Graphisme de l’Information | DataFlow#1 | indispensable dans la bibliothèque du Graphiste

Sous le numéro ISBN: 978-2-878-11-333-4 l’Éditeur «Thames et Hudson» a édité le premier volume d’un ouvrage consacré au Graphisme de l’Information. Il a ensuite édité un deuxième volume tout aussi exceptionnel par la tenue de son contenu autant que par les textes d’accompagnement.

Pour faire court il n’est pas dans mon propos de tenter ici la moindre psychanalyse d’une société post-moderne. Cependant et c’est la vertu de genre d’édition, nous montrer un vocabulaire et une grammaire utilisés dans différentes instances économiques ou sociales pour tenter de faire «passer» la représentation de certaines «complexités» socio-économiques.

Je dis vocabulaire parce que l’école du Bauhaus nous a déjà habitué, en défrichant les arcanes du graphisme, à utiliser le carré, le cercle, les lignes, les surfaces, les contrastes, la texture, la couleur, le rythme, l’équilibre, la symétrie ou l’assymétrieet bien sûr la lumière et la variété des formes.

Je dis grammaire parce que les travaux de Claude Lévy-Strauss ont été fondateurs d’une compréhension schématisée et schématisable de la représentaion des structures humaines et sociales dans les sociétés primitives. Parce qu’aussi les travaux de Abraham Moles et de Robert Estivals dans les années 50-65 ont largement contribué à faire le pont entre ethnologie et représentations graphiques.

Nous pourrions aussi bien remonter jusqu’à Norbert Wiener, le père de la Cybernétique moderne pour illustrer ces propos. Car de quoi s’agit-il?

Ni plus ni moins que ce que Roger Thérond va nous léguer avec cette phrase célèbre qu’il eut pour promouvoir Paris-Match, «une image vaut mille mots». L’art du diagramme, ou du DataFlow se mesure à l’aune de cette phrase. Lorsqu’un schéma imprimé ou interactif, me permet de gagner du temps sur le verbe, sans rien perdre de la complexité d’une représentation, au contraire, en la mettant en valeur et en y apportant une vision «éclairée» de la réalité, nous serions dans ce cas en face d’un bon schéma.

Vous imaginez bien que ce que je viens d’énoncer peut-être totalement sujet à caution. Car qu’est-ce que la clarté, la lisibilité d’une information. Qu’est-ce qui fonde la qualité d’une structure graphique pour simplifier la complexité d’un flux de données au point de nous la rendre lisible tout en préservant les qualités premières de l’information: arborescence, hiérarchie, structure, complexité d’une trame etc. Un schéma peut raconter l’organigramme d’une entreprise, les fils inextricables d’une affaire (Clearstream), les ressources économiques d’une catégorie socio-professionnelle ou d’une miliardaire à la tête de la première entreprise de Luxe Française.

Où l’on voit la responsabilité du graphiste pour 1) digérer l’information, 2) pour la mettre en forme afin de gagner du temps sur son énoncé verbal. Je vous donne un exemple: Dans le schéma publié par le journal Le Monde relatant, tentant de relater l’affaire Clearstream, il y a des flèches partout, des intermédiaires de l’information, de décisions, des zones d’influences politiques et juridiques etc. Mais dans le coin à droite, typographié en tout petit, il y a un nom qui apparait, minuscule et insignifiant, dont part un réseau de fils mais où aucun ne revient. Il s’agit de l’ancien Président de la République, Jacques Chirac. Le graphiste-rédacteur qui a réalisé ce schéma avait-il conscience que sa représentation toute modeste se lisait presque comme une accusation juridique si l’on se donne la peine de décortiquer de gauche à droite et de haut en bas tout son schéma. Sans doute que non. Je dirais même qu’il était embarassé de ne pas savoir où placer le nom de l’ancien Président. Et l’on voit par là même l’importance d’une représentation qui prend fait et cause, qui «schématise», c’est-à-dire qui a vocation de rendre plus claire une information. 

Les enjeux sont incroyables. Manuel Lima parle de 25 petaoctets d’informations qui s’échangent sur Google par jour, 25 millions de giga octets d’infomations. Dans toutes les sphères. Politiques, journalistiques, économiques, sociales, culturelles, sportives, et bien sûr en premier scientifiques. L’infoGraphie est-il en train de devenir cet esperanto qu’appelle Michel Onfray de ses vœux. Parce que devant se comprendre dans toutes les langues, dans toutes les cultures. Je n’en sais rien, mais il me semble déjà irréversible. Le monde tel que nous le connaissons ne peut en aucune manière être réduit à des schémas simplistes. La 3D et l’interactivité apportent la réponse  à cette difficulté de LA représentation. Et nous le verrons dans les semaines et mois à venir combien celles-ci vont faire évoluer nos propres schémas mentaux qui par essence ne demandent qu’à simplifier cette information.

N’hésitez pas à cliquer sur chaque image que vous pouvez ainsi zoomer.

 

 

 


articles précédents sur le même sujet : ici

Ce contenu a été publié dans De la Modernité, Design interactif, e-artsup, Formation et méthodo, Typographie et typographies. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.