Cela fait maintenant un peu plus d’un an que j’ai pris la direction d’e-artsup et nous voilà face à un rendez-vous majeur. Après avoir «audité» les qualités et les faiblesses de cette école unique en son genre, je me suis attelé à la lourde responsabilité de réécrire la charte de l’enseignement et de mettre en forme la cohérence pédagogique du projet d’une école qui s’inscrit dans une posture exceptionnelle, celle d’être née «digital native» en 2001.
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L’enseignement supérieur
des métiers de la création
n’est pas nouveau.
Dès 1968 des écoles sont nées suite aux mutations constatées durant les trente glorieuses. À société de consommation, l’économie a répondu Agences de Publicité et studios de création. L’histoire de l’enseignement suit de près l’évolution des pratiques professionnelles qui de publicitaires ont doucement glissé vers la Communication. L’Affiche 4×3, concurrencé par les magazines, journaux et surtout TV a perdue de sa primauté.
Fini les œuvres de Cassandre, Savignac ou Villemot, voici le temps des communicateurs qui utilisaient tous les moyens modernes, photographie publicitaire, de mode, illustrations et montages complexes qui partaient se réaliser en Angleterre en procédé Dye Transfer pour la bonne raison que des Agences comme Publicis ne trouvaient pas en France des professionnels suffisamment compétents.
Ces années ont connu toutes les révolutions visuelles et graphiques, enrichis par la Photographie et l’Offset qui autorisaient désormais des travaux de plus en plus complexes. Dès le début des années 80, des photogravures comme Penta s’équipaient en matériel Digital pour raccourcir encore les process de production. Fini les innombrables «contretypes» et films intermédiaires, l’alchimie de l’image-texte se faisait désormais directement sur l’écran Crossfield ou Scitex, deux marques éminemment réputées à l’époque pour avoir été les premiers à proposer les nouvelles technologies du numérique.
De 1980 à 1990, les écoles de formation sérieuses se comptaient sur les doigts d’une main, un peu de privé (Penninghen par ex.), un peu de Public (Les Arts Déco, l’Ensci, Estienne).
1989-1993:
les trois coups de théatre:
L’arrivée massive des Macintosh et des logiciels de mise en page (Quark X-Press), de retouche Photo (Adobe Photoshop) ou d’illustration (Adobe Ilustrator) bouscule les habitudes, et Agences et Bureaux de Création s’équipent en donnant les outils informatiques aux Directeurs Artistiques. Les métiers se concentrent sur l’écran de mise-en-page et la mutation crée un enthousiasme «planétaire» pour les NTIC. L’enseignement des Arts Graphiques va connaître un regain d’activité fulgurant puisque ce sont des dizaines d’écoles, nouvelles qui arrivent dans le paysage de la formation. Formation pour Adultes comme Pyramyd ou Formation Initiales.
À partir de ce moment les écoles traditionnelles investissent massivement dans les technologies mais de fait les choses ne sont pas si simples que cela. Ouvrir un labo de PAO au sein d’une école traditionnelle ne suffit pas à impacter un enseignement moderne.
Créer une école de production et d’infographie ne garantit pas non plus un enseignement des fondamentaux. Durant quelques années les standards de l’enseignement supérieure ont connu de grandes faiblesses voire des dysfonctionnements majeurs dus à la démission pédagogique des professeurs du traditionnel face au raz de marée du numérique. Tout le monde ne voulait pas évoluer.
Or durant ce temps les besoins en compétences se faisaient de plus en plus vifs dans les Agences. Confrontées qu’elles étaient aux contraintes des temps de production. Les DA ont glissé progressivement vers le tout numérique (1998-2002) pendant que les écoles enregistraient un retard de plus en plus évident dans l’organisation de leur pédagogie.
C’est dans ce contexte
«bouillon de culture»
qu’e-artsup est né en 2002
de par la volonté d’un groupe d’Education Privé de l’enseignement supérieure (IONIS Éducation Group ). Créer la convergence des métiers de l’informatique et du numérique avec l’Enseignement Supérieure de la Création, c’est le défi majeur relevé par Marc Sellam aidé pédagogiquement par Bernard Le Nevanic. À territoires nouveaux, nouvelles méthodes. Puisqu’e-artsup est née Digital Native, il fallait pour autant lui assurer les corpus de l’enseignement des fondamentaux, dessin, arts graphiques, création publicitaire, création en animation (design motion) et sciences humaines pour notre filière concept.
En arrivant à la tête d’e-artsup voici près d’un an je me suis efforcé à analyser les qualités et les faiblesses pédagogiques de cette école hors normes. Les bases étaient excellentes. Les étudiants qui sortaient avec leur titre homologué par l’État trouvaient rapidement du travail. Bernard Le Nevanic, mon prédécesseur avait fait un travail formidable. Il suffisait juste d’infuser quelques matières supplémentaires, typographie, photographie, interactivité et surtout de faire venir d’excellents professionnels pour assumer ces nouveaux corpus. David Laranjeira pour la typographie, Klavdij Sluban pour la photographie, Christian Dubuis Santini pour les Arts Graphiques, Étienne Mineur pour la création de notre filière Design Interactif et Matthieu Colombel qui reprend en main notre filière Design Motion. Des talents, et encore des talents. Des intervenants passionnés qui vivent au quotidien de leur métier l’exigence la plus haute face au monde de la communication.
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Dans le même temps, j’ai multiplié presque par deux les cours de dessin et d’arts plastiques en raison que le processus créatif doit partir de la pratique quotidienne du croquis, du dessin d’observation et de la capacité d’un futur directeur artistique à formaliser une idée sur un bout de papier. Storyboards, Animation, et design produits, autant de matières abordés dès la première année. Et surtout désormais, c’est dès la deuxième année que nous poussons les jeunes à s’exprimer avec les outils de la 2D/3D.
Numérique l’école l’a toujours été. Plus que jamais l’ordinateur devient l’outil incontournable de l’étudiant, nous n’abandonnerons pas pour autant l’idée que nous formons des Directeurs Artistiques donc avant tout des professionnels qui seront mis face à des situations de responsabilités manageriales. Et c’est bien le sens de tout l’enseignement d’e-artsup. Former des jeunes prêts à manager des projets, décrypter des marques tels que Marc Gad Drillech (ancien Directeur Général de Publicis Dialog et, Directeur Général du Groupe IONIS, en charge du Marketing et de la communication du Groupe), faire des recommandations qui auront pour conséquences d’infléchir l’avenir économique des entreprises.
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Je ne suis pas peu fier de participer à cette aventure humaine et pédagogique qui consiste à mettre une école sur le chemin de l’excellence afin de donner toutes leurs chances aux jeunes qui en sortent. Surtout par les temps qui courent, incertains et confus quant aux process de création. Je ne suis que trop conscient des enjeux majeurs qui sont les nôtres pour préparer l’avenir de nos étudiants.
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design motion e-artsup from petergabor on Vimeo.
l’œuvre X est le résultat d’une collaboration étroite entre six étudiants d’e-artsup institut (membre du Groupe IONIS), Jean Larivière, photographe auteur de réputation internationale et la Maison Louis Vuitton qui a soutenu ce projet issu de l’imaginaire des sept artistes afin de faire rêver sur le monde des voyages interstellaires. © tous droits réservés. All rights reserved. 2005.
Plaquette e-artsup au format pdf
… et un grand merci à tous les enseignants que je n’ai pas cité, votre travail quotidien contribue tout autant à permettre à nos étudiants de donner le meilleur qu’ils ont dans les tripes. Et surtout ne cessez de leur répéter: vous êtes condamnés au talent.
beau boulot