvetica, ou un Gill à un Futura, mais nous nageons dans des eaux troubles de la subjectivité. Juste une précision, je trouve que les caractères que je préfère ont tous un point commun, une souplesse due à la gravure, due à la main de l’ouvrier qui creuse le métal du poinçon en y ajoutant une part de son habileté manuelle pas trop mécanique. J’aime la calligraphie, les dessins à la main levée au pinceau, au calame, et l’on retrouve ces irrégularités dans un caractère comme celui d’Éric Gill. Quant à l’Helvetica, il est l’œuvre d’un «architecte» soucieux de la construction et des équilibres fondamentaux. Mais mon propos dans ce billet n’est pas tant de m’étendre sur mes états d’âme au regard d’une police ou d’une autre mais de souligner les différences de comportement des uns et des autres lorsque soumis au test «fatidique qui tue», je veux dire la composition d’une typo blanche sur fond noir.

AVERTISSEMENT:

Ces remarques et toutes celles qui vont suivre ne concernent que la chaîne éditoriale du web et non celui du Print et nous y reviendrons.

typo: Helvetica Neue 95

typo: Didot

typo: ITC Franklin Gothic «Book»

typo: ITC Franklin Gothic «Heavy»

typo: Clarendon «Light»

typo: Didot «Regular»

typo: Frutiger «Roman»

typo: Garamond Stempel «Regular»

typo: Trade Gothic N°18 «Condensed»

typo: Verdana «Regular»

typo: Verdana «Regular» approches «0» (InDesign)

typo: Verdana «Regular» approches «+75» (InDesign)

Comparaison des polices Originales vs Polices «similar to»

typo Frutiger Light orignale

typo Verdana Regular (dessin de Mattew Carter d’après le Frutiger) pour Microsoft

typo Times New Roman Roman de Stanley Morison (Monotype Corp)

typo Georgia de Microsoft d’après le Times de Morison (dessin Mattew Carter). Il s’agit là d’un dessin spécialement conçu pour la lecture sur l’écran, on le voit notamment en examinant les empattements qi sont légèrement exgagérés pour supporter la lecture en c.9 sur un écran)

typo Helvetica Neue 55 de la fonderie Stempel

typo Arial (plagié par Monotype d’après l’Helvetica de Stempel pour éviter de devoir payer des droits)

Et maintenant je vous invite à découvrir les tableaux complets que j’ai élaboré afin de permettre une comparaison synoptique et à taille de lecture «normale» sur un écran. La galerie est ici.

Depuis que nous sommes entré dans l’ère des écrans (et ça commence avec le cinéma), nous sommes quotidiennement confrontés à un phénomène bien connu des experts qui se sont penchés sur les problèmes de lisibilité.

Herbert Spencer dans son ouvrage the visible word l’explique très bien. Fin du XIXe et début du XXe siècles beaucoup experts se penchés sur les problèmes de lecture sur papier. De nombreuses théories ont été avancées que je développe dans un article sur design et typo ici. En conclusion de la plupart des tests effectuées pour faciliter la lecture, l’on recommanda vivement de diminuer le contraste entre le noir du texte et le blanc du papier.

Deux possibilités s’offre au lecteur, soit d’acheter une version imprimée sur un papier légèrement teintée en jaune bistre, légèrement gris-crème… (c’est le cas des livres de la Pleïade) soit tout simplement de diminuer l’intensité de la lumière qui vient se réfléchir sur le papier pour obtenir une «douceur» qui facilite en le reposant la concentration de notre regard. Autrement dit si vous «balancez» 500 watts d’un halogène sur une page blanche pour lire un roman, il vous en coûtera non seulement une consommation d’énergie auprès d’EDF considérable, mais une fatigue optique qui vous empêchera de lire trop longtemps.

Avec le cinéma on a connu les premiers Noirs au Blanc, en déchiffrant les sous-titrage des V.O. Combien de fois ne vous êtes vous pas dit, c’est fatiguant, trop blanc, lettres presque floues tant la lumière arrondissait leurs bords.

