crédit photo: David Harry Stewart
Video à voir en cliquant ici et en allant ensuite sur l’item «The Making — of — Movie»
Joshua Davis est né à San Diego en Californie en 1971. Il étudia au Pratt Institute à Brooklyn l’illustration et l’histoire de l’art. Mais très vite, peut-être par peur de se laisser dépasser, il se tourna vers le web design et devient un praticien hors de pair de tous les langages et scripts qui vont lui permettre de s’exprimer transversalement sur toutes les médias du web. Grand admirateur de Jackson Pollock, non seulement pour son art visuel mais surtout parce que celui-ci «découvrait chaque instant de nouveaux outils, de nouvelles manières de travailler l’œuvre.» Joshua donne l’exemple de la main de Pollock qui ne touche plus la toile lorsqu’il laisse dégouliner la peinture, et se dit que ce hasard lui, il va le programmer. C’est l’école de Maeda. On peut bien sûr aimer ou ne pas aimer. Dire que c’est tendance ou pas, mais ce qui me semble intéressant, c’est l’adéquation parfaite de l’artiste avec son temps. Davis c’est la génération Matrix, il est né avec des 0 et 1 dans son environnement immédiat, et pour lui il est évidemment naturel d’exprimer sa sensibilité au travers d’un langage, même s’il est scientifique, maitrisé. Qui reprochera à Leonardo da Vinci d’avoir peint des chefs d’œuvres en étant passionné de physique et mathématique. Ça l’a sans doute aidé à construire “sa” réalité. Mais il y a autre chose. La vitesse. Il s’accélère depuis l’arrivée de l’informatique dans la vie des gens, c’est-à-dire somme toute depuis environ 25-30 ans. D’abord dans les entreprises, puis chez les individus. Cela me rappelle ces boutiques informatiques qui ouvraient à chaque coin de rue dans les années 78-82. Les ados s’y jetaient dessus, autant que sur les jeux videos. Et lorsque Steve Jobs débarque avec le Mac Plus, puis Bill avec MS_Dos, c’est devenu très tendance de dessiner le visage de Picasso avec des 0 et 1, sur des imprimantes à marguerites. Je veux dire que l’art a coopté l’informatique dès sa naissance pour s’en faire un outil supplémentaire. Et du coup les œuvres polymorphes se multipliaient. On retrouve le même souci avec la typo Beowolf d’Erik von Blokland, dont les lettres se modifient à chaque impression. Il y a dans cette façon d’explorer l’art visuel un nouveau comportement devant l’œuvre en gestation. Au fond le programme, comme dit Joshua, est autant l’œuvre lui-même que la production qui en est issue. Variable à l’infini, ce n’est plus tant d’admirer un visuel que de prendre la mesure des variations sur un même thème. Une dimension nouvelle, l’art multiplié que Vasarely avec les op’artistes avaient aussi exploré, de façon manuelle.
Il serait intéressant de visionner la video que vous trouvez à cette adresse. Celui intitulé: The Making – of – Movie. Vous y découvrirez un court interview de Davis lorsque la firme BMW lui a confié le soin de réaliser une série de graphic-design sous forme de Posters pour illustrer (à sa manière) l’inventivité et le génie du design du modèle Z4, un coupé aux formes d’une pureté qui ne vont pas sans rappeler celui de la série type E de Jaguar. Il y a un joli cours de design sur la voiture elle même puis Joshua nous explique sa manière très personnelle de s’emparer du sujet et de s’en éloigner en même temps.
Joshua Davis travaille aujourd’hui à New York, mais voyage dans le monde entier, donnant des conférences aussi bien à Camberra qu’à Londres en passant par Limoges où Etienne Mineur l’a rencontré lors d’une conf. du Web Design International (WIF) et nous en dit quelques mots qui complètent fort bien mon résumé.
Et puis ne ratez pas l’occasion de visiter le site professionnel de Joshua Davis qui vous montrera toute l’étendue de la qualité de son expression.
Dommage que kes fonds d’écrans proposés soient moins beaux que les onéreuses affiches.