Mois de la Photo | Klavdij Sluban

S’il est un itinéraire que j’aime bien suivre c’est celui des photographes auteurs. Surtout quand il s’agit d’un photographe qui a rejoint notre école, e-artsup pour y prodiguer une leçon de la «chose photographique». Il expose en ce moment dans un espace majestueux (cf photos ci-dessous) au 58 de la rue Charlot dans le 3e arrondissement.

C’est Jacque Borgetto qui l’expose dans le cadre du Mois de la Photo et qui vient d’éditer à la fois un petit opus et un portfolio remarquable «livre objet». Sluban est un voyageur, un vrai. Il part aux quatre coins du monde et non seulement dans sa Slovénie si chère à son cœur. Il part visiter aussi les prisons où il travaille avec des ados à apprendre à regarder, à se regarder et découvrir l’altérité au travers de l’objectif.

Photographe auteur veut dire en l’occurence qu’il réfléchit à chacune de ses prises de vues comme un peintre, qui avant de poser le pinceau sur la toile trace légèrement la composition de son œuvre… Il réfléchit, et puis, revient plus tard, lorsque la lumière rencontre très exactement le souvenir qu’il a enregistré par avance de sa future photographie.

Il se souvient de cette photo pour l’avoir déjà faite, avant d’avoir déclenché son obturateur. Car il pense chaque détail, chaque contraste… le paysage est déjà peint dans son âme avant d’apparaître sur la pellicule de sa réalité. Argentique vs Numérique… que de débats stériles lorsqu’il s’agit de l’essentiel… quelle image pour quelle poésie, pour raconter quoi et se souvenir de qui? Sluban balaye d’un geste le débat, aujourd’hui il travaille en argentique et demain? qui sait… quelle importance… pour un auteur, un vrai, de savoir s’il écrit son histoire au stylo bille ou bien avec une plume Schaeffer… le public ne se souviendra que de l’histoire qu’il racconte… jusqu’au 24 décembre je crois, courrez visiter son expo… s’il y en avait qu’un à voir durant ce mois de la photo. 

Les étudiants qui figurent dans ce reportage sont quelques uns de l’école e-artsup qui suivent régulièrement son cours de photo. Merci à eux de s’être déplacés si nombreux pour découvrir le travail de leur professeur.

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Repères biographiques

Né le 3 mars 1963 à Paris. Enfance à Livold (Slovénie). Etudes secondaires et supérieures en France. Se passionne pour la photographie dès l’adolescence. En 1986, obtient une maîtrise de littérature anglo-américaine (« L’adolescent dans la littérature anglo-américaine »), effectue un stage de tirage noir et blanc dans l’atelier de Georges Fèvre, puis voyage.

A son retour à Paris, enseigne l’anglais. Puis s’installe à la campagne, en Slovénie. En 1992, revient en France et se consacre à la photographie.

Il voyage successivement dans les Balkans, autour de la mer Noire, en ex-Union-Soviétique, autour de la mer Baltique, dans les îles de la Caraïbe, à Jérusalem, en Amérique latine et en Asie-Chine (par le train transsibérien), Japon, Indonésie-Jawa, Bali, Sulawesi.

Principaux cycles : Balkans-Transit ; Autour de la mer Noire – voyages d’hiver ; Tokyo Today ; Paradise Lost ; Jérusalem(s); Autres rivages – la mer Baltique ; Transsibériades (voyages en Transsibérien : Russie et Chine) ; CentroAmerica – d’une Amérique l’autre ; Entre parenthèses : jeunes détenus à Fleury-Mérogis en ex-Yougoslavie et en ex-Union Soviétique.

De 1995 à 2005, au Centre des Jeunes Détenus de Fleury-Mérogis (Essonne), il anime un atelier de reportage avec les adolescents. Leurs travaux étaient exposés au sein de la prison à la fin de chaque stage. Henri Cartier-Bresson est venu régulièrement les encourager, ainsi que d’autres photographes tels Marc Riboud et William Klein.

Depuis 1998, poursuivant ce projet, il travaille de manière similaire, avec une dynamique et un échange photographiques, avec des jeunes détenus de centres de détention en ex-Union Soviétique (Russie, Ukraine, Géorgie, Moldavie, Lettonie), notamment dans les camps disciplinaires de Mojaïsk et d’Ikcha aux environs de Moscou, de Kolpino près de Saint-Pétersbourg, de Kaliningrad ainsi que dans les camps disciplinaires de Tbilissi et Khoni (Géorgie), Lipcani (Nord de la Moldavie) et Cesis (Lettonie).

Depuis 2000, il a créé un atelier photographique à Celje (Slovénie) dans l’unique prison pour jeunes détenus du pays ainsi qu’à Krusevac et Valjevo (Serbie).

 

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0 réponse à Mois de la Photo | Klavdij Sluban

  1. ptilou dit :

    Bel espace d’expo en effet. A découvrir ! avec le travail de ce photographe.