Livre électronique | Francis Pisani Fashion Victim ?

Un article de Francis Pisani me fait réagir.

On peut séquencer l’analyse en trois temps…

1) la surface
2) l’ubiquité
3) la gratuité

1) la surface du livre électronique, ses brillances, son lissage inodore (plus d’encre) et inaudible (le craquement des pages qu’on tourne), nous garde bien d’être obligés de retourner vers le monde rugueux et abrasif du papier-édition. Comme un cordon ombilical dont nous ne pourrions plus nous passer, d’un interface aux multiples transparences qui a codifié notre perception des signes et des images. Nous nous sentons chez nous devant un écran, devant un clavier-souris, et certains, sans doute les plus jeunes commencent à être perdus devant des pages à tourner. Je n’en veux pour preuve que ces applis. qui permettent de faire tourner les pages d’un PDF comme du papier, et qui se répandent à la vitesse Grand C comme Cyber.

2) L’ubiquité est la principale attraction du livre électronique, je vous cite «assez pour que mes humeurs changeantes puissent trouver de quoi se satisfaire». Cette fonction ubiquitaire (sic) permet donc d’aborder le livre en mode zapping, contraire à toute lecture gutenbergienne, mais qui correspond bien au morcellement des âmes et des structures de perception modernes. Un rien, me dérange, un rien m’associe les idées à d’autres idées, me fait bifurquer de pensée et me fait cliquer, zapper, propulser, downloader, forwarder vers d’autres individus dotés des mêmes antennes ubiquitaires (j’aime bien ce substantif que je viens d’inventer :-)…

3) Alors, pour l’instant le livre électronique, n’est gratuit ni pour son support, ni pour ses contenus… mais il indique bien de multiples possibilités (pub notamment) d’accès à la culture écrite sans être pour cela obligés de débourser de la monnaie. Il y a dans l’espace d’Internet une révolution sociale que chacun mesure à l’aune des textes, musiques, et vidéos qu’il télécharge chaque jour. Culture partagé, société du don (décrite par Marcel Mauss ), nous nous dirigerions doucement vers de nouvelles relations entre contenus et public-clients-spectateurs-lecteurs-auditeurs. Des relations qui devront sans doute garantir la pérennité de la création et des auteurs mais aussi supprimer nombre incalculable d’intermédiaires classiques dans les chaines de production des contenus culturels.

Alors cher Francis, mon titre est provocateur certes, vous n’êtes sans doute pas plus fashion victim que moi-même et la plupart de vos lecteurs, mais il importe, c’est ma toute petite contribution à votre excellent billet, d’insister sur tous les aspects de cette révolution et j’en oublie certainement, au risque effectivement de faire croire que non seulement vous êtes fashion victim mais qu’en plus vous seriez rémunéré par des marques de distribution de ces merveilleux nouveaux outils pour porter «la bonne parole».

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