H.R. Giger | Alien | Hommage


Une descente dans l’enfer de Dante, dans les figures d’un Jérôme Bosch et dans la Pornographie d’un Marquis de Sade revisité par Michel Foucault, un hommage à H.R. Giger qui travailla sur Dune et Alien et qui inspira les décors des films réalisés par David Lynch et Ridley

Remerciements musicaux
à Andrey Pushkarev et Echo Planar.

Cadrages, montage
et sound design
by ©peter gabor (petergabor)

J’ai produit cet hommage à l’un des grands du dessin d’anticipation H.R. Giger qui est décédé en Suisse en 2014 je crois. Il a été à l’origine des œuvres de Dune et d’Alien. Son œuvre témoigne d’une obsession constante des grands thèmes de l’avenir de l’humanité. La maternité, la mort et l’amour. Mais plutôt que de dessiner des tableaux façon quatrocinquo il a pris exemple sur Jérôme Bosch et les œuvres littéraires d’Aldous Huxley ou le Comte de Lautréamont.

Qu’y voit-t-on ? Une obsession de la pénétration par la bouche et l’œsophage de belles femmes qui sont enfantées malgré elles. Ce n’est pas de la pornographie, et si c’en était ce serait celle d’un Marquis de Sade revisitée par Michel Foucault. La mort des enfants et des progénitures est omniprésente. Les crânes jonchent, voire tapissent l’enfer façon Dante. C’est une de ces visions dystopiques dont la littérature de science fiction et le cinéma ont le secret. Que ce soit avec Le Soleil Vert, de Richard Fleischer, ou District 9 de Neill Blomkamp, sorti en 2009 et Elysium du même réalisateur dont l’action se situe en 2154. Ces dessins illustrent exactement le mot dystopique que peu d’entre-vous pratiquent au quotidien. L’antithèse d’un monde utopique.

Un nouvel opus d’Alien, réalisé par Ridley Scott, va sortir dans les jours qui viennent. Et nous allons nous retrouver avec un Président dont le programme viendra nourrir l’avenir de ce monde de rêve, sinon de cauchemar. Les fractures sociales viendront se multiplier car nous le savons déjà, rien ne changera sur l’essentiel. La marchandisation du Travail et la fuite des profits au bénéfice de la seule Finance internationale ne vont que s’accélérer. Le néo-libéralisme conduit inexorablement à un partage totalement inégale des richesses de cette planète dont au passage les climatosceptiques n’en n’ont rien à faire. Et bientôt on sélectionnera l’ADN des futurs nouveaux nés pour devenir, qui des esclaves, qui des dominants.

Mais comme proposait Calliclès dans le Gorgias de Platon, la Force est Naturelle, donc toute loi issue de la Force est naturelle. Ce faisant il est tout à fait normal de passer au stade ultime de la destruction de la civilisation au nom de la liberté naturelle de détruire la Planète et l’espèce Humaine.

Ne voyez pas du sexe dans ces dessins, ou pas que. Peut-être pourriez-vous vous interroger sur les obsessions d’un Giger sur sa propre naissance, ou son absence de paternité, ou de son manque d’amour, mais nous n’avons pas le droit de réduire cette œuvre à la seule posture freudienne, car elle porte un message sociologique et universel sur l’avenir de l’Humanité. La place de la Femme, définitivement esclave victimes de sa maternité imposée, violée. Par tous les trous. Ces derniers reviennent sous toutes les formes, ainsi que les prothèses en cuir et en métal forgé qui enferment les corps dans des postures d’esclaves non consentantes. C’est du SM à haute dose, mais c’est tout sauf une invitation à la masturbation collective. Car le malaise de ces dessins nous renvoient à la condition humaine, au harcèlement quotidien dans le monde du travail. Deux postures possibles donc, celle de Giger. Clinicien froid d’une dystopie annoncée au bord d’un gouffre de cynisme, ou bien une souffrance dans l’empathie d’une humanité torturée à l’excès, sous les formes sociales les plus ignobles. Je vous passe les détails. Les chaînes d’infos en continu nous les déversent avec complaisance à longueur d’années.


 

Matériau ayant servi à réaliser ce montage. Il s’agit d’un album que je timbale depuis près de vingt ans dans ma bibliothèque. J’ai toujours été persuadé qu’on ne peut pas comprendre ces images si l’on n’y fait pas un focus et qu’on ne se ballade pas entre les visions et les expressions complètement délirantes de Giger. Apprendre à regarder, cela demande une certaine lenteur. Un voyage interstellaire entre les obsessions et les textures de la réalité que veut nous imposer Giger. D’où la naissance de cette vidéo. Mais vous l’aurez compris, la bande son a une importance tout aussi forte. Ralentir le regard demandait une image sonore qui obligeait nos yeux à ralentir leur exploration. Et ce fut sans doute le travail le plus long pour la réalisation de cette production. Mais je vous laisse libre de juger et de découvrir ce travail. Belle nuit à toutes et à tous.















































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