Le Golem et l’expressionnisme allemand | le fond et la forme

J’ai toujours été fasciné par le film original “Der Golem” de Gustav Meyrink, parce qu’on ne peut s’empêcher de le relier à tous les films qui s’en inspirèrent par la suite. Du Frankenstein d’après le roman de Mary Shelley au Fantasia de Walt Disney et bien plus récemment nombre de films fantastiques et d’anticipation… Donner vie à l’inanimé, un rêve de Rabbin, un rêve du Dr Frankenstein.

L’homme ne s’est jamais trop contenté de la création divine, Adam. Et puisque Dieu l’a fait pourquoi pas lui… une légende éternelle le Golem, et nourrie plus que jamais par l’avènement de la cybernétique dans des films comme I_Robot ou Ghost in the Shell . Les productions d’Hollywood regorgent de ces Transformers et autres mondes parallèlles où tel dans Tron, Matrix ou pourquoi pas dans Dark City de Alex Proyas (voir les images ci-dessous) l’homme s’interroge sur sa solitude et son altérité. Créer son miroir pour ne pas être seul à porter le fardeau de Sisyphe .

Ce qui personnellement m’intrigue d’avantage est la manière que le cinéma a pris l’habitude de représenter certaines scènes de ces films de la créationnite (bien sûr je pense au créationnisme , puisqu’il s’agit bien de cela).

Oh je ne parle pas de Superman mais plutôt de ces films depuis le Golem de Gustav Meyrink, en Allemagne et plus tard dans toute l’Europe qui fut suivi de toute une génération de cinéastes, Fritz Lang en tête, mais aussi Eisenstein qui profitant de l’air du temps qui était au constructivisme, inventèrent au cinéma, ce qu’on appellera plus tard l’expressionisme allemand.

En photographie Rodchenko et Moholy Nagy ouvraient la voie à ce style DaDa, dont le principe principal tenait dans le dérangement du spectateur. Stockhausen, Schoenberg et Richard Strauss en musique, leur donnaient le tempo. Déranger le spectateur (ou l’auditeur) c’est quoi?

Les cadrages, la position de la caméra qui filme en contre-plongée, les diagonales qui «barrent» l’écran, les trompe l’œil et décors peints, c’est tout ce que Robert Wiene a inventé en 1919 dans le Cabinet du Dr Calligari que beaucoup de cinéphiles considèrent comme le symbole de ce courant. On va retrouver cela dans Nosferatu de Murnau en 1922 et le Metropolis de Fritz Lang en 1927. Plus tard et encore dans “M” de Fritz Lang le même procédé. Mais comme disait Gilles Deleuze , à propos des duels, de ceux qui peuvent en cacher d’autres, l’expressionisme révèle aussi, et à surtout, le désarroi d’une société Allemande, en proie à la crise de la défaite de 1918 et surtout celle, économique de 1929.

Les artistes se veulent de représenter plus que le réel, le caché d’un sentiment d’impuissance contre les forces d’un mal qui de fait est celui d’une société malade. Le Golem, Metropolis, “M” sont des cris d’angoisses lancés dans la nuit noire d’une nation en proie aux doutes alors que dans le même temps la société Française célèbre encore ses impressionnistes qui décrivent une douceur de vivre *TransRhinale*.

Ce que je voulais vous montrer avec ces quelques vidéos ci-dessous est la parfaite adéquation d’une forme avec un contenu romantique et tourmenté (presque un pléonasme). Une forme qui ne finira jamais de nous hanter encore aujourd’hui puisque des films comme Brasil, The Crew, Sleepy Hollow de Tim Burton, DarkCity ou encore le dernier film de la Saga des Star Wars (au palais et à l’assemblée de la République) montrent à l’évidence qu’il y a un style, une codification de l’expression cinématographique pour dénoter les tourments que traverse régulièrement l’humanité.

Que ces codes n’ont rien à voir avec le cinéma-réalité ou les infos-réalités. La souffrance quotidienne dans les différents endroits du globe touchés durement ces derniers jours sont bien entendu filmés avec une banalité “presque” aussi effrayante. Non que je m’insurge contre le reportage, mais de me poser la question si la diffusion d’images terriblement banales ne finissent pas par banaliser la souffrance elle même. Je sais, cela va à contre sens de toute vérité journalistique, mais je pose là juste une question que je vous laisse tout aussi bien débattre.

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Der Golem (1920) with new original soundtrack

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Le mythe du Golem

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German Expressionism 1920

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“M” Fritz Lang movie trailer

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Metropolis (1926) dir Fritz Lang

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Metropolis – Molochmaschine (Moloch machine)

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Dark City d’Alex Proyas (1998) renoue avec la longue tradition expressionniste allemand

Un grand merci à Monique pour les échanges nourries sur ce sujet, une grande cinéphile! 

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0 réponse à Le Golem et l’expressionnisme allemand | le fond et la forme

  1. greco-romain dit :

    Insuffler la vie à un objet inanimé ? Le rêve d’un Rabbin ? Un Rabbin pourrait donc se prendre pour l’égal de Dieu ? Quelle prétention absurde, car de toute façon vouée à l’échec !!! Notre toute petite humanité souffrante ne peut rien contre la fatalité d’une succession inéluctable de naissances et de morts. Le Rabbin en question serait bien inspiré de relire les auteurs grecs pour lesquels l’hubris (la démesure) et la lussa (la rage de vaincre) sont des crimes que les Dieux finissent toujours par faire payer.