Webdesign des portails de Presse | l’Express

Allez les vacances se finissent, au boulot. Et je remets ça… Vous allez croire que je suis un obsessionnel ou un maniaque et pourtant vous savez bien qu’on touche là à l’un des aspects les plus intéressants sur le webdesign. Les portails de la presse.
Dans un style direct et sans détour, vous voulez que je vous dise, je n’aime pas la plupart des portails pour la (les) raison(s) suivante(s) :
Ce n’est pas seulement une affaire de mise en page, ou de choix des typos (bien maigre de toute façon), ce n’est pas le choix des couleurs ou de mettre des images ou pas. C’est un ensemble de choses, qui s’appelle l’expérience utilisateur qui me fait prendre cette position critique.

Prenez par exemple le portail de Rezo.net soit vous cliquez sur l’image pour la voir en grand,

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soit vous allez directement voir leur site ici : rezo.net/large

Et après plusieurs échanges dans les commentaires j’ai découvert une version encore plus épurée (sans doute réalisée pour les écrans bcp plus petits), version que voici:

rezo-net-800.gif

le lien extérieur est ici : http://rezo.net/rezo800

Que constatez-vous, une page de texte, oui certes. Il s’agit ni plus ni moins d’un agréagateur de news sélectionnés par des rédacteurs passionnés en politique, culture, art, faits de sociétés aux tendances un peu alternatives dont le lectorat est spécifiquement engagé , militant et toujours à la recherche d’infos «plus plus», c’est à dire des lecteurs qui ont envie d’avoir une vision du monde un peu plus réelle que ce que les journaux laisse entrevoir.

Attention une page aux apparences ennuyeuses peut en cacher une bcp plus ergonomique. De fait quand vous survolez certains items, vous accédez à des fenêtres «volantes», petits scripts en java je suppose qui permettent de donner accès à un résumé plus détaillé. Mais une fois de plus cela pose la question du : «à qui ça s’adresse?»

On pourrait me rétorquer que c’est «chiant» de n’avoir que du texte à lire, mais je vous assure que ça n’est plus plus ennuyeux qu’un livre des PUF ou un roman de gare à qq centimes d’euros qui ne comporte que du texte. Mais il est vrai que le rapport à la lecture change quand vous avez un objet que vous voulez lire comparé à un objet qu’une entreprise voudrait que vous lisiez. Autrement dit il y a deux lecteurs, celui, “normal” du lecteur traditionnel, qui achète un livre une revue, ou un journal avec des infos, des vrais, et puis le lecteur-consommateur (la ménagère de 35-45) qu’il faut séduire, à qui il faut donner envie d’acheter un journal, un magazine quitte à remuer chez elle les plus bas instincts primitifs (suis-je toujours la plus belle?, Oh mes hanches, Oh t’as vu la vie des princes et des acteurs, Oh Sami Naceri en garde à vous, tu t’rends compte etc.).

Mais je reviens à l’Express. Je n’ai pas dit que l’Express entre dans cette deuxième catégorie de lectorat, parce qu’il y a toute une gradation entre les lecteurs de Voici et ceux de l’Express. Le magazine qui a été lancé peu après la 2e guerre mondiale par Françoise Giroud et le jeune Jean-Jacques Servan-Schreiber s’adressait à des lecteurs militants, ceux de la classe moyenne montante qui voulaient peser sur l’évolution du monde d’alors. La Fnac était également un magasin de coopérative créé par de jeunes ingénieurs (André Essel etc.) qui voulaient faire accéder leurs égaux à des possibilités d’achats militants. Mais nous ne vivons plus dans les trente glorieuses. Et les parts de marché se sont réduits comme peau de chagrin. La tendance est plutôt au rachat du voisin que d’essayer d’améliorer, de recentrer sur ses origines, son métier etc. Alors quand on regarde vite fait le portail de l’Express, ça donne ça (vous cliquez sur l’image pour l’agrandir [qq secondes de téléchargement] et vous revenez me lire :-]

Parmi tous les portails de Presse l’Express ne tient pas la plus mauvaise place, une certaine rigueur se lit en diagonale sur le site. Des appels de lecture clairs, un système de colonnage et de cadres assez agréable, mais quand on regarde le détail ? La partie supérieure fait un peu bazar, le logotype disparaît au profit d’une promo dévastatrice, l’encadré à la une: un peu trop voyant, alors que dans un mode de lecture écran, on ne peut de toute façon y échapper. Au fond même si nous lisons en diagonale, nous lisons, nous ne regardons pas la télé. On a un peu l’impression que les webdesigners font de l’habillage télé alors qu’il s ne font ni plus ni moins que de faire de la mise en page dans un format donné. mais globalement statique. Et ce qui pourrait ne pas être statique l’est malheureusement. Par exemple quasiment pas d’onglets interactifs qui permettrait de faire des choix de rubriques (et par le fait de gagner de la place éditoriale). L’intérieur du magazine en ligne reprend la trame de l’ensemble mais avec plus de rigueur. Autant dire que c’est possible.

