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Je faisais dans cette rubrique l’analyse de la nouvelle formule du Monde.
Cela il y a à peine quelques semaines. Ma réflexion était la suivante : était-il raisonnable de changer une maquette pour la nième fois, et pas forcément dans le bon sens du terme (voir les analyses de cette rubrique), au risque de perdre une marge non négligeable de lecteurs fidèles alors que ce qui me semblait inéluctable (pour répondre à l’effritement du lectorat) était l’avènement du gratuit comme modèle économique d’avenir dans la presse quotidienne. Je ne me réjouis pas de l’évènement. Il est sans aucun doute le symptôme de l’appauvrissement du lectorat traditionnel. Il révèle aussi ce que nous disions déjà également, la concurrence de l’internet haut débit qui bien que ramenant les téléspectateurs vers la lecture du signe typographié, leur donne accès à une information gratuite extrêmement diverse et abondante. Il va sans doute aussi déstabiliser les structures journalistiques et créer un «trou noir» dans les métiers de l’édition de la presse. Ceci était déjà en mouvement depuis l’arrivée massive des technologies nouvelles de la publication «assistée» par ordinateur, mais cantonné aux seuls métiers de la mise en page. Avec le gratuit il est à prévoir que c’est tout le circuit de la production journalistique qui sera révolutionné. Le rédacteur devenant son propre éditeur de texte et pourquoi pas son propre metteur en page. Après tout, c’est ce que nous faisons déjà sur nos blogs. Il n’y a rien de surprenant que cette autonomisation se répande à l’ensemble des métiers de l’édition. Ce qui m’amène à dire l’essentiel. Il n’est plus l’heure des plaintes et des envies de retour vers un monde ancien qui change, évolue et se mue chaque jour, cependant plus que jamais il s’avère nécessaire de s’assurer qu’une solide formation à l’édition sera la clé pour accéder à cette responsabilité d’édition. La typographie, le design graphique doivent faire leur entrée en force dans la formation des journalistes à seule fin d’assurer une rigueur et une exigence de qualité dans la mise en forme des articles de presse et d’édition. Pour que l’on ne voit pas revenir en force ce que nous n’avons que trop vu au début des années 90, une génération entière de débutants prenant en main l’outil informatique en se déclarant ipso-facto compétant en mise en page et maquette. Il ne s’agit pas tant de préserver cette fois-ci des emplois que de protéger l’intérêt des usagers-consommateurs de dérives typographiques et de mise en pages sans aucune maîtrise des principes élémentaires qui régissent lisibilité, hiérarchisation de la lecture et d’une manière générale tous les éléments graphiques et typographiques qui contribuent à donner à un journal ou à un magazine le rythme, la «couleur» et le design qui porteront l’information de la manière la plus lisible et la plus appropriée vers un lecteur, vous et moi, dont l’exigence ne devra pas, par ailleurs se relâcher.
Meric de suivre l’actualité de la gratuité des quotidiens et des magazines. Sujet complexe mais passionnant et surtout d’actualité “chaude”.
Je pense qu’il faut distinguer les supports. Un quotidien gratuit est à mon sens une bétise car il ne peut aller que vers la médiocrité du contenu car il est impossible de soutenir les coûts pour fournir un contenu de qualité, digne de ce nom.
En revanche, cette remarque n’est pas valable pour la presse magazine. Mon raisonnement a pour origine le constat de la densité de publicité d’un magazine comme “ELLE”. On peut se demander ce qui le finance : le lectorat ou la vente d’espace pub ? C’est évidemment principalement la pub… Donc pourquoi le faire payer puisque la pub le paye déjà ? Fort de ce constat, quelques éditeurs tentent l’expérience de créer des magazines “féminin-luxe” gratuits depuis 1998. Les expériences sont bonnes, mais comme les annonceurs n’ont pas la volonté de jouer le jeu, la viabilité sur le long terme n’est pas encore au rendez-vous. Ca ne saurait tarder. Question qualité, c’est selon… comme en presse magazine “classique”… on est parfois en droit de se demandeer pourquoi on claque des euros dans certaines publications plus que médiocre d’un point de vue rédactionnel.
Je pense qu’a moyen terme, quand les annonceurs auront la volonté de jouer sur ce terrain, la presse magazine aura une forte présence en “gratuit”.