À la mémoire des enfants de la «guerre» | dessins collectés par Alfred et Françoise Brauner

Il y a les quatorze juillet et les projets d’Union pour la Méditerrannée, le Darfour et le CPI qui tente de mettre fin à une situation des plus désastreuses. Le Tibet sans doute et des centaines de lieux sur cette planète, où encore et encore on assassine et réduit à néant des vies humaines. Et ce n’est pas nouveau, et cela se mesure en siècles voire en millénaires. Les enfants ont été de toutes les guerres les témoins innocents des exactions et des crimes contre l’humanité, témoins d’abord de la mort de leurs parents et des proches, puis des amis et des habitants de leurs villages et quartiers.

Françoise et Alfred Brauner ne sont plus. Décédés respectivement en 2000 et 2002 pour Alfred à l’âge de 92 ans, ils ont passé leurs vies de médecins pédopsychiatres à venir en aide aux enfants de la Guerre.

J’ai rencontré Alfred en 2001 avec deux amis, Brigitte et Christian, et nous devions créer un site-hommage relatant les quelques 200-300 planches de dessins que le couple a collecté ça et là, depuis la Guerre d’Espagne en passant par le Vietnam et le Cambodge. Le Dessin est un moyen sûr pour affranchir l’enfant des traumatismes subis. Naviguant entre autisme et aphasie et peur , ces victimes, très jeunes, évoquent avec force et précision des situations intolérables pour chacun d’entre-nous.

Mais il faut aussi avoir lu quelques ouvrages de Boris Cyrulnik pour comprendre comment cette expression graphique intervient dans le processus de résilience indispensable au deuil, c’est-à-dire à la digestion des traumas.

Cyrulnik a je crois inventé cette expression Résilience que chacun interpète à sa façon. En écoutant Alfred Brauner lors de nos entretiens en 2001 et quelques conférences de l’éthologue Boris Cyrulnik j’ai fini par comprendre que l’expression recouvre en fait deux concepts: 1)Réslier et 2)Relier.

1) il s’agit de résilier la douleur, la souffrance intériorisé, et surout les angoisses produites par des situations extrêmes

2) de relier le Ça des traumatisés de la Guerre, c’est-à-dire ce tout formé par le psyché et le corps et ce qu’ils produisent au plus profond de nos inconscients. Des images (imago), des représentations (inconscient) de notre être. Je ne suis ni médecin, ni psychanaliste, mais je constate avec vous en regardant ces planches dessinées comment un tel processus est rendu possible par la graphie, le tracé et les couleurs sur le papier.

Le dessin et le graphisme comme un signe de l’autisme ou de l’aphasie. 

Durant mes premières années d’enseignement, j’avais déjà constaté ce paradoxe, pas mal d’élèves, en mise en page ou dessin, épprouvaient quelques difficultés d’expression orale. Dire qu’il s’agissait d’autisme, non sans doute pas. Mais de formes d’aphasie, oui. Les qualités graphiques bien souvent témoignaient du refoulé de ces élèves et de leur rapport au corps. (cf. l’hommage que j’ai rendu à Herb Lubalin, autre aphasique notoire).

J’avais par exemple constaté un lien étroit entre l’équilibre des mise en pages et le maintien corporel de leurs auteurs. Mais on s’éloigne du sujet. Et je vous prie de m’en excuser.

Donc j’étais tout simplement en train de classer quelques archives (CD-Roms) qui trainaient sur une étagère lorsque j’ai retrouvé ces dessins. Me suis bien sûr demandé ce qu’ils sont devenus. Rien trouvé sur le Net à part une bibliographie épuisée et datant au mieux des années 93.

Voici quelques liens sur Amazone ici et .

Bien entendu ces images jamais parues en couleur, sont exclusives et je les publie en © Droits Réservés. Je cite cependant un sous-titre du livre écrit par Françoise et Alfred Brauner «J’ai dessiné la Guerre» qui mentionne: «À la mémoire des enfants dessinateurs, victimes innocentes des événements. Leurs réalisations désormais appartiennent à l’humanité.». J’espère en tous cas que les héritiers de ces deux médecins exceptionnels les mettront un jour en ligne avec tout l’appareil pédagogique nécessaire pour en comprendre le sens et les signifiés sous-jacents. Une entrée sur Wikipedia serait la bienvenue.
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Surtout, surtout! ne jugez pas ces dessins sur leur aspect esthétique. Les enfants, survivants des camps, survivants des champs de désolation n’ont que faire du «beau»/«pas beau». Et il s’agit bien de dessins d’enfants qui ont vu et vécu, et non de nos charmants bambins de l’école maternelle qu’une institutrice sans doute militante, ferait «plancher» après avoir montré des documentaires de télévision. D’ailleurs chacune de ces images devrait être légendée, commentée par un psychologue-pédiatre afin d’évacuer les aspects esthétisants de ces couleurs bien vives.

























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0 réponse à À la mémoire des enfants de la «guerre» | dessins collectés par Alfred et Françoise Brauner

  1. Brigitte dit :

    Bonjour Clémence
    Les dessins ont été faits durant toutes les guerres du siècle Les premiers datent je crois de la guerre des Boers au début du 20e siècle
    B