Voyons cela:

express-portail-decompo.jpg

Petits problèmes constatées :

zone 0 : Rubrique LE MONDE, l’occasion était trop belle de remettre un logo de l’express. c’est dommage pour l’identité du portail.

zone 1 : trois photos, trois formats différents. ce qui entraîne dans cette structure en zone 2: trois alignements en escalier. dommage pour le typographe que je suis, mais aussi lecteur de journaux, de magazine, de livres etc.

zone 3 : me retrouve avec un semblant de colonne double mais qui au final semble faire trois justifs différents en escalier. Encore. Décidément «l’ai-je bien descendu» demandait Line Renaud…

zone 4 : rien à dire sauf qu’on s’attend de pouvoir cliquer sur les icônes et finalement ce sont les textes qui sont cliquables. Et pourquoi des icones là et pas sur les autres articles. Trop et/ou inutile.

Les images de la zone 5 posent un problème délicat. Je comprends bien que l’on ait envie à la rédaction de faire cliquer les gens sur les videos ou les photos. Mais il y a un art de l’éditing pour les micro-photos hyper petits, sinon illisibles et ne donnant absolument pas envie de voir plus loin. Je veux bien donner un cours d’éditing aux gens de l’équipe de la rédaction ;-] s’ils le désirent, mais il urgent de dire, que soit j’utilise une photo qui «parle» soit j’en mets pas. Et avant d’écrire cela je me promettais d’être encore plus dur : en disant qu’il y a des tailles inutiles à afficher parce qu’illisibles, mais après réflexion on peut s’accomoder des plus petites surfaces de photos à condition d’avoir la science de l’éditing (à ne pas confondre avec l’editing des agences photos qui consiste à renseigner les photos). Ici je parle de l’éditing, comme on en parlait avec les SR dans le «bon vieux temps» (humour).

zone 6 : enfin un peu de blanc pour respirer, mais mon brave Monsieur le blanc ça coûte cher… euh ça c’était l’époque du papier. Sur l’écran… vous me direz la différence. Mais cette zone 6 pour blanc qu’elle soit, ne me fait pas bondir au plafond parce que c’est un espace enfermé, qui ne tourne pas, qui ne circule pas. Comme une bulle d’air coincé dans un sac en plastique rempli d’eau. Je sais je suis intraitable ;-]. Que voulez-vous, c’est pas à un vieux singe qu’on apprend à faire le beau.

Quand on regarde l’ensemble des zones annotées on s’aperçoit bien d’un certain désordre dans les alignements trop nombreux. J’ai déjà abordé ces questions de changement de grille dans une page sur l’étude consacrée à EnVille (cf dans les rubriques dans la colonne de droite). Pour réaliser une telle mise en page il faut faire circuler les blancs avec beaucoup plus de souplesse qu’ici.
Nous revenons à la Une et me dit que tout ceci n’est qu’un avant goût d’une batterie de tests et de critiques que j’attends d’élaborer avec les lecteurs et les designers interactifs dans le cadre d’un atelier de recherche sur l’ergonomie du design de presse (les adhésions et la porte est gande ouverte).

Apparté : pour revenir à l’Express, et à sa Une. Quelque chose me frappe tout à coup. Il n’y a pas un traître mot sur l’Europe. Pas un mot, pas une ligne. Je me demande si c’est l’effet pervers du non au référendum, ou bien le signe d’une classe moyenne française qui fait semblant d’ignorer l’existence d’autres pays que la France. (mais mes propos sont là, hors sujet) On trouve bien là un symptôme d’austracisme et d’égocentrisme hexagonal. A part cela, ce n’est ni le meilleur portail ni le moins bon. Disons qu’ils peuvent mieux faire avec sans doute de grands talents informatiques qui ne demanderaient qu’à être un peu orientés pour accoucher du meilleur.

Conscient de n’avoir que survolé le sujet pour laisser le temps à mes collègues des designers interactifs de se coordonner en vue d’élaborer le questionnaire final… je n’ai pas voulu déflorer complètement le sujet.

J’attends vos commentaires et une notation (sur 20) ci-dessous sur les thèmes :

  1. ergonomie de lecture :
  2. architecture générale :
  3. lisibilité :
  4. style-qualité graphique :
  5. accessibilité :
  6. utilisation des couleurs :
  7. les images (choix, taille, cadrages) :

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Une réponse à Webdesign des portails de Presse | l’Express

  1. Soheil dit :

    Désolé, je n’avais pas remarqué que la notation devait être sur 20. Mon total de 2,7 sur 10 devient donc 5,4 c’est-à-dire (pour supprimer la virgule): 5. J’ai remarqué après coup que j’ai tronqué l’article Couleurs, et je n’ai pas conservé mon brouillon. Outre le manque de cohérence signalé ici, il y avait aussi dans mon souvenir un manque de pertinence dans l’emploi des couleurs, il y avait aussi un bleu ciel incongru qui m’avait frappé… Mais bon, une véritable étude demanderait beaucoup plus de temps. J’en reste à ces quelques impressions.

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