Via la Société Emile Zola, voici une série d’affiches des œuvres théâtrales, littéraires et cinématographiques issues de l’œuvre d’Emile Zola. Tout le monde se souvient bien entendu de son célèbre J’Accuse parue dans le Figaro du 13 janvier 1898. Mais si vous voulez revivre cette affaire Dreyfus, rien de tel que de vous replonger dans le timeline édité par la Emile Zola Society. Je me suis plus particulièrement attaché à vous montrer ces quelques affiches de l’époque qui témoignent de plusieurs choses.
Typographie Foisonnante:
Chacune des affiches laisse paraître l’utilisation de nombreux caractères sauf peut-être celle de NANA ci-dessous mais il s’agit là certainement d’un teasing et non d’une affiche complète. Regardez Gervaise ou Le Rêve ou encore Pot-Bouille, ce sont de véritables catalogues de caractères de l’époque. Bien entendu chacun des titres était dessiné et peint à la main. Point de machines à composer ni même de Letraset (lettres transferts) à l’époque. Nombre des créateurs contemporains s’inspirent encore de ces affiches pour créer de nouveaux alphabets. Et je ne prendrai que la ligne «DE TRIOMF DER LIEFDE» dans Pot-Bouille, pour y voir les prémices d’un caractère de Zuzana Licko. Le mélange des styles: il est caractéristique et d’une époque et du graphisme français en particulier. Le Bauhaus n’a pas touché l’industrie cinématographique du pays de Voltaire. On le récuse même pour s’envoler vers un certain lyrisme «à la française» où l’on mélange tout et son contraire. Mais il faut aussi savoir qu’en ces temps reculés, le graphiste de film était plus souvent le peintre en lettre qu’un affichiste comme Cassandre. Autant dire que la structure graphique de ces posters n’obéissait pas à une école graphique d’avant garde mais à une expressivité lyrique bien encrée dans les journaux illustrés des années 30-50.
Expressivité graphique:
Chaque ligne, chaque mot typographié par le peintre en lettre devait hurler un message, un sens. Et dans le cas de Zola c’était d’autant plus facile que l’œuvre est dédié à dénoncer la condition in-humaine faite aux classes laborieuses. Que ce soit pour la Débacle, ou au Bonheur des Dames ou encore l’assomoir sans parler bien entendu du plus célèbre des romans-sociaux, Germinal, l’artiste peintre en lettre se sert de la typographie pour engranger la force des messages. On n’ose imaginer que seraient ces affiches mises entre les mains d’Experimental Jetset. Uniformité de l’Helvetica. Neutralité neutralisant la poésie des signes typographiques neutralisant par voie de conséquence la sémantique forte de ces visuels. Seule une affiche cependant cède à la tendance russe du graphisme constructiviste, celle de l’Argent qui correspond vraiment à un thème et un traitement typographique de l’actualité des années 30.
La couleur et les manuaires, amplificateurs de messages:
Le Rouge et le Noir sont les couleurs fétiches de ces affiches, agrémentées du jaune Pantone 123 et plus foncés, ainsi que d’une série de complémentaires lorsque dans «La joie de Vivre» l’affichiste mélange le vert et le rouge. L’utilisation prolixe de caractères brushes augmente la force des titres par leur proximité du spectateur qu’ils prennent à témoin des drames humains. Mais on pourrait analyser affiche par affiche, titre par titre et vous en laisse toute liberté dans vos commentaires assidus.
« chacun des titres était dessiné et peint à la main »
Avec un pochoir ou à la main levée ? Dans La revue illustrée on a pas l’impression que c’est fait à la main.