Pictogrammes des JO de Beijing | décryptage et origines

par Soheil Azzam

Soheil vous connaissez sans doute déjà par l’article que j’ai rédigé en son hommage, il avait donc une légitimité certaine pour intervenir sur cette chronique !

Sur le site officiel il est bien question de l’origine calligraphique de ces dessins, mais l’image est si petite qu’on ne se rend pas bien compte de la ressemblance. Parce que le type d’écriture auquel ces logos font allusion (y compris le logo des JO) est l’écriture sigillaire ancienne (utilisée encore aujourd’hui sur les sceaux chinois), elle-même dérivée de l’écriture dite *jiaguwen* – littéralement: *écriture (ou veines, c’est le même mot) des os et des carapaces* – que l’on a retrouvée sur les omoplates de boeufs et les carapaces de tortues utilisées, il y a cinq mille ans, à des fins divinatoires (il est d’ailleurs intéressant de noter que *Jiaguwen* est le nom qu’a pris la société Oracle en Chine).

Voici quelques exemples de cette écriture que Wikipedia décrit ainsi:

*Les lignes sont fines mais d’épaisseur constante, et les extrémités se terminent nettement. Dans ce type de tracé, en effet, la formation des traits ne suit pas encore les contraintes dont on parle ailleurs, qui sont dues au pinceau. La courbe est la règle générale, les angles sont exceptionnels. Le tracé du sigillaire reflète une absence de contrainte au mouvement du stylet, qui se déplace librement et régulièrement: en termes modernes, c’est le type de tracé que l’on obtient avec un feutre à bout rond. La forme des caractères est assez libre. Dans la gravure, les traits tendent souvent à remplir l’espace, visant un équilibre entre la largeur des trait et celle des intervalles; et les caractères complexes prennent une forme compacte évoquant un peu une empreinte digitale.* (l’article complet se trouve sur le site http://fr.wikipedia.org/wiki/Styles_calligraphiques_chinois).

D’abord un exemple de cette écriture oraculaire:

zz

Un exemple des caractères sigillaires unifiés par le premier empereur (provenant du site de la BNF):

bnf_c032

zz

Un exemple de la persistance de ce type d’écriture sigillaire (dit *zhuanshu*) dans la calligraphie moderne:

Et pour finir un exemple de la diversité des variations possibles, toujours dans le style sigillaire, pour un même caractère (ici, le mot *dragon*).

 ZZ

Voilà, je crois que la parenté avec les pictogrammes des JO de 2008 est évidente:

Quant au logo des Jeux de 2008, dérivé lui aussi de cette écriture et faisant, par sa couleur, une allusion évidente aux sceaux chinois, il a été accueilli avec ironie par les Chinois qui ont voulu y voir un tracé à la craie fait par la police autour d’un cadavre.

Ce billet est la suite de celui-ci : les pictos de beijing tendance ou pas

Ce contenu a été publié dans Les Logos, Typographie et typographies. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.