Anne Frank, ou le «confinement» originel

Anne Frank (1929-1945) jeune juive allemande auteur d’un journal intime, elle mourut au camp de concentration de Bergen-Belsen — Anne Frank (1929-1945) young German-Jewish diarist, she died in concentration camp of Bergen-Belsen

Il y a confinement et confinement. Il y a guerre et guerre. Il y a morts et morts. Je re-lisais l’autre jour quelques passages du Journal d’Anne Frank. Et suis aussi tombé sur une vidéo de mon «kedves» psychanalyste, Daniel Sibony, évoquant les qualités du silence qui enveloppe tout à coup la Ville toute entière.

Ramenant les pensées de chacun un peu plus vers soi et de ce fait peut-être vers l’Autre. Et je ne le cite pas. Je dis simplement que l’occasion nous est donné de réfléchir sur nous mêmes dans un silence étourdissant où l’Altérité est possible mais pas pour tout le monde.

L’intelligence du Ça en Nous est révélée tout d’abord par nos proches et le comportement de nos propres familles à notre égard et bien sûr réciproquement. Donc on ne se plaint pas. On récolte ce qu’on s’aime, dirait Pierre Desproges, ou Roland Barthes, ou encore Lacan et bien sûr Claude Hagège qui parlait plus de 200 langues et idiomes. Lors d’une émission où il fut reçu par Bernard Pivot.

On récolte ce qu’on sème et notre société sera au pied d’un sacré mur, lorsque sorti de cette crise il faudra faire le décompte des conséquences en toutes sortes. Individuelles, collectives, sociales, économiques, psychologiques, et bien sûr familiales.

Le Journal d’Anne Frank nous dit qu’il est possible de vivre confiné dans un placard et l’histoire nous dira que son Dieu eut été bien inspiré de la récompenser par la Vie plutôt que la Mort. Mais voilà, Dieu n’existe pas. Et l’invoquer c’est trahir notre possible humanité. C’est s’en remettre à une Justice qui serait plus juste que celle des Hommes.

Et cela mon intellect n’arrive pas à l’accepter, même si j’eusse aimé terriblement et furieusement pouvoir rejoindre ma famille disparue dans un au-delà bienveillant. Le silence que cette maladie nous confère est là peut-être le plus beau cadeau que l’espèce humaine a réussi à se faire en dévastant sa planète et laissant libre cours à un développement industriel, démographique et sociale sans aucun plan d’ensemble.

Les conséquences de ce libéralisme totalitaire sont le miroir de notre portrait caché. Celui qu’on ne montre pas. Celui qu’on voudrait voir dissimulé, mais que la haine, les paroles de haine, le rejet de l’Autre (et ceci est valable dans tous les recoins de ce Ça dont je parlais tout à l’heure) sont des symptômes évidents et révélateur de notre solitude face au Dieu silencieux qui ne répond à aucune de nos prières.

«Aide-toi, le Ciel t’aidera» est bien entendu à prendre dans son exact symétrie, « Aide-toi parce que le Ciel ne t’aidera pas»… Et de ce fait on cesse de se laisser manipuler par l’invisible, pour ouvrir les yeux sur ce qui est, autour de nous et en nous même. On cesse de croire qu’il est indispensable de posséder plus que ce qu’on a besoin et, d’accumuler des richesses, que même les Pharaons ont emporté dans une «peu probable» vie éternelle.

Des enfants? Oui c’est important d’en faire bien que chaque enfant produise plus de CO2 dans sa vie que 300 Airbus, que dis-je que 600 fusées Ariane, mais quelle importance. L’espèce humaine est programmée pour se détruire.

C’est écrit depuis la nuit des temps car c’est un combat entre le fini et l’infini et non un pari absurde proposé par le Génie de Blaise Pascal. Il y a dans le silence de ce confinement des messages contradictoires que chacun interprète à sa façon. Une punition pour les uns, une fatalité divine pour les autres. Et l’occasion aussi pour beaucoup de transgresser les interdits, en songeant que la liberté de mourir ou de faire mourir les autres est un droit humain inaliénable.

Compliqué de croire qu’il existe un Dieu bienveillant ou malveillant. Et si Dieu nous avait fait à son image. Libre. Donc libre de faire le mal comme le bien. Et si Dieu était Libre Arbitre, alors nous sommes tous Dieu. Et pour paraphraser Orwell, je terminerai ce petit pensum en déclarant qu’il y a des Dieux plus libres que d’autres.
Sur ce, prenez soin de vous et de votre silence intérieur. Car la méditation de l’esprit associée aux exercices de mon Coach sportif me semblent le plus bel exercice d’humanité que le destin nous propose aujourd’hui à relever. Et un grand bonjour à mes enfants qui vivent loin de moi.

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