Internet peut-il tuer la presse ? | lu dans lexpress.fr

 Je cite deux paragraphes qui me semblent primordiaux:

1) D’autant qu’une troisième crise, bien plus profonde encore, semble se profiler à l’horizon…

C’est la crise de l’information. Si le journalisme d’opinion et de commentaire connaît une vraie explosion, liée à Internet et à la blogosphère, ce qui faisait jusqu’ici le socle de ce métier, c’est-à-dire la collecte de l’information sur le terrain, connaît une crise inquiétante. Qu’on le veuille ou non, depuis le début du xxe siècle, la recherche d’infos a toujours été structurée autour des grands quotidiens, clefs de voûte du système. Il y a trois ans, le New York Times disposait d’une équipe de 60 personnes à Bagdad ; aujourd’hui, ils ne sont plus que 20. Peu à peu, radios, télévisions et journaux réduisent la voilure, rapatrient leurs correspondants, ferment leurs bureaux à l’étranger. Demain, qu’en sera-t-il de la collecte de l’information et de son financement ?

2) Les industriels de la presse écrite ont tendance à penser qu’un lecteur traditionnel et qu’un internaute naviguant sur un site de presse écrite, c’est la même chose.

C’est faux. La réalité statistique montre que ce ne sont pas les mêmes personnes qui lisent Le Monde et Lemonde.fr, Le Figaro et Lefigaro.fr. Seuls 15 % des gens utilisent les deux supports. Et, pour avoir interrogé les dirigeants d’El Pais et du New York Times, le constat est identique en Espagne et aux Etats-Unis. Cela signifie que les journaux doivent redoubler d’exigence à l’égard de ce qui fait leur ADN, et innover pour conquérir sur la Toile d’autres lecteurs.

Pourquoi ces deux paragraphes? tout simplement parce qu’ils posent enfin les vrais débats. La crise économique a touché de plein fouet les rédactions papier et, celles des sites d’infos en ligne, n’ont pas encore un modèle économique suffisamment rentable pour pouvoir refinancer le vrai journalisme d’investigation tel qu’on l’a connu par le passé.

Cependant Bruno Patino me semble manquer un peu d’imagination (sans aucune méchanceté de ma part) dans son diagnostic. En effet, si les quotidiens perdent des lecteurs au profit du webNews, les hebdos en revanche ne connaissent pas la même croissance négative (je déteste cette formulation hypocrite).

Au contraire, leurs ventes se portent plutôt bien ainsi que leurs revenus publicitaires. On peut alors légitimement se poser la question de savoir si l’investigation ne serait pas plus adaptée au format des hebdos dont le propos est déjà inscrit dans leurs périodicité. Plus facile d’envoyer des journalistes sur le terrain pour faire des enquêtes de longue durée, lorsqu’on publie 4 fois par mois. et cela correspond véritablement à la mission d’un hebdo que de décrypter l’information au fond. Ce doit être aussi plus simple de manager des équipes d’un hebdomadaire, moins pléthoriques.

Le rythme des quotidiens les a amené progressivement à n’être plus que de simples caisses de résonnace des dépèches AFP ou Reuters. De fait un site on-line peut abonner ses colonnes à ses mêmes dépêches et sera nourri de fresh foods dans un délai que le papier ne pourrait jamais suivre.

Quant au deuxième paragraphe il résume très exactement l’étude d’une nouvelle maquette du Point.fr à e-artsup. En effet après une gestation et une série de cours où nous avons benchmarké les journaux français et étrangers en ligne, nous sommes arrivés à la même conclusion: «les marques doivent redoubler d’exigence à l’égard de ce qui fait leur ADN, et innover pour conquérir sur la Toile d’autres lecteurs».

Merci Amel (une étudiante de 4e année) de m’avoir envoyé le lien de cet article. Les étudiants d’e-artsup sont entrés cette fois de plein pied dans le jeu d’une saine observation critique de leur environnement graphique.

L’article complet se trouve ici


 

 

 

 

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