le produit versus le processus – Paul Nini | via L’ŒIL pour ŒIL

C’est Martin L’Allier basé à Montréal qui s’est *coltiné* la traduction de ce texte assez confus au demeurant. Paul Nini après une digression assez facile concernant design graphique qui ne serait pas perçu de la même manière selon que l’on s’adresse chez Copy Top ou à son agence de communication, tente d’établir une différence entre le design graphique et la communication visuelle. Bien entendu la démonstration est d’autant plus spécieuse que lui-même finit son texte par : «Que nous nous appelions designers graphiques ou communicateurs visuels a peu d’importance…»… Mais au fond ce qui m’a choqué le plus dans le texte de Martin c’est sa mise en forme visuelle. Voyez par vous même. Une justification sur toute la largeur de l’écran soit environ 1100 pixels, sans aucun égard pour le lecteur. C’est d’autant plus navrant que le Paul Nini en question proposait ce texte sous une forme à peu près digeste à voir ici.

Ce qui m’amène à une autre question. Elle me fut posée lors d’un cours que j’ai donné à des stagiaires d’un groupe de Presse très connu à Paris (Beaucoup, beaucoup d’hebdos et de mensuels)… Pourquoi compose-t-on les textes en colonne? Ah, voilà qu’elle est bonne cette question, je vous remercie de me l’avoir posée. J’y ai déjà répondu plusieurs fois sur design et typo sous la rubrique lisibilité. Mais un rappel de cuti ne fait jamais mal (pas trop ;-D).

Voici le contre-exemple que je propose au texte de *œil pour œil*:

bien entendu il faut cliquer (et recliquer) sur l’image pour voir le texte à la bonne taille:

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La lecture est autant une affaire d’esthétique, choix du caractère, du corps, de l’interligne, des approches, variations d’emphase pour signifier des relances de lecture et j’en passe qu’une affaire purement biologique. Nos yeux sont des petites mécaniques très bien lubrifiées, mais ce ne sont pas des machines pour autant. Nos muscles d’accomodation fatiguent à poursuivre trop longtemps sur la même ligne. Plus elle est longue, plus notre regard a tendance à décrocher de la ligne de lecture. Ces questions ont été largement étudiées… et l’affaire est entendue. Nous lisons certes par points de fixation et avec une propension à lire en diagonale dans un contexte de lecture accélérée, ce qui signifie que le designer graphique, toujours lui, doit architexturer sa page en colonnes pour faciliter les rebonds entrants et sortants de nos yeux sur les lignes. Ce n’est pas très compliqué à expliquer. Ni à des professionnels, ni à nos clients. Et pourtant régulièrement on trouve des gens qui transgressent ces simples lois de la nature. Parfois je me demande si les graphistes lisent les textes qu’ils mettent en page ;-}? À part cela le site de Martin L’Allier est plein de ressources d’autant plus intéressantes qu’il nous propose une vision francophone de Montréal sur notre métier… et les Québecquois ont la réputation d’avoir souvent une bonne longueur d’avance sur nos métiers de communicateurs.

Un grand bonjour et merci pour Martin qui nous fait la gentillesse de venir commenter lui-même cette note. Oui je suis d’accord que j’aurais pû m’abstenir de créer des emphases sur des parties de textes, de fait j’ai repris juste le principe sur le site de Paul Nini. Et donc bien noté également ton adresse Martin, c’est donc ici. En tous cas on comprend mieux maintenant ce texte à l’aune de ton éclairage. Bonjour à toute la communauté Québecquoise… Mon fils travaille près de chez vous à Montréal. Il s’occupe de développement multimedia et web… ;-)

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0 réponse à le produit versus le processus – Paul Nini | via L’ŒIL pour ŒIL

  1. Bonjour Peter,

    Tout d’abord, votre lien devrait être fait vers cette nouvelle version du site http://oeilpouroeil.ca/wp/?p=43. Nous travaillons présentement l’interface, sa traduction complète vers le français, son habillage ainsi que l’ajout de fonctionnalités et d’une variété de contenus.

    Oeil pour oeil n’est pas mon site, c’est le site d’une communauté de designers francophones. Mon blogue personnel est à l’adresse http://www.cestmartin.com/ici et oui, il est plein de liens et d’informations. J’agis à titre de coéditeur pour Oeil pour oeil, blogue qui est chapeauté par la Société des designers graphiques québécois (SDGQ). Tout commentaire ou critique sont bienvenus. Et merci, sincèrement, de nous faire de la publicité!

    Pour ce qui est du texte de Paul Nini. Il faut le replacer dans son contexte temporel et géographique. Le début des années 90 était pour le design graphique une période de grande ébullition sur un tas de questionnements. La problématique des terminologies définissant les rôles des différents intervenants de l’industrie était assez nouvelle et cela explique peut-être l’hésitation de Paul Nini à pousser son argumentaire avec plus de conviction – quand les artisans cesseront de s’accommoder de l’ambiguïté, un discours pourra être plus soutenu et sera mieux reçu. Dans les pays anglophones, comme dans chaque zone linguistique d’ailleurs, les terminologies sont différentes. Ainsi au Québec on parle de designer graphique où en France vous utilisez simplement graphiste – qui pour nous est utilisé à l’endroit de concepteur-graphique ou de designer graphique junior (qui est mi-concepteur, mi-technicien). Aux États-Unis, comme dans plusieurs pays anglophones il tend à y avoir un changement d’appellation de la profession de design graphique vers communication visuelle. Les raisons sont multiples et changeantes selon les contextes. J’ai traduit ce texte dans l’objectif de rendre ce débat plus directement accessible aux francophones. Paul Nini m’a écrit lui-même qu’il retoucherait ce texte avant de le publier à nouveau.

    Questions de mise en page. Je suis parfaitement conscient des considérations de lisibilité – largeur de la ligne de texte et interlignage pour ne nommer que ces aspects. Un blogue est un blogue et je me vois difficilement modifier les mises en page pour chaque type de contenu. La nouvelle grille sera, je l’espère, plus performante au niveau de la lisibilité.

    Doit-on, en composant la typographie d’un texte, appliquer des emphases par-ci par-là pour mettre en évidence tel élément du texte ou tel autre? Vieux débat. Personnellement, je crois que l’on doit faciliter la lecture en ne mettant pas ses gros doigts de typographe / designer graphique dans les lunettes des lecteurs. Ils sont bien capables, je l’espère, de penser par eux-mêmes. Il s’agit d’un essai, pas d’un tract politique ou publicitaire. Et puis, comme je travaille et suis bien occupé, je me vois difficilement produire des mises en page spécifiques pour chaque article que je publie. Parfois, trop de styles appliqués à un texte web (liens en rouge et soulignés en plus, quand ce n’est pas surligné en plus) quand on considère tout le contenu d’une page, n’ont qu’un effet de «bidularisation». Pas élégant du tout.

    Merci encore des questions soulevées!

    Martin L’Allier, fidèle lecteur de Design et typo.