Design can change | le designer, un acteur du développement durable

Via Gabyu

Design Can Change:

Voici un website extrêmement militant qui nous explique les dangers qui nous guettent avec le réchauffement climatique et les moyens de lutter efficacement pour en réduire les causes. Il engage les designers à user de leur place centrale dans le process économique de l’activité sociale pour jouer un rôle majeur dans l’éducation et la conception de stratégies de communication qui prend en compte les dangers qui nous guettent. Des schémas-diagrammes éducatifs à l’engagement militant, tout y passe, y compris de nous conseiller de réduire le rôle du papier dans nos recommandations-clients au profit des fichiers PDF, en prenant l’exemple des rapports annuels qui pourraient faire l’économie du papier.

On ne peut bien sûr qu’applaudir à une telle initiative, sauf, sauf qu’on n’est pas obligé de suivre leur démonstration à la lettre ;-).

L’histoire et l’évolution des technologies de communication leur donnent raison sur le fond à quelques remarques près. Si je partage leur points de vues sur la nécessité de réduire la consommation de papier, je ne suis pas d’accord du tout sur les priorités. L’exemple de la presse est à ce titre symptomatique. A quoi sert d’imprimer des journaux que l’on jette chaque jour. Leur consultation sur écran fait faire des économies substantiels de papier donc d’arbres abattues. Encore qu’il faudrait analyser plus en détail le cycle écologique de l’usage des forêts qui loin d’être laminés par l’industrie du papier, sont en parfaite harmonie de reconstitution depuis plus de quarante ans. Cette industrie a été une des premières à se sensibiliser aux problèmes écologiques qu’il posait à la planète. Mais je suis d’accord pour diminuer le «jetable», les papiers sans lendemain, encore qu’il faudrait analyser dans ce cycle, le transfert des process d’impression vers l’imprimante de bureau, gros, gros consommateur de papier.

Autrement dit j’aurais tendance à projeter une stratégie écolo au minimum à deux catégories d’usage de l’imprimerie: le quotidien jetable et consultable sur écran, et, le document imprimé à usage commerciale ou éditoriale ou institutionnel à longue durée de vie. Les rapports annuels, tirés en moyenne entre 5000 à 100.000 ex rentrent à mon sens dans cette deuxième catégorie. De même que les plaquettes de prestige ou les livres, que l’on peut lire et relire en l’absence de toute technologie électronique (elle même grosse consommatrice de pollutions dérivées). Mais de là à promulguer un interdit-conseil d’éviter les pages blanches (blank_pages ), il y a un pas que je ne franchirais pas. Voilà des siècles que les graphistes se battent pour pouvoir disposer de la liberté du blanc dans l’espace de lecture. Pour des raisons évidentes. Organisation de la lecture, hiérarchisation de l’information, meilleure ergonomie de communication. Le blanc comme espace de respiration et d’organisation participe à l’efficacité des messages. Les interdire comme cet organisme le propose, reviendrait à dire : peu importe que les gens comprennent les messages, du moment qu’on fait des économies de papier. Contre performant à l’évidence. La parole est d’argent le silence est d’or disait qq. Le silence dans le graphic design, c’est ce fameux blanc, bête noire des sociétés de marketing direct qui depuis longtemps font la chasse à ce gaspi très coûteux pour leurs budgets. Mais là on parle de millions d’exemplaires, jetés dans les boîtes à lettre puis dans les poubelles.

Bref vous l’aurez compris, il faut se garder de toute solution «évidente» qui cacherait des implications encore plus lourdes.

Le site de Design Can Change se trouve ici. Il est plutôt bien fait, efficace et très pédagogique, et c’est même la raison pour laquelle je me suis permis d’en analyser qqs perversions de son contenu. Un joli train peut en cacher un autre.

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