Le premier Second Life était déjà un jeu | Tron (1982) de Walt Disney Pictures

Il y aurait une fois de plus beaucoup à dire sur cette affaire des réseaux sociaux qui se développeraient dans Second Life, Facebook, Linkedin, etc. Pour être franc un précurseur en la matière, le film Tron de Walt Disney Pictures (http://fr.wikipedia.org/wiki/Tron ) 1982 a exploré les arcanes de ce genre où l’homme se projette littéralement dans l’univers virtuel, il s’y bat contre la machine, contre des trolls et des avatars… Matrix n’est pas loin de ce scénar.

Et lorsqu’on lit Francis Pisani sur Le Monde.fr , (à lire surtout les commentaires) on se rend bien compte qu’il y a une forme intellectuelle qui consiste à détourner nos regards de l’essentiel. Cet univers virtuel, bien qu’il se donne en représentation et donne à voir les démélés de nos avatars dans un monde sans risque ultime, ressemble en tous points à l’univers des jeux vidéos. Les geeks qui les véhiculent sont bien de la génération de ces jeux et y trouvent sans doute une sorte de plaisir (et c’est important le plaisir ;-) à pouvoir s’interconnecter *réellement* mais dans un monde virtuel.

Et nous sommes bien à l’intersection de deux catégories. Le jeu et la réalité. Ceux qui ajoutent le mot viruel au mot réalité n’ont pas conscience qu’il s’agit d’un rapprochement tout aussi explosif que la matière et l’antimatière. Ces deux éléments ne peuvent coexister simultanément dans le même temps en un même lieu.

Linkedin sans doute permet aux gens de se rencontrer, mais la forme, l’interface relève plus de la catégorie des jeux vidéos que celui d’un vrai réseau social. On a vu bien sûr ces réseaux se multiplier: rassemblements flashmob’s où 100 à 200 personnes se couchent brusquement par terre ou bien lèvent les bras au ciel en hurlant des onomatopées… des simagrées de vie tribale où l’on tente de réinventer l’original: la relation humaine vraie. D’ailleurs très souvent ces réunions, comme ceux des randos-rollers du vendredi soir se terminent brusquement et chacun rentre chez soi. Point de veillée autour de l’âtre d’une cheminée.

Ces réseaux virtuels correspondent à une désépérence sociale où l’on tente de réinventer (et pourquoi pas) des modèles de rencontres et d’échanges pour pallier à la solitude réelle des anges urbains ;-). Le temps ce n’est pas de l’argent, mais l’inverse oui. Voilà une grille de lecture intéressante. Le temps. En allant sur ces réseaux viruels, on produit du temps, certains diront par excès, on tue le temps (alors que c’est très exactement le temps qui nous tue), mais c’est un fait patent que l’argent que génère ces réseaux viruels se décline en temps. En temps passé, en temps perdu sur la création, sur la lecture, sur les vrais rencontres, sur la vraie vie.

Seconde vie, une seconde chance: il y a là un paradygme ethique. Avoir nommé ce réseau de Second Life correspond bien à une forme religieuse du paradis perdu. On veut vivre le paradis ici et maintenant, sans attendre la mort et les mystères de l’après. Second Life est une forme de démystification du spirituel, qui transforme un espoir, un rêve d’un monde meilleur, différent où les chances seraient redistribués (lire la bible), où les pauvres côtoieraient les riches. En ce sens ce n’est pas une dé-mystification mais plutôt une mystification. Une manipulation à l’échelle planétaire (et soyons raisonnables, cela ne concerne que les pays riches à fort pouvoir d’achat).

Alors nouveau média? Oui on entend bien le discours du professionnel qui trouve là un terrain d’expérimentation interactive et graphique. De même qu’un terrain d’investissement philosophique qui lui permet d’entrevoir le pilotage de projets plus ou moins ambitieux. Et c’est bien. À condition que l’on sache bien faire la différence catégorielle.

Mais s’Il s’agit d’une catégorie que nous rattacherions plus au monde des jeux en lignes qu’à celui du réseautage, dans ce cas, il faut juste retomber sur nos pieds, parce que la population française, en particulier, est en train de vieillir démographiquement, donc statistiquement à une vitesse vertigineuse. La pyramide des âges n’a jamais été aussi négative dans les perspectives économiques de la France. Ces nouveaux médias ne toucheraient donc qu’une part assez infime des populations actives, une niche dans laquelle publicitaires et annonceurs s’engouffrent dans l’espérence de changements de mode de consommation radicale. Mais au final, cette pyramide des âges est là pour rappeler les réalités sociales et économiques d’aujourd’hui et de demain.

Il ne s’agit là bien entendu que d’un point de vue, d’une tentative d’analyse qui n’enlève en rien à l’intérêt professionnel de ces médias. Wait and see… Je reste ouvert à toute discussion sur le sujet.

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