FontBureau | une des premières fonderies indépendantes

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J’ai rencontré David Berlow, Mike Parker et Roger Black à San Francisco en 1989 et 1 an plus tard à Oxford pour un spécial ATYPI qui s’est tenu dans les salles victoriennes de la vielle Université. Ils étaient en train de fonder sans doute une des premières fonderies indépendantes. Souvenez-vous c’était l’année où le Postscript a été rendu public par John Warnock président d’Adobe. Et c’était aussi le moment idéal pour une poignée de fous furieux de la typographie de faire le pari de la micro-typographie. Les News Papers comme le New York Times ou Smart songeaient très sérieusement à basculer leur production éditoriale sur les Macintosh de l’époque (1000 fois plus lents que ceux d’aujourd’hui) et David & Roger se tenaient en embuscade pour fournir ces journaux et magazines en nouvelle typographie vectorielle. Seize ans ont passé, et leur catalogue s’est très largement étoffé. Ils sont principalement distribués par FontShop basé à Berlin mais certains de leurs caractères font désormais partie du patrimoine typographique mondiale si bien qu’on les retrouve dans des catalogues d’Agfa-Monotype ou d’Adobe. Voici un petit aperçu de leurs spécimens.

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Je me suis amusé à composer sur leur site la marque Design et Typo dans un caractère que j’apprécie particulièrement, le Bureau Empire (romain et italique). Voilà une typo qui permet d’emblée par son architecture de logotyper presque n’importe quelle marque. Ce que j’affectionne dans le catalogue de FontBureau, ce n’est certainement pas la perfection inodore et incolore de leurs dessins. Et ce serait plutôt même le contraire. Mais, c’est plutôt d’y retrouver cette vieille tradition américaine qui consiste, à partir de vieux dessins européens comme le Cheltenham ou le Caslon et de les revisiter avec un soupçon de fantaisie mélée à une tradition calligraphique américaine. Parce que c’est bien là une des qualités des étatsuniennes que de considérer toute typographie au travers d’une lecture manuaire des formes. Ce qui fait que vous trouvez aussi bien dans les sans sérifs que les sérifs une sensibilité faite de manualité (kraftwerk) tout autant que de rigueur architecturale. Regardez cette mécane, le Belizio ou bien le Cheltenham FB ou encore le Garamond FB (tiens je l’avais oublié celui-là dans mes études sur le Garamond), chaque fois il s’agit d’un dessin ancien, mais à la fois modernisé et adapté à une sensibilité américaine, celle des designers de presse soucieux d’économie d’espace et d’efficacité visuelle. Berlow et surtout Roger Black se sont fait une réputation de relooker des magazines avec un rare talent et sensibilité. Allez sur leur site, et vous y verrez leur références, ce n’est pas rien. Mais ce qui fait l’unité de leur travail, c’est la recherche constante d’un confort de lecture. A mon avis, ce ne sont pas seulement des typographes et d’excellents metteurs en page. Ils doivent certainement passer leur temps à lire les journaux.

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