by ©Ana Manuel | e-artsup | l’école de la création numérique
Ana Manuel est étudiante de la filière Concept en 5e année d’e-artsup et participe depuis janvier à l’écriture d’articles pour le blog de l’école
L’exposition «Le grand monde d’Andy Warhol», qui a lieu du 18 mars au 03 juillet 2009 au Grand Palais, nous offre une des œuvres majeures de l’artiste, un «Portrait de société».
En effet, ici point de boîtes de soupe de tomate, ni de bouteilles de Coca, mais que des portraits.
Cette volonté originelle de Warhol de dresser une interprétation visuelle multifacette de la société nous renvoie à la démarche, exposée plus tôt également au Grand Palais, de Yann Arthus-Bertrand avec «6 milliards d’autres».
Dans le cas qui nous occupe, l’artiste était réellement obsédé par les portraits et non par les sujets. Fasciné par la beauté des acteurs hollywoodiens, il l’a représentée sans défaut (tel un chirurgien esthétique).
Ce questionnement intemporel peut se retrouver également, plus focalisé sur l’individu, dans la technique que Warhol utilisait pour saisir ses portraits, c’est-à-dire essentiellement la sérigraphie combinée avec une intervention picturale.
Cette double image nous amène à penser la duplicité innérante à l’Homme. La partie sérigraphie apparaissant en noir sur la toile peut être reproduite à l’infini sans changer, alors que l’application de peinture acrylique de l’artiste n’est qu’un acte volontaire et individuel, n’ayant en rapport avec que le modèle que l’interprétation que Warhol en fait.
Jung a énoncé à son époque la théorie de la persona (ou masque social) que nous pouvons déceler dans une certaine mesure dans l’œuvre qui nous occupe. Laissons la parole à Ouspenski
«L’essence dans l’homme est ce qui est à lui». La personnalité est «ce qui n’est pas à lui». «Ce qui n’est pas à lui» signifie : ce qui est venu du dehors, ce qu’il a appris, ou ce qu’il reflète; toutes les traces d’impressions extérieures laissées dans la mémoire et les sensations, tous les mots et tous les mouvements qui lui ont été enseignés, tous les sentiments créés par imitation, tout cela est «ce qui n’est pas à lui», «tout cela est la personnalité».
Ainsi nous pouvons imaginer que Warhol façonne cette image qui colle à ses modèles. La sérigraphie représenterait l’essence innée chez chaque homme, et la peinture ce masque créé en réaction au monde.
La duplicité que l’on retrouve dans ces portraits nous pouvons la diagnostiquer aussi dans l’attitude d’Andy Warhol. L’art peut-il être commercial?
C’est ce que Warhol revendique faire. Vendant ces toiles 25.000$ et mettant tout en œuvre pour obtenir des clients, il se considérait comme un artiste et nous ne pouvons nier aujourd’hui qu’il a marqué l’Histoire de l’Art Contemporain. Fédérateur de mouvement, il a toujours su s’entourer du Monde, en témoigne ces quelques exemples de ses nombreux modèles: Ethel Scull (la première), Beuys, Stalone, Basquiat, Caroline de Monaco, Sean Lennon, Gianna Agnelli (fondateur de Fait).
C’est aujourd’hui à vous de plonger dans cet univers atypique, n’hésitez pas.
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photos Ana Manuel