Puis la télévision et enfin les écrans d’ordinateur qui arrivent en masse à partir des années 87-92. Et avec la pao, les sites Internet quelques années plus tard, la tentation a été forte pour bon nombre de créateurs d’utiliser l’inversion des textes en réserves blanches sur fond noir. Pas seulement un phénomène de mode, mais plutôt une possibilité d’expression qui en print traditionnel demandait des investissements plus coûteux du fait de la multiplication des films intermédiaires. Mais en conception de site, ou de page écran sur un logiciel pao, la question du coût était balayé. Coût identique. Et les designers se sont donnés à cœur joie d’exploiter la spectacularité des fonds noirs.

Qu’ont-ils oublié?

La physiologie de la lecture | le confort

Lorsque vous lisez un texte en réserve blanche, en réalité vous lisez de la lumière, une projection de photons qui assaille directement les bâtonnets et cônes de vos rétines. Terriblement agressif. C’est comme si vous regardiez une éclipse de soleil sans lunettes de protection, ou les vitraux d’une cathédrale traversés par soleil intense.

Dans la plupart des exemples que j’ai donné dans la première partie de cet article, on s’aperçoit que l’œil retrouve un confort agréable, lorsque les textes sont teintées entre 35 et 55% de noir. Et je parle de confort et non de lisibilité, parce que les comparaisons que j’ai effectué entre des polices comme le Verdana ou le Frutiger, ont induit pas mal de lecteurs en erreur. Elles montrent que quelque soit le dessin, il devient plus confortable à lire à partir du moment où les lettres teintées freinent ce bombardement photonique. Certains caractères supportent plus ou moins bien l’inversion. Un Bodoni ou un Times ou son dérivé le Georgia, du fait des contrastes internes aux dessins (pleins et déliés) supportent plus difficilement le jeu de contraste supplémentaire qu’impose l’inversion de la lecture.

Un Arial maigre ou un Arial Black réagissent de même différemment par la quantité de photons que laisse passer ce dernier, et l’on voit bien que plus le caractère est gras plus on doit en descendre les valeurs de transparences pour que nos yeux retrouvent un contrôle confortable de la lecture.

Les différences de fatigabilité de lecture dépendent aussi beaucoup de la longueur des textes. Si vous composez un pavé (au fer à gauche, ou justifié) sur 700 pixels de large entièrement blanc sur fond noir en corps 9, vos yeux vont se fatiguer par la conjonction de deux phénomènes. 1) par la difficulté pour nos muscles oculaires de «suivre» une ligne trop longue, 2) parce que si cette ligne en plus se trouve être en blanc sur fond noir, ce n’est plus des formes alphabétiques que vous suivez, mais de la lumière incidente qui prend la forme de lettres et de mots. Autrement dit c’est comme si vous cherchiez à suivre les reflets d’une rivière à saumon. À un moment vos yeux décrochent.

En conclusion et pour faire bref, j’ai écrit ces notes en donnant un certain nombre d’exemples qui n’ont d’autre but, pour ceux qui l’avaient saisi, que de montrer des variations de contrastes et de permettre à chacun de définir sa perception du confort face à une lettre blanche qui se teinte pour tendre vers le noir absolu.

J’ai par ailleurs l’impression d’avoir soulevé une boîte magique en voulant comparer un Times, un Frutiger, un Bodoni, un Helvetica. Le but n’était autre que de comparer des familles de Sérif ou de Sans Sérif, toujours sous l’angle de la lumière qui vient frapper nos rétines. Donc de se rendre compte des complications de lisibilité, dès lors qu’on introduit un facteur supplémentaire de contraste, les pleins et déliés. Franchement que ce soit le Georgia ou le Times, ça n’y fait pas grande différence dans la perception des lettres inversées. © design et typo | octobre 2006

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Le Velib s’exporte à Montréal | Le Prix d’un Concours pour trouver une Marque

Jeu concours pour trouver le Nom du Velib de Montréal

En additionnant tous les prix (20 abonnements annuels + 21 gourdes + 21 casques + 1 abonnement à vie au Velib de Montréal (en calculant sur une soixainte d’années au cas où le gagnant serait un jeune de 20 ans), j’arrive à un coût direct d’environ 30.000 euros (on ne connaît pas encore les tarifs en dollar canadien).

