Typographie du Tigre | la nouvelle maquette est disponible

J’ai toujours eu une grande tendresse pour la démarche littéraire d’un magazine. Déjà je participais (comme simple typographe) à l’élaboration de l’Autre Journal (Michel Butel) ou au «Monde Illustré» qui devait sortir à la fin des années 80. Ce dernier n’a finalement jamais vu le jour à l’exception de deux numéros zéro, cependant on peut supposer que le Monde II est l’émanation de cette époque où les quotidiens voulaient être également présents sur le segment des hebdos.

Qest-ce que le Tigre?

«Le Tigre est un magazine généraliste indépendant et sans publicité, distribué en kiosques et en librairies. Le Tigre est dirigé par deux auteurs, Lætitia Bianchi et Raphaël Meltz. Des journalistes, photographes, dessinateurs, écrivains et universitaires participent au Tigre. Dans la lignée des grandes aventures de presse magazine des trente dernières années (Actuel, l’Autre Journal), Le Tigre propose un regard singulier, rare, à contre-courant de l’uniformisation ambiante.»

Pourquoi Le Tigre?

«Avant de créer Le Tigre, Lætitia Bianchi et Raphaël Meltz ont dirigé R de réel, une revue «alphabétique» (de A à Z, 2000-2004, www.rdereel.org) qui a bénéficié d’un très bon accueil auprès des critiques et des lecteurs. R de réel mélangeait les sciences humaines, la littérature et l’illustration, le tout dans une maquette dadaïste… À la fin de l’alphabet, une idée est venue: pourquoi pas un projet aussi téméraire, mais cette fois dans le secteur de la presse?

C’est ainsi qu’est né Le Tigre en mars 2006. Le Tigre dresse des passerelles entre des secteurs d’ordinaire très éloignés. Le Tigre revendique d’être inattendu, inclassable, à la fois léger et sérieux, inventif et rigoureux, parfois sauvage… mais toujours curieux dans les deux sens du terme. C’est pourquoi Le Tigre est un magazine à la personnalité très marquée, et c’est pourquoi Le Tigre a pris le parti de ne pas faire ce que d’autres font déjà très bien:

— Le Tigre ne fait pas de recension de l’actualité culturelle (livres, films, disques, etc). En revanche, Le Tigre fourmille de créations d’auteurs contemporains (pages graphiques et dessins, photographies sans contrainte d’actualité, etc.)
— Le Tigre est un journal critique, mordant à l’occasion, mais qui préfère l’ironie à la diatribe, n’est jamais défaitiste, et ne se revendique délibérément d’aucune mouvance politique. Le Tigre a l’ambition de faire réfléchir et non de dire ce qu’il faut penser…»

J’ajouterai que le Tigre dirigé par Raphaël Meltz et Lætitia Bianchi file dans la droite ligne du mouvement DaDa lancé par Hugo Ball en 1915. Autant littéraire que graphique le mouvement essaima à travers toute l’Europe et prit différents visages que ce soit sous le marxisme en Russie ou le Bauhaus de Weimar ou encore les mouvement surréalistes d’André Breton et plus récemment l’Oulipo pouvait se revendiquer de même du mouvement suisse. Scénariste, écrivain Raphaël Meltz est avant tout un curieux, un chercheur d’idées introuvables. Sa démarche narrative est donc bien avant que d’être graphique de l’ordre de l’écriture. Ce faisant quand on regarde la revue Tigre on est surpris de ne pas retrouver les codes de la modernité 2.0 magnifiquement illustré par le magazine Ink. Il ne faut cependant pas s’y tromper la démarche est la même à ceci près que le contenu prime sur la forme. Un tout petit peu. Une forme décalée, presque rétro pour ceux qui ne regardent pas au détail. Je vous laisse en compagnie de cette nouvelle maquette et si vous voulez en découvrir plus et dans un format plus confortable, rendez-vous sur le site du Tigre où l’on vous donnera les recettes de la lecture.

zz

alt

alt

alt

alt

alt

alt

alt

alt

alt

alt

alt

alt

alt

alt

Ce contenu a été publié dans Galaxie Gutenberg, Ouvrages et Expressions, Typographie de magazine. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Une réponse à Typographie du Tigre | la nouvelle maquette est disponible

  1. peter gabor dit :

    un jeune vieil ami (80 ans) vient de m’envoyer le commentaire suivant. Chaud au cœur. Merci Michel!

    à propos de l’universalisation de la typographie dans les magazines (j’ai lu ton article de vendredi) je vais te raconter ceci :

    En 1968, je venais de transformer le Figaro littéraire en magazine (modeste, nous ne disposions pas de la couleur) après avoir été alerté par Bernard Pivot des intentions de Match de s’en emparer.

    C’était alors la guerre entre Hersant et les propriétaires du journal. Bref, voilà mon Littéraire reparti avec une nouvelle typo : le Clarendon ; la composition se faisait encore en plomb dans le sous-sol de l’immeuble du Rond-Point des Champs Elysées. Le tirage est à cette occasion passé à l’offset d’après des épreuves sur cello, un trafic pas possible !

    C’est à ce moment que Robert Ranc (directeur de l’Ecole Estienne) me propose de changer de crèmerie, après 10 ans de Figaro, pourquoi pas…

    Et me voici D.A. de Réalités revue prestigieuse, certes, mais je me suis vite aperçu de mon erreur. Logée dans l’immeuble de l’Illustration,dans des locaux vétustes et surtout les bureaux étaient répartis de chaque côté d’un couloir, toutes portes fermées ; pas de salle de rédaction, pas de communication hors la réunion hebdomadaire chez le rédac-chef.

    L’équipe de maquettiste assez basique et pas de moyens : le titrage se faisait en Letraset !! Mon souhait de les commander chez Typogabor ou chez Albert Hollenstein fut repoussé et a fortiori celui de choisir une typographie de mon choix. La photocompo se faisait rue Montmartre et l’impression chez Danel à Lille.

    Au bout de 3 mois Robert Ranc me demande de faire une communication à Estienne devant un aréopage de professeurs où il faisait l’apologie de la typographie française.
    Il comptait sur moi pour faire de Réalités un exemple dans ce domaine.

    Je fus obligé de révéler que dans ce cas, le graphiste que je croyais être n’avait aucun pouvoir d’intervention : les polices étaient celles de la machine affectée à la revue, quant au titrage je lui ai révélé la réalité en des termes certainement véhéments.

    Pierre Faucheux, à la sortie, m’a confié n’avoir pas souhaité travailler avec la presse, Finel itou.

    La seule expérience tirée de mon bref séjour dans cette entreprise fut le contact avec les photographes avec qui je travaillais comme le délicieux Boubat, Gilles Ehrmann, Charbonnier… et les Michaux dont j’ai publié les premiers reportages…

    Aujourd’hui, je me suis attelé à un vieux projet que je mène avec obstination avec le mince espoir d’y intéresser quelques malades !

    Bien amicalement

    Michel Scheffer (Marseille)

Les commentaires sont fermés.