Typographie & Web: une définition moderne

L’architecture commença comme toute écriture. Elle fut d’abord alphabet. On plantait une pierrre debout, et c’était une lettre, et chaque lettre était un hiéroglyphe, et sur chaque lettre reposait un groupe d’idées comme le chapiteau sur la colonne.

Ainsi, jusqu’à Gutenberg, l’architecture est l’écriture principale, l’écriture universelle. Ce livre granitique, commencé par l’Orient, continué par l’antiquité grecque et romaine, le moyen âge en a écrit la dernière page.— L’architecture a été jusqu’au quinzième siècle le registre principal de l’humanité.

Au Quinzième siècle tout change. La pensée humaine découvre un moyen de se perpétuer non-seulement plus durable et plus résistant que l’architecture, mais encore plus simple et plus facile. L’architecture est détrônée. Aux lettres de pierre d’Orphée vont succéder les lettres de plomb de Gutenberg. Le livre va tuer l’édifice. L’invention de l’imprimerie est le plus grand événement de l’histoire.

Sous la forme imprimerie, la pensée est plus impérissable que jamais; elle est volatile, insaisissable, indéstructible. Elle se mêle à l’air.— De solide qu’elle était elle devient vivace. Elle passe de la durée à l’immortalité. On peut démolir une masse, comment extirper l’ubiquité?

Victor Hugo

Ce contenu a été publié dans De la Modernité, Galaxie Gutenberg, Opinions et Im-pertinences. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

0 réponse à Typographie & Web: une définition moderne

  1. je découvre. Très intéressant.