Bien entendu à ce montant il faudra ajouter les frais indirects: experts et consultants à rémunérer, campagne internet, soirée de remise des prix et campagne pour faire connaître les heureux gagnants ainsi que l’accouchement de la marque, on peut tripler aisément ce prix initial de 30.000 euros pour arriver à 90.000 euros. Autant dire qu’il ne s’agit absolument pas d’une exploitation ridicule des efforts des participants. La récompense du premier prix semble tout à fait honnête (au cas bien entendu où l’heureux gagnant ne serait pas âgé de 50 ans ou plus).

En complément, le logo à réaliser et d’éviter que ne se reproduise l’erreur que j’ai déjà mentionné (ici et ) dans mes billets. On peut espérer que sa réalisation soit pour le coup confié à un studio professionnel car cette signature pose des problèmes non seulement graphiques mais aussi bien techniques (l’apposition sur les cadres des vélos).

En tous les cas l’initiative de la mairie de Montréal est exemplaire et semble tout à fait honnête, compte tenu du coût réel d’une telle recherche.

Il ne reste plus à la municipalité de cette belle Ville de Montréal que de faire quelques travaux afin de réaliser des couloirs confortables pour vélos et de réduire subconséquemment les nids de poule et les chaussées défoncées qui transforment pour l’instant une circulation à vélo en véritable exercice de VTT à risque. Heureusement qu’ils ont prévu les casques, malheureusement pas intégraux.

Correction et interrogation partagée:

Un commentateur me fait remarquer que je n’ai pas lu les conditions du règlement (sincèrement désolé), et avance un chiffre rectificatif de quelque 7000$ canadien au lieu des 30.000 Ca$ que j’avais calculé sur la base des tarifs en vigueur en France.

En précisant notamment que la durée du premier prix à vie n’était valable que pour vingt ans.

Par ailleurs je constate également que l’abonnement mensuel y est moins élevé qu’en France. Pourquoi ces disparités tarifaires? Et du coup je partage le questionnement de mon visiteur sur la méthode assez délétère d’une telle pratique qui revient alors à exonérer l’annonceur (car ç’en est un) de l’investissement professionnel lié à la création d’une marque.

Si les 500 premiers annonceurs en France généralisaient de telles fonctionnements, si PSA, L’Oréal et les autres se mettaient tous à faire travailler presque gracieusement le public, alors je ne donne pas cher de l’avenir des économies professionnelles (Agences, Consultants en Marque, et bureau de Design). Voilà sans doute l’un des effets les plus pervers du monde du net en matière économique et sociale. Maurice Lévy n’aura plus qu’à tenter sa chance à «qui veut gagner des millions», un moyen plus sûr de s’enrichir.

(Moi qui voulait être gentil pour une fois, c’est un de mes lecteurs qui me rappelle à l’ordre, merci à vous)

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Paul Gabor, typographe | sur les galeries professionnelles de James Craig

Un grand merci à James Craig d’avoir inclues ces affiches de Paul Gabor sur ses pages de galeries professionnelles.

Pour mémoire j’ai rédigé un billet sur le travail de James ici et ici et là.

Et vous trouverez l’ensemble des chroniques consacrées à l’œuvre de Paul Gabor ici.

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Publié dans Paul Gabor | Tribute, Typo | Histoire, Typographie et typographies | Commentaires fermés sur Paul Gabor, typographe | sur les galeries professionnelles de James Craig

Le Monde.fr | typographie et mise en page à l’honneur | analyse

Voici quelques jours que la nouvelle maquette du Monde.fr est en ligne. Et l’on peut déjà tirer quelques conclusions de ce travail non dénué d’intérêt. L’évolution s’est faite en toute discrétion. Point d’annonces fracassantes ni de conférence de presse de la rédaction. Quelques frémissements, dans les pages internes, «on sentait que quelque chose bougeait», puis depuis cette semaine la Une s’est radicalement transformée.

Quid de cette évolution. Pour les qualités:

1) Plus éditoriale

Un sujet qui m’a préoccupé dès le démarrage de design et typo. Ai publié en octobre 2006 une étude comparative de la presse en ligne ici …   Voici (ci-dessous) à quoi ressemblait en 2006 la Une du Monde. Présence forte d’une grille sursignifiée par des cadres, des encarts et des filets. Au point que le contenu avait tendence à disparaître au profit des signifiants graphiques. Une maquette très «DSI» qui ne tenait pas trop compte du confort du lecteur bien incapable d’analyser les codes graphiques qui lui confère confort et lisibilité.

