Nicorettes Pfizer | le design-pack s’emmêle dans les codes couleurs

Cela fait six ans que j’ai arrêté de fumer grâce aux nicorettes, cela fait six ans que je suis devenu addict à ces mêmes nicorettes. Vous remplacez la nicotine du tabac destinée à rendre addict les fumeurs (confirmé dans certains procès qui ont eu lieu aux Etats-Unis) par la nicotine des gommes et hop le tour est joué. De la drogue à l’état pure. Dans plusieurs pays on rembourse même ces produits au prétexte qu’ils font faire l’économie de soins longue durée (cancers et autres troubles respiratoires ou cardio-vasculaires).

Mais l’objet de ce billet n’est pas de faire un procès à Monsieur Nicorette. Je fais confiance aux lobbyes anti-drogues en tout genre pour entamer cette bataille post-puritaine d’une société qui veut à tous prix se débarasser de tous dangers menaçant l’espèce humaine et surtout les comptes de la sécurité sociale.

Regardez ces deux boîtes ci-dessous. Ciquez sur l’image si vous voulez voir de plus près. Que constatez-vous. À gauche un graphisme censé représenter une gomme à moitié machée aux couleurs proches situées entre un Pantone 7472 et 7474 C. Cette couleur représente très exactement la couleur de la menthe fraîche que l’on trouve sur toutes les gommes et boissons à la menthe (Tesseire et autres). Or c’est la boîte à droite sur la photo qui contient ces mêmes gommes à la menthe fraîche. Le vert de la boîte de droite est proche d’un Pantone 362 C. C’est celui d’un champ d’herbes brulé par le soleil. Très frais en effet. Alors évidemment on se pose des questions, non sur l’utilité d’arrêter de macher ces gommes (ce n’est qu’un vague projet) ;-) mais de savoir comment ce genre de décisions colorées sont prises. Par qui? Et pourquoi? Je n’ai aucune réponse. Ça peut-être tout bonnement une confusion due au daltonisme d’un directeur de marketing. Et heureusement que pour lors on ne pose pas ce genre de question au recrutement des salariés du design.

Mais on devrait sans doute. À quand des feux rouges qui deviendraient verts et vice versa. Une sacré pagaille, une de plus.

Sans doute que vous pensez que je suis fou. Mais c’est en examinant le comportement des pharmaciens que je me suis rendu compte, que je n’étais pas le seul à me tromper. Vous leur demandez des nicorettes à la menthe normale… et systématiquement ils prennent sur les linéaires la boîte à la menthe fraîche. Preuve éclatante s’il en fallait que l’être humain est d’abord sensible aux couleurs et ensuite au texte. Mais c’est vrai aussi bien pour tout design et si vous demandez aux gens de vous décrire les 3 dernières voitures qu’ils ont vu passer, ils vous parlent d’abord de leur couleur. Que pensez-vous de tout cela? Ça m’intéresse ;-)

boite-nico-dsc-6283-416.jpgcliquez sur l’image pour voir les packs au format réel.

Alors, suite aux commentaires des uns et des autres ;-), il faut effectivement revenir vers l’historique de ces couleurs.

Le vert P362C (celui de la boîte à droite) était au départ il y a 6 ans attribué aux seuls nicorettes «goût mentholée» que Pfizer avait mis sur le marché. Il y avait aussi le goût orange (couleur orangée) et une gomme sans aucun goût sauf celui de la nicotine, autant dire qu’on avait l’impression de mâcher un cendrier ;-)

Il y a environ 3 ans, le fabricant introduit le concept de la menthe fraîche. Codes couleurs : Gris et blanc. La Neige quoi (en pensant à la Coke), j’vous dis c’est une drogue. Les pharmaciens recoivent d’ailleurs des infos contradictoires, certains pensaient même que la menthe fraîche allait remplacer définitivement la menthe normale.

Pour la bonne bouche. Il faut savoir que les gommes à la menthe fraîche sont enrobées d’une fine pellicule d’aspartam très très mentholée dont le goût et la texture se rapprochent des chewing-gums vendues par les grands opérateurs du marché (pas de marque). Résultat, le client, a l’impression de mâcher une gomme normale et non nicotinée (les effets sont cependant les mêmes). Conséquences à la limite du scandaleux : la molécule de nicotine de base a déjà des effets d’addiction graves. Mais le fait d’associer une texture et un goût «menthe fraîche-comme-les chewing-gums normaux du commerce» accroît le plaisir du consommateur lui donnant l’impression de mâcher une gomme normale et non une médecine palliatoire contre le tabac. Conséquences d’un tel marketing, le consommateur augmente sensiblement sa conso quotidienne.

Alors quand les tests (en format réel) furent achevés par Pfizer, ils supprimèrent les codes gris et blanc pour créer le deuxième code du vert 7474C (celui de gauche) attribuée à la menthe fraîche. À mon humble avis, la menthe fraîche n’avait pas pris comme ils l’espéraient. Les gens se rendant peut-être compte qu’ils étaient manipulés une fois de trop.

Puis sans raison (apparente) ils inversèrent les codes couleurs. Et là je rejoins Soheil il est possible, mais ça reste totalement du domaine des hypothèses, que la couleur verte de base (celui de droite) est celui qui se vendait le mieux (pour des raisons d’habitude historique de consommation). Sauf que l’intérêt des labos, c’est d’augmenter sans cesse l’addiction de leurs clients. Alors ils prirent le risque d’inverser les codes couleurs, et d’attribuer la menthe fraiche à la couleur historique de droite. Ce faisant, les pharmaciens et les clients naturellement continuent de regarder et prendre sur les linéaires leurs boîtes habituelles, sans se rendre compte qu’ils favorisaient leurs addictions encore un peu plus. Je vous l’ai dit dans ma note sur l’éveil, que j’étais assez tordu pour aller chercher des hypothèses auxquelles personne ne pense.

Allez et pour terminer cette note je vous présente les gommes elles-mêmes telles qu’en soi :

chw-nico-dsc_6300-okrw.jpgcliquez sur l’image

nicorettes à la menthe normale

chw-nico-dsc_6302-okrw.jpgcliquez sur l’image

nicorettes à la menthe fraîche

Vous remarquerez que la blancheur des gommes «fraîches» fait plus «bonbon» que la couleur «crême» «naturel» des gommes à la menthe normale. Ce faisant une fois de plus les labos font preuve d’une démarche diabolique de dé-culpabilisation du consommateur.

Enfin d’avoir mis en scène ces chewing-gums dans un cendrier d’un célèbre café de Saint-Germain-des-Près, fréquenté par tous les grands fumeurs de l’époque Sartre et Beauvoir procède d’une démarche sociologique. À quand la nicorette gratuite dans les cendriers des établissements publics pour motiver les anciens fumeurs d’abandonner le tabac pour les succédanés mentholées, tout aussi addictives mais bien moins nocifs pour le voisin de table.

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