La nouvelle maquette bénéficie donc d’un effacement radical de cette charte surabondante pour laisser respirer et vivre le texte éditorial du journal on-line. Preuve en est que le blanc reprend le dessus et sa circulation rythme la lecture de la page d’accueil. Il n’y a plus de cadre, juste quelques filets rouges ou jaunes qui contrastent agréablement avec les titres et textes bleus. 

Redonner aux titres et textes leur primauté. Un journal, en ligne ou Print c’est tout d’abord des articles. Puis quelques photos qui viennent illustrer tout en rythmant la mise en page. Il s’agit bien sûr d’une contrainte majeure… mais il ne faudrait surtout pas en conclure qu’il suffit de supprimer les cadres et les filets pour conférer «une forme éditoriale» à un Site d’Actus. Les variables sont nombreuses. Choix des caractères (Georgia pour les titres et Arial pour le texte courant), choix de la hiérarchie des corps et surtout, choix des interlignes et des filets très très fins en pointillés qui viennent juste signifier une subdivision indispensable à la lecture. Le résultat est nette et sans bavure. On n’est pas là pour s’amuser mais pour s’informer. Et Le Monde a enfin compris sans doute encore parmi les premiers, les ingrédients de cette lecture très spéciale. Il est à noter que la circulation des blancs est remarquablement bien réglée. On y reviendra.


l’ancienne maquette du Monde.fr.

2) Mieux hiérarchisée

Tout d’abord il faut signaler que le flux est sans cesse remis à jour à une cadence que j’ai rarement vu ailleurs. Preuve d’une fébrilité journalistique de chaque instant. La rédaction respecte bien le concept des 4-5 articles principaux qui «sautent aux yeux» du lecteur, mais l’ordonnancement et l’énumération de ces articles bouge très vite. Exemple du jour: l’I-Phone qui monte en titre principal à 17:00h alors que vers midi on faisait focus sur l’audience d’RTL. Ce flux est sans doute l’arme stratégique du Monde.fr car il engrange du fil RSS et des référencements constants. On peut aisément deviner que l’audience du portail va augmenter de façon substentielle.

3) Plus d’ergonomie

Une seule barre de navigation horizontale sans bric-à-broc 2.0, l’essentiel, les principales rubriques. On survole et à chaque onglet correspond une ligne de navigation «sensible» et non soulignée avec un focus qui varie lors du survol. Dès que je quitte cette ligne la parenthèse verticale se referme, je regagne de la place de lecture pour la suite. (Et la grande force de cette mise en page est d’avoir concentré dans la partie supérieure gauche les principaux titres de l’heure. Un seul titre en c.24 et les autres en c.17. Quant aux textes, composés en c.10-11. ils bénéficient d’un interlignage très confortable.) Dans la zone Livres et Culture, dans un espace où le besoin d’images se fait encore plus sentir que dans les actus, chaque photographie se joue en rollover par un texte blanc sur fond rouge qui vient préciser le contenu de l’article. Vous cliquez et direct to the article, comme avant. De fait la typographie interne du portail n’a pas encore été modifiée. Vous y retrouvez l’ancienne maquette et charte graphique.

Pour les défauts:

1) Une mise en page un peu ennuyeuse, voire monotone

Elle tient essentiellement à la grille verticale en trois colonnes pas tout à fait égales*. La tiercéité symétrique de cette mise en page nous enferme dans un non-rythme graphique (voire musicale) qu’il eut suffit pour rompre, d’intercaler une colonne de texte ou tout simplement une marge plus grande entre les deux premières colonnes et la dernière. Et cela m’amène à me et vous poser une question, pourquoi diable continue-t-on à laisser des marges latérales aussi importantes sur la quasi totalité des portails de presse?

J’ai bien une idée qui concerne l’ergonomie de lecture et la possibilité d’agrandir les corps, la peur d’éparpiller le regard du lecteur, et peut-être une difficulté supplémentaire pour implémenter les flux d’infos qui arrivent en php etc.

Cela dit, regardez-ci-dessous la home du New York Times et vous comprendrez qu’une grille en quatre colonnes (qui se termine par une grille sur six colonnes) est plus vivante et donc plus riche d’expérience de lecteur.

Le secret de tout rythme est l’assymétrie qui transgresse le tempo. Et le tempo graphique est commandé en premier lieu par les colonnes puis les blancs tournants et enfin par la hiérarchisation typographique. La nouvelle maquette du Monde.fr ne souffrirait-elle que d’une chose: un manque d’accidents graphiques (voulus et donc signifiants). Il s’agit d’une maquette très élégante, très agréable et très «rigoureuse», qui ne souffre que d’un manque de personnalité *trademark Le Monde*.

2) Une charte Graphique très benchmarqué entre El País.com, Google Actus le New York Times et le Guardian

Ce serait sans doute la plus mauvaise critique à faire au Monde, que de regarder autour, les sites qui fonctionnent bien. Google, en premier (je crois) avait inventé un style de News sans images, une sorte d’agrégateur d’Actus personnalisable à souhait. (c’est d’ailleurs sans doute le devenir d’un portail comme le Monde). Deuxième grande étape vers *Son Journal à Soi* et déjà en œuvre sur de nombreux portails (BBC ).

Mais le benchmark graphic s’est joué essentiellement entre le New York Times, le Guardian et El País.com qui fonctionnent à peu près avec la même charte graphique. Le journal en ligne espagnol semble beaucoup plus vivant pour la simple raison que les titres (tjrs en Georgia), sont plus attractifs, plus emphatiques. En revanche le réglage des blancs verticaux y sont extrêmement mal gérés.

Pour le New York Times, les titres y sont également composés en Georgia mais bold, et les textes en Georgia regular. Dans l’ensemble le journal américain gère très mal sa typo mélangeant les Georgia et les Arial pour les auteurs, et surtout en distribuant très mal de même les blancs verticaux. Serait-ce une maladie de jeunesse des sites de presse? en tous cas Le Monde a pris le parti de s’attaquer avec beaucoup de rigueur au rythme vertical et c’est tant mieux pour le lecteur.

La grille dont s’approcherait le plus Le Monde.fr est celle du Guardian. De plus la charte typographique y est à peu de choses près la même. Mais là encore, Le Monde prend de l’avance sur la rigueur. Exemple, les filets pointillés séparateurs du Guardian sont assez mal équilibrés. Quant aux filets demi-gras en couleurs, Le Monde a opté pour une monochromie en rouge. Monotone mais forte, cette non-gamme va devenir pourtant avec le temps un signe fort du portail français.

Une faiblesse cependant pour notre journal français, la gestion des images et de quelques sous-colonnes. Comparez avec celle du Guardian. Rigueur absolue de l’autre côté du Channel.

Questions et Conclusion(s):

Dans un paysage médiatique en forte progression sur le web, tout comme les portails de l’e-commerce, les journaux en ligne commencent à réagir vivement et retrouvent des comportements professionnels. Ils se souviennent enfin des métiers de la mise en page, de la direction artistique et des rigueurs typographiques nécessaires qui ont fait tant défaut au début de l’expérience web.

Clairement on sent désormais une prévalence des décideurs, journalistes d’abord, avant d’être des éditeurs et surtout des commerçants. La forte monotonie du Monde.fr ne devrait pas nous gêner tout au plus nous questionner sur la ou les libertés que nous pouvons prendre avec des thèmes aussi forts que la Presse en ligne. En tous cas il est plus facile «d’agiter» une maquette qui fonctionne déjà remarquablement bien que de tenter d’en agiter une où il n’y aurait aucune rigueur, aucune méthodo ni volonté d’expression. Place donc enfin à l’expérience et à la culture typographique.

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Le portail du Monde.fr

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L’ergonomie des onglets de navigation

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Les rollover sur les images

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Page intérieure non encore modifiée

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Google News

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Le portail du New York Times

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L’Express en retard d’un train

*(en effet la colonne de droite est très légèrement moins large que les deux autres. Ça ne gène que les professionnels qui y voient plus une maladresse qu’une volontée délibérée du concepteur)

Une autre analyse tout à fait im-pertinente chez Gabriel Jorby ici

Et une série d’articles que j’ai intitulé Le Monde en analyse